Elden Ring : on a parcouru l'open world à la From Software

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Elden Ring : on a parcouru l'open world à la From Software

Pierre Crochart

10 novembre 2021 à 15h00

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La phase de bêta du Closed Network Test ne démarre qu’en fin de semaine, mais Bandai Namco nous a offert un ticket coupe-file. Pour tout vous dire, nous avons passé tout le week-end dernier sur Elden Ring. L’occasion de vous livrer nos impressions enthousiastes et rassurées sur le nouveau titre de From Software.

Au cours des presque 10 heures accumulées sur Elden Ring, je me suis fait empaler par un chevalier en armure d’or, fais tanner le cuir par le souffle d’un dragon et trépassé sous les coups de canne d’un vieillard plus agile qu’il n’en a l’air. Mais, plus important : j’ai adoré chaque moment passé dans l’Entre-Terre. Et je compte maintenant les jours qui nous séparent du 25 février 2022 (106, il en reste 106).

Preview réalisée sur PlayStation 5 dans le cadre d’une bêta fermée basée sur le contenu du Closed Network Test pendant environ 10 heures.

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Identité remarquable

Qu’est-ce qui démarque les jeux From Software des autres ? Leur difficulté (pardon, leur « exigence »), la maestria de leur level design, la tension des combats de boss… mais aussi leur univers abscons qui se raconte via les descriptions d’objets, et une interface tout droit sortie d’un C-RPG biélorusse des années 90.

Tous ces ingrédients, et plus encore, se retrouvent fondus dans un nouveau moule baptisé Elden Ring. Et autant l’écrire tout de suite : le nouveau jeu de From Software raccroche très vite les wagons avec un certain Dark Souls. Et pour cause : de l’aveu de Hidetaka Miyazaki lui-même, son nouveau jeu en représente l’évolution naturelle.

Ne dites plus « feu de camp » mais « site de grâce ».
Ne dites plus « feu de camp » mais « site de grâce ».

Certes, il n’est plus question d’Âge du Feu ou de Morteflamme, mais l’univers d’Elden Ring, co-créé avec George R.R. Martin (la saga du Trône de Fer, qu’adapte la série Game of Thrones), fait honneur aux habitudes du studio japonais. Il est toujours question de corruption, de dieux anciens aux pouvoirs dévastateurs et de personnages énigmatiques à l’air patibulaire. Bref : on est à la maison.

Tellement à l’aise d’ailleurs, qu’on n’a pas besoin de plus de 10 minutes pour se constituer un petit glossaire mental des « nouveaux » termes à assimiler. Les feux de camp deviennent des sites de grâce ; les fioles d’Estus s’appellent ici des fioles de larmes pourpres ; les âmes rebaptisées runes… Sans même parler de l’interface et des différentes statistiques de notre personnage. Qu’on se le dise, le game design d’Elden Ring est tout bonnement calqué sur celui des Soulsborne… jusqu’à un certain point. Car il ne faudrait pas s’imaginer que le nouveau From Software manque d’originalité, bien au contraire.

Les menus du jeu sont plutôt familiers.
Les menus du jeu sont plutôt familiers.

Une vraie réussite artistique, mais pas graphique

C’est certain, Elden Ring n’est pas aussi reluisant que le remake PS5 de Demon’s Souls. Bâti sur le même moteur que les précédents jeux de From Software, il flatte la rétine davantage pour sa direction artistique sur pour la finesse de ses graphismes.

Testé sur PS5 (la démo n’est accessible que sur consoles), Elden Ring montre surtout ses faiblesses sur la distance d’affichage et en matière de clipping. Les textures proches peuvent en revanche se montrer très détaillées ; surtout lorsque le mode d’affichage « qualité » est sélectionné. Par contre, ce serait renoncer à la fluidité offerte par les 60 images par seconde. Autant dire qu’on ne le recommande pas.

Elden Ring décroche la mâchoire davantage par sa direction artistique que pour ses graphismes.
Elden Ring décroche la mâchoire davantage par sa direction artistique que pour ses graphismes.

Après sa sortie le 25 février 2022, Elden Ring profitera d’un patch qui apportera le ray tracing sur Xbox Series X et PlayStation 5. On ignore encore si cet ajout sera exclusif au mode « qualité », ou si From Software prévoit aussi un mode intermédiaire qui permet de profiter de la meilleure fluidité tout en conservant le ray tracing. Par exemple en usant d’une résolution inférieure.

