Test Kena: Bridge of Spirits : pas d'inquiétude, c'est bien la claque espérée

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Test Kena: Bridge of Spirits : pas d'inquiétude, c'est bien la claque espérée

Pierre Crochart

21 septembre 2021 à 08h16

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© Ember Lab
© Ember Lab

De façon assez étrange, Kena : Bridge of Spirits est l’un des jeux que je retiens le plus de la conférence Sony durant laquelle on nous a présenté la PlayStation 5. D’aucuns pourraient répondre que ça en dit long sur ce que nous promettait le constructeur pour la première année de sa nouvelle console. Mais je préfère me dire que, quelque part, Ember Lab répondait à un besoin que j’ignorais avoir : un vrai jeu vidéo inspiré des films d’animation à gros budget.

8

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Kena: Bridge of Spirits
  • Techniquement merveilleux
  • Un vrai film d’animation dans mon jeu vidéo
  • Paysages plus variés qu’on ne le pense
  • Des combats de boss dantesques
  • Les personnages manquent un peu de conviction
  • Scénario très classique
  • Des animations de déplacement un peu rigides
  • Quelques imprécisions dans les phases de plateformes

Et c’est qu’ils s’y connaissent en la matière, chez Ember Lab. Mis en lumière en 2016 après avoir signé le cours métrage Terrible Fate, inspiré par The Legend of Zelda : Majora's Mask, la petite entreprise basée à Los Angeles est avant tout un studio d’animation. 

Et oui, Kena est donc leur premier jeu. Et s’il en porte logiquement certaines marques, je dois confesser que j’ai dû ramasser quelques fois mon dentier tant le résultat force le respect. Mais avant ça, quelques mots sur les conditions assez particulières (pour ne pas dire franchement inconfortables) dans lesquelles le jeu a été testé.

Conditions de testKena a été testé sur PS5 (également disponible PS4 et PC) via un code fourni par le studio il y a tout juste 24 heures. Un délai particulièrement court, qui nous a fait nous interroger quant à la qualité du jeu, mais qui s’explique en réalité par l’inexpérience du studio. Questionné par mes soins sur les raisons de ce test tardif, Josh Grier, co-fondateur d’Ember Lab, m’a répondu ce qui suit : « Je suis sincèrement désolé car cela n’était pas notre intention. La réponse courte est : inexpérience, et taille d’équipe réduite.

Nous sommes une très petite équipe qui essaie de sortir son jeu sur 3 plateformes. Nous avons sous-estimé le temps nécessaire pour que notre produit soit disponible sur chacune d’elle. De plus, nous sommes noyés sous les demandes de tests. En essayant de contenter tout le monde, nous avons eu du mal à respecter notre calendrier et certaines choses sont passées entre les mailles du filet. »

Consciencieux, je me suis retroussé les manches et j’ai passé la journée à jouer au jeu pour le terminer avant d’écrire cette critique. Il est présentement 1h42, vous dormez profondément. Voici mon histoire.

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Maître d’âmes

L’histoire de Kena, on l’a connait déjà un peu. Ou beaucoup, dépendant de votre consommation de films d’animation, et, hum, de Zelda-like.

Mais oui, c’est toujours un peu la même chose. Des humains qui font n’importe quoi avec la nature en se pensant intouchables, et qui se prennent un bon retour de bâton des familles dans les gencives. Résultat : le monde qu’ils pensaient protéger se retrouve corrompu par un mal séculaire représenté par d’énormes bubons rougeoyants. Un peu comme cette vilaine ampoule qui vous a pourri la dernière rando avant la fin des vacances.

La corruption empêche la vie de reprendre son cours dans la vallée.
La corruption empêche la vie de reprendre son cours dans la vallée.

Mais Kena, elle, n’est pas comme ça. Notre héroïne est une Gardienne des esprits — pardonnez du peu. Son job, c’est de guider l’âme des humains nuls en orientation pour qu’ils aillent rejoindre l’au-delà. Alors vous allez me dire qu’elle pourrait aussi leur foutre la paix. Que si ça se trouve ils sont bien, là. Ce à quoi elle répondrait du tac-o-tac que, ça se sait, une âme en peine qui erre trop longtemps ce n’est jamais très bon pour le marché de l’immobilier local. Je sais pas moi, jouez à Phasmophobia, vous verrez de quoi on parle.

Tout ça pour dire que la jeune gardienne a du pain sur la planche. Parce que le lopin de terre dans lequel elle débarque au début du jeu est déjà bien entamé, côté corruption. Le village est désert, et lesdits bubons pulsent de concert au rythme d’Africa de Toto (Ta-tatatata Ta-taaaa). 

