Test de Wario Ware: Get It Together! : une moustache sur le CV de la Switch ?

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Test de Wario Ware: Get It Together! : une moustache sur le CV de la Switch ?

Maxence Jacquier

08 septembre 2021 à 14h34

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À chaque console Nintendo son Wario Ware. Constant dans l’effort depuis 2003, le party game tout feu tout flamme revient plus idiot et déluré que jamais sur Nintendo Switch, une nouvelle fois grâce aux cerveaux délicieusement torturés d’Intelligent Systems. Get It Together est un enfant généreux, adorable et turbulent, du genre qu’on ne peut gronder trop sévèrement quand ses espiègleries dégénèrent. C’est tout ce dont on avait besoin pour la rentrée, en somme.

7

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WarioWare: Get it Together
  • 200+ mini-jeux divers, variés et idiots
  • Univers foldingo
  • 20 personnages vraiment différents
  • Très fun à plusieurs
  • Redondant, forcément
  • Des combos épreuves/personnages qui ne fonctionnent pas
  • Des boss ratés pour la plupart
  • Intérêt variable des mini-jeux, univers et personnages

WarioWare: Get It Together! sort le 10 septembre 2021, en exclusivité sur Nintendo Switch. Code de téléchargement fourni par Nintendo.

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Wario Ware All Stars

Ce nouveau Wario Ware est toujours un maelstrom énervé de mini-jeux qui s’enchaînent jusqu’à l’écoeurement, mais sa proposition détonne un peu des habitudes de la série : on incarne cette fois jusqu’à 20 personnages différents - des têtes bien connues de la licence - aux caractéristiques de déplacement et d’attaque distinctes. Certains sautent en permanence, d’autres ne se déplacent qu’en bourrades, les plus chanceux peuvent voler quand certains énergumènes ne se déplacent tout simplement pas tout seuls. Certains peuvent tirer des projectiles (dans une seule ou toutes les directions), 9-Volt ne jure que par son yoyo, Mona son boomerang : la plupart dispose d’un arsenal plutôt exotique, comme 5-Volt dont la téléportation sert à la fois de système de déplacement et d’attaque.

Des concepts forts et engagés, un gameplay ciselé (ici pousser le truc rapidement)
Des concepts forts et engagés, un gameplay ciselé (ici pousser le truc rapidement)

L’enjeu n’est donc plus seulement de comprendre en un instant ce que le jeu attend de nous pour réussir l’objectif, mais également de trouver la manière la plus efficace d’y parvenir compte tenu des possibilités du personnage sélectionné. Le concept y gagne énormément en variété, profondeur et durabilité puisqu’un même mini-jeu ne sera pas forcément résolu de la même façon, en fonction du héros ou de l’héroïne en action. On n’évite pas certaines associations invraisemblables, limite insolubles, comme quand Crygor et ses déplacements particulièrement lents doit vider un tube de dentifrice en moins de deux secondes ou que Mike doit tirer sur un endroit bien précis du décor, alors qu’il ne peut viser qu’au-dessus de sa tête.

Les personnages se jouent différemment, et c'est la grosse force du jeu
Les personnages se jouent différemment, et c'est la grosse force du jeu

Ces situations frustrantes sont tout de même assez rares, et cette nouvelle fournée de mini-jeux impressionne justement par la souplesse de ses concepts et de ses possibilités de résolution. Par hasard ou simplement pour expérimenter, il n’est pas rare de réussir un défi d’une autre manière que celle que l’on visait au départ. Les sessions de jeu n’en sont que plus fun, notamment en multijoueur quand le duo s’évertue à œuvrer collectivement - et souvent maladroitement - vers un même but. Le chaos général est la raison d’être de Wario Ware, et ce Get It Together ne trahit pas son héritage. Le rythme est toujours aussi enlevé, et d’autant plus bordélique si on laisse le jeu choisir au hasard parmi l'entièreté de ce casting loufoque et bigarré. On peut aussi sélectionner son crew de 3, 4 ou 5 hurluberlus, mais c’est franchement moins rigolo de se contenter des personnages les plus maniables et évidents.

