Test The Ascent : un premier contrat réussi pour Neon Giant, mais avec quelques accrocs

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Test The Ascent : un premier contrat réussi pour Neon Giant, mais avec quelques accrocs

Robin Lamorlette

29 juillet 2021 à 21h46

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© Neon Giant / © Curve Digital
© Neon Giant / © Curve Digital

Alors que les titres AAA « qui tâchent » s'apprêtent à déferler après l'été, plusieurs jeux plus modestes mais particulièrement intrigants viennent animer la chaude saison. C'est notamment le cas de The Ascent, premier jeu de Neon Giant, un studio indépendant composé de seulement douze personnes, et édité par Curve Digital. S'il a capté notre attention et figurait parmi nos jeux les plus attendus de ce mois de juillet, c'est notamment grâce à son ambiance cyberpunk et son style action-RPG nerveux en vue isométrique. Il est de plus jouable en solo et en coopération jusqu'à quatre. Une ascension fulgurante pour le jeune studio suédois ? Nos éléments de réponse dans ce test.

The Ascent s'annonce donc comme un titre à budget et à effectif modeste. Le jeu est une exclusivité Microsoft, vendue à moins de 30€ sur Steam, Xbox One, Xbox Series X, et disponible le jour-J sur le Game Pass. Quoi qu'il en soit, bienvenue à Veles, un mélange entre la ville de Blade Runner et l'univers de Star Wars qui va vous décoiffer la rétine, vous arracher quelques cheveux et vous envoyer de plaisants shoots d'adrénaline.

7

The Ascent
  • Veles, visuellement superbe dans tous ses aspects
  • Une bande-son collant à merveille à l’ambiance cyberpunk
  • Une panoplie fournie d’armes et d’équipements pour varier les plaisirs
  • Un gameplay nerveux et jouissif
  • Globalement assez facile à condition de bien développer son personnage
  • Une histoire et des protagonistes tristement creux
  • Des quêtes principales et secondaires sans grand intérêt
  • Une navigation en ville et dans les menus laborieuse

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Veles, la planète-cité dystopique au double visage

Comme Blade Runner, The Ascent s'ouvre à nous non pas au travers de personnages mais d'un plan mettant en lumière la véritable star de ce titre : Veles. Une planète-cité dystopique dominée par les méga-corporations et qui écrase totalement citoyens – et joueurs – sous sa majesté gigantesque. N'y allons pas par quatre chemins, Veles est absolument somptueuse dans tous ses aspects. Tantôt sombre et sale, tantôt opulente et ostentatoire, elle chatoie constamment notre rétine grâce à des effets de lumières magnifiques et un sens du détail qui relève de la folie.


Malgré une action souvent nerveuse, The Ascent s'ouvre régulièrement à la contemplation silencieuse et nous gâte de plans à couper le souffle. Il faudra toutefois pour en profiter en Ultra et ray-tracing activé (exclusivement sous DirectX 12) disposer d'une configuration PC très solide. Même avec notre RTX 3070 Ti, Ryzen 5 5600X et 32 Go de RAM, nous avons de notre côté rencontré avec ces paramètres en 1440p plusieurs violentes saccades, mais qui valent clairement le coup d'œil. En désactivant le ray-tracing, le jeu gagne heureusement grandement en fluidité, légèrement au détriment de sa beauté intrinsèque.

Veles est une invitation à la contemplation de tous les instants.
Veles est une invitation à la contemplation de tous les instants.

Descendons maintenant de quelques blocs, et faisons connaissance avec le cœur de la ville : ses habitants, et plus particulièrement les « permas ». Veles se trouve à un carrefour, attirant de nombreux voyageurs d'espèces autant humaine qu'extraterrestres provenant d'une vaste galaxie afin de refaire leur vie en son sein. La plupart d'entre eux débarquent et sont immédiatement conscrits par les méga-corporations en présence, afin de gagner leur place en tant que véritables citoyens. Comprenez par là que ces nouveaux arrivants optimistes à Veles ne sont ni plus ni moins que des esclaves et devront se battre durement pour obtenir leur liberté.

