Pokémon : confession d'une accro de la Pokéball

Vu que mon petit frère s’est invité dans ce dossier, c’est l’occasion de parler un peu du regard des autres. Nous allons ensemble chercher nos Pokémon en magasin parce que ça lui fait plaisir, et je ne sais pas si je trouve le regard des vendeurs compatissant ou juge.

Qu'on emmène un enfant chercher un Pokémon en boutique, ça n'est pas bizarre. Mais que l'adulte qui l'accompagne vienne retirer son dû de la même façon, tout de suite, il y a un petit sourire en coin, presque désapprobateur. C'est ce