Test Wasteland 3 : hacker vaillant rien d'impossible

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Test Wasteland 3 : hacker vaillant rien d'impossible

Nerces

11 octobre 2021 à 14h12

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Suite logique – et attendue – de Wasteland 2, le troisième opus de la franchise est aujourd’hui disponible dans toutes les bonnes crèmeries. Un jeu de rôle post-apocalyptique qui souffre encore de quelques menus défauts, mais qui place la barre très haut sans toutefois apporter de fracassantes innovations. Du classique, oui, mais du bon !

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Wasteland 3
  • D'innombrables choix laissés à la discrétion du joueur
  • Un univers riche, décalé dans son propos
  • Humour et référence, sans aller jusqu'à l'overdose
  • Combats intéressants grâce à la variété des approches
  • Des chargements fréquents et un peu trop longs
  • Inventaire pas toujours très pratique (des filtres ?)
  • Réalisation datée... mais bien moins que Wasteland 2
  • Pas de doublage en français

Wasteland premier du nom est un jeu qui date de 1988. Il était donc un peu surprenant de voir inXile en proposer une suite près d’un quart de siècle plus tard. La raison est toute simple : l’ancêtre fait partie de ces jeux « cultes », ces titres qui ont marqué les esprits de nombreux joueurs et influencé quantités de développeurs. Le succès a d’ailleurs été au rendez-vous pour cette suite et tout porte à croire que Wasteland 3 va connaître la même réussite après une campagne de financement participatif sur fig.co couronnée de succès.

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Post-Apocalypse Now

Comme son nom l’indique on ne peut plus clairement – enfin pour les anglophones – Wasteland 3 est un titre post-apocalyptique. Il dépeint un monde alternatif au nôtre dans lequel une guerre nucléaire a éclaté en 1988 entre les États-Unis et l’Union soviétique. En plus de l’annihilation d’une majorité de la population mondiale, la catastrophe a entraîné un bouleversement des conditions environnementales. Dans Wasteland 2, nous « visitions » l’Arizona. Dans ce troisième opus, direction le Colorado, un Colorado sous une neige perpétuelle et aux rigueurs climatiques extrêmes ; tant et si bien que la condamnation à mort s'y fait "simplement" via un pilori exposé en plein air.

Cette modification du cadre géographique mise à part, le concept de base de Wasteland 3 ne change guère de celui de son prédécesseur. Il s’agit toujours de contrôler un groupe de Rangers dans un monde torturé où les tensions entre les factions vont crescendo. Une cinématique d’introduction se charge de nous rappeler tout ça avant d’ouvrir la voie à la sélection / création de nos personnages.

inXile laisse ici le choix entre quelques couples de héros complémentaires ou la création ex-nihilo de nos protégés. Rien de sorcier à ce niveau, on distribue quelques points sur des compétences et des attributs de façon à aboutir à des guerriers, des hackers ou des bonimenteurs par exemple.

Des références par dizaines, à tout et n'importe quoi © Nerces pour Clubic
Des références par dizaines, à tout et n'importe quoi © Nerces pour Clubic

Au total, Wasteland 3 dispose de 7 attributs (force, charisme, intelligence…) et, surtout, de 22 compétences. Nous n’avons pas vérifié, mais celles-ci reprennent à peu de choses près le listing de Wasteland 2. Elles sont divisées en grandes catégories qui organiseront vos choix : compétences de combat ou d’exploration, sociales ou générales. Ainsi, pour manipuler un fusil d’assaut, il est indispensable d’avoir débloqué la compétence armes automatiques et plus on attribue de points à celles-ci, meilleures seront les armes que l’on pourra utiliser. Il en va de même pour toutes les autres armes, mais aussi pour les équipements de soin ou l’utilisation d’objets « techniques ».