Notre « perma » est prêt à faire le sale boulot pour s'en sortir dans ce monde pas si impitoyable que ça...
Notre « perma » est prêt à faire le sale boulot pour s'en sortir dans ce monde pas si impitoyable que ça...

Notre personnage, dont nous pourrons modifier l'apparence avec une liberté certaine, est donc… un « perma », à la solde d'Ascent, la méga-corporation la plus puissante de Veles. Alors que celui-ci mène une mission, aussi routinière que dangereuse, dans les bas-fonds de l'arcologie d'Ascent, il apprend que la corporation est victime d'une conspiration à grande échelle.

« Comble du hasard », c'est à nous que reviendra la lourde tâche de tirer cette affaire au clair. Au pire, nous mourrons dans le processus, faisant une bouche de moins à nourrir, au mieux cela servira bien nos supérieurs et nous gagnerons quelques crédits à dépenser au bar, et pourquoi pas une ascension dans cette vaste chaîne alimentaire. Un plan presque gagnant-gagnant, en somme.

Ce ne serait pas du cyberpunk sans une référence ou deux à Blade Runner !
Ce ne serait pas du cyberpunk sans une référence ou deux à Blade Runner !

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Découpe… dans le budget

Si l'univers a l'air intrigant, c'est malheureusement ici que The Ascent rencontre son premier défaut majeur, faute à un budget et une équipe limités : l'histoire et ses protagonistes. Si l'insignifiance de la vie des petites gens et de nos actions est un thème récurrent dans le genre cyberpunk, le jeu de Neon Giant prend ici le concept un peu trop au pied de la lettre. Les quêtes principales comme secondaires sont en effet trop génériques et les protagonistes principaux sont globalement creux et sans saveur, à commencer par notre personnage, qui est et restera un vulgaire porte-flingue muet envoyé d'un point A à un point B.

JVFR
Des dialogues qui servent seulement d'exposition et malheureusement sans grand intérêt.

Tout au long de cette aventure d'une quinzaine d'heures de jeu, en prenant un peu son temps (comptez moins d'une dizaine d'heures en ligne droite), nous avons littéralement l'impression de tirer des balles à blanc et que nos actions n'ont aucune conséquence sur le monde qui nous entoure. Nous sommes pourtant envoyés aux quatre coins de Veles dans le but de lever le voile sur une vaste conspiration contre la méga-corporation la plus puissante de la planète, mais la ville reste tristement inchangée, et les habitants que nous croisons semblent à peine émus par le fait que nous massacrons de l'ennemi à tour de bras à seulement quelques mètres d'eux.

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Pendant que nous enquêtons sur une vaste opération de conspiration, la vie continue à Veles.

Autre élément particulièrement dommageable : The Ascent se montre trop bavard dans ses dialogues afin d'essayer d'apporter plus de profondeur à son univers. Chaque quête s'accompagne ainsi d'une longue exposition que nous avons au bout d'un moment tendance à passer, du fait d'un manque cruel d'implication du joueur et de son personnage. Pire encore, certains protagonistes secondaires parlent dans une forme de yaourt en boucle qui s'avère rapidement horripilant. La faute sans doute à un investissement énorme sur la ville et son ambiance en elle-même, au détriment de l'histoire et de l'immersion en son sein.

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Gun Runner

Vous l'aurez compris, notre principale occupation entre deux dialogues pour remplir telle ou telle mission sera donc de parcourir la ville et de dégommer quasiment tout ce qui bouge sur notre passage.

Sur ce point également, The Ascent présente un problème particulièrement gênant : la navigation dans l'immense terrain de jeu qu'est l'arcologie d'Ascent. Celle-ci est en effet découpée en plusieurs secteurs, des bas-fonds à son Pinnacle. S'il est possible, à terme, d'utiliser le métro gratuitement et le taxi contre quelques UCrédits au sein d'un même secteur, nous n'aurons pour une majeure partie du jeu comme moyen de locomotion que nos modestes écrase-boues.

