Test Diablo II Resurrected : il paraît que c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes

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Test Diablo II Resurrected : il paraît que c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes

Nerces

05 octobre 2021 à 14h18

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S’il ne fait « que » suite à Diablo et son extension Hellfire, Diablo II est souvent considéré comme la quintessence du hack’n’slash, un style que la franchise a inventé. Plus de vingt-et-un ans après la sortie de ce jeu fondateur – seulement vingt si on prend en compte l’extension Lord of Destruction – Blizzard s’est lancé dans la refonte de ce classique intemporel. Une refonte à mi-chemin entre la simple remasterisation et le remake intégral. C’est sans doute pour cela que Blizzard sous-titre son entreprise « Resurrected ». Une résurrection que nous ne pouvions pas manquer, sur PC histoire de faire honneur à sa plateforme d’origine.

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Diablo II Resurrected
  • Refonte graphique remarquable
  • Joli travail sur la bande-son
  • Cinématiques refaites à la perfection
  • Interface légèrement remaniée
  • Gameplay qui date parfois
  • Disparition du mode LAN
  • Pas de multi cross-platform
  • Quelques vieux « bugs »

Test réalisé sur la version PC du jeu grâce à une clé fournie par l'éditeur. Diablo II Resurrected est disponible depuis le 23 septembre 2021 sur PC, PlayStation 4/5, Xbox One/Series X|S et Nintendo Switch.

Diablo II Resurrected n’est entré en développement que courant 2019. Moins de deux ans plus tard, il est déjà disponible et sur une palanquée de plateformes, excusez du peu : PC bien sûr, mais aussi PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series X|S et Switch, personne ne manque à l’appel. Une période de gestation inhabituellement courte chez Blizzard qui nous fait miroiter Diablo IV depuis aussi longtemps, mais pour lequel nous n’avons encore aucune idée du calendrier de sortie. Pour expliquer un délai aussi bref, il faut souligner que le jeu a été développé en « externe » - par Vicarious Visions - et qu'il ne cherche pas à réinventer la roue et qu’aucune nouvelle mécanique, aucun nouveau contenu n’est proposé par Blizzard qui, au contraire, joue la carte du respect absolu. Bonne pioche ?

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Alors c’est de la Baal ce remaster / remake ?

Puisque nous sommes entre gens de bonne compagnie, on ne va pas vous refaire le pitch intégral de Diablo II, ce n’est pas vraiment la peine, non ? Rapidement donc. Le jeu débute peu de temps après les événements de Diablo, mais nous n’incarnons plus le héros du premier épisode. Celui-ci est parti « vers l’Est » avec la pierre d’âme enfoncée dans le crâne. Son départ a déchaîné les enfers et d’horribles créatures ont dévasté Tristram avant de faire prisonnier Deckard Cain. C’est à peu près à ce moment-là que débute Diablo II et, logiquement, Diablo II Resurrected. La partie démarre dans le camp des Rogues, une espèce de refuge qui va servir de point de départ à ce nouveau combat contre les engeances.

Pas de surprise, les choses démarrent logiquement par la création de ce futur héros. Là, Diablo II Resurrected présente toutefois une singularité. Intégrant effectivement d’emblée tout le contenu de l’extension Lord of Destruction, il nous permet de choisir parmi sept personnages : amazone, barbare, nécromancien, paladin, ensorceleuse du jeu de base et assassin ainsi que druide de l’extension. On ne va évidemment pas s’en plaindre même si, petit regret, Blizzard n’en a pas profité pour permettre de jouer une femme / un homme pour chacune de ces sept classes. De fait, il n’y a strictement aucune différence dans le comportement et l’évolution de ces personnages par rapport au jeu originel.

© Blizzard
© Blizzard

Aucune différence, cela veut dire que les arbres de compétences de nos héros seront identiques tout au long de leur progression sur les cinq actes – les quatre du jeu de base et le cinquième de l’extension – que compte l’aventure. Là non plus, il n’y a pas le moindre changement et il s’agira toujours d’aller botter les fesses des sbires de Diablo, étape par étape, en commençant par Andariel qui vient conclure un premier acte en forme de tour de chauffe. Par la suite, cela veut aussi dire que nous aurons toujours cet intense décalage de difficulté entre les différents boss et en fonction de la classe de personnage retenue. Ceux qui ont galéré sur le combat contre Duriel savent de quoi nous voulons parler.