Enfin, inXile complète la fiche des personnages par ce que le studio appelle les « avantages ». À mesure qu’un héros progresse sur une compétence, il peut débloquer des avantages de plus en plus puissants, mais il n’est bien sûr pas possible de débloquer tous les avantages disponibles : il faut faire des choix. Sans révolutionner le moins du monde le RPG, Wasteland 3 propose une évolution de ses personnages très solide avec des compétences complémentaires, une spécialisation intéressante des héros et des choix ayant un véritable impact sur le devenir de nos protégés. inXile a la volonté d’impliquer le joueur dans ses décisions… et pas seulement dans l’évolution des personnages.

Maintenant, il ne verra plus rien venir... © Nerces pour Clubic
Maintenant, il ne verra plus rien venir... © Nerces pour Clubic

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Il ne serait pas un peu con Dorsey ?

Ainsi, toute l’aventure Wasteland 3, son scénario, s’articule autour des décisions prises par le joueur, mais avant d’en arriver là, il convient de préciser un peu les circonstances de notre venue dans le Colorado. Wasteland 3 débute quelques temps après le second opus. Les Rangers d’Arizona ont noué une espèce d’accord avec le Patriarche, leader autocratique du Colorado. Problème, à peine débarqué dans le coin, les Rangers se font méchamment massacrer. Il ne reste que les deux héros que nous avons précédemment créés. Ils parviennent malgré tout à éliminer les ennemis – des « Dorsey », nous y reviendrons – et à rejoindre leur future base.

Logiquement, la première partie de l’aventure est consacrée à l’établissement de ladite base. Il convient de la remettre sur pied et, puisque la quasi-totalité de l’escouade Rangers a été éliminée, de recruter du monde pour l’occuper. Ces premières missions sont l’occasion de découvrir les lieux, de comprendre quelles sont les menaces que rencontrent le Patriarche et la ville de Colorado Springs, espèce de capitale adjacente à la base des Rangers. Armée des Monstres, Gippers, réfugiés des Terres Désolées… les factions sont nombreuses. Certaines sont hostiles au Patriarche souhaitant son élimination quand d’autres vaquent simplement à leurs occupations.

Voilà ce que l'on appelle un « point chaud » © Nerces pour Clubic
Voilà ce que l'on appelle un « point chaud » © Nerces pour Clubic

Dans un premier temps, le joueur ne connait que quelques factions et se voit proposer des missions afin d’améliorer la réputation des Rangers auprès des unes et des autres. C’est là qu’il faut souvent choisir : certains missions impliquent de prendre parti, mais le joueur a toujours le dernier mot. En réalité, dans le rôle des Rangers, on décide de l’avenir du Colorado et, bien sûr, toutes ces décisions prises ont des conséquences à plus ou moins long terme : vous avez des affinités avec la Communauté des Robots ? Alors vous aurez sans doute à passer la majorité des Gippers au fil de l’épée et tant pis si cela vous fait perdre quelques avantages en passant.

Dans le même ordre d’idées, massacrer les pillards Dorsey est une bonne chose pour monter dans l’estime des Marshalls du Shériff Daisy de Colorado Springs, mais permettre l’installation des réfugiés dans la ville n’est pas bien vu. Ce système de choix n’a rien de nouveau et Wasteland 2 proposait déjà quelque chose de semblable, mais sa suite est plus aboutie, mieux construite. Dans ce monde peu reluisant, il y a des personnages que l’on identifie comme « bons » ou « mauvais », mais ce n’est pas la majorité et dans la plupart des cas, tout est une question de point de vue. En évitant un manichéisme ridicule, inXile s’autorise surtout des situations souvent très bien trouvées.

