Press Reset : dans son nouveau livre, Jason Schreier explore les parties sombres de l'industrie du jeu vidéo

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Press Reset : dans son nouveau livre, Jason Schreier explore les parties sombres de l'industrie du jeu vidéo

Pierre Crochart

02 mars 2022 à 09h01

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Quatre ans après Du Sang, des larmes et des pixels (Mana Books, 2018), le journaliste de Bloomberg Jason Schreier revient avec un nouveau livre dressant un bilan critique de l'industrie du jeu vidéo.

Dans son nouvel ouvrage, Press Reset, déjà paru aux États-Unis en 2020 et prévu pour le 3 mars en France dans une version traduite publiée chez Mana Books, Jason Schreier pousse son analyse encore plus loin. Pourquoi est-il difficile de faire carrière dans le jeu vidéo ? Comment une industrie à ce point lucrative peine à offrir à ses petites mains un niveau de vie décent ? Pourquoi des studios à l'origine de succès mondiaux tels que BioShock ont fini par mettre la clé sous la porte ?

À l'heure où l'industrie du jeu vidéo est en pleine ébullition, malmenée de scandales sur le crunch à scandales de harcèlement, et où les rachats de studios font les gros titres de la presse généraliste, le nouveau livre de Jason Schreier arrive à point nommé.

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Voler trop près du soleil

À travers des exemples concrets, et illustré par des interviews avec les personnes qui ont vécu ces situations, Press Reset analyse la grosse machine du jeu vidéo et tente d'en comprendre les rouages.

De la « malédiction des immersive sim » (des jeux loués par la presse mais qui ont du mal à se vendre) et au parcours chahuté de son inventeur Warren Spector (Deus Ex), en passant par les guerres d'égo intestines qui brident la créativité d'équipes entières, Jason Schreier dresse le tableau plutôt sombre d'une industrie qui, pourtant, se plaît à nous vendre du rêve et de l'évasion.

Mais le livre du journaliste n'est pas peint en noir et écrit au vitriol. Bien au contraire : il donne aussi la parole à celles et ceux qui, bien que ballotés d'un studio à un autre au gré de licenciements, au prix d'amères déceptions et d'une certaine instabilité dans leur vie personnelle, restent attachés à un métier qui les passionne plus que tout. 

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En finir avec « l'auteuritarisme »

Au fil des pages, l'histoire semble se répéter. De petites équipes, modestes, signent un gros succès et des éditeurs leur mettent la pression pour mettre en chantier une suite. Celle-ci doit arriver rapidement, et être plus ambitieuse encore que le titre original. Conséquence ? Les équipes grossissent jusqu'à atteindre des centaines de personnes, rendant la communication plus délicate. Et l'entente encore plus.

Car au centre de tout ce fatras se trouve souvent un homme (l'état actuel de l'industrie fait qu'il s'agit, dans une écrasante majorité, d'un homme) décrit comme un génie créatif, mais dont la créativité est inversement proportionnelle à ses qualités managériales. Press Reset s'attarde notamment beaucoup sur le cas d'Irrational Games, à qui l'ont doit BioShock et BioShock Infinite. Fruits du « génie créatif » Ken Levine, et parmi les jeux les plus révérés de tous les temps, ils n'en ont pas moins brisé des carrières, la faute à un homme décrit comme « particulièrement difficile », et à qui il est difficile de faire entendre raison.

Cette posture de démiurge, ce statut « d'auteur », est certes vendeuse, mais surtout inefficace pour le bon fonctionnement d'un studio. Aussi certains œuvrent pour en finir avec ce qu'ils appellent « l'auteuritarisme », un mot-valise qui englobe assez justement ce qui peut être reproché à ce genre de personnalités auxquelles on accepte de tout passer sous prétexte qu'ils sont des « génies ». 

Press Reset sortira en France le 3 mars prochain aux éditions Mana Books. Il compte 405 pages et coûte 18€.

Merci à Mana Books de nous avoir fourni un exemplaire du livre.

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