Les jeux dits immersive sim se font rares ces derniers temps. Alors quand les co-créateurs de Dishonored et Prey, deux excellents représentants du genre, proposent leur propre twist avec un titre en vue isométrique, dans un Far West revisité à la sauce dark fantasy et édité par Devolver Digital, notre curiosité ne peut qu'être vivement piquée. Bienvenue dans Weird West !
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- Immersive sim et vue isométrique : un pari réussi
- Un univers intrigant
- Des choix qui influencent vraiment l'histoire
- Une patte artistique singulière
- Une utilisation des armes et compétences peu intuitive
- La gestion de l'inventaire laborieuse
- L'intelligence artificielle aux fraises
- Des animations et technique assez datées
Initialement prévu en début de cette année, le tout premier et ambitieux jeu de WolfEye Studios a finalement dû être repoussé au 31 mars pour que sa formule soit peaufinée. Disons le tout de suite : l'attente valait amplement le coût !
Test réalisé sur PC (via Steam) grâce à un code fourni par l'éditeur. Weird West sort le 31 mars sur PC, PS4, PS5, Xbox One et Xbox Series X|S au tarif de 39,99 euros pour sa version de base, ainsi que sur le Game Pass.
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La Chasseuse, le Groin, le Natif, le Lycanthrope et l'Occultiste
Comme son nom l'indique, Weird West se déroule dans un Far West revisité (un espace-temps déjà rarement exploité dans un format vidéoludique) où cow-boys, hors-la-loi, natifs américains et religieux flirtent allègrement avec l'occulte. Le monde étrange et atypique imaginé par WolfEye Studios est ainsi arpenté par des esprits, hommes-bêtes, sorciers, cultistes et autres entités issues de la dark fantasy.
C'est dans cette ambiance sombre voilée de mystère que commence l'histoire du jeu, avec un personnage ligoté sur une chaise dans une pièce ayant pour seule décoration cinq mystérieux portraits. Le personnage sera scarifié au fer rouge d'une étrange marque permettant, vous l'aurez sans doute compris, de prendre possession du corps des cinq personnages figurant sur les tableaux.
Pas de surprise ici, les personnages incarnés avaient été dévoilés au préalable par WolfEye Studios et Devolver Digital : il s'agira dans l'ordre d'une chasseuse de primes, d'un homme-cochon, d'un natif américain, d'un loup-garou et d'une occultiste. Tous disposent de leur propre passé, de leurs compétences, de leur gameplay et de leur objectif dans le Weird West. Notre aventure commence donc avec Jane Bell, une ex-chasseuse de primes ayant raccroché manteau, chapeau et six-coups pour une vie simple de fermière avec sa famille.
Évidemment, cette quiétude ne sera que de courte durée : alors que nous prenons possession de son corps et perdons les souvenirs de notre hôte au passage, des bandits issus d'un réseau de cannibales dirigés par une Sirène abattent notre fils et enlèvent notre mari. Jane Bell n'a donc d'autre choix que d'endosser à nouveau son manteau de chasseuse de primes pour retrouver sa moitié.
Le décor est ainsi planté pour nous plonger dans une histoire des plus intrigantes, au cœur d'un jeu atypique malgré quelques influences telles que Red Dead Redemption et Fallout/Wasteland.
Revenons justement sur la direction artistique de Weird West. Avec son identité très typée bande dessinée, qui rappelle à s'y méprendre le style des jeux Telltale, le titre de WolfEye Studios détone clairement du paysage vidéoludique moderne et réussit à alterner subtilement entre ambiances chaudes et oppressantes.
On regrette que les animations des personnages et la technique accusent le coup de ce choix artistique, souffrant de textures pas très fraîches. L'enveloppe artistique profite toutefois d'une bande-son qui mélange habilement les ambiances Far West et dark fantasy pour nous porter tout au long de l'aventure : la promesse d'une bonne trentaine d'heures de plaisir.
