En 2013, Gearbox créait la surprise avec l'excellent et hilarant DLC de Borderlands 2 intitulé Tiny Tina's Assault on Dragon Keep, où nous étions plongés dans un jeu de rôle bien barré. Neuf ans plus tard et après un Borderlands 3 où l'explosive adolescente avait un rôle tout à fait secondaire, elle a droit à sa propre aventure avec le spin-off Tiny Tina's Wonderlands. Un retour sur le devant de la scène réussi pour Tiny Tina ?
- Gameplay nerveux et addictif
- Création et développement de son personnage aboutis
- Techniquement et graphiquement très propre
- Un nouveau jeu dans le jeu pour le endgame
- Narration assez insipide et BEAUCOUP trop bavarde
- Navigation dans les grandes zones laborieuse
- Bande-son parfaitement oubliable
- Forcément assez répétitif à la longue
Pour ce nouveau titre standalone, Gearbox entend plus que jamais mélanger FPS looter shooter et action-RPG, puisqu'il ne s'agit plus d'incarner un personnage préétabli, mais bien de créer notre propre héros dans un univers médiéval fantastique… avec des flingues. Si certaines mécaniques ont été réadaptées pour coller à la célèbre maxime « ta gueule c'est magique », les fans de Borderlands ne seront certainement pas dépaysés outre mesure.
Test réalisé sur PC via une version de test fournie par l'éditeur. Tiny Tina's Wonderlands sortira le 25 mars sur PC (en exclusivité temporaire sur l'Epic Games Store), PS4, PS5, Xbox One et Xbox Series X|S. Le cross-play est supporté sur l'ensemble des plateformes, à condition de créer un compte SHiFT. Sur consoles, il est possible de jouer en écran scindé, à deux seulement sur PS4 et Xbox One, et jusqu'à quatre sur PS5 et Xbox Series.
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« Faites votre fiche de perso, les losers ! »
Tiny Tina's Wonderlands nous fait un temps quitter la recherche des Arches et place sa chronologie… quelque part entre les trois épisodes canoniques. L'adolescente experte en explosifs est en tout cas ici bien plus jeune que dans le troisième opus. Elle s'adonne une fois encore à son autre passion : le jeu de rôle Bunkers & Brutasses, une adaptation de Donjons & Dragons à la sauce déjantée de Borderlands. À sa table, nous avons Valentine et Frette, deux personnages sympathiques, mais à l'utilité toute relative si ce n'est des commentaires rarement pertinents et souvent agaçants au fil de l'aventure.
Et puis il y a notre personnage, la bleusaille, dont la figurine n'a pas encore été peinte, qui va être élevé au rang de Main du destin, le seul héros capable de vaincre le Seigneur Dragon. Le plateau de jeu est ainsi dressé pour une histoire extrêmement basique et dirigiste, qui n'arrive selon nous pas à la cheville de celle du DLC de Borderlands 2. Du fait de son statut de spin-off, le jeu doit être autosuffisant dans sa narration… et la sauce ne prend globalement pas. Ce malgré le retour de têtes bien connues comme Claptrap ou la plus magnifique des reines… Étalon du Cul !
Tout d'abord parce que chaque quête est l'occasion de diatribes interminables, et que l'univers de Tiny Tina se contente d'être un nid à références mélangeant pêle-mêle la Légende du Roi Arthur, les Schtroumpfs, Pinocchio, The Witcher, et bien d'autres. Enfin, l'humour iconique de Borderlands et les quelques fulgurances sorties du cerveau en ébullition de Tiny Tina arrivent rarement à nous arracher plus qu'un soufflement du nez. Dommage.
Heureusement, Tiny Tina's Wonderlands est loin de manquer de grandes qualités, à commencer par la création de notre Main du destin, une première dans la franchise. Le moteur de création de personnages se montre assez complet (et pourra être encore plus étoffé avec des butins purement cosmétiques au fil de la progression) et permet quelques folies.
Vient ensuite un système de statistiques très typé jeu de rôle comme la Force, la Dexterité ou l'Intelligence, qui amélioreront par exemple nos dégâts et nos chances de coup critique ou encore la vitesse de recharge de nos compétences. Enfin, nous pourrons choisir entre six classes aux gameplay et compétences proprement uniques, qui viennent parfaire ce sentiment de liberté offert sur ce point. Autour du niveau 20, nous aurons l'occasion de coupler notre classe de départ avec une seconde, pour créer notre propre build et le rendre encore plus fou et puissant.