Sans doute poussé par Blizzard, Vicarious Visions a fait le choix de rester le plus fidèle possible au titre originel. Il n’est donc pas surprenant – et même plutôt rassurant – de voir que toute l’aventure, tous les actes et tous les boss ont été conservés. Il en va d’ailleurs de même pour le gameplay qui est fidèle à ce que tous les vieux de la veille connaissent bien. Le principe est donc redoutable de simplicité et il s’agit toujours de suivre une quête principale menant vers Diablo en massacrant d’innombrables vagues d’ennemis au passage. On clique comme un damné sur la souris afin d’enchaîner les coups, on met en place quelques stratégies afin de ne pas être noyé sous la masse d’adversaires et on exploite au mieux les compétences de notre personnage.

Sept classes, un mode « extrême » et la possibilité « d'exclure » Lord of Destruction © Nerces
Sept classes, un mode « extrême » et la possibilité « d'exclure » Lord of Destruction © Nerces

Le résumé est succinct et ne rend évidemment pas justice aux subtilités de Diablo II. Il ne fait par exemple pas mention de cette construction – niveau après niveau – d’un build spécifique afin de spécialiser notre ensorceleuse dans la magie de feu ou de glace par exemple. Les vétérans vous le diront, Diablo II avait réussi comme peu d’autres jeux à parfaitement ajuster les builds des différentes classes et à multiplier les options disponibles. Aucune crainte à avoir sur ce plan-là, Diablo II Resurrected est le plus parfait hommage que l’on puisse rêver à cette référence du hack’n’slash. Un hommage qui parvient toutefois à en améliorer certains aspects.

D’abord, il convient de souligner que – sortie sur consoles oblige – Vicarious Visions s’est attaché à rendre le jeu jouable à la manette. Le résultat est impeccable et sur PC vous aurez ainsi la possibilité de troquer le clavier / souris pour un gamepad et jouer dans le canapé. Le stick de gauche sert à se déplacer et les compétences sont sur les boutons principaux. La croix directionnelle est utilisée pour les objets à la ceinture et il est bon de noter que l’on peut aisément faire apparaître la carte en surimpression – comme au clavier – et que l’interface générale ne pose aucun problème à l’utilisation : le plus simplement du monde on manipule l’inventaire de notre héros, consulte son journal de quêtes et jouons avec ses compétences.

S'ils auraient pu être plus fréquents, les reflets et autres effets de lumière sont rudement efficaces © Blizzard
S'ils auraient pu être plus fréquents, les reflets et autres effets de lumière sont rudement efficaces © Blizzard

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Le Diable hésite entre Prada et Mephisto

Côté contrôles, rien à dire donc, Vicarious Visions coche toutes les cases et cette résurrection de Diablo II est déjà une réussite. L’autre grande nouveauté est bien sûr liée à l’aspect graphique des choses. Il faut dire que le jeu de base était en 640 x 480 et rien que d’écrire cette définition d’image, ça fait froid dans le dos. Bien sûr, Lord of Destruction avait permis de booster un peu les choses – 800 x 600 ! – mais rien à voir avec les standards d’aujourd’hui. Il est bien sûr possible de jouer en 3 840 x 2 160, mais Vicarious Visions prend aussi en compte les écrans larges avec leur définition inhabituelle : il y a toutefois un bémol à ce niveau, le 3 440 x 1 440 par exemple ne prend pas tout l’écran et de petites bandes noires sont présentes sur les côtés. Dommage.

Au-delà des chiffres, le studio a surtout retravaillé l’ensemble des environnements et des créatures. De prime abord, la différence ne saute pas aux yeux… la faute à cette nostalgie qui trompe notre mémoire. On se dit que le jeu est « plus beau », mais sans remarquer à quel point le travail accompli est important. Comme ce fut par exemple le cas avec les éditions remasterisées de Monkey Island, Vicarious Visions a eu la bonne idée d’intégrer une « touche magique » pour que l’on perçoive mieux la réussite esthétique de Diablo II Resurrected. Une pression sur ‘G’ permet effectivement de basculer entre les modes legacy et resurrected. Il est même possible d’aller dans les options afin de faire coïncider ce mode legacy aux options graphiques de Diablo II (640 x 480) ou de Lord of Destruction (800 x 600).

JVFR
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Pour le plaisir, un petit coup d'avant / après : la différence est évidemment frappante ! © Nerces

Une pression sur ‘G’ et nous voilà transportés vingt ans en arrière… Quelle claque ! La bouillie de pixels est absolument immonde sur l’écran 34 pouces que nous utilisions pour ce test. Nouvelle pression sur ‘G’ et c’est un émerveillement. Cette bascule, notre curiosité nous poussera à la faire tout au long de l’aventure afin de se rappeler « comment c’était avant », de se souvenir chaque acte, chaque environnement dans son habillage originel. Diablo II Resurrected n’est toutefois pas le plus beau jeu du monde, il ne s’agirait pas de vous faire prendre les vessies pour des lanternes. On regrettera ainsi qu’un travail plus important n’ait pas été accordé aux animations des différents personnages / créatures.

