Pokémon : confession d'une accro de la Pokéball

Il n’est pas rare de voir les "enseignements" qui sont faits dans un jeu comme Pokémon. Bien sûr, le jeu vidéo ne remplacera jamais l’apprentissage de la vraie vie à l’école. Mais je trouve que cette petite cartouche de jeu était une petite mine pleine de valeurs et d’exemples de choix que peut rencontrer un enfant : dois-je relâcher ce Pokémon ? Dois-je faire évoluer celui-ci ? Quel objet dois-je utiliser ? Lequel sera le plus efficace ? La très forte distinction manichéenne des personnages était aussi un bon moyen de comprendre le bien, le mal, les mauvais actes et les actes de gentillesse gratuite.

Mais bon... force est de constater que maintenant, je ne suis plus une petite fille, et en théorie je sais distinguer le bien et le mal. Normalement, mon éducation a été faite. Mais alors que m’apprend encore Pokémon ? On a de plus en plus l’habitude d’être face à des jeux qui imposent des choix moraux, qui auront un impact sur la suite des évènements. Dans Pokémon, on est gentil et puis c’est tout ; pas le choix. Si à un moment l’idée nous effleurerait presque de rejoindre la Team ennemie "pour voir", clairement ce n’est pas possible.

Dans une vie adulte, on est plutôt confronté à des choix nuancés, sans devoir trancher directement. Des jeux comme Pokémon taillent dans le lard et obligent à retrouver cette idéologie enfantine de méchant/gentil. Et cela m’évoque quelque chose d’assez frais au final, comme une petite parenthèse de sympathie que l’on s’octroierait. Il n’y a que dans Pokémon qu’à être trop gentil, on réussit dans la vie. En vrai, on sait comment ça se passe.

Mais ce qui est bien plus intéressant que d’être gentil-mignon le temps d’une partie sur Pokémon, c’est ce que nous, adultes, pouvons faire apprendre à de plus jeunes grâce à ça. Comme beaucoup, j’ai des petits frères. J’ai partagé énormément de choses grâce à Pokémon avec deux d’entre eux : le plus grand a arrêté d’y jouer maintenant, mais c’est toujours très drôle d’évoquer nos anecdotes sur le jeu. Il y en a une que nous adorons ressortir du placard.

Sur Pokémon Or, je possédais un petit Mystherbe de niveau 3, seulement là pour la Capacité Spéciale Coupe (qui n’a jamais fait ça ?). Et ce dernier, alors ultime sacrifice que j’étais prête à faire une fois toute mon équipe K.O., a battu littéralement le monstrueux Florizarre de Régis. David contre Goliath à la sauce Pokémon. Le gros balourd n’utilisait que Poudre Toxic (inefficace) contre mon chétif vermisseau : il aura fallu le temps, mais à coup de "Charge" et autre "Lutte", mon petit bébé feuillu a gagné. Deux fois. Je suis devenue Maître Pokémon grâce à une mini-pousse de Mystherbe. Je vous parle de ça, j’avais 11 ans, mon frère 7 et nous nous en rappelons encore... Nous pourrions écrire un roman à propos de Pokémon et du duo que nous formions (et il n’avouera jamais que oui, c’était moi la plus forte des deux).

Le plus petit est en âge d’y jouer, et malgré son intellect très développé pour son âge, il ne comprend pas toutes les subtilités comme moi, grande sœur de mon état, les voit. Souvent, il me pose des questions, me demande mon avis, ce que j’aurais fait… le deal, c’est "pas de soluces". Je fais alors office de Docteur ès Pokémon. Nos conversations sont intéressantes, passionnées et il y a cette relation de vieux sage/jeune scarabée entre nous qui est assez drôle au final.