Une fois notre personnage créé, nous voilà lancés dans l'univers de Tiny Tina, avec un premier tableau franchement chatoyant à l'œil. Tout en conservant la patte cel-shading propre à la franchise, le jeu est selon nous globalement réussi graphiquement et techniquement. À part quelques rares chutes de framerate, la fluidité était au rendez-vous en ultra à 1 440p tout au long de notre partie, malgré le chaos manifeste des combats. Dommage que la bande-son soit parfaitement oubliable (tout comme la VF, à laquelle nous préférons largement la VO notamment portée par la pétillante Ashly Burch dans son iconique rôle de Tiny Tina) et ne dynamise que très pauvrement ces derniers.
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Main (du destin) sur le butin
Transition idéale pour parler de l'un des plus gros points forts du jeu : ses combats. Celles et ceux qui ont joué à Borderlands 3 devraient se trouver en terrain très connu. Chaque fabricant d'arme et catégorie de pétoires dispose de son caractère unique, on troque les grenades pour des sorts, mais le sel de ce qui fait les combats dans la franchise est bien présent. À noter que le corps-à-corps se voit grandement étoffé, puisque ce spin-off propose un large panel d'armes comme des haches ou des épées avec leurs statistiques propres. Au début du jeu, les combats se montreront cependant assez mous du fait d'armes peu puissantes et d'un personnage peu développé. Mais le rythme s'accélère assez vite et devient carrément effréné sur la fin du jeu.
Autre pan essentiel d'un jeu Borderlands : son système de butin. Et là encore, la fameuse loot shower répond bien sûr présent ! C'est toujours avec un certain plaisir que nous voyons des liserés bleus, violets ou oranges dans la montagne de butin au sol afin de voir si l'un de ces équipements viendra rendre notre personnage encore plus puissant. La synergie entre toutes ces pièces du puzzle est ici superbement bien ficelée et vient rendre la progression addictive, en dépit de sa narration bancale.
Malheureusement, la plupart des objets ramassés finiront à la vente, et il arrive très (trop ?) souvent que notre sac soit plein, nous demandant de faire le tri et de nous rendre en boutique pour le vider et continuer l'aventure. Ce qui vient se coupler à une autre frustration : la navigation dans les grandes zones du jeu. Comme dans les jeux Borderlands précédents, des téléporteurs sont disséminés sur ces dernières, mais se limitent au maximum à trois par zone. En l'absence de véhicule… de monture, nous allons souvent faire de longs aller-retours à pied dont on se serait bien passés.
Malgré tout, explorer chaque zone au peigne fin est primordial, car celles-ci débordent d'objets à collecter ayant chacun une véritable utilité. Les dés, parchemins, orbes ou feuilles de poème nous permettent en effet en les collectant d'augmenter de manière permanente nos statistiques et nos chances de récupérer du meilleur butin. De même, des énigmes et obélisques invoquant des vagues d'ennemis viendront mettre notre agilité et nos compétences à l'épreuve pour également nous attribuer des bonus permanents une fois tous complétés.
Enfin, les quêtes secondaires (assez rares par rapport aux jeux précédents) méritent notre pleine attention, malgré la lassitude que leurs dialogues incessants génèrent. Les terminer nous octroiera systématiquement son pesant d'or et d'expérience, mais surtout des pièces d'équipement uniques qui peuvent grandement renforcer notre build et faciliter notre progression.
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Sanctuaires et canettes de soda
Outre les grandes zones qu'on a l'habitude d'arpenter dans les jeux Borderlands, Tiny Tina's Wonderlands se fend d'une autre nouveauté pour la franchise : un plateau de jeu en vue du dessus faisant un clin d'œil appuyé aux J-RPG à l'ancienne. Sans être un ajout absolument indispensable, cela a le mérite d'apporter un brin de variété dans le gameplay.
Notre personnage à la tête démesurément grosse pourra ainsi se déplacer sur ce plateau afin de rejoindre les grandes zones dans lesquelles nous repasserons en vue FPS, mais pas seulement. Comme dans les vieux J-RPG, nous tomberons en effet sur des rencontres aléatoires faisant office d'arènes cloisonnées où nous devrons éliminer un certain nombre d'adversaires en vue FPS afin de récupérer diverses récompenses.
L'exploration de fond en comble de ce plateau sera également indispensable pour obtenir des bonus permanents pour notre personnage ou sur la carte de campagne, comme une vitesse de déplacement augmentée (et ce n'est pas du luxe !). Pour cela, il nous faudra notamment trouver des dés disséminés sur le plateau, ou récupérer des morceaux de sanctuaire que l'on peut trouver en explorant ou dans des mini-donjons.
Enfin, des quêtes secondaires exclusives au plateau de jeu sont également de la partie et ne sont pas à négliger non plus. Certaines ouvrent en effet des passages nécessaires à la progression, d'autres donnent accès à des équipements uniques ou encore aux fameux morceaux de sanctuaires et dés à collecter.