Diablo II Resurrected manque aussi de quelques effets plus modernes dans ses reflets ou ses éclairages : une option ray tracing par exemple ? Pour autant, le travail accompli est conforme aux attentes et le plus important est cette prouesse accomplie par Vicarious Visions : moderniser un jeu vieux de vingt ans sans en trahir l’esthétique. De manière générale, on regrette peut-être un univers un chouia moins contrasté, mais on retient surtout avec quelle maestria le studio est parvenu à rajeunir Diablo II de deux décennies, à ajouter quantités de détails en apparence insignifiants – comme ces rigoles emplies dans les égouts de Luth Golein – qui donnent à l’ensemble un côté plus riche, plus vivant.

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« Welcome to the jungle » © Blizzard

Nous avons parlé de la définition d’image, qui progresse bien sûr, il nous faut aussi évoquer la présence de nouveaux éclairages qui viennent transfigurer certaines portions du jeu : c’est moins notable dans le désert par exemple, mais les intérieurs profitent de multiples effets, en particulier grâce aux sorts de feu, aux torches et autres brasiers. Vicarious Visions s’est aussi attelé à l’intégration d’effets météo pour enrichir encore l’ambiance, mais à aucun moment nous n’avons cette impression de « trop ». C’est là que la réussite est la plus étonnante : comme nous l’avons dit, les développeurs de Diablo II Resurrected sont parvenus à moderniser le matériel de base, mais ne l’ont pas dénaturé. Une réussite graphique qui donne une cohérence épatante au jeu.

Ce travail de restauration a toutefois ses limites et nous l’avons déjà évoqué en parlant d’animations que l’on aurait parfois voulues plus souples. Il en va de même pour toutes les mécaniques « internes » au jeu, tout ce qui fait le sel de son gameplay. Par exemple, nous n’avons pas noté de différence de comportements dans l’intelligence artificielle des créatures ou des compagnons mercenaires. Il faut faire avec un côté peu vieillot parfois et c’est sans doute dans la gestion de notre propre personnage que les choses sont les plus datées. Nous voulons bien sûr parler du pathfinding un peu limité ou de ces petites « sautes » d’images lors de certains passages encombrés.

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Trouver de quoi équiper son compagnon mercenaire © Nerces

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Visiter l’antre de Duriel, mais pas le… à vous de finir

À plusieurs reprises, nous avons aussi pesté contre ces misclicks à la limite de causer notre perte… comme cela avait pu être le cas il y a vingt ans de cela. Tout cela pour dire que la modernisation réalisée par Vicarious Visions a ses limites et pour dire aussi que si vous n’aviez pas accroché au gameplay de Diablo II à sa sortie, il n’est inutile d’espérer succomber aux charmes de Diablo II Resurrected. On regrette d’ailleurs que certains aspects moins gameplay du jeu n’aient pas davantage été remaniés : cela n’aurait en aucune façon été une trahison de l’œuvre originelle et cela aurait permis une gestion plus pratique de l’inventaire par exemple ou des retours en ville, que l’on réalise toujours via ces portails de téléportation.

Cela dit, nous forçons ici un peu le trait, car Vicarious Visions a modernisé bien des aspects. Citons par exemple la possibilité de comparer des objets en maintenant la touche ‘shift’ ou bien encore le transfert d’objets entre le coffre personnel et l’inventaire via le très efficace ‘ctrl + clic’ qui fait gagner un temps précieux. En cours d’exploration, il n’est plus non plus nécessaire de cliquer précisément sur chaque tas d’or, ils sont ramassés automatiquement à proximité. Vicarious Visions a aussi augmenté la taille de notre coffre personnel et lui a ajouté des onglets afin que l’on puisse aisément partager des objets entre nos personnages. Inclusion oblige, le studio a aussi intégré de nouvelles options d’accessibilité, pour les daltoniens par exemple.

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Pas très visibles dans le feu de l'action, les éclats de glace sont réussis © Nerces

Hélas, Vicarious Visions se loupe aussi sur quelques points. Ainsi, la lisibilité de la carte en surimpression n’est pas parfaite et nous avons presque une préférence pour celle du jeu originel. De manière plus générale, cette refonte graphique a justement un impact sur la lisibilité : ce n’est pas le cas dans tous les environnements, mais en forêt par exemple, il n’est pas toujours évident de repérer des ennemis parfaitement immobiles et on se demande parfois qui nous tire dessus. Les plus anciens regretteront l’absence de tout mode de jeu LAN : le multijoueur est bien de la partie, mais il faut passer par Batte.net pour en profiter. Blizzard a d’ailleurs précisé que la sortie de Diablo II Resurrected ne signerait pas la fin des serveurs Diablo II « de base ».