Le cycle jour/nuit permet d'apprécier les environnements sous une lumière différente.
Le cycle jour/nuit permet d'apprécier les environnements sous une lumière différente.

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Un grand bol d’air

La principale originalité d’Elden Ring, c’est son monde ouvert. Bien sûr, d’aucuns soutiendraient que les précédents jeux du studio étaient déjà des open worlds. Mais on change d’échelle ici, et il faut envisager l’Entre-Terre comme une aire de jeu similaire à ce que proposent les Assassin’s Creed ou Ghost of Tsushima.

Et je ne choisis pas de citer le jeu de Sucker Punch par hasard, figurez-vous. Pour s’assurer que les joueurs et joueuses ne soient pas (trop) perdus, les sites de grâce laissent s’échapper un rai de lumière qui nous indique la direction à suivre pour progresser dans l’histoire — à la manière des filets de vent de Ghost of Tsushima donc. 

Les sites de grâce vous poussent dans la bonne direction pour éviter de trop se perdre.
Les sites de grâce vous poussent dans la bonne direction pour éviter de trop se perdre.

Évidemment, libre à vous d’explorer à votre rythme. Cette démo ne nous donnait accès qu’à un peu plus de la moitié de l’une des six zones principales d’Elden Ring. Et il m’a fallu environ 8h pour la passer au peigne fin. Des camps ennemis, des grottes, des cryptes dissimulées et bien sûr des boss à occire… la zone ne manque ni de contenu, ni de secrets à découvrir.

Et pour faciliter les déplacements, on peut désormais se téléporter quand on le souhaite à n’importe quel site de grâce visité. Une touche de saut dédiée est maintenant au programme, et les mécaniques de discrétion héritées de Sekiro font leur apparition. Aussi, notre avatar est libre d’invoquer sa monture spectrale Torrent quand bon lui semble — même en combat ! Ce dernier profite d’ailleurs d’un double saut qui autorise l’accès à des zones en hauteur.

JVFR
Comme dans Sekiro, on peut s'accroupir pour surprendre les ennemis.

Mais votre cheval n’a pas pour seul intérêt de vous déplacer plus rapidement. On peut évidemment combattre à dos de canasson. Et laissez-moi vous dire que ça facilite énormément la vie.

De par la mobilité qu’il offre (Torrent est très maniable), il est aisé d’esquiver les assauts ennemis et d’asséner des attaques éclair. On peut ainsi moissonner les groupes d’adversaires sans trop risquer de passer l’arme à gauche. Pour le dire autrement : le combo monde ouvert et cheval offre un terrain de farming inespéré. Et autant dire qu’il faudra en passer par-là avant d’aller se frotter aux donjons d’Elden Ring. 

JVFR
Votre monture permet d'aborder les combats de façon bien plus sereine.
JVFR
Dans le monde ouvert, farmer les runes à cheval est la meilleure manière d'éviter de mourir bêtement.

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Choqué et déchu

Si l’on suit les rais de lumière s’échappant des sites de grâce, on finit par arriver aux portes du château de Voilorage. Un bâtiment majestueux, perché sur la colline qui surplombe l’océan. Et, tout naturellement, le level design du jeu se resserre — sans aucun chargement — pour nous renvoyer à quelque chose de beaucoup plus proche d’un Dark Souls.

Une fois qu’on a pénétré dans la zone, impossible d’appeler son cheval à la rescousse. Les sites de grâce redeviennent aussi la seule façon de recharger ses fioles de soin et de magie (dans le monde ouvert, elles peuvent se recharger en venant à bout d’un groupe ennemi). 

JVFR
Les donjons reprennent à la lettre la formule de game design des Dark Souls.

On retrouve donc le sentiment d’insécurité propre aux jeux du studio. On lève le bouclier, on marche lentement et on observe attentivement les environs pour tenter de dénicher des pièges qui, on s’en doute, seront nombreux. C’est tout simplement grisant, et ce n’est que lorsqu’on passe un certain temps dans cet état d’anxiété qu’on se rend compte de l’aspect salvateur du monde ouvert d’Elden Ring. Il crée une bulle de respiration dans laquelle, certes, nous ne sommes pas invulnérables, mais avons l’impression d’être davantage en prise avec notre destin. Dans les donjons, nous sommes les intrus.

