Test d’Alan Wake Remastered : les paroles s’envolent, les écrits restent

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Test d’Alan Wake Remastered : les paroles s’envolent, les écrits restent

Maxence Jacquier

05 octobre 2021 à 18h05

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Plus le temps passe et plus il est difficile, lorsque l’on écrit, de revenir sur ses textes. Les temps ont changé, j’ai changé et ma plume avec moi. Jeuxvideo.fr est même revenu d’entre les morts, pour écrire à vos côtés de nouvelles pages de l’histoire du jeu vidéo. C’est le moment qu’a également choisi Alan Wake pour faire son grand retour, onze ans après son arrivée sur Xbox 360. L’occasion est parfaite pour une petite introspection. Est-ce que, comme moi, Alan Wake a changé ?

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Alan Wake Remastered
  • Alan Wake sur PlayStation !
  • Ambiance toujours aussi délicieuse
  • Décors cohérents et fascinants
  • Lifting plutôt convaincant
  • ...malgré l'absence de grosses nouveautés...
  • ...et celle d'American Nightmare
  • Cinématiques très en retrait
  • Version originale largement au niveau sur PC

Cette critique a été réalisée à partir de la version PlayStation 5, avec un code donné par l'éditeur. Les citations sont tirées du test publié sur Jeuxvideo.fr le 4 mai 2010. Alan Wake Remastered est sorti le 5 octobre 2021 sur PC, PlayStation 4, PlayStation 5, Xbox One et Xbox Series S|X.

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Un peu de contexte

Déjà, le survival de Remedy ne fait plus face au mastodonte Red Dead Redemption, sorti la même semaine que lui en 2010 et qui causa probablement son démarrage si lent dans les charts. Ensuite, il n’est plus attendu comme l’exclusivité poids lourd, du genre qui alimentait les guéguerres puériles, mais distrayantes des sections commentaires de l’époque, après cinq ans d’un développement visiblement bien chaotique. Alan Wake Remastered, c’est principalement l’occasion pour les inconditionnels de PlayStation d’assouvir une petite vengeance nourrie pendant plus d’une décennie. Et c’est déjà pas mal.

Onze ans après, Alan retourne au charbon
Onze ans après, Alan retourne au charbon

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Pas nouveau, tout beau ?

« Alan Wake est écrivain. Deux ans passés à souffrir du syndrome de la feuille blanche l'ont convaincu de se mettre au vert quelques jours avec sa compagne, Alice, dans un coin paumé de l'Amérique profonde nommé Bright Falls. À la croisée de Silent Hill et Twin Peaks, cette bourgade lui permettra sans doute de faire le point avec ses orteils. On le sait bien, « les gens heureux n'ont pas d'histoire » : Alan va donc rapidement se retrouver tiraillé entre la recherche de sa femme disparue et la transformation mystique de la ville, désormais peuplée d'ombres visiblement très motivées à l'idée de lui faire visiter l'au-delà. Pire, il semblerait qu'Alan soit responsable, d'une façon ou d'une autre, de ces deux malheurs qui se chevauchent, voire se confondent par moment. Qu'à cela ne tienne, c'est à coup de lampe de poche qu'il va ramener tout ce petit monde à la raison. »

À l’instar de cet extrait de notre article de 2010, le scénario d’Alan Wake n’a pas bougé d’un pouce. Comme tout bon remaster qui se respecte, cette version s’attache avant tout à mettre un grand coup de pinceau pour rafraîchir sa façade. Comparé à la version Xbox 360, ce lifting est plutôt impressionnant. Le framerate est désormais implacablement constant (même en voiture), et le dépoussiérage intégral des modèles 3D des personnages fait son petit effet. Les animations accusent le poids des années, comme la dynamique de course et les collisions un peu abruptes, mais le cadre reste idéal pour profiter de ces « panoramas tout simplement sublimes, tandis que la noirceur qui accapare la plupart des pérégrinations d'Alan jouit d'un éclat particulier la rendant à la fois belle et terrifiante. ». Les cinématiques, limitées à 30 images par seconde et mixées à la truelle, auraient bien mérité elles aussi d’un peu de soin tant elles tranchent avec le reste.

Les visages sont les grands perdants de cette version Remastered...
Les visages sont les grands perdants de cette version Remastered...
Deux salles, deux ambiances
Deux salles, deux ambiances

Opposé à la version PC de 2012, le lifting paraît d’un coup moins séduisant. Sur la végétation, certains éclairages et les effets volumétriques, la vanilla (en 2K tout à fond) fait mieux que le remaster, en tout cas si l’on compare les images fixes. C’est déjà moins flagrant en action, mais on conseillera tout de même aux PCistes d’y réfléchir à deux fois avant de débourser les 30 € demandés pour Alan Wake Remastered. Hormis des commentaires audio inédits, pas grand-chose à se mettre sous la dent côté nouveautés pour justifier un second investissement, surtout si on a eu l’opportunité de récupérer gratuitement l’original et son excellente extension stand-alone American Nightmare, désespérément absente ici, sur l’Epic Games Store.