JVFR
Un système de visée facultatif, mais adapté aux combats tactiques © Nerces pour Clubic

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Dolls that touch your heart

Sans trop en dévoiler, l’un des exemples que l’on ne peut s’empêcher de mentionner est ce culte voué à la « divinité » Reagan. Oui, du nom du 40e président des États-Unis. Elle fait partie des situations les plus drôles de tout Wasteland 3, mais le jeu s’offre quantités de références ou de blagues du même niveau : les poupées Patouf, un grand méchant dénommé Faran Brygo dont on vous laissera le soin de déchiffrer l’anagramme simple à déchiffrer, mais nous en avons déjà trop dit. Sachez simplement que Wasteland 3 propose une écriture intéressante à plus d’un titre. Nous avons parlé de l’humour, des références ou de l’absence de manichéisme, ce n’est pas tout.

Il nous reste encore à évoquer la progression attachante du scénario et ses multiples embranchements ou les missions secondaires qui ne se limitent pas à de simples quêtes de facteur comme c’est trop souvent le cas. Bien sûr, toutes les petites histoires ne sont pas passionnantes et certaines sont moins réussies que d’autres, mais dans l’ensemble on ne passe pas son temps à zapper les dialogues, preuve que l’écriture est efficace. Notons d’ailleurs que le doublage (de bonne facture) est en anglais, mais que tous les écrits sont en français. Il y a encore quelques coquilles, des fautes et des mots manquants, mais c’est globalement une bonne traduction.

JVFR
Dans l'absolu, l'angle est intéressant mais gare au tir ami © Nerces pour Clubic

Bien sûr, Wasteland 3 ne serait pas le digne successeur de la franchise sans son lot de combats et d’altercations plus ou moins violentes. Oui, il reste possible d’éviter certains affrontements – même contre des « boss » – en disposant des bonnes aptitudes (« lèche-cul » peut rendre de fiers services) et en faisant les bons choix de dialogues. Reste que la baston est largement représentée et qu’elle reprend le classique tactical au tour par tour de Wasteland 2, mais aussi de XCOM 2 pour citer une des références en la matière. En fonction de notre initiative et de notre manière d’aborder le combat, c’est à notre escouade de jouer ou aux ennemis.

À ce niveau, Wasteland 3 est peut-être un tout petit peu décevant, dans la mesure où il n’y a absolument aucune trouvaille. On dispose de quelques points d’actions pour chaque personnage et il faut les dépenser au mieux pour se mouvoir, utiliser des compétences, manipuler quelques objets ou faire feu avec les armes en mains. Heureusement, la variété des profils de nos personnages et des ennemis permet d’appréhender les choses de manière très différente. Utilisation de tirs longue portée, couverture, charge, piratage de robots / tourelles, grenades diverses… Notons d’ailleurs la présence d’un système d’attaque très ciblée à la manière du VATS de Fallout.

JVFR
Culte au Dieu Reagan ! © Nerces pour Clubic

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Miss Daisy et son Patriarche

L’idée est par exemple de détruire le bras porteur d’une arme de telle machine ou de cibler une zone non-protégée d’un ennemi en armure. Le système est tout simple, mais fonctionne plutôt bien. De manière plus générale, nous n’aurons en réalité qu’un seul reproche à faire aux combats de Wasteland 3 : le manque de lisibilité des cartes dès lors qu’il y a plusieurs niveaux. La verticalité est évidemment intéressante, mais la caméra peut rapidement se perdre et les angles ne sont pas toujours bien choisis. Sans surprise, le niveau de difficulté du jeu joue principalement sur la complexité des affrontements et il sera par exemple possible de désactiver le tir ami pour plus de tranquillité.

Puisque nous parlons de friendly fire, il est bon de noter que l’intelligence artificielle ne semble pas trop s’en soucier, blessant régulièrement ses propres forces. Dans le même ordre d’idée, certains ennemis traversent allègrement les effets de zones (feu…) alors qu’ils n’ont pas de protection adéquate. Mais, après tout, il s’agissait de pillards bas de plafond ! Intéressants et variés, les combats peuvent être un peu nombreux lors des phases d’exploration de la carte à bord du Kodia, l’engin utilisé pour rallier les zones du Colorado. Là, inXile aurait peut-être pu insister sur l’importance de la compétence « survie » pour s’éviter des rencontres un peu fastidieuses.

