Après Battlefield I qui se déroulait durant la Première Guerre Mondiale et Battlefield V centré sur la Seconde Guerre Mondiale, DICE revient trois ans plus tard avec Battlefield 2042, un titre portant sur une guerre semi-futuriste et exclusivement multijoueur. Ce nouvel opus est présenté comme un souffle de modernité pour la licence, au risque d'en bouleverser les codes. Un retour en force du studio suédois sur la scène du FPS massivement multijoueur ? Voici notre avis sur la question.
Ce titre avait d'abord été annoncé pour le 22 octobre sur PC, PS4, PS5, Xbox One et Xbox Series X|S, mais, arguant qu'il avait besoin d'être peaufiné, DICE et Electronic Arts ont décidé d'en repousser la sortie au 19 novembre. Un délai suffisant pour corriger les problèmes pressentis lors de la bêta ? Réponse suite à notre expérience sur l'accès anticipé, disponible depuis le 12 novembre.
- Le mode Portal, paradoxalement le meilleur mode du jeu
- Visuellement abouti
- Grande flexibilité offerte aux joueurs
- Sensations fidèles à la franchise
- Gros soucis de performances et de netcode (surtout sur les maps à 128 joueurs)
- Gunplay très aléatoire
- Mode Hazard Zone qui peine à convaincre
- Nombreux éléments inhérents à la franchise absents
Test réalisé sur l'accès anticipé lancé le 12 novembre via Origin sur PC grâce à un code fourni par l'éditeur. Battlefield 2042 sortira le 19 novembre sur PC, PS4, PS5, Xbox One et Xbox Series X|S. La cross-progression sera supportée sur toutes les plateformes, mais le cross-play ne sera possible qu'entre les versions PC, PS5 et Xbox Series d'un côté, et PS4 et Xbox One de l'autre. L'achat de l'édition Standard numérique sur consoles de nouvelle génération permettra, en attendant d'en obtenir une, de jouer sur la console d'ancienne génération correspondante.
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Refaire ses classes
Battlefield 2042 nous projette, on vous le donne en mille, en 2042. La Terre est alors en proie à de terribles catastrophes naturelles et l'humanité est au bord du gouffre. Les deux grandes puissances encore en présence, les États-Unis et la Russie (et oui, encore elles) se mènent une guerre désespérée afin de récupérer les dernières miettes de ressources qui restent.
Pour les aider dans ce conflit, les deux factions s'en remettent aux mercenaires appelés Sans-Patries, un des éléments au cœur de la communication de ce Battlefield, qui viennent remplacer les traditionnelles classes. Au nombre de dix au lancement du jeu (de nouvelles têtes viendront par la suite) on peut les comparer aux spécialistes présents dans Rainbow Six: Siege.
Chacun des mercenaires dispose en effet d'une capacité propre, comme une tourelle déployable, un grappin, des grenades intelligentes ou même un wall-hack. En plus de ces capacités, ils sont associés à un passif ou un accessoire propre, dont une Wingsuit pour (cocorico) Emma « Sundance » Rosier, la Sans-Patrie représentant la France dans Battlefield 2042. À noter que certaines capacités se montreront utiles sur n'importe quel champ de bataille, quand d'autres seront bien plus situationnelles, créant un certain déséquilibre entre les différents Sans-Patries.
Cette particularité traduit la volonté de DICE de moderniser sa formule, mais vient bouleverser de nombreux codes établis depuis des années sur la licence, et pas forcément dans le bon sens. En effet, cela crée une certaine confusion sur le champ de bataille, puisqu'on ne retrouve plus les uniformes très reconnaissables pour chaque faction, ces dernières opposant en réalité les clones des différents Sans-Patries. La seule manière de les distinguer est un voyant, bleu pour les alliés et rouge pour les ennemis.
Il est toutefois possible de sortir du lot en débloquant des apparences pour chaque Sans-Patrie, personnalisant son uniforme jusqu'à sa couleur. Les armes profitent aussi de différents skins. Pour l'heure, seuls les éléments cosmétiques déblocables en accomplissant certains objectifs sont disponibles. D'autres devraient être proposés à la vente dans une boutique, désactivée durant l'accès anticipé.