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L'interface profite de quelques améliorations de bon aloi pour une gestion « accélérée » de l'inventaire notamment © Nerces

Un système de salon et de création de parties est bien sûr au menu. Test réalisé avant la sortie officielle oblige, nous n’avons pas été en mesure de vérifier tout cela, mais nous avons pu voir que les personnages solos peuvent être lancés dans une partie multijoueur et que Blizzard a, bien sûr, dans l’idée de proposer des tournois prochainement. En revanche, il est important de souligner que si notre progression peut être basculée d’une plateforme à une autre, il n’est pas question de permettre un multijoueur cross-platform. Malgré les demandes de fans allant dans ce sens, Blizzard a toujours été très clair : ce n’est pas dans ses intentions ni maintenant ni dans quelques mois au travers d’une mise à jour.

Diablo 2 Resurrected n’apporte aucun nouveau mode et si certains en avaient émis le souhait, il n’est par exemple pas question d’intégrer de coopératif à deux joueurs. Une telle option sera bel et bien présente… mais dans Diablo IV ! Terminons par un mot sur la localisation française du jeu. D’abord, la traduction nous semble aussi parfaite qu’elle est complète. L’ensemble est doublé en français et les voix sont celles du jeu originel, même lors des cinématiques. Nous n’avions pas encore évoqué ce point : elles ont été refaites et il reste possible de visionner les originales pour juger du travail accompli. Un travail exemplaire là encore et quelle claque de voir « Tyrael » ainsi débarquer dans la cellule de Marius. Du grand art à n’en pas douter avec un minuscule bémol : les cinématiques sont incapables d’exploiter les écrans larges et conservent leurs bandes noires en haut et en bas, qui viennent donc s’ajouter à celles déjà présentes sur les côtés. Dommage.

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© Blizzard

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Diablo II Resurrected : l’avis de JVFR

En avril dernier, au moment d’essayer l’alpha technique, nous reconnaissions un sentiment un chouia mitigé vis-à-vis de Diablo II Ressurrected. Nous ne mettions alors pas en cause le travail de remise à niveau réalisé par les développeurs, mais plutôt l’intérêt relatif d’un jeu accusant tout de même plus de vingt ans. Ce sentiment, il ne faut pas se mentir, nous le conservons après pas mal d’heures passées sur la version finale de cette résurrection. Gameplay général, conception des niveaux ou évolution des personnages peuvent sembler un peu limités à l’heure prochaine de Diablo IV.

Les nouveaux venus auront du mal à se faire à des mécaniques qui semblent rouillées et même les plus anciens auront à se départir de ce « c’était mieux avant ». Il faut accepter ce mélange vieux / ancien pour apprécier Diablo II Resurrected à sa juste valeur. Associé à Vicarious Visions, Blizzard ne nous joue aucun mauvais tour et redonne vie à ce monument du jeu vidéo qu’est Diablo II. Avec ses environnements revisités, ses modèles de créatures magnifiés et sa parfaite prise en charge de la manette, l’hommage n’est pas loin d’être un modèle du genre.

Compte tenu de son gameplay vieillissant, Diablo II Resurrected obtient une bonne note, mais les fans inconditionnels pour qui la nostalgie fonctionnera à plein peuvent y aller les yeux fermés et lui accorderont sans doute un bon 8/10 en ne lui reprochera en réalité qu’une seule chose : une tarification un peu élevée, 40 € tout de même.

Diablo II Resurrected

7

Diablo II Resurrected ne réinvente évidemment pas la roue, mais il fait honneur à cet épisode fondateur grâce à une esthétique moderne qui ne dénature jamais le jeu originel. L'interface profite de quelques améliorations et l'ensemble est parfaitement jouable à la manette. La meilleure manière de (re)découvrir l'illustre ancêtre.

Les plus

  • Refonte graphique remarquable
  • Joli travail sur la bande-son
  • Cinématiques refaites à la perfection
  • Interface légèrement remaniée
  • Au choix clavier/souris ou pad
  • Progression cross-platform

Les moins

  • Gameplay qui date parfois
  • Disparition du mode LAN
  • Pas de multi cross-platform
  • Quelques vieux « bugs »
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Diablo II Resurrected

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