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Accumuler pour mieux régner

Après l’indigence de l’épisode Wii U, il fallait pour Intelligent Systems remettre les pendules à l’heure côté contenu : Get It Together ne manque pas l’occasion de gaver ses ouailles avec plus de 200 mini-jeux, à découvrir seul ou à deux. On doit toujours boucher des nez, faire tourner des bidules pour activer des trucs, bouger des machins ou détruire des fourbis, le tout en quelques secondes. Les réflexes sont constamment sollicités par des épreuves qui demandent au choix précision, calcul rapide, dextérité, observation, réactivité ou encore sens du timing. Comme toujours avec les jeux qui misent sur l’accumulation, c’est furieusement inégal en termes d’intérêt ou d’exigence, tout comme l’est le panel de personnages, mais le rythme du mode Histoire est de toute façon trop élevé pour que l’on remarque vraiment ces quelques creux ludiques.

Pas le temps de célébrer. Tout va très vite dans WarioWare
Pas le temps de célébrer. Tout va très vite dans WarioWare

Malheureusement, des boss franchement longuets, inintéressants, voire carrément ennuyeux viennent régulièrement polluer la progression : Intelligent Systems aurait pu nous épargner ce mémory mou du genou, ce Mario 2D simpliste, cette escalade indigne ou cet ersatz de tower defense ras les pâquerettes sans grever son titre de quoi que ce soit. Ce n’est heureusement pas suffisant pour gâcher les deux heures de découverte du scénario, mignon tout plein avec sa meta gentillette sur la création de jeux vidéo. Le premier run permet de se familiariser avec l’ensemble des protagonistes, dont on pourra ensuite personnaliser l’accoutrement avec un tas de cosmétiques et de color swaps parfaitement inutiles (donc complètement indispensables).

Wario Ware s’invente pour l’occasion tout un système de progression par personnage basé sur la monnaie du jeu, que l’on gagne en jouant ou en réussissant les centaines de missions plus ou moins exigeantes ajoutées pour l’occasion : faire tant de points dans tel niveau, débloquez tous les mini-jeux, gâcher les crédits en tirant sur les noms qui apparaissent progressivement… On n’avait pas forcément besoin de ça pour se relancer une petite partie de temps en temps, mais ce système de progression bien fichu invite assez naturellement à enchaîner les sessions dans tous les modes et avec tous les personnages, en plus de motiver les complétistes les plus acharnés.

JVFR
Le système de progression est incitatif, mais pas lourdingue.

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Qui peut le plus peut aussi le moins bien

Une dizaine d’épreuves annexes sont également de la partie, certains étant jouables seul, à deux ou jusqu’à quatre. Coopératifs, compétitifs ou un peu des deux, ces modes là encore très inégaux témoignent malgré tout de la grande générosité du jeu. On retiendra la course aux étoiles, où l’IA détermine qui a le plus contribué à l’épreuve pour lui octroyer le point de la réussite ou pénalise à l’inverse le joueur qui a tout fait rater. C’est parfois injuste, donc parfaitement imparable entre amis. Arène des duels où l’on doit réussir plus de défis que son adversaire est également sympathique, tout comme le hockey où l’on peut gêner l’autre joueur pendant qu’il tente de faire son mini-jeu. 

JVFR
Une épreuve annexe qui ne fait pas vraiment rêver...

Le concours de jongle, la baston générale parfaitement déséquilibrée ou encore cette espèce de course aux contrats en scrolling latéral nous auront de leur côté parfaitement laissé de marbre, pour rester poli. Plus intéressant, le défi hebdomadaire de la coupe Wario permet aux abonnés Nintendo Switch Online de comparer leurs performances sur un ensemble de mini-jeux concocté à l’avance par Intelligent Systems. Plutôt relevées pour les deux que l’on a eu l’occasion d’essayer pour le moment, ces épreuves ajoutent encore un peu de piquant à une formule qui ne manque finalement pas d’air malgré son concept répétitif par essence.