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Le métro, un mélange entre moyen de locomotion et temps de chargement.

Malheureusement, il semblerait que l'implant permettant de sprinter soit hors-stock à travers toute la planète – alors ça c'est dommage !–, et nous déambulons donc dans divers quartiers à une vitesse particulièrement lente. Il est toujours possible d'accélérer légèrement la cadence en effectuant des esquives, une méthode qui n'est pas des plus… pratique. Ceci ajouté à la nécessité de suivre quête après quête pour afficher les marqueurs dilués dans une map immense peut rendre progression et navigation en ville très laborieuse.

JVFR
Une map et des marqueurs d'objectif manquant de clarté.

Pour venir briser cette lente mais belle monotonie dans nos pérégrinations, nous rencontrerons très souvent des énergumènes voyant d'un regard peu amène l'arrivée de notre personnage dans leurs plates-bandes. Fort heureusement, The Ascent signe dans son gameplay une performance globalement très réussie et particulièrement agréable, au clavier/souris comme à la manette. Les combats se veulent toujours nerveux, souvent jouissifs et parfois même spectaculaires lorsque nous alignons les ennemis et enchaînons les esquives grâce à la vaste panoplie d'armes et d'équipements du jeu. Il est par ailleurs possible de se mettre à couvert à l'instar d'un Gears of War afin de se protéger des balles fusant dans tous les sens.

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Les combats sont globalement jouissifs et peuvent se montrer assez spectaculaires.

En compagnie du bon Nerces, nous avons eu l'occasion de faire un bout de chemin en coopération ; une aventure qui s'est avérée plutôt agréable (et encore plus chaotique) malgré quelques bugs de synchronisation de sauvegarde.

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Virée touristique à Veles en compagnie du bon Nerces !

Malheureusement, quelques petites ombres au tableau sont à déplorer : le tir dans les escaliers qui ne fonctionne pas ou l'intelligence artificielle qui essaie de compenser sa simplicité par le nombre, mise à part dans de rares exceptions, sans grand succès.

Les combats de boss se montrent également très peu nombreux et pas nécessairement intéressants. Mention spéciale toutefois à la bande-son du jeu, qui joue tantôt la carte de l'ambiance, tantôt très dynamique pour ponctuer les combats de la plus belle des manières.

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Dans un futur dystopique, mieux vaut être bien équipé

Au-delà des combats, The Ascent se montre plutôt solide dans sa composante action-RPG. Au fil de l'aventure, notre personnage montera en niveaux, nous permettant d'investir des points dans des talents comme les points de vie, les chances de coup critique, et autres. Attention toutefois, il faudra bien choisir dans quel talent investir, le jeu ne vous demandant pas confirmation avant d'utiliser un point durement gagné. Ces différents talents sont chapeautés par quatre statistiques qui impacteront l'efficacité de notre personnage dans différents aspects, ainsi que dans la durée ou la puissance des augmentations que nous pourrons équiper.

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Une feuille de personnage particulièrement complète sans être trop complexe.

Celles-ci se découpent en deux capacités actives et deux capacités passives, et se montrent suffisamment nombreuses pour varier les plaisirs. Elles nécessitent de l'énergie pour être utilisées ainsi qu'un temps de recharge plus ou moins long. Il sera ainsi possible de créer d'intéressantes synergies, d'invoquer des alliés ou rendre nos armes et notre visée plus efficaces.

L'arsenal se veut également très complet, avec diverses armes de poings, fusils d'assaut, machine-guns, fusils à pompe et armes lourdes comme des lance-roquettes ou des lance-flammes. Il sera possible de les améliorer grâce à des composants trouvés de par le monde pour en augmenter les dégâts. De manière générale, les armes se divisent en deux catégories : balistiques, plus efficaces contre les ennemis organiques, et énergétiques, fort logiquement taillées contre les ennemis mécaniques.

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Le « Charcudoc » de The Ascent, nous permettant d'équiper nos augmentations et modifier notre apparence.

