Test de Hitman 3 : et le chauve sourit ?

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Test de Hitman 3 : et le chauve sourit ?

Nerces

12 octobre 2021 à 13h59

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L'Agent 47, également connu sous le pseudonyme du Hitman, est de retour pour le troisième et dernier volet de ses « nouvelles aventures ». Une trilogie qui se conclut de la plus belle des manières pour un reboot qui aura su nous captiver davantage encore que son annonce avait pu inquiéter les fans de la première heure… des joueurs sans doute quarantenaires aujourd’hui.

Les premières aventures du Hitman ont été lancées par IO Interactive en novembre 2000. Vingt ans ! Une éternité en langage jeu vidéo. Pensez donc : à l’époque, les plus chanceux venaient d’acquérir un Pentium III épaulé par une carte GeForce 256, et Microsoft faisait sensation après avoir évoqué son arrivée sur le marché de la console de jeu.

IO Interactive nous permettait donc d’incarner le méchant de l’histoire, l’Agent 47. Trois titres ont suivi – Silent Assassins (2002), Contracts (2004) et Blood Money (2006) – sans que l'on y trouve (trop) à redire.

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Hitman 3
  • Constructions des niveaux
  • Richesse des approches
  • Système « bac à sable » parfait
  • Missions rejouables à « l'infini »
  • Seulement six nouveaux théâtres d'opération
  • Intrigues en apparence moins nombreuses que sur Hitman 2
  • Scripts et I.A. perfectibles

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Chauve qui peut

IO Interactive a pourtant décidé de mettre un terme aux agissements du plus célèbre tueur à gages du jeu vidéo. Enfin, jusqu’en 2016 et la sortie (épisodique) de Hitman, un reboot avec tout ce que cela pouvait avoir d’inquiétant. Pourtant, qu’il soit question de Hitman (2016) ou de Hitman 2 (2018), la qualité était au rendez-vous. IO Interactive a même eu tendance à se bonifier avec les années. Ainsi, jamais les niveaux n’ont été aussi ouverts, denses et féconds en solutions diverses qu’avec cet opus débarqué courant 2018. Mais peut-être est-il important de préciser les fondements de la série ?

En effet, un épisode du Hitman débute toujours un peu de la même manière et repose toujours un peu sur les mêmes bases. Tueur à gages de son état, l'Agent 47 est sollicité pour accomplir une tâche bien précise quelque part sur la planète. Il dispose de quelques rares informations afin de préparer sa mission en choisissant son équipement et en sélectionnant des objets qui peuvent l’attendre sur place – préalablement déposés par un comparse – dans divers recoins. Ensuite, une fois arrivé sur les lieux de son prochain méfait, l’Agent 47 est libre de préparer son action comme il l’entend.

Ambiance crépusculaire et sombres histoires de famille © Nerces pour Clubic
Ambiance crépusculaire et sombres histoires de famille © Nerces pour Clubic

Cette liberté d’entreprendre est la pierre angulaire de tout épisode, et Hitman 3 ne déroge pas à la règle. Elle garantit une belle rejouabilité, puisqu'on peut reprendre la même mission pour parfaire son œuvre ou la relancer pour envisager des approches différentes. C’est qu’un Hitman – plus encore depuis le reboot de la franchise – ne se joue pas comme n’importe quel jeu d’action en vue à la troisième personne. Au chargement d’une mission, on débute effectivement par une espèce de tour d’horizon de la zone de jeu : on détermine la position de la ou des cibles à atteindre.

Dans un second temps, il s’agit d’échafauder un plan. Pour atteindre sa cible, il faut parfois traverser différents cordons de sécurité ou rejoindre une zone difficilement accessible. Dans le cas d’une mission à Berlin, il s’agit d’atteindre les coulisses d’une soirée underground. À Dubaï, il faut circonvenir d’innombrables gardes du corps, lourdement armés. Préparer un plan implique de comprendre comment on va accéder à notre cible, comment on va la mettre hors d’état de nuire, mais aussi comment l’Agent 47 va pouvoir s’enfuir.

Les destinations des trois épisodes de la trilogie peuvent être rassemblées © Nerces pour Clubic
Les destinations des trois épisodes de la trilogie peuvent être rassemblées © Nerces pour Clubic

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Agent content ?

Dans l’absolu, une fois ces trois variables établies, le plan peut se dérouler… on l’espère sans accroc. On peut alors terminer la mission en une à deux heures, et puisque Hitman 3 dispose de six théâtres d’opération, la « campagne » a une durée de vie théorique de six à douze heures. Vous vous dites sans doute que c’est franchement léger pour 60 euros, et vous auriez raison si le but d’un joueur de Hitman était tout bêtement d’atteindre le générique de fin. Ce n'est pas le cas : dans Hitman, on recherche l’excellence, on veut accomplir le meurtre parfait et, pourquoi pas, tendre vers le fameux 100%.