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Le Weird West ne se divise pas qu'en deux choix
Nous découvrons le Weird West avec Jane Bell, et en premier lieu la carte générale du jeu. À l'instar d'un Wasteland 2, nous devrons nous rendre d'un point A à un point B grâce à cette carte. Sur le chemin, nous pouvons bien entendu tomber sur de nouvelles zones ou faire des rencontres aléatoires (certaines amicales, d'autres beaucoup moins). À noter que de nombreuses zones de cette vaste carte (outre celles de la quête principale) ont été largement recyclées, au détriment de l'immersion pourtant si chère à WolfEye Studios.
Et nous retombons ici sur ce qui fait la plus grande originalité et la force de Weird West, soit le parti pris original de proposer un jeu immersive sim en vue isométrique. Force est de constater que le pari est franchement réussi. Pour avancer dans l'histoire, le jeu vous proposera des vastes zones que vous serez libres d'arpenter comme vous le souhaitez. Vous voulez accéder à une chambre secrète, mais une petite armée de mercenaires vous barre la route ? Négociez avec leur patron véreux pour accéder à l'information que vous recherchez, adoptez la furtivité et la ruse, ou faites parler la poudre en abattant tout le monde (même les personnages essentiels à l'histoire) !
En termes d'évolution du scénario, Weird West n'entend pas vous ligoter et vous trimballer sur son cheval. Au contraire, le jeu vous permet de construire votre histoire comme vous le souhaitez, la rendant forcément unique. Sachez ainsi que nombre de vos choix auront un véritable impact sur le Weird West, qu'il s'agisse de votre incarnation présente ou de la prochaine. Si vous vous comportez en truand notoire, des chasseurs de prime risquent de vous traquer dans tout l'univers du jeu afin de s'enrichir sur votre cadavre fraîchement truffé de plombs. Des alliés et ennemis passés reviendront notamment se rappeler à votre bon souvenir quand vous vous y attendrez le moins, et il se peut aussi que certains morts puissent resurgir du sol pour vous hanter !
Au-delà de la conduite de l'histoire, le gameplay, particulièrement flexible, vous offre un certain degré de liberté dans votre manière d'aborder les situations. Vous pourrez par exemple empiler des caisses pour atteindre des endroits autrement inaccessibles, remplir un seau d'eau et l'envoyer au visage de vos adversaires pour les mouiller et les électrocuter, ou encore lancer une lanterne allumée ou un tonneau de TNT et tirer dessus pour faire d'importants dégâts de zone.
C'est peut-être un détail trivial, mais il est si rare de voir des interactions aussi simples et pourtant tellement immersives dans ce type de jeux que Weird West nous a véritablement conquis de par la liberté qu'il propose.
Sachez q'un cycle jour/nuit est également de la partie et qu'évidemment, le couvert de la nuit sera propice à prendre de court des adversaires endormis ou à piller allègrement les villes en toute impunité.
La vue isométrique se prête d'ailleurs parfaitement à cet ensemble, nous offrant une visibilité forcément bien meilleure que les FPS habituels des immersive sim. En un mot comme en cent, WolfEye Studios relève haut la main son audacieux défi.
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Pour une poignée de dollars
Profitons de la mention du gameplay global du jeu pour nous attarder sur ce qui va nous occuper la majeure partie du temps : le développement de notre personnage, le combat… Et la gestion de notre inventaire. Au fil de notre exploration dans le Weird West, nous récupérerons deux sortes d'artefacts qui permettront de débloquer des compétences et des talents passifs.
Les compétences pourront être acquises avec des Reliques de Nihm et se divisent en deux catégories : celles spécifiques au personnage que nous incarnons présentement, et celles spécifiques aux armes. Weird West nous demande de trouver un équilibre délicat entre exploiter les forces de notre personnage ou user et abuser des compétences de nos armes, dont certaines se révèlent particulièrement puissantes. Leur utilisation dans des combats très typés twin-stick shooter s'avère toutefois peu intuitive, la disposition des touches associées nous ayant parfois coûté quelques précieuses secondes en nous emmêlant les pinceaux. Pour utiliser nos compétences, cela nous demandera des points d'action qui pourront être récupérés avec une potion prévue à cet effet ou en se reposant dans un Saloon ou à la belle étoile.