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Un matos futuriste qui manque de calibrage
La confusion est aussi de mise au niveau de l'équipement. En effet, exit les kits spécifiques aux classes « Assaut », « Médecin » et autres, désormais remplacés par des paquetages « orientés » selon les anciennes classes de la franchise. Concrètement, n'importe quel Sans-Patrie peut s'armer d'un fusil de sniper ou d'un fusil d'assaut, avec un kit de soins, de munitions, ou d'un lance-roquettes. En jouant et en gagnant en niveau, on débloque d'autres armes, accessoires et véhicules. Mais l'arsenal disponible au lancement reste globalement assez maigre. Gageons que celui-ci bénéficiera de nombreux ajouts à l'avenir.
Cette façon de s'équiper assure une grande flexibilité et polyvalence aux joueurs, mais la manœuvre risque de faire grincer des dents les vétérans irréductibles des anciens titres Battlefield, et ce, d'autant plus que le gunplay, un des piliers de la franchise, souffre encore de plusieurs soucis. Parmi eux, on peut citer la dispersion très hasardeuse à moyenne et longue portée, à tel point que les snipers font office de pistolets à bille tant les dégâts sont risibles en tirant à longue distance. Il arrive d'ailleurs que les balles ne touchent même pas un adversaire dont la masse critique se trouve pourtant en plein milieu du viseur.
Face à ce problème, enchaîner les frags avec une même arme permet de débloquer des accessoires comme des lunettes, munitions, canons et autres, apportant divers bonus et malus. Pour s'équiper, Battlefield 2042 propose, pour la première fois dans la licence, de sélectionner les options à la volée via un menu dédié en jeu. Une fonctionnalité très bienvenue.
De même, il n'est plus question d'attendre bêtement au point de respawn qu'un véhicule se libère : nous pouvons choisir, selon un timer donné, d'embarquer directement dans un 4x4, un tank, un hélicoptère ou un avion, depuis le menu de déploiement. En pleine action, il est aussi possible d'appeler à la rescousse un chien robot de chez Boston Dynamics, ou des véhicules terrestres pour éviter de refaire tout le chemin avec nos seuls écrases-boue. À l'instar des accessoires sur les armes, il est possible de débloquer divers éléments, gadgets ou nouvelles tourelles pour les véhicules, en enchaînant les frags avec ces derniers.
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À partir en Conquête sans Ruée, on triomphe sans performance
Pour dépeindre sa vision futuriste, Battlefield 2042 a vu les choses en TRÈS grand, tout du moins sur PC, PS5 et Xbox Series. Les modes classiques de la licence que sont « Conquête » et « Ruée » (jouables également en escouade, contre et avec des bots, afin de s'entraîner plus tranquillement) accueillent en effet 128 joueurs, un nombre jamais vu dans la licence. Pour réunir tout ce beau monde, les sept cartes disponibles au lancement proposent évidemment un terrain de jeu immense. Sur PS4 et Xbox One, ces maps n'accueilleront cependant « que » 64 joueurs, sur un champ de bataille aux dimensions adaptées.
Dans cette immensité, les graphismes de Battlefield 2042 sont plutôt aboutis en Ultra à 1440p, notamment les effets de lumière, mais ne nous collent pas la « claque » à laquelle nous a habitués DICE. Côté sound design, le titre assure également le spectacle, si l'on ne compte pas une spatialisation des bruits de pas, cruciale dans un FPS massivement multijoueur, extrêmement mal calibrée.
Pour les néophytes, rappelons que le mode « Conquête » demande de capturer différentes zones afin de faire baisser le nombre de tickets adverses. Le mode « Ruée », lui, offre une quantité de tickets illimitée aux défenseurs, qui doivent repousser les attaquants, lesquels n'ont qu'un nombre donné de tickets. Les attaquants doivent prendre possession de plusieurs secteurs divisés en plusieurs points à capturer. La prise d'un secteur fait avancer le front vers le suivant, jusqu'à un dernier carré pour les défenseurs.
À noter que chaque mode de jeu s'accompagne d'un court tutoriel permettant d'en apprendre les bases.