Tout cela pour dire qu’une mission de Hitman 3 – comme celles de Hitman et Hitman 2 – ne s’arrête pas une fois que l’on a éliminé la ou les cibles et que l’on est parvenu à s’enfuir. Au contraire, on pourrait même dire qu’elle ne fait que commencer. Ce premier run peut être vu comme une espèce d’entraînement. On peut évidemment être très content de sa performance sur cette première tentative, mais le débrief nous annonce souvent qu'on a à peine effleuré le contenu de cette mission avec – grosso modo – un pourcentage de « complétion » de l’ordre de 10-15%.

15,5% pour un premier run ? Pas si mal, mais il reste tant à faire... © Nerces pour Clubic
15,5% pour un premier run ? Pas si mal, mais il reste tant à faire... © Nerces pour Clubic

Pour des néophytes, cela peut surprendre : la mission est terminée et nous n’en aurions vu que le dixième ? Oui, car pour un habitué, ce premier run est surtout l’occasion de prendre un maximum d’informations sur la configuration des lieux, sur le nombre de personnages non joueurs présents et sur leur comportement. On écoute leurs conversations, on découvre ce que les développeurs appellent des « intrigues » et qui constituent autant de moyens d’échafauder de nouveaux plans d’actions, de nouvelles façons d’atteindre l’objectif final.

Sans trop en dire et dévoiler ce qui fait le charme de la découverte, soulignons le fait qu’une intrigue agit comme une espèce de mini-scénario au sein de la mission. Certaines sont cruciales pour avoir une chance de remplir la mission, d’autres sont plus triviales et sont plutôt là pour donner des idées originales au joueur. Ces intrigues peuvent sembler moins nombreuses que sur Hitman 2 : en réalité, c'est que IO Interactive a décidé de masquer certaines. Par ailleurs, en assassin d’expérience, l’Agent 47 ne sort jamais sans son pistolet équipé d’un silencieux ou sa fameuse corde à piano, deux armes très efficaces mais qui ont la fâcheuse tendance à ne guère laisser de doute sur le destin de la cible.

JVFR
Chaque carré grisé est un défi à relever © Nerces pour Clubic

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L’Agent ne fait pas le bonheur… vraiment pas

La plupart des missions permettent de faire preuve de davantage de fantaisie et dans certains cas, il sera même très difficile de soupçonner ne serait-ce qu’un assassinat. Dénuder quelques fils bien placés peut rapidement transformer une électrocution « accidentelle » en crime parfait. Il en va de même pour un incendie bien involontaire ou pour une chute malencontreuse depuis un balcon. Prenons le cas d'un empoisonnement : l'assassinat ne fait guère de doute, mais la discrétion absolue d'une telle méthode est parfaite pour l'Agent 47 qui pourra ensuite quitter les lieux sans le moindre problème.

Tout l’intérêt de Hitman 3 – et avant lui de Hitman / Hitman 2 – est justement de pousser le joueur à chercher ces solutions diverses et variées au travers de multiples défis : les développeurs prennent d’ailleurs un malin plaisir à nous titiller en affichant une vaste grille recensant les défis réalisés et ceux encore à accomplir sur l’écran de fin de mission. Ils s’amusent également à nous donner un score qui sera sévèrement amputé si on s’amuse à massacrer d’innombrables innocents… On peut être un assassin et avoir une certaine éthique.

JVFR
Promis, cette fois, je n'y suis pour rien ! © Nerces pour Clubic

Joies du net, ce score est immédiatement comparé à ceux des autres joueurs / de vos amis, histoire de se donner une motivation supplémentaire pour relancer encore et toujours la même mission. Peut-être que cette fois vous endosserez l’uniforme du nouveau garde du corps censé prendre ses fonctions aujourd’hui… mais qui, par bonheur, est en retard ? Peut-être vous déguiserez-vous en jardinier afin d’accéder, sans éveiller le moindre soupçon, à la serre tropicale ? Peut-être allez-vous devenir barman le temps d’une fête haute en couleurs ?

Le déguisement est clairement le résultat le plus visible des multiples embranchements d’une mission de Hitman 3. Il faut dire qu’avec son impeccable costume noir et sa cravate rouge vif, l’Agent 47 ne passe, de base, pas vraiment inaperçu. Le déguisement n'est toutefois pas la seule « variable » d’ajustement d’une mission. Utiliser un vomitif puissant pour indisposer la cible et l’assassiner « au calme » ou faire tomber une bouteille de gaz à travers un monte-plats constituent d’autres méthodes pour réduire au silence un opportun.

