Avec sa mignonne et touchante histoire d'amour et de rébellion adolescente, sa jolie planète à explorer en coopération (ou en solo), et une bande-son onirique à se damner, Haven a tout pour vous faire oublier cette morose année 2020 pendant quelques heures… À condition toutefois de fermer les yeux sur ses nombreux défauts.
6
- Un duo de héros attachant, bien écrit et doublé
- Une OST incroyable par Danger
- Un univers coloré et rafraîchissant
- Le système de déplacement, grisant dans les airs...
- Des combats peu clairs et peu intéressants
- Une caméra capricieuse (surtout en coop')
- Quelques systèmes frustrants ou peu expliqués
- ... mais perfectible au sol
Généralement, quand un jeu cartonne, le studio qui en est à l'origine a tendance à rapidement proposer un nouveau titre dans la même veine, afin de capitaliser sur son premier succès. Vous vous rappelez de l'acclamé Furi ? Porté presque uniquement sur l'action, rapide, nerveux… Le jeu de 2016 était assurément exigeant et à destination des joueurs chevronnés à la recherche d'un challenge.
Eh bien Haven, la nouvelle production des Français de The Game Bakers, ne coche aucune de ces cases. Et va d'ailleurs complètement à l'opposé, se faisant l'exception qui confirme la règle.
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Alice ça glitche, au pays des merveilles
Les seuls véritables points communs entre les deux jeux du studio montpelliérain se résument à une direction artistique chatoyante, tout en couleurs vives et électriques, et à une bande-son incroyable. Celle de Haven est d'ailleurs entièrement chapeautée par l'artiste Danger, qui avait déjà participé à celle de Furi aux côtés d'autres grands noms de la scène synthwave et des musiques électroniques. Ce grand écart est-il une réussite ? Oui et non.
Disponible sur PC, Xbox One, Xbox Series X (y compris via le Game Pass day one !) et PS5 depuis ce 3 décembre (et à venir début 2021 sur PS4 et Switch), Haven se présente comme un RPG.
Admettons, mais un RPG extrêmement léger et simplifié, alors, car les choix de dialogues sont très limités et sans réelles conséquences. De même, la montée en compétence des personnages et le choix des améliorations qui vont avec se fait quasiment de manière automatique, n'impliquant pas la moindre décision des joueurs. « Jeu d'aventure et d'exploration » semblerait donc plus adapté pour décrire ce titre…
Avant de commencer, précisons que toute l'aventure peut se faire seul ou en coopération à deux en local (ou en ligne avec le Steam Remote Play Together si vous êtes sur PC). Le ou les joueurs donc, incarne(nt) Yu et Kay, un couple isolé sur une étrange planète dont ils sont à priori les seuls habitants. Éperdument amoureux, nos jeunes tourtereaux ont fuit l'autorité et décidé de faire leur vie ici.
Mais pour que cela fonctionne et que leur idylle continue dans leur nouveau bercail, il va leur falloir réparer leur vaisseau spatial, le Nid, qui fait également office de hub central où vous pourrez dormir, manger, fabriquer des objets ou tout simplement passer des moments ensemble.
Or qui dit fabrication et réparation, dit ressources, et donc exploration.
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A leaf on the wind and a head in the wall
Composée de dizaines d’îlots qui flottent dans le vide, le terrain de jeu, joli bien qu'un peu redondant et générique, demande au(x) joueur(s) d'enfiler leurs bottes et de partir à l'aventure en glissant. Pas de course ici, tout se fait à pied à la vitesse d'un escargot, ou en lévitant au-dessus du sol ou dans les airs, sur des flux d'ondes à haute vitesse. En termes de déplacement, un entre deux aurait d'ailleurs été bienvenu, mais passons.
Ramassage de plantes, éléments cachés à découvrir, ou encore, et surtout, nettoyage de la faune et de la flore locale, empêtrées d'une étrange matière baptisée « rouille »… Notre duo a du pain sur la planche.
D'autant plus qu'au début le jeu ne vous aide pas trop. Les outils pour vous repérer par exemple, aussi sommaires soient-ils, ne vous sont proposés qu'après un certain temps. Aussi, les joueurs dotés d'un mauvais sens de l'orientation - comme votre serviteur - risquent de régulièrement tourner en rond et de multiplier les allers-retours pénibles et les (courts) temps de chargement qui vont avec.
La caméra, elle, n'aide en rien. Entre l'impossibilité de la tourner pour vous repérer lorsque vous flottez, les demis tours involontaires dus aux contrôles, et surtout la panique totale à l'écran lorsque les deux joueurs ne veulent pas aller dans la même direction, préparez-vous à vous manger des murs et/ou votre manette.