Bien évidemment, nous trouverons également de nombreuses pièces d'armure pour la tête, le torse et les jambes de notre personnage, affublées de statistiques défensives et augmentant certains talents donnés. L'occasion d'équiper notre personnage afin de mieux coller à notre style de jeu, bien qu'en réalité nous aurons simplement tendance à engoncer les armures d'une rareté supérieure, au détriment des statistiques, globalement meilleures, et parfois de notre apparence.

Nous disposons également de divers équipements tactiques. Comprenez par là des objets jetables ou déployables aux effets divers, mais en réalité peu pratiques car relativement longs à recharger. Pour terminer, cyberpunk oblige, nous trouverons de-ci de-là une amélioration de notre cyberdeck, un outil permettant de hacker portes, coffres renfermant du butin et distributeurs afin de récupérer du soin, de l'énergie ou encore de l'argent.

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De nombreux vendeurs peuplent Veles afin de bien équiper notre personnage.

Au-delà de la collecte de tous ces éléments de par le monde, nous avons la possibilité d'améliorer notre personnage et d'acheter de l'équipement au-travers de hubs disséminés dans différents quartiers de Veles. Il est donc impératif entre chaque mission principale de faire un tour par ces hubs afin de développer notre personnage et notre équipement avant de retourner au combat.

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The Ascent : l'avis de JVFR

S'il s'agit d'un premier coup d'essai pour le jeune studio suédois Neon Giant, ce n'est malheureusement pas totalement un coup de maître. Pour un action-RPG en vue isométrique, il remplit toutefois très bien sa part du contrat dans les aspects les plus importants, à savoir son gameplay nerveux et chaotique, ou encore sa gestion du personnage. Il va même jusqu'à briller dans la direction artistique de Veles, tout simplement magnifique, notamment grâce à des effets de lumière somptueux qui nous ont constamment émerveillés. La bande-son accompagne aussi parfaitement les phases d'action comme les moments les plus calmes.

Malheureusement, The Ascent pêche sur quelques aspects venant ternir ce superbe tableau, à commencer par une histoire et des protagonistes qui tombent à plat, faisant de notre personnage un simple porte-flingue. Comme évoqué plus tôt, la navigation laborieuse dans la ville et le manque de clarté de la map viennent également sérieusement entacher l'expérience. Enfin, le jeu ne présente que peu de défi, à quelques exceptions près, la faute à une intelligence artificielle un peu aux fraises.

Dans l'ensemble, The Ascent est une expérience agréable à un prix on ne peut plus correct que nous recommanderons sans hésiter aux amoureux de cyberpunk et d'une action nerveuse propice à quelques shoots grisants d'adrénaline. Si la fin de The Ascent suggère une suite, nous souhaitons à Neon Giant de connaître une ascension budgétaire et de ses effectifs afin de peaufiner les quelques errements de son tout premier jeu, pour nous offrir une aventure plus profonde qu'ils sont sans conteste capables de prodiguer.

The Ascent

7

Premier titre du studio indépendant suédois Neon Giant, The Ascent est un vibrant hommage au genre cyberpunk, avec une ville dystopique magnifique, et un bon jeu d'action en vue isométrique grâce à un gameplay vraiment jouissif. Malheureusement, son histoire, ses personnages et quelques errements viennent quelque peu ternir un tableau par ailleurs très agréable à contempler.

Les plus

  • Veles, visuellement superbe dans tous ses aspects
  • Une bande-son collant à merveille à l’ambiance cyberpunk
  • Une panoplie fournie d’armes et d’équipements pour varier les plaisirs
  • Un gameplay nerveux et jouissif

Les moins

  • Globalement assez facile à condition de bien développer son personnage
  • Une histoire et des protagonistes tristement creux
  • Des quêtes principales et secondaires sans grand intérêt
  • Une navigation en ville et dans les menus laborieuse

Test réalisé sur PC grâce à une clé fournie par l'éditeur.

JVFR

The Ascent

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