ModNation Racers

Y’a pas à dire, Super Mario Kart a tout de même été un sacré vecteur d’inspiration et de clonage. On ne compte plus les fournées de copies plus ou moins respectueuses et les titres reprenant plusieurs idées issues de ce classique. Mais attention, il serait ici dommage de réduire ModNation Racers à un copycat du hit de Nintendo. Sonic & Sega All Star Racing, bien que réussi, en était un. Mais pas ModNation Racers. Pourtant, à première vue, le doute n’est pas permis : des tracés colorés, une ambiance cartoonesque, des dérapages, des items à ramasser… Autant d’éléments qui auraient pu faire de lui un simple « Mario Kart-Like ». Mais, dès la présentation du titre à l’E3 2009, on sentait bien que les développeurs voulaient aller plus loin. Si comparaison il doit y avoir, c’est également du côté de LittleBigPlanet qu’il faut loucher.

En avant les histoires

L’ambition du studio United Front Games est assez claire : ModNation Racers se doit d’être le LittleBigPlanet de la course. Pour ce faire, les petits gars n’ont pas chômé. Le côté communautaire du jeu s’affiche dès les premiers instants, via le modspot, un lobby qui fait vaguement penser au Playstation Home. On s’y balade en Kart, on y retrouve ses amis connectés et on peut consulter toutes les dernières news : nouveautés, meilleurs temps mondiaux, etc. Mais c’est bien sûr à partir de cette arène virtuelle que les pilotes peuvent se lancer dans une course ou une customisation de leur univers. Examinons pour commencer ce fameux côté « créatif » dont on nous a tant parlé. L’atelier de création est une sorte de magasin de jouets funky, plein de couleurs flashy et de sonorités dansantes. D’ici, vous pouvez réaliser presque tous vos fantasmes d’esthète. La personnalisation de l’avatar tout d’abord : complète, simple d’utilisation et efficace, elle permet de se créer un double en quelques minutes, qui peut autant ressembler à un poulpe rose qu’à une Lolita-Goth d’Harajuku. Les développeurs ont opté pour un style fortement inspiré par les « arts toys » et résultat risque de ne pas faire l’unanimité. Rien qu’au sein de la rédac’ de JVN, le look des personnages divise. Mais force est d’avouer que les possibilités de création sont énormes. Concernant la personnalisation des véhicules, même discours : passer d’une caisse en carton bardée d’autocollants, à une Formule 1 rutilante reste un jeu d’enfant. Un bon paquet de pièces est ici customisable : roues, volant, siège, moteur, châssis… Du coup, il semble presque impossible de se retrouver avec le même kart que le voisin.

Sim Circuit

Last but not least, l’éditeur de circuit. Et là, on touche au véritable morceau de bravoure du jeu. Le studio nous avait promis quelque chose d’intuitif et très puissant à la fois, il n’a pas menti. Une fois l’environnement choisi (montagne, désert, bord de mer, jungle), vous découvrez un terrain vierge, modelable à loisir. Commencez par creuser quelques cratères, érigez quelques collines ou modifiez le niveau de l’eau… Tout se fait en temps réel, de manière extrêmement fluide. Vient ensuite le tracé du circuit. Là aussi, rien de plus simple : au volant d’une sorte de rouleau compresseur, il suffit d’avancer dans la direction voulue pour que l’asphalte prenne vie instantanément. Une fois votre piste crée, reste le gros morceau : la décoration. Encore une fois, le choix est hyper vaste et l’on se fera un plaisir de spawner des ânes sur la route ou des immeubles sur le bord du chemin. Et, en cas de fainéantise aiguë, l’option « garniture automatique » fera le boulot à votre place. Enfin, une fois satisfait de votre œuvre, n’hésitez pas à effectuer un premier tour de circuit. Le bonheur de piloter sur une piste que l’on vient à peine de créer est franchement grisant et force est d’avouer que l’on n’avait jamais connu pareil outil sur consoles de salon.

Carrière et défis

Une fois vos circuits construits et partagés, il faut maintenant prouver que vous êtes le meilleur pilote du monde, via des courses en ligne à 12 ou à quatre sur le même écran. Histoire de vous faire la main, n’hésitez pas également à vous lancer dans le mode carrière solo qui, là aussi, propose quelques rafraichissantes idées. Oubliez tout d’abord le classique championnat, vu et revu depuis Mario Kart. Le mode carrière s’articule autour d’une suite de défis à remplir avec plus ou moins de réussite. Enchaîner plusieurs dérapages, éliminer tel adversaire, arriver au moins troisième… Vos différents succès débloquent les courses suivantes ainsi qu’une tonne d’objets et accessoires pour l’atelier de création. Afin de crédibiliser cette section solo, les développeurs ont également fait l’effort de créer un semblant de scénario rythmé par de belles cinématiques. Belles oui, mais malheureusement dotées d’un humour lourdingue, qui ne nous a pas arraché le début d’un sourire. En tout cas, fort de sa petite trentaine de circuits, ce mode vaut largement le détour et renforce un peu plus l’impression d’être face à une production solide et ambitieuse.

Dérapage contrôlé

Et les sensations de pilotage ? Elles sont bonnes mon capitaine. Les karts glissent correctement tout en faisant preuve d’une physique agréable et United Front Games a eu l’excellente idée d’implémenter un système de turbo très bien fichu. En effectuant des dérapages et des sauts, vous remplissez une jauge qui a plusieurs fonctions : un boost classique façon Burnout mais aussi un bouclier à activer manuellement ou encore un « super coup » à déclencher quand un adversaire passe à portée de poing. Petit bémol tout de même concernant les items à ramasser en course : on est clairement loin du fun d’un Mario Kart sur ce point. Éclair, bombe sonique, roquette, turbo temporaire… Rien de transcendant, si ce n’est la possibilité de faire évoluer son arsenal sur trois niveaux. Évoquons également l’autre défaut du titre : des temps de chargement assez pénibles et inexplicablement longs (peut-être que la version disponible en magasin sera plus clémente). Mais ces menus griefs n’entament heureusement pas le plaisir ressenti sur ce jeu surprenant qui, on l’espère, connaîtra un vrai succès « communautaire ».

Verdict : 16/20
Avec ses énormes possibilités créatives, ModNation Racers est un vrai plaisir de gosse. Ceux qui ont passé des heures à jouer aux Legos ou aux Majokit durant leur enfance retrouveront ce plaisir simple de la construction. Le titre de United Front Games n’oublie pas pour autant d’être un très bon jeu de course multijoueur, classique dans le fond, mais bigrement efficace.

Les plus
- L’éditeur de circuit
- Les possibilités de partage
- Le mode carrière

Les moins
- Humour pas drôle
- Des « armes » décevantes
- Temps de chargement pénibles