Ces modes « classiques » reprennent, malgré la refonte des classes, les codes qui ont fait de Battlefield la licence chaotique et spectaculaire que l'on connaît. Avec 128 joueurs au compteur, le résultat est encore plus probant. Comme nous l'évoquions, l'univers de Battlefield 2042 est en proie à des catastrophes naturelles, qui prennent aléatoirement, selon la map, la forme d'une tornade ou d'une tempête de sable. Impressionnantes visuellement, celles-ci viennent rebattre les cartes et ajouter encore au désordre tant apprécié dans les créations de DICE.
On apprécie moins le fait que la tornade semble avoir emporté avec elle les performances de ces modes à 128 joueurs… Taux d'images par seconde particulièrement instable, problèmes de latence, de netcode, bugs en tout genre viennent ainsi miner l'expérience, même si vous êtes équipés d'une très solide machine et de la fibre optique.
On déplore aussi l'absence de fonctionnalités habituellement inhérentes à Battlefield ou à tout FPS massivement multijoueur, comme un navigateur pour rechercher une partie, choisir quelle escouade rejoindre, un chat textuel et vocal dédié aux escouades, ou encore un tableau des scores en bonne et due forme. De même, il est impossible de voir des médecins à proximité lorsque notre vie est au plus bas ou que nous sommes à terre. Espérons que ces éléments manquants seront réintroduits à l'occasion d'un correctif…
Heureusement, la roue des communications pour repérer un ennemi sur la carte, indiquer son besoin en soins ou en munitions, et autres, a fait son retour depuis la bêta.
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Une Zone de largage… Hasardeuse
Battlefield 2042 se démarque encore un peu des classiques de la licence avec le mode « Hazard Zone ». S'inspirant de titres comme Escape from Tarkov ou encore Hunt Showdown, ce mode oppose huit escouades de quatre Sans-Patries à la recherche de précieux disques durs disséminés au sein d'une vaste zone de jeu, également occupée par des soldats incarnés par l'intelligence artificielle.
Au lancement d'une partie, chaque membre de l'escouade doit choisir un seul et unique spécialiste et s'équiper en armes, en accessoires et se doter de jusqu'à trois avantages tactiques. Ces derniers, au nombre de quinze au lancement, permettent par exemple de disposer de points d'armure ou de gagner plus d'argent en abattant des bots.
Une fois déployée aléatoirement sur le plancher des vaches, l'escouade doit trouver les disques dans des pods lancés depuis l'espace, disséminés aux quatre coins de la carte. On peut également tomber sur des véhicules, des stocks de munitions ou des points de largage qui permettent de faire revenir nos camarades tombés au combat.
Au bout de quelques minutes, deux zones de largage sont placées aléatoirement sur la carte afin d'extraire les précieuses ressources en notre possession, avant qu'une catastrophe naturelle ne vienne ravager la zone. Sur le papier, « Hazard Zone » propose donc une certaine liberté d'approche tactique et des parties courtes mais fortes en adrénaline.
En réalité, du moins d'après notre expérience avec des compagnons d'infortune aléatoires (et sans chat vocal, rappelons-le), les parties se soldent souvent en quelques minutes à peine (en comptant l'écran d'accueil nous donnant une minute et trente secondes pour nous préparer). Résultat, on a plus le sentiment d'avoir perdu notre temps à crapahuter dans une vaste zone sans croiser personne, pour finalement nous faire faucher par une escouade forte d'un véhicule blindé contre lequel nous restons impuissants.
De fait, nos parties n'étaient pas reluisantes et nous repartions avec un très modeste pécule, trop maigre pour améliorer concrètement nos chances lors d'un prochain essai grâce à de l'équipement disponible contre monnaie sonnante et trébuchante. L'exercice se montrera peut-être plus satisfaisant avec un groupe de quatre amis en vocal, si l'on omet les problèmes liés à la balistique très aléatoire ou au netcode. Au moins, « Hazard Zone » permet des performances fluides, avec seulement 32 joueurs.
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Un Portail nostalgique pour sauver le futur
Dernier pan, et pas des moindres, de ce Battlefield 2042 : le mode « Portal ». Les vétérans de Battlefield passeront sans doute allègrement des heures sur ce mode, au détriment du reste du jeu, tant les possibilités qu'il offre sont infinies.
Et pour cause, à terme, la communauté pourra en effet créer des modes uniques mélangeant des éléments et cartes de Battlefield 1942, Bad Company 2, Battlefield 3, et bien sûr Battlefield 2042. Vous avez toujours fantasmé de voir ce qu'un combat entre des nazis et des chiens robots de Boston Dynamics peut donner ? Les combats improbables « Couteaux contre Défibrillateurs » vous manquent ? Vous avez envie de refaire une partie « Match à mort » remasterisée sur Canaux de Noshahr ou Port d'Arica comme à la bonne époque de Battlefield 3 ou Bad Company 2 ? « Portal » est fait pour vous !
Le mode « Portal » est ainsi, et assez paradoxalement, notre coup de cœur de ce Battlefield 2042. Si la communauté ne disposait pas des outils permettant de créer des modes de jeu uniques pendant l'accès anticipé, il restait possible de s'offrir une cure de nostalgie remasterisée sur les trois opus actuellement disponibles.
Il est également tout à fait possible de faire s'affronter les Sans-Patries de Battlefield 2042 sur des maps d'anciens opus, ou encore opposer des soldats de Battlefield 1942 à d'autres issus de Battlefield 3, entre autres propositions.
La plupart des classes, armes, accessoires et cartes les plus iconiques de ces trois titres peuvent ainsi profiter du moteur de Battlefield 2042, pour une expérience globalement bien plus plaisante que ce que propose le jeu de base, du moins à notre humble avis. On peut toutefois toujours déplorer l'absence de certaines armes ou maps, ou encore une jouabilité calibrée sur celle de Battlefield 2042, qui nous empêche de véritablement revivre l'expérience des anciens opus.
DICE a-t-il choisi d'ajouter « Portal » à son titre en sachant pertinemment que la direction prise par Battlefield 2042 allait déplaire ? On serait tentés de le croire. Mais qu'à cela ne tienne, cela offre tout de même aux Sans-Patries quatre jeux en un, et peut-être même plus au fil des mois à venir. On ne va clairement pas s'en plaindre.
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Battlefield 2042 : l'avis de JVFR
Si l'esprit de ce qui a fait le succès retentissant de la franchise Battlefield est bien présent dans ce nouvel opus, DICE semble avoir du mal à savoir sur quelle épaule mettre son fusil (et nous avec). Le fun, le spectacle et la sensation d'être un grain de sable au milieu d'un champ de bataille épique sont de mise, mais la modernisation de la formule reste hasardeuse. Ainsi, voulant proposer une grande flexibilité aux joueurs, Battlefield 2042 perd une partie de son essence.
Le constat n'est pas des plus glorieux côté gunplay, performances, latence et technique, surtout sur les maps à 128 joueurs qu'on a bien du mal à apprécier. Un sentiment qui n'est guère plus reluisant sur « Hazard Zone », qui troque la tension des titres dont il s'inspire pour un mode manquant d'originalité.
Heureusement, et paradoxalement, le mode « Portal » vient sauver la mise en permettant de profiter d'anciens titres iconiques plus ou moins remasterisés grâce au moteur visuellement très abouti du dernier volet.
En l'état, c'est avec un certain regret, compte tenu de notre affection pour cette iconique franchise, que nous lui attribuons une note de 7/10. DICE n'a cependant pas l'intention d'abandonner sa nouvelle création, et nous espérons que certains problèmes seront réglés d'ici la sortie officielle le 19 novembre, afin d'élever d'au moins un point notre verdict.
Pour le reste, gageons que des ajouts réguliers viendront remettre Battlefield 2042 sur de bons rails afin qu'il se montre à la hauteur de son immense héritage. La dernière chose que nous souhaitons à ce titre est d'être balayé par une tornade, ne laissant derrière lui que les ruines d'un futur qui aurait pu être radieux.
7
Les plus
- Le mode Portal, paradoxalement le meilleur mode du jeu
- Visuellement abouti
- Grande flexibilité offerte aux joueurs
- Sensations fidèles à la franchise
- Catastrophes naturelles qui rebattent les cartes
Les moins
- Gros soucis de performances et de netcode (surtout sur les maps à 128 joueurs)
- Gunplay très aléatoire
- Mode Hazard Zone qui peine à convaincre
- Nombreux éléments inhérents à la franchise absents
- Nombreux bugs restants