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Un peu rustre, le journal de quête fait le job © Nerces pour Clubic

Un peu plus gênant, Wasteland 3 souffre de quelques bugs pénibles comme ces ralentissements dans certaines zones – qui disparaissent au rechargement – ou ces « tours d’un ennemi » en plein combat qui ne se déclenchent pas tant qu’on n’a pas appuyé sur une touche du clavier. Les développeurs auraient aussi pu trouver un moyen d’accélérer certains déplacements afin d’éviter les chargements – bien trop longs – de zones que l’on ne fait que traverser. Pour autant, nous cherchons ici la petite bête, celle qui permet de distinguer les très bons jeux comme ce Wasteland 3, des titres les plus mémorables. Espérons qu’un patch vienne remettre ça en ordre.

Un patch qui pourrait d’ailleurs intégrer un mode ironman afin de rendre la mort de nos personnages irrémédiable. Une telle option existe dans certains autres jeux, mais compte tenu de la longueur et de la richesse de Wasteland 3, elle s’adressera aux plus dingues des joueurs. Chaque zone du Colorado est l’occasion de multiples quêtes secondaires et même sans trop se focaliser sur ces objectifs annexes, il faut plusieurs dizaines d’heures de jeu pour venir à bout du scénario principal. Au total, on peut estimer la durée de vie à plus ou moins 50 heures, sachant que cela dépend évidemment de la difficulté retenue. Enfin, précisons qu’il reste possible de jouer en coopératif : on comprend alors mieux le pourquoi de la création de deux personnages principaux au début de l’aventure.

JVFR
Le grand Scotchmo en personne ! © Nerces pour Clubic

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Wasteland 3 : l’avis de Clubic

En faisant l’inventaire de ce que propose Wasteland 3, on peut être un chouia déçu. inXile Entertainment semble effectivement avoir repris à la lettre le cahier des charges de Wasteland 2. En réalité, si le canevas de cette suite est identique à celui de son prédécesseur, le studio a considérablement allongé la sauce. Wasteland 3 est plus vaste, plus riche, plus complet, mieux écrit, plus drôle, plus malin… Me faut-il en rajouter ?

Techniquement parlant, il ne faut pas se faire d’illusion, on est encore loin de Divinity Original Sin 2 par exemple. Reste que sur ce plan aussi les progrès sont réels et alors que Wasteland 2 était passablement archaïque, Wasteland 3 se montre plus moderne avec une interface utilisateur plus propre et plus ergonomique, même si l'inventaire est perfectible.

S’il n’innove que sur très peu de points, Wasteland 3 est en quelque sorte la quintessence du RPG old school que tous les amateurs de la série attendaient. Une franche réussite même s'il ne flatte pas la rétine.

Test réalisé à partir d’un code fourni par l’éditeur.

Wasteland 3

8

S'il n'apporte finalement pas grand-chose de neuf au genre, Wasteland 3 est un solide CRPG. Son côté old school fera le bonheur des vieux de la vieille alors que les nouveaux venus découvriront un titre bien écrit, doté d'un humour solides et de multiples références. Intelligents et variés, les combats ne sont pas en reste alors que l'on a largement de quoi se faire plaisir avec les choix d'évolution de nos personnages. Du classique qui a tout bon.

Les plus

  • D'innombrables choix laissés à la discrétion du joueur
  • Un univers riche, décalé dans son propos
  • Humour et référence, sans aller jusqu'à l'overdose
  • Combats intéressants grâce à la variété des approches
  • Très solide construction des personnages
  • Une aventure de longue haleine

Les moins

  • Des chargements fréquents et un peu trop longs
  • Inventaire pas toujours très pratique (des filtres ?)
  • Réalisation datée... mais bien moins que Wasteland 2
  • Pas de doublage en français
  • Des bugs assez rares, mais bien gênants

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