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Tous les rots ne portent pas de cape

Heureusement, Kena pourra compter sur l’aide des rots. Alors oui, allez-y. Riez. Ha, ha… c’est bon, on peut y aller ? Regardez-moi cette adorable bouille et osez encore vous moquer.

JVFR

Ces petits esprits de la forêt mignons à en crever jouent un rôle prépondérant dans le gameplay de Kena. C’est en partie grâce à eux que notre héroïne pourra, tels deux pouces en pression sur un bouton d’acné, détruire la corruption qui occupe la vallée et empêche la vie de reprendre son cours.

À la manière d’une troupe de pikmins, les rots nous suivent partout où nous allons. Costauds comme une armée d’influenceurs fitness, ils pourront déplacer divers objets pour nous créer des passages ou en dégager d’autres. Et, comme les noix korogus de The Legend of Zelda : Breath of the Wild, ils peuvent se trouver dans des endroits particulièrement loufoques. Charge à vous de bien fouiller votre environnement afin de mettre la main sur chaque petit compagnon. Plus nombreux ils sont, et plus ils sont redoutables.

JVFR
Les rots vous aident en combat, notamment en immobilisant l'adversaire et le rendre plus sensible à vos attaques.

En effet si Kena est plutôt habile du bâton et de l’arc, elle aura besoin du concours de ces charmantes peluches pour se défaire des ennemis les plus retors. Grâce à un système de monnaie (in game, rassurez-vous) et d’un arbre de compétence tout ce qu’il y a de plus simple, elle pourra les utiliser pour immobiliser ses adversaires, pour rendre ses flèches transperçantes ou encore pour créer une aire d’effet qui ralentit les ennemis. Cerise sur le gâteau, les rots pourront également vous soigner en combat (dans la limite des stocks disponibles). 

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Un peu de Dark Souls dans ton Zelda ?

La structure de Kena: Bridge of Spirits est très, très classique. Comme Death's Door sorti cet été (et dans lequel il s’agissait également de guider les âmes vers l’au-delà, décidément), on joue dans un monde ouvert dont les différentes zones sont interconnectées via un hub central (le village).

Mais pas question de faire à votre mode et d’aller attaquer n’importe quel boss dans l’ordre que vous souhaitez. Ember Lab a opté pour un cheminement très linéaire. De toute façon, vous aurez besoin de l’artefact récupéré chez bidule pour pouvoir accéder à la zone de machine. Et l’outil de machine, vous imaginez bien qu’il sera utile pour ouvrir la porte qui mène chez pataflon. Enfin vous voyez le tableau ; ça fait 30 ans que la formule existe.

JVFR
Kena est un jeu somptueux.

Comptez donc sur votre lot de (gentilles) énigmes, de phases de plateformes (parfois irritantes car imprécises) et de cinématiques pour servir de liant à tout ça. Cinématiques qui, d’ailleurs, sont tournées à 24 images par seconde, ce qui provoque un certain choc quand on vient de terminer un combat à 60 fps. Un choix artistique, me souffle le studio, qui clarifie au passage que ces — somptueuses — cinématiques sont précalculées comme le serait un véritable film d’animation. Dommage que les dialogues ne soient d’ailleurs pas plus travaillés, et que l’interprétation des acteurs manque un peu de conviction. Certaines scènes gagneraient en intensité si on se sentait plus proches des personnages.

JVFR
Le personnage de Kena est malheureusement sous-développé.

Non là où on n’avait pas vraiment vu Ember Lab venir, c’est dans ses inspirations… Soulsiennes. Alors oui ça y est, le mot est lâché. « Le Dark Souls des Zelda Like » comme dirait l’autre. Eh bien moquez-vous mais j’y ai pensé. Car que ce soit en termes de mise en scène, de patterns ou tout simplement de difficulté, Kena: Bridge of Spirits se défend très, très bien.

Voulant faire mon intéressant, j’ai choisi de jouer en Difficile (il existe 4 niveaux de difficulté, dont un mode « Histoire » qui rend les combats très accessibles). C’est quand même pas un jeu PEGI 12 qui va me mettre au tapis, pas vrai ? Bah non, pas vrai du tout.

JVFR
La mise en scène de certains boss est exemplaire.