Et puis il y a les combats. En tant que joueur régulier, pourtant un minimum débrouillard, j'ai mis du temps à en comprendre le fonctionnement ici et quand cela fut fait, j'ai malheureusement trouvé que pas grand-chose n'y allait. Non seulement je n'y ai pas pris beaucoup de plaisir, mais j'en suis même venu à redouter ces phases de combat et à râler à leurs moindres apparitions. Un peu comme dans un Final Fantasy ou un Pokémon où on voudrait juste continuer à pouvoir explorer en paix sans ces interruptions malvenues. Ma frustration est d'ailleurs tout aussi grande concernant d'autres systèmes et sous-systèmes de Haven, à tel point que je ne comprends tout simplement pas quel public est visé par le studio…
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Le bloot entre deux chaises
Les combats de Haven sont un mélange bâtard de temps réel et de tour par tour qui risque de dérouter les débutants et d'énerver les vétérans. Parmi les incohérences de ces phases, on peut noter l'impossibilité de viser la créature de son choix quand il y en a plusieurs, ce qui fait prendre beaucoup de dégâts pour rien, au risque d'être KO et de devoir revenir au Nid dans de sales conditions.
Le jeu propose certes des options pour simplifier les combats, à commencer par un système automatique où les personnages agissent seuls, mais ces derniers prennent rarement les bonnes décisions et le combat se solde souvent par un échec…
Quelques particularités sont quand même appréciables. Parmi celles-ci, la nécessité de se synchroniser avec son éventuel partenaire lors de l'utilisation des quatre actions possibles (plus l'utilisation d'objets), qui pourra déboucher sur quelques moments de synergie mémorables. Malheureusement ils seront très vite noyés dans une routine, frustrante avant tout.
Que cela soit dit : les combats sont le plus gros point faible de Haven et, à moins de modifications poussées dans de futurs patchs, j'aurais tout simplement préféré qu'ils soient simplement absents du jeu.
Pour le reste, Haven se montre assez rapidement répétitif en termes de contenu (bestiaires, objets…) et dans ses boucles de gameplay (exploration et nettoyage des îles, récolte et confection d'objets…). Le jeu oblige aussi à faire de nombreux allers-retours, notamment si vous mourrez ou si manquez de sens de l'observation pour trouver le chemin vers la prochaine île (been there, done that), mais à part ça, le studio a quand même eu la bonne idée de ne pas se montrer trop punitif dans certains domaines.
Ainsi, une jauge de faim vide ne fait que compliquer légèrement les combats, sans vous tuer. En outre, l'histoire ne s'étire pas plus que de raison. Comptez une grosse dizaine d'heures pour voir défiler le générique de fin, à moins que vous ne soyez particulièrement motivé pour rester quelques heures de plus à découvrir tous les secrets cachés ou enlever la moindre trace de rouille de la planète.
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Un titre chargé en bonnes ondes
Bon, j'ai beaucoup râlé jusqu'à présent, surtout pour l'incapacité du studio à trouver un bon compromis entre jeu « casual » qui vous prend par la main, et titre exigeant dans lequel patience est de mise pour comprendre et maîtriser les éléments de gameplay… Mais s'arrêter à cela serait injustement oublier tout ce qui va dans Haven.
Outre sa musique, dont j'ai déjà parlé, et sur laquelle je risque de boucler pendant les mois à venir, ou encore son monde coloré et ses bestioles mignonnes à grattouiller, le jeu est sauvé par ses héros. Très bien écrits et doublés (j'ai presque envie de réutiliser au quotidien leurs « insultes mignonnes »), le couple est très attachant et drôle.
Touchants et émouvants sans jamais trop tomber dans la mièvrerie, c'est un plaisir de suivre leur histoire et leurs états d'âmes.
Aussi, les moments où l'on plonge dans leur intimité fonctionnent, et on se prend à sourire, parfois même à avoir chaud au cœur pour eux, ou à déplorer qu'une dispute éclate. Dans le fond de son récit, Haven reprend assez justement les thématiques de la rébellion et de la liberté (ah bah en voilà un autre point commun avec Furi tiens), mais sans trop en faire.
J'ai souvent soupiré durant les combats, ou certaines phases d'exploration poussives, certes… Toutefois l'écriture (et la musique, je vous ai parlé de la musique ?) est parvenue à sauver, au moins partiellement, un gameplay hybride dont je ne suis probablement pas le cœur de cible.
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Haven : l'avis de Clubic
Même s'il essaie assez maladroitement, et pas toujours avec succès, d'attirer différents types de joueurs en mixant accessibilité et éléments plus complexes, Haven est assez recommandable en l'état pour un joueur ou un duo chevronné.
Il devrait cependant être beaucoup plus appréciable si joué par deux joueurs, l'un expérimenté et patient, guidant un néophyte ouvert d'esprit. En tant que porte d'entrée au jeu vidéo ou au « jeu de couple », le titre de The Game Bakers est ainsi une intéressante proposition. Même chose pour ceux et celles qui recherchent à tout prix une jolie histoire d'amour colorée portée par une musique d'exception.
Pour les autres en revanche, difficile de faire abstraction des nombreux éléments frustrants et mal pensés qui viennent trop régulièrement casser l'immersion du jeu et la tendresse qui suinte pourtant de ses héros et de son univers.
6
Les plus
- Un duo de héros attachant, bien écrit et doublé
- Une OST incroyable par Danger
- Un univers coloré et rafraîchissant
- Le système de déplacement, grisant dans les airs...
Les moins
- Des combats peu clairs et peu intéressants
- Une caméra capricieuse (surtout en coop')
- Quelques systèmes frustrants ou peu expliqués
- ... mais perfectible au sol
Test réalisé sur PC à partir d'une clé envoyée par l'éditeur.