JVFR
Des cinématiques un peu trop « propres », heureusement sans grande importance © Nerces pour Clubic

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De l’art de se tailler un posthume

Si vous avez déjà joué à Hitman ou Hitman 2, vous ne serez pas dépaysés le moins du monde tant ce troisième opus reprend à son compte les recettes des deux précédents. En réalité, IO Interactive n’a même pas jugé bon de revoir un peu son interface graphique ou d’ajouter de réelles nouveautés. Non, Hitman 3 se présente comme une espèce de prolongement des précédents épisodes. L’idée des développeurs est bel et bien de donner toujours plus de nouvelles missions, de nouveaux objectifs à leur communauté et on ne peut pas le leur reprocher.

En fans de la franchise, c’est ce que nous attendions de Hitman 3 et nous ne sommes pas déçus. Les six nouveaux théâtres d’opération nous font voyager depuis Dubaï jusqu’au cœur de l'Argentine en passant par Berlin, Chongqing ou la campagne anglaise avec, à chaque fois, des décors et des ambiances radicalement différents. Mention spéciale pour cette mission dans le manoir de la famille Carlisle : l'Agent 47 y a l’opportunité de jouer les détectives et, tout en élaborant son plan d’action, il découvre des indices et met en lumière les sombres travers de cette riche famille.

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Costume de clown et canard en plastique pour assassin à mourir de rire © Nerces pour Clubic

L’écriture de ces six missions et la conception de leurs niveaux sont impressionnantes et si les mécaniques de jeu ne changent que très peu depuis Hitman 2, impossible de mettre en doute le travail du studio. Un studio qui a déployé de louables efforts pour que le jeu soit plus fluide et plus léger que son aïeul. À machine équivalente, on gagnera peut-être une dizaine d’images par seconde, et ce, alors que les reflets sont plus riches que jamais. De même, l’intégralité des trois opus tient maintenant en plus ou moins 100 Go contre environ 150 Go pour le seul Hitman 2, version complète.

Enfin, pour terminer cet article, évoquons la bonne idée du studio : réunir les trois opus, de sorte que tous les lieux de mission apparaissent au sein d’une seule et unique sélection. Une option réservée aux joueurs ayant fait l’acquisition de Hitman / Hitman 2 et, sur PC, c’est là que le bât blesse : Hitman 3 est pour l’heure exclusif à l’Epic Games Store, mais Hitman 2 n’y est pas et l’intégration depuis Steam ne fonctionne pas. IO Interactive a toutefois précisé qu’une solution allait être trouvée rapidement sans que les joueurs soient obligés de repasser à la caisse. Ouf.

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« C'est ici la pizza pepperoni avec supplément fromage ? » © Nerces pour Clubic

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Hitman 3 : l’avis de Clubic

Sur un strict plan technique, Hitman 3 n’est qu’une évolution du Hitman de 2016 et de sa suite. Côté gameplay, c’est « pire », ce troisième épisode étant plus chiche en nouvelles mécaniques que Hitman 2. Pourtant, impossible de ne pas adhérer à la formule du studio danois. La trame scénaristique est en filigrane pour que l'on se focalise sur l’essentiel : incarner l’assassin « idéal ».

Il n’y a rien à redire sur la conception des six missions, et leur ouverture est la garantie de plusieurs dizaines d’heures de jeu pour qui veut découvrir les innombrables moyens d’agir. On pourra toujours critiquer un certain classicisme dans le déroulement des missions, faire remarquer que l’intelligence artificielle est imparfaite ou souligner que certains scripts ont tendance à « se louper ».

En réalité, on vous enjoint à ne pas écouter ces grincheux : Hitman 3, c’est simplement la meilleure des façons de découvrir cet incroyable simulateur de meurtres parfaits. Il apporte une brillante conclusion à une trilogie qui n’a cessé de progresser et, pour être tout à fait honnêtes, on voit mal comment IO Interactive pourrait faire encore mieux.

Test réalisé à partir d’un code fourni par l’éditeur.

Hitman 3

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Deux ans après Hitman 2 et quatre ans après le premier opus, Hitman 3 vient conclure brillament la remarquable trilogie de l'Agent 47. Plus que jamais, il est possible d'aborder chaque situation à sa façon et le côté bac à sable / guide du petit meurtrier est un véritable bonheur. Impossible de ne pas succomber… sans mauvais jeu de mot cette fois.

Les plus

  • Constructions des niveaux
  • Richesse des approches
  • Système « bac à sable » parfait
  • Missions rejouables à « l'infini »
  • Belles optimisations techniques
  • L'intégration Hitman 1, 2 et 3

Les moins

  • Seulement six nouveaux théâtres d'opération
  • Intrigues en apparence moins nombreuses que sur Hitman 2
  • Scripts et I.A. perfectibles

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