Et un certain Margit le Déchu vous le fera vite comprendre. À peine arrivé au seuil du château, ce grand-père dont la canne est plus épaisse que les deux cuisses de Dwayne Johnson réunies représentera le premier pic de difficulté du jeu. Par chance, le site de grâce auquel on réapparait après un échec est situé juste devant l’arène. On peut donc enchaîner les essais, et surtout s’épargner de perdre trop de runes en chemin. 

JVFR
La mise en scène des combats de boss est toujours incroyable.

Comme dans les Soulsborne, Elden Ring vous permet d’appeler d’autres joueurs à la rescousse pour explorer son univers et battre les boss. L’invocation (et les invasions PvP), s’effectue exactement de la même manière que d’habitude. En plaçant une marque au sol et en attendant que quelqu’un réponde à l’appel. 

La nouveauté, c’est que nous pouvons aussi appeler des esprits pour nous venir en aide. Dans la démo, j’ai notamment pu me procurer l’esprit de trois loups et d’un sorcier qui, respectivement, vont agresser les ennemis au corps à corps ou en lui lançant des sorts.

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L'esprit de certains ennemis peut être invoqué librement afin de vous aider en combat.

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Mortal combat

Comme d’habitude dans les Souls, la classe choisie au départ ne revêt pas une importance fondamentale. Elle octroie un équipement de base, une arme au moveset particulier, tout en allouant déjà quelques points d’expérience à votre force, endurance, foi ou ésotérisme selon le personnage choisi.

Mais comme en méritocratie, on se fait tout seul dans Elden Ring. Plus on tue d’ennemis, plus on accumule des runes qui permettent de passer de niveaux et d’acheter de l’équipement. C’est là toute l’ingéniosité des jeux From Software : un chevalier de la première heure peut très bien devenir un puissant sorcier, tout en conservant une armure lourde et en se montrant à l’aise au tir à l’arc. Bien sûr, il faudra en passer par une phase d’apprentissage un peu rude sur l’impact des différentes statistiques. Mais le jeu nous laisse la possibilité de créer un personnage unique.

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Elden Ring laisse une grande liberté pour façonner un personnage adapté à son style de jeu.

Par rapport aux précédents jeux du genre, Elden Ring étoffe également les compétences propres aux armes. Les « weapon arts » de Dark Souls 3 se confondent maintenant avec les prothèses de Sekiro pour des variables de gameplay bien plus prometteuses. En clair, chaque arme peut maintenant être enduite d’une « cendre de guerre » qui va lui octroyer des statistiques et des capacités additionnelles. Une fois récupérées, vous conservez ces cendres ad vitam, et pouvez donc les appliquer sur autant d’armes que vous le souhaitez.

La cendre « Laméclat de Caria » confère à votre épée une allonge magique indécente, quand « Croc perçant » vous apprend un coup d’estoc dévastateur. D’autres permettent aussi de déstabiliser vos ennemis ou de les électrocuter du bout de votre lame. Une addition très riche (et qui concerne aussi bien les armes offensives que défensives), qui vient ajouter une brique supplémentaire au game design déjà tentaculaire d’Elden Ring.

JVFR
Les « cendres de guerre » ajoutent des capacités dévastatrices à vos armes.

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Elden Ring : nos premières impressions

Je ne m’en cache pas : j’ai fait partie des septiques concernant Elden Ring. Profondément amoureux du level design des précédents jeux de From Software, j’imaginais mal comment un monde ouvert pourrait apporter quoi que ce soit d’intéressant à la formule. Mais ces quelques heures passées sur le jeu m’ont totalement débarrassé de mes craintes.

En réalité, cet aspect du jeu en fait surtout un titre plus accueillant de prime abord. En offrant un véritable espace de liberté dans lequel se perdre, expérimenter et monter sereinement de niveau avant de s’attaquer aux donjons, Elden Ring s’assure de ne pas laisser sur le bas-côté les personnes que l’exigence de chaque instant d’un Dark Souls a toujours rebutées.

En ressort un jeu qui n’est pas plus facile pour autant. Les donjons, justement, reprennent scrupuleusement tout ce qui a fait la réputation de From Software. On retrouve vite leur insécurité caractéristique, qui nous prépare aux impressionnants combats de boss jalonnant l’expérience. En définitive, il n’y a absolument pas matière à s’inquiéter : Elden Ring donne tous les gages pour rassurer les fans, tout en s’autorisant quelques pas de côté qui permettront, peut-être, à davantage de monde de rejoindre le navire.

JVFR

Elden Ring

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