« Nous ne serons pas réduits au silence », écrivent les employés d'Activision Blizzard dans une lettre ouverte

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« Nous ne serons pas réduits au silence », écrivent les employés d'Activision Blizzard dans une lettre ouverte

Pierre Crochart

27 juillet 2021 à 07h31

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Après le dépôt de plainte de l’Agence des droits civiques de Californie à l’encontre d’Activision Blizzard pour des faits répétés de discrimination, de harcèlement sexuel et d’écarts de salaires, un millier d’employés et d’employées anonymes de l’entreprise s’organisent pour s’assurer que l’éditeur prendra ses responsabilités.

Une lettre ouverte a été publiée cette nuit par près de 1 000 personnes travaillant ou ayant travaillé chez Activision Blizzard, et dénonce la réponse « odieuse et insultante » de l’entreprise après l’éclatement de l’affaire en fin de semaine dernière.

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En interne, la confiance est rompue

Alors qu’Activision Blizzard multiplie les déclarations en interne pour tenter de calmer le jeu, il apparaît que l’entreprise fait pire que mieux et met le feu aux poudres.

Depuis la semaine dernière, on a vu apparaître d’innombrables témoignages sur les réseaux sociaux provenant d’employés ou d’ex-employés de l’entreprise, et qui attestent de l’ambiance de travail toxique qui règne dans ses locaux. Seulement la dernière tentative d’Activision Blizzard d’éteindre l’incendie — en décrivant l’affaire comme « factuellement incorrecte, datée et sortie de son contexte » — a provoqué tout l’inverse. À savoir la prise de parole d’un millier de personnes dans la lettre ouverte que voici.

« Aux dirigeants d’Activision Blizzard,

Nous, soussignés, reconnaissons que les déclarations d’Activision Blizzard, Inc. et de leurs conseillers juridiques concernant le procès du DFEH, ainsi que la déclaration interne ultérieure de Frances Townsend, sont odieuses et insultantes pour tout ce que nous pensons que notre entreprise devrait défendre. Pour le dire clairement et sans équivoque, nos valeurs en tant qu’employés ne se reflètent pas avec précision dans les paroles et les actions de nos dirigeants.

Nous pensons que ces déclarations ont nui à notre quête continue d’égalité à l’intérieur comme à l’extérieur de notre industrie. Catégoriser les affirmations qui ont été faites comme « déformées et dans de nombreux cas fausses » crée une atmosphère d’entreprise qui ne se place pas du côté des victimes. Cela jette également le doute sur la capacité de nos organisations à tenir les agresseurs responsables de leurs actes et à favoriser un environnement sûr pour que les victimes se manifestent à l’avenir. Ces déclarations montrent clairement que notre leadership ne donne pas la priorité à nos valeurs. Des corrections immédiates sont nécessaires au plus haut niveau de notre organisation.

Les dirigeants de notre entreprise ont affirmé que des mesures seraient prises pour nous protéger, mais face aux poursuites judiciaires — et aux réponses officielles troublantes qui ont suivi — nous ne croyons plus que nos dirigeants placeront la sécurité des employés au-dessus de leurs propres intérêts. Prétendre qu’il s’agit d’un procès « sans fondement et irresponsable », tout en voyant autant d’employés actuels et anciens parler de leurs propres expériences de harcèlement et d’abus est tout simplement inacceptable.

Nous demandons des déclarations officielles reconnaissant la gravité de ces allégations et faisant preuve de compassion envers les victimes de harcèlement et d’agression. Nous appelons Frances Townsend à respecter sa parole de démissionner de son poste exécutif du réseau des femmes employées d’ABK en raison de la nature préjudiciable de sa déclaration. Nous appelons l’équipe de direction à travailler avec nous sur de nouveaux efforts significatifs qui garantissent que les employés — ainsi que notre communauté — aient un endroit sûr pour s’exprimer et se manifester.

Nous soutenons tous nos amis, coéquipiers et collègues, ainsi que les membres de notre communauté dévouée, qui ont été victimes de mauvais traitements ou de harcèlement de quelque nature que ce soit. Nous ne serons pas réduits au silence, nous ne resterons pas à l’écart et nous n’abandonnerons pas tant que l’entreprise que nous aimons ne sera pas un lieu de travail dont nous pourrons tous être fiers à nouveau. Nous serons le changement. »

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L’image d’Activision Blizzard profondément écornée

Depuis la semaine dernière, et outre le soutien que reçoivent les employés et employées victimes de violences au sein de l’entreprise via les réseaux sociaux, des actions s’organisent au sein de World of Warcraft, le MMORPG ultra populaire d’Activision Blizzard.

La ville-sanctuaire d’Oribos a en effet été le théâtre de plusieurs manifestations de la part de joueurs rassemblés par la guilde Fence Macabre sur les serveurs Wyrmest Accord et Moon Guard. Interrogés par Polygon, de nombreux joueurs présents à l’événement auraient résilié leur abonnement au jeu en signe de protestation.

Prima Games, qui édite notamment des guides stratégiques, a également elle fait savoir qu’elle ne publierait plus sur les jeux Activision Blizzard ou Ubisoft — accusé des mêmes maux depuis maintenant un an via diverses enquêtes.

Enfin, le site spécialisé TheGamer a quant à lui annoncé qu’il ne couvrirait plus l’actualité d’Activision Blizzard « jusqu’à ce qu’il y ait un vrai changement d’amorcé et que ces conneries de gaslighting cessent (sic) », écrit sur Twitter Kirk McKeand, son rédacteur en chef. La chaîne YouTube GameXPlain a également pris cette décision.

Source : Bloomberg

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