Test Street Fighter (Autre) : 0/10 sur JeuxVideo.fr

Stigmatisée pour ses multiples occurrences aux titres souvent farfelus, Street Fighter est une saga sur laquelle Capcom s'est longtemps reposé. Pourtant, l'avènement du polygone lui aura causé beaucoup de tort en prenant définitivement l'ascendant sur la 2D, depuis reléguée au rang de représentation graphique au charme désuet. Faut-il dès lors regretter le passage du quatrième volet à la 3D ? Certains en sont persuadés et fustigent le choix de Capcom, arguant d'une trahison faite à l'héritage de la série. Mais ce serait oublier que sans cette mutation Street Fighter III : 3rd Strike n'aurait peut-être jamais connu de succession. Parallèlement aux inquisitions de ces gardiens du temple, un deuxième front de détracteurs s'attaque à la renaissance de la série promise par Capcom. Si les premiers sont des érudits enracinés dans leurs certitudes, ceux-là se complaisent dans l'ignorance. On peut en effet fréquemment les entendre reprocher au quatrième épisode son absence de nouveautés, persuadés qu'ils sont de l'immobilisme de la série depuis Street Fighter II.

Mais enfin, que faut-il retenir de ces vingt ans de Street Fighter et que peut-on raisonnablement espérer pour la suite ? La série de Capcom a charpenté un pan entier de la culture vidéo-ludique entraînant dans son sillage nombre de références du genre (Art Of Fighting, Samurai Spirits, King Of Fighters, Guilty Gear et consorts). Alors certes, un rapide coup d'oeil sur l'ensemble de la saga ne permet pas de dégager ses évolutions les plus significatives. Pourtant, force est de reconnaître qu'en pratique la série s'est continuellement bonifiée d'épisode en épisode jusqu'à cette fameuse rupture de dix ans. Depuis la sortie de Street Fighter III : 3rd Strike et le long silence de Capcom qui s'en est suivi, beaucoup ont pensé que Street Fighter était mort. Cela n'a pas empêché les amoureux de la baston d'explorer inlassablement cette ultime évolution du troisième volet et par la même de prolonger son existence. Car, en définitive, un Street Fighter ne vit que par le nombre et la ferveur de ses pratiquants. Et peu de jeux peuvent se targuer d'une telle vivacité dix ans après leur sortie. C'est pourquoi, s'il aura du mal à remplacer Street Fighter III : 3rd Strike dans le coeur des passionnés, Street Fighter IV peut toutefois être assuré de trouver un socle sur lequel se reposer des mois (années ?) après son arrivée dans le commerce.

La grande question reste donc celle de l'accueil qui lui sera fait par le grand public. Et finalement il s'agit là du point le plus crucial : si Street Fighter IV parvient à conquérir le coeur des néophytes et autres anciens pratiquants de Street Fighter II, alors la communauté aujourd'hui restreinte des fidèles de la baston peut espérer prospérer à nouveau. Il n'est donc pas excessif de dire qu'à défaut de déterminer la survie du genre (qui dépend en fin de compte de sa santé sur l'archipel nippon), Street Fighter IV peut à lui seul réactiver son expansion interrompue il y a de nombreuses années de cela ...