JVFR
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A gauche le remaster sur PS5, à droite la version vanilla en 2K sur PC

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La magie opère toujours

Rien de neuf ? Ce n’est pas tout à fait vrai, puisque Remedy a glissé (au moins) un easter egg liant le jeu à Control, le dernier titre du studio qui avait affolé la toile à sa sortie en 2018 par ses nombreuses références aux aventures de l’écrivain névrosé. C’est maigre, mais suffisant pour les nouveaux venus qui jouissent d’un contenu très correct, entre la dizaine d’heures de jeu de l’aventure, les quatre petites heures de DLC et la joie d’y retourner en mode Cauchemar pour y dénicher les dernières pages du manuscrit meta d’Alan Wake, entre autres collectibles (in)dispensables.

Sur PlayStation 5, saluons la gestion al dente des gâchettes adaptatives de la Dual Sense, qui permettent un contrôle précis de la maglite dont le faisceau met toujours « en exergue la désolation qui règne à Bright Falls. » Parce que la réussite de ce remaster, c’est principalement celle du jeu de base : « la cohérence de son univers qui offre de fait à l'histoire un cadre parfait pour s'exprimer », son « découpage en chapitres façon série télé qui permet à Remedy de s'assurer la maîtrise totale des climax scénaristiques », les « environnements charismatiques » et autres « envolées esthétiques » nous saisissent toujours autant onze ans après.

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Les décors sont toujours aussi majestueux

Si on ne se sent « jamais vraiment cloisonné » dans des environnements qui laissent assez de place à l’exploration, on déplore cette fois le « déroulement du jeu sensiblement redondant » avec un peu plus de véhémence . La succession de scènes d’action, de passages d’ambiance et de cut-scenes narratives est certes pondérée par quelques séquences annexes - de conduite, de narration, de chasse à l’homme - mais le passage de poids lourds comme The Last of Us ou The Forest renvoient quelque peu Alan Wake dans les cordes après plus de dix ans sans boxer. Alan Wake était un survival-horror plutôt moderne à l’époque, et si cette relecture stricto sensu témoigne de l’héritage laissé par l'œuvre de Remedy sur le genre action/aventure, elle fait également peser sur lui la lourde charge du temps.

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Le son qui met la pression

Même si les « inexcusables mouvements brouillons de la caméra » lors des combats gâchent toujours la scénographie si travaillée de la plupart des affrontements, mettant à l’épreuve notre patience lors de quelques pics de difficulté pas toujours très bien calibrés, Alan Wake Remastered est heureusement toujours la merveille d’ambiance que l’on avait quittée en 2010. Les éclairages dynamiques assistent parfaitement les montées en tension, sublimées par les créations musicales de Petri Alanko et leurs contretemps implacables qui augmentent délicieusement la dose de stress. Les cymbales et percussions succèdent aux nappes de piano tandis que les ruptures tombent toujours à point pour noyer Alan dans son introspection paranoïaque. C’est une véritable master class sonore que nous livre le compositeur, au relai de bruitages convaincants et cohérents qui crédibilisent encore un peu plus l’univers du jeu.

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Alan Wake Remastered, l’avis de JVFR

Comme nous, Alan Wake a vieilli. Comme nous, il porte sur lui quelques stigmates du temps qui passe, mais le travail sérieux de Remedy lui permet de faire encore très bonne figure onze ans après. Ce lifting technique permet désormais à tout le monde de profiter de l’un des jeux marquants de la Xbox 360, qui n’a eu besoin que de quelques minutes pour nous happer une nouvelle fois dans son univers fascinant. La musique, les éclairages, le vent dans les sapins, les décors cohérents, le grognement des ombres qui nous assaillent de toute part : la magie est presque intacte en 2021, et c’est sans hésitation que l’on recommande Alan Wake Remastered à qui n’a jamais croisé la route de l’écrivain. Les possesseurs de PC auront tout intérêt à se tourner vers la version vanilla, qui n’a rien à envier à ce remaster pour un prix inférieur.

Alan Wake Remastered

7

Le lifting technique efficace préserve l'ambiance si particulière du survival de Remedy, et c'est là l'essentiel. Alan Wake Remastered est un jeu indispensable si l'on n'a jamais croisé sa route par le passé, beaucoup moins si l'on connaît déjà les aventures de l'écrivain sur le bout des doigts.

Les plus

  • Alan Wake sur PlayStation !
  • Ambiance toujours aussi délicieuse
  • Décors cohérents et fascinants
  • Lifting plutôt convaincant
  • La Dual Sense bien utilisée
  • Contenu correct...

Les moins

  • ...malgré l'absence de grosses nouveautés...
  • ...et celle d'American Nightmare
  • Cinématiques très en retrait
  • Version originale largement au niveau sur PC
  • Quelques archaïsmes ludiques, forcément
JVFR

Alan Wake Remastered

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