Clairement, certains boss (nombreux, par ailleurs) m’ont donné du fil à retordre. Une façon policée de dire qu’il n’est pas impossible que j’aie songé à manger ma DualSense après le 47ème essai sur l’Artisane du Bois ou sur ce fichu dernier boss dont l’enchainement de phases est d’une difficulté abrutissante. Bref : l’habit ne fait pas le moine, en ce qui concerne Kena. Car si vous voulez vous frotter à un jeu difficile, il peut le devenir. Par contre, et pour avoir essayé les différents modes, il peut aussi se montrer très accessible. De quoi relancer le fameux débat sur « la difficulté dans les jeux vidéo » ? Non. Il est tard, lâchez ma veste, j’ai un test à terminer moi.

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Kena n’a plus, y’en a encore

Kena: Bridge of Spirits est un jeu tellement généreux qu’il en deviendrait suspect. Rappelons qu’il est vendu 39,99€, là où l’écrasante majorité des jeux labellisés « double A » en demandent 60 ou 70 sans trembler des genoux.

Bouclé en 12 heures (en speedrunnant comme un malpropre parce que, eh, 24 heures pour le tester, tout ça tout ça), il aurait largement pu atteindre les 20 heures si j’avais pris le temps de récupérer tous les collectibles qui se cachent dans les différentes zones.

JVFR
Il y a de nombreux collectibles dans Kena, dont des chapeaux pour rendre les rots encore plus irrésistibles.

Outre les rots que l’on peut recruter (j’en avais 62 à la fin de ma partie, mais la jauge pouvait encore se remplir) et les chapeaux qu’on peut leur offrir (oui, ils peuvent être encore plus mignons), le monde de Kena regorge de stèles à redresser, de coffres maudits à piller, de courrier à distribuer dans les maisons abandonnées et de zones de méditations cachées qui permettent d’augmenter sa barre de vie. Les complétionnistes s’en donneront à cœur joie, d’autant que c’est un réel plaisir d’explorer les zones semi-ouvertes du jeu d’Ember Lab. Si l’on oublie, ironiquement, les animations de déplacement un peu rigides de notre héroïne.

Bien plus variées qu’on l’avait imaginé, les zones proposent toutes un petit quelque chose à elles qui permet de les distinguer tout en satisfaisant à la cohérence artistique du jeu. L’occasion de se pâmer devant les panoramas inspirés de l’Asie du Sud-est, et de se rappeler que Kena: Bridge of Spirits est, certes, signé Ember Lab, mais qu’il doit aussi sa direction artistique au studio d’animation vietnamien Sparx, largement représenté dans les crédits du jeu.

JVFR
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Kena : Bridge of Spirits, l’avis de JVFR

Vous voyez bien qu’il n’y avait pas de quoi s’en faire. Kena : Bridge of Spirits est exactement ce qu’il nous promettait d’être depuis plus d’un an.

Le jeu est même parfois un peu plus, parvenant constamment à nous impressionner avec de nouveaux tableaux, dont la variété avait été gardée secrète jusqu’au dernier moment. Je retiens aussi cette inspiration très soulsienne (bouh, le gros mot) dans les combats de boss, dont certains risquent de me rester en tête un moment tant j’ai pu y laisser des plumes.

Kena est quelque part un jeu presque trop généreux pour les 39 € auxquels il est vendu. Bien sûr, il ne réinvente pas la roue côté gameplay. Mais il offre une expérience tellement limpide, tellement simple et propice à l’émerveillement qu’on ne peut que tirer notre chapeau à Ember Lab. Pour l’offrir à l’un de nos adorables petits rots, tant qu’à faire. Il leur ira mieux qu’à moi de toute façon.

Kena: Bridge of Spirits

8

Kena: Bridge of Spirits est exactement le jeu qu'on imaginait. Sous ses atours exquis de « film d’animation à jouer » se cache un Zelda-like ambitieux, qui sait très bien placer ses pions pour offrir une expérience à la fois riche et gratifiante. Une réussite, tout simplement. 

Les plus

  • Techniquement merveilleux
  • Un vrai film d’animation dans mon jeu vidéo
  • Paysages plus variés qu’on ne le pense
  • Des combats de boss dantesques
  • Des mécaniques de jeu simples mais bien pensées
  • Difficulté bien dosée…
  • Durée de vie généreuse
  • 39,99€ seulement ???

Les moins

  • Les personnages manquent un peu de conviction
  • Scénario très classique
  • Des animations de déplacement un peu rigides
  • Quelques imprécisions dans les phases de plateformes
  • L’écart entre le jeu à 60 ips et les cinématiques en 24 ips
  • … sauf pour le dernier boss, qui est à s’arracher les cheveux
JVFR

Kena: Bridge of Spirits

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