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Attention les yeux (et les oreilles)

Côté réalisation, Wario Ware est évidemment toujours le fourre-tout déjanté et inégal qui se plaît à convoquer un maximum d’univers graphiques pour finalement ne jamais en faire grand-chose de constructif. La technologie, les animaux, la nourriture, le sport : les mini-jeux sont rangés en thématiques sans pour autant offrir une quelconque cohérence visuelle, et c’est ce qui fait la force de la licence depuis le départ. Dessins naïfs ou réalistes, toile de fond travaillée ou simpliste, décors statiques ou non : la mise en scène de chaque saynète est systématiquement calibrée pour son mini-jeu, en vue d’aider ou de perdre le joueur suivant la nature et la difficulté de ce qui lui est demandé.

JVFR
Ceci n'est pas une séquence très intéressante à jouer.

Intelligent Systems joue avec les formes, les couleurs et les sons pour orienter ou désorienter les joueurs et si ce déferlement visuel et sonore finit inexorablement par fatiguer, on trouve toujours un détail amusant ou une idée farfelue pour nous arracher un sourire. La manière dont Wario Ware parvient, depuis près de 20 ans, à s’approprier une quantité ahurissante d’imaginaires pour les faire exploser en quelques secondes à l’écran tient de la magie. Mais  une fois encore, c’est en partie grâce à l’accumulation et au désordre que l’on passe l’éponge sur les trouvailles moins créatives ou simplement de mauvais goût.

On regrette quand même l’utilisation somme toute très timide de l’univers de Nintendo, qui se contente de quelques stages pas franchement folichons. Le géant japonais marque trop bien son territoire pour laisser une bande de créatifs farfelus fouler aux pieds ses précieuses propriétés intellectuelles, et c’est bien dommage : Wario Ware est l’endroit idéal pour relâcher un peu la pression et déconstruire quelques mythes, avec le style inimitable que s’est forgée la licence au fil du temps. Tant pis, on se contentera des facéties typiques de la licence, qui fonctionnent toujours aussi bien malgré les années. Après tout, la cohérence dans le n’importe quoi n’est pas à la portée de tous.

JVFR

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WarioWare: Get It Together!, l’avis de JVFR

Allégorie de l'inutile doublée d'une déclaration d'amour naïve et absurde aux fondamentaux du jeu vidéo, WarioWare parvient de fort belle manière à relancer et densifier son concept imparable sur Nintendo Switch. Les vingt personnages différents poussent à constamment revoir la manière dont on aborde chaque mini-jeu, atténuant parfaitement l'impression de déjà-vu induite par son genre. Get It Together est aussi inégal qu'irrésistible, aussi vain qu'indispensable pour qui conjugue avant tout le plaisir de jouer au pluriel : un essentialisme teinté de surréalisme qui fait vraiment du bien en ce moment, et qui trouvera aisément sa place parmi les jeux que l'on aime partager avec les gens qui nous sont chers. Mission réussie.

WarioWare: Get it Together

7

Tout en conservant sa verve légendaire, WarioWare innove et densifie sa formule : le spectacle est toujours aussi bordélique et jouissif, mais aussi inégal voire frustrant. Imparable à deux, Get It Together saura se faire une place dans toute bonne ludothèque Switch, catégorie défouloir idiot qu'on dégaine pendant une heure en soirée.

Les plus

  • 200+ mini-jeux divers, variés et idiots
  • Univers foldingo
  • 20 personnages vraiment différents
  • Très fun à plusieurs
  • Des épreuves multi sympathiques

Les moins

  • Redondant, forcément
  • Des combos épreuves/personnages qui ne fonctionnent pas
  • Des boss ratés pour la plupart
  • Intérêt variable des mini-jeux, univers et personnages
JVFR

WarioWare: Get it Together

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