Les talents peuvent quant à eux être acquis grâce à des As d'Or. Leur particularité est que, à l'inverse des compétences, les points investis dans les talents seront communs aux cinq personnages. Weird West vous encourage ainsi fortement à explorer son vaste monde pour en trouver le plus possible. Forcément, à chaque nouveau personnage que nous incarnons, la difficulté montera crescendo, rendant le développement de sa troupe essentiel.
L'équipement pourra aussi être amélioré dans des forges accessibles dans certaines villes grâce à des pépites de minerai rare, du cuivre, de l'argent jusqu'à l'or, ou en dépeçant des animaux sauvages. C'est d'ailleurs l'occasion de mentionner la gestion de l'inventaire, assez laborieuse.
Limité à seulement 48 places, celui-ci se trouvera en effet rapidement rempli par notre équipement, nos objets de soin, nos dynamites et autres projectiles, ainsi que les ressources pour améliorer l'équipement ou les diverses camelotes à vendre. Nous sommes ainsi souvent forcés de faire des allers-retours incessants pour rejoindre les villes, ce qui vient artificiellement ralentir la progression.
Il sera toutefois possible d'acheter (ou voler) un cheval, accélérant drastiquement nos déplacements sur la carte du monde, dont la capacité d'inventaire est toutefois limitée à 32 places. Si vous préférez être entouré d'alliés, vous pourrez en recruter deux, qui pourront éventuellement servir de mule… À condition qu'ils survivent à l'aventure. Après avoir fini l'histoire de chaque personnage, vous pourrez même retrouver votre incarnation précédente, la recruter et récupérer son équipement. De même, l'inventaire de la monture et les éléments stockés dans un coffre-fort à la banque seront transférés d'un personnage à l'autre.
Pour gagner des dollars sonnants et trébuchants, essentiels pour progresser et cette fois-ci non transférables d'un personnage à l'autre, nombre d'activités autres que la collecte de camelotes sont disponibles. Les plus lucratives sont bien sûr les primes sur la tête de bandits notoires, morts ou vifs. Cela impliquera donc de se rendre seul ou avec des recrues dans une zone occupée par une large bande de hors-la-loi et d'abattre ou capturer le sujet de la prime.
Insistons d'ailleurs sur le fait que la furtivité est particulièrement importante dans Weird West. En plus de nous permettre d'abattre d'un seul coup sec derrière la nuque la majorité des ennemis du jeu, ceux-ci se montrent malheureusement aussi ineptes qu'un virevoltant. Champ de vision limité, mémoire immédiate extrêmement faible, tout ou presque nous pousse à la jouer discrète, plutôt que de participer à des gunfights assez brouillons qui risquent de nous coûter de précieuses ressources (et souvent des compagnons préférant rester bêtement sous le feu de l'ennemi que se mettre à couvert).
Appréciant particulièrement cette approche, cela ne nous a pas dérangé outre mesure, mais peut être un avertissement pour celles et ceux que la gâchette a tendance à démanger.
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Weird West : l'avis de JVFR
Avec Weird West, WolfEye Studios tient le pari osé de proposer un genre immersive sim rarement représenté, dans un univers Far West rarement exploité, mâtiné de dark fantasy dans une histoire riche et intrigante entièrement portée par nos choix, le tout en vue isométrique. Et comme nous l'avons déjà souligné, ce pari est franchement réussi.
Quelques éléments comme des combats un peu brouillons du fait de compétences peu intuitives à utiliser, une intelligence artificielle perfectible et une gestion de l'inventaire laborieuse pourront certes gêner une aventure globalement rafraîchissante et grisante à parcourir. Il serait cependant dommage de s'arrêter à ces petites nuisances, tant le Weird West se montre généreux dans ce qu'il propose. Un jeu véritablement à part, et un coup dans le mille pour le tout premier titre de WolfEye Studios, qui nous a dégainé là une belle pépite d'or !
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Les plus
- Immersive sim et vue isométrique : un pari réussi
- Un univers intrigant
- Des choix qui influencent vraiment l'histoire
- Une patte artistique singulière
Les moins
- Une utilisation des armes et compétences peu intuitive
- La gestion de l'inventaire laborieuse
- L'intelligence artificielle aux fraises
- Des animations et technique assez datées