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Chaos enchanté mythique entre amis
Une fois arrivé au niveau maximum fixé à 40, les points d’expérience gagnés ne serviront plus à remplir notre arbre de compétences. Un nouveau panneau s’ouvrira pour notre personnage : le Rang Mythique. Très similaire aux niveaux de brutasses des titres précédents, nous pourrons augmenter les statistiques de notre personnage dans quatre branches, mais selon le sens des aiguilles d'une montre. Toujours est-il que cela permet de parfaire notre build en choisissant en priorité les statistiques qui nous intéressent.
Peu après le niveau 40, l’histoire principale devrait rapidement pointer le bout de son nez, au bout d'une grosse vingtaine d'heures de jeu en difficulté maximale, en ayant exploré chaque zone majeure à environ 80 %. Comme dans Borderlands 3, un Mode Chaos sera alors disponible, renforçant la difficulté globale du jeu, mais aussi forcément la qualité du butin.
Un système d’Enchantement s’ouvrira également à nous, permettant de modifier ces affixes introduits dans Borderlands 3. Cela coûtera des pierres lunaires (assez faciles à obtenir) et nous permettra d’adapter diverses pièce d'équipement à notre build. Un autre point sur lequel Tiny Tina's Wonderlands fait mieux que son aîné, dans lequel ces affixes étaient purement liés à l’aléatoire.
Mais là où Tiny Tina tire sa dernière épingle du jeu, c’est dans un nouveau mode endgame appelé Chambre du Chaos. Véritable jeu dans le jeu très similaire à une run procédurale dans un roguelike, ce mode nous propose de mettre notre build à l'épreuve dans des arènes cloisonnées similaires à celles que l’on trouve sur le plateau de jeu. Une fois un niveau terminé, plusieurs portails s’offrent à nous. L’un permettra d’appliquer des malédictions venant changer les règles de la run en cours pour du meilleur butin, un autre nous permettra d’obtenir la bénédiction d’Etalon du Cul, et ainsi de suite.
En guise de butin, nous aurons principalement des cristaux à dépenser pour acquérir des bonus venant s'appliquer à la run en cours, ou pour obtenir une douche de butin à l’issue de la run, après avoir occis l’un des boss rencontrés durant la progression (globalement impressionnants, mais pas nécessairement très difficiles). Ce mode permettra aussi de débloquer des niveaux du Chaos, qui s’appliqueront autant à nos prochaines runs qu'au jeu de base.
Pour terminer notre tour d'horizon de Tiny Tina's Wonderlands, nous avons eu l’occasion de joindre nos forces avec le bon Nerces pour voir ce que vaut le jeu en coopération. Après avoir bataillé avec le système social de l’Epic Games Store et de SHiFT, nous avons ainsi pu constater que celui-ci fonctionne globalement bien avec peu de latence. Un joueur de plus haut niveau ne perdra par ailleurs pas son temps en aidant un camarade moins avancé, puisque le niveau des ennemis se cale individuellement sur celui des participants. De même, le butin sera du niveau de chaque joueur, à moins d’avoir paramétré un butin commun au lancement de votre partie.
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Tiny Tina's Wonderlands : l'avis de JVFR
Si vous vous attendiez à des tranches de rigolade et un scénario capillotracté comme celui du DLC dont s'inspire Tiny Tina's Wonderlands, vous risquez d'être assez déçu. Mais si vous avez adoré le gameplay de Borderlands 3, ce spin-off devrait amplement vous combler. On retrouve bien ce côté nerveux et chaotique, mais à la sauce médiéval-fantastique avec une plus grande liberté pour développer notre personnage comme on le souhaite.
Doté d'une durée de vie solide, malgré une progression parfois laborieuse et un tantinet lassante, le dernier titre de Gearbox viendra largement vous occuper en attendant un éventuel Borderlands 4. Le endgame, entre autres éléments, est nettement meilleur que celui de son aîné, et des DLC sont bien sûr prévus pour prolonger notre séjour dans l'univers déjanté et coloré de Tiny Tina.
Neuf ans d'attente pour que l'explosive adolescente revienne sur le devant de la scène comme elle le mérite, et nous ne sommes globalement pas déçus de la partie de jeu de rôle à sa table ! Malgré ses quelques défauts, Tiny Tina décroche donc chez nous la jolie note de 8/10.
8
Les plus
- Gameplay nerveux et addictif
- Création et développement de son personnage aboutis
- Techniquement et graphiquement très propre
- Un nouveau jeu dans le jeu pour le endgame
Les moins
- Narration assez insipide et BEAUCOUP trop bavarde
- Navigation dans les grandes zones laborieuse
- Bande-son parfaitement oubliable
- Forcément assez répétitif à la longue