Sur le papier, Moonglow Bay avait tout pour me plaire. Un village à restaurer, des artworks soignés, une bande-son signée Lena Raine (Celeste, Chicory) et, surtout, de la pêche. Malheureusement l'idylle a été de courte durée car, comme cela se produit parfois dans une relation récente, je me suis rendu compte que Moonglow Bay ne voulait pas de moi.
J'ai accordé trop de temps au jeu de Bunnyhug qui, à aucun moment, n'a eu le courage de me dire que nous n'étions pas faits pour être ensemble. Son problème, c'est qu'il n'est pas prêt à entamer une relation. Ou, pour le dire d'autrement et sortir de cette métaphore foireuse, qu'il est dans l'état d'un accès anticipé qui ne dit pas son nom.
Mise à jour du 28/10 à 19h30 : relancé sur Twitter, le studio dit avoir conscience de certaines « difficultés à communiquer les objectifs aux joueurs », et travaille à corriger cela dans une mise à jour qui sera déployée sur Steam la semaine prochaine. La version Game Pass attendra davantage.
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- Le feeling de la pêche
- La variété du bestiaire, qui est souvent drôle
- La beauté de la musique
- Une interface bien mise en valeur...
- Des bugs en pagaille
- Carte et quêtes peu claires
- Un style voxel qui divise
- ... mais absconse au possible
Moonglow Bay a été testé pendant une dizaine d'heures sur Steam grâce à un code fourni par le développeur. Il est vendu 24,99€ sur les plateformes et disponible dans le Game Pass PC et consoles.
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Mal de mer
Ça fait des mois que Moonglow Bay est dans mon viseur. Stardew Valley qui rencontre Animal Crossing, ça me parle ! Et son pitch est suffisamment engageant, et juste ce qu'il faut de tragique, pour me donner envie de m'y investir. Voyez plutôt : dans la petite bourgade de Moonglow Bay, sur la côte est canadienne dans les années 80, votre personnage décide de se retrousser les manches pour redynamiser l'économie et sauver le village après que son ou sa partenaire a disparu en mer.
Il n'a pourtant pas fallu plus de 30 secondes pour être confronté à un premier obstacle, et pas des moindres : Moonglow Bay ne supporte pas... la souris. Même dans les menus, il vous faudra naviguer à l'aide des touches. Soit. Mais il est également impossible de les remapper. Et on voit les limites de ce système dès l'introduction, où l'on nous montre déjà les rudiments de la pêche. Il faut ferrer le poisson avec A, et jouer des touches J, I, K, L (????) pour l'épuiser en l'emmenant dans la direction contraire. En bref : jouez-y à la manette.
Passés ces précoces soufflements de narines, j'ai enfin pu plonger dans le grand bain. Et les choses se sont mieux déroulées. Pour un temps.
Trois ans après la disparition de son compagnon, notre personnage se laisse totalement aller. Tout comme la ville qui l'accueille d'ailleurs. Persuadée qu'un monstre marin rôde dans la baie, plus aucun pêcheur n'ose faire tremper sa ligne. Mais c'était sans compter la visite surprise de notre fille, véritable tutoriel sur pattes, qui va nous remettre d'équerre pour tenter de sauver Moonglow Bay.
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Garde la pêche
Son plan ? Un stand de street-food de produits de la mer. À notre charge d'aller dépeupler les eaux environnantes à l'aide de notre canne et de notre filet donc. Mais le gameplay de Moonglow Bay ne s'arrête pas là. L'aspect « cuisine » du titre est un peu plus fouillé que prévu.
Une fois qu'on a choisi une recette dans l'épais catalogue idoine, il faut effectuer ses différentes étapes dans une série de mini-jeux très simples.
Pour découper le poisson, il suffit d'appuyer sur B aux bons moments. Pour laver les pommes de terre, il s'agira de conserver un curseur dans une zone mouvante. La cuisson, la friture et j'en passe requièrent également par des interactions dédiées certes rapides, mais qui nécessitent la concentration du joueur ou de la joueuse.
Heureusement, on peut cuisiner en lot. Et Bunnyhug a dû lui-même se rendre compte que le concept s'étiolait après le 200e fish and chips confectionné. Ainsi les recettes parfaitement maîtrisées peuvent être préparées instantanément sous réserve d'avoir les ingrédients nécessaires.
Mais plus que de se faire de l'argent, la nourriture revêt un aspect social dans Moonglow Bay. En préparant aux habitants leur plat préféré, ils nous confieront de nouvelles recettes, ou nous parlerons de poissons rares qu'on pourra aller pêcher, et déposer à l'aquarium (une réplique du musée d'Animal Crossing) ce qui, in fine, augmentera le prix de vente de nos poissons et plats préparés.
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L'amer, qu'on voit danser
Différentes briques de jeu qui se superposeraient plutôt intelligemment donc, si l'interface ne venait pas inutilement nous mettre des bâtons dans les roues. L'UI de Moonglow Bay est très jolie, mais peu fonctionnelle. Ainsi, impossible de se souvenir du plat préféré de chacun(e) sans retourner lui parler. Pourtant, notre personnage ne manque jamais une occasion de répertorier la moindre poiscaille croisée dans son carnet.
Autres freins : la mini-carte et le journal de quêtes. Rapidement, et notamment grâce à des objectifs journaliers, ce dernier sera bien rempli. Par chance, la carte du jeu permet de savoir où se rendre pour les mener à bien... mais omet de nous préciser de quelle quête il s'agit. Et la majorité consistant à ramener à untel un certain type de poisson ou de plat, on se retrouve à faire d'incessants allers et retours entre la carte du jeu, le journal de quête, sa cuisine et les PNJ qui ont besoin de notre aide.
Mais je pourrais encore passer sur tout cela si l'écriture même des quêtes n'était pas à ce point absconse. J'ai jeté à la poubelle une partie de 5 heures parce que je pensais avoir été confronté à un bug bloquant. En réalité, la quête était tellement mal écrite que je ne comprenais tout simplement pas ce qu'on me demandait de faire. « Pêcher aux alentours de l'île pour trouver des indices sur le monstre », me dit en substance le journal. Comment, à partir de cette information, suis-je censé savoir qu'il me faut en réalité jeter ma ligne sur les rochers en face de moi, et pas dans l'eau ?
Questionnés à plusieurs reprises sur ce point, les développeurs de Bunnyhug ne m'ont jamais répondu. Plus loin dans l'aventure, on nous demandera aussi de libérer une baleine blessée par des harpons. Il faut une nouvelle fois user de sa canne à pêche pour ce faire, mais si vous avez le malheur de rater votre coup sur le dernier harpon, votre ligne se brisera systématiquement à chaque nouvel essai. Vous êtes bons pour recommencer, en croisant les doigts être plus habiles, cette fois.
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Frêle es kiffe
Comprenez ma frustration. Je me suis lancé dans Moonglow Bay avec l'excitation d'un gamin qui déballe un cadeau de Noël. J'attendais de lui une échappatoire ; un jeu chill qui me permette de me vider la tête comme on éviscère une bonne truite de 15 kilos. Et quand on parvient à passer entre les bugs en cascade, on arrive presque à l'imaginer ce jeu.
Vendu comme un fishing-RPG par ses créateurs et créatrices, Moonglow Bay a ses bons côtés. La pêche est souvent fun (plusieurs types de cannes et d'appâts pour plus de 100 espèces de poissons à capturer), la cuisine arrive à être satisfaisante si l'on varie les recettes, et les quêtes destinées à rénover des lieux clés de la ville plutôt sympathiques en cela qu'elles changent le visage d'un patelin laissé à l'abandon.
Mais comment s'amuser au long cours si l'on ne peut pas jouer plus de 10 minutes sans rencontrer un bug, ou une absurdité qui nous sort complètement de l'histoire ? Des habitants qui restent plantés comme des piqués de jour comme de nuit par exemple, alors que d'autres retournent religieusement à leur domicile au crépuscule.
Bien sûr, les rares « combats de boss » (des poissons légendaires à pêcher qui demandent une certaine stratégie) apportent un vent de frais salvateur. Mais la progression pour arriver jusqu'à eux est tellement frustrante, tellement jalonnée d'obstacles inutiles représentés par des quêtes incompréhensibles, que le jeu m'est tout simplement tombé des mains. Sans même parler de l'éléphant au milieu de la pièce : le choix d'un style voxel est-il le plus adapté au jeu de Bunnyhug ? Surtout quand on est capable de confectionner des artworks aussi formidables que ceux-là ? Des barrières techniques, on s'en doute, mais qui créent un contraste peu engageant entre l'image que cherche à se donner le jeu et ce qu'il est en réalité.
Alors que reste-t-il à sauver de Moonglow Bay ? Sa musique, indéniablement. Je ne vais pas le cacher, j'ai découvert le jeu grâce à la présence de Lena Raine aux crédits musicaux. Et l'Américaine signe une nouvelle fois une bande originale d'exception, qui répond aussi bien au cahier des charges chill du jeu qu'il reste fidèle à son style si particulier. Alors oui, je continuerai d'écouter Moonglow Bay. Mais, d'y jouer ? J'en doute sérieusement.
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Moonglow Bay, l'avis de JVFR
Il me coûte de le dire ainsi, mais le premier jeu de Bunnyhug manque cruellement de finitions pour une version 1.0. Impatients, ou peut-être pressés par des tiers, les développeurs avaient pourtant repoussé la sortie de leur titre à la fin du mois alors qu'il était prévu pour le 7 octobre dernier. Mais c'est d'un vrai, long report qu'aurait eu besoin Moonglow Bay pour répondre à nos attentes. Et, surtout, d'une phase de QA bien plus rigoureuse.
En l'état, la simulation de vie / jeu de pêche représente une série de frustrations entrecoupées de quelques moments agréables, où les différentes briques de gameplay se superposent sans accroc. Mais ces moments sont trop rares, trop succincts. Au point qu'au lieu de nous détendre, le jeu nous fout les nerfs en pelote à cause d'une interface peu claire, d'une quête incompréhensible ou d'un script qui ne se déclenche pas.
Ce n'est pas un naufrage à proprement parler, mais la coque du rafiot a méchamment morflé. On espère que Bunnyhug a suffisamment de seaux pour écoper tout cela sans trop tarder.
5
Les plus
- Le feeling de la pêche
- La variété du bestiaire, qui est souvent drôle
- La beauté de la musique
- Une interface bien mise en valeur...
- Jouable en coop locale
Les moins
- Des bugs en pagaille
- Carte et quêtes peu claires
- Un style voxel qui divise
- ... mais absconse au possible
- Souris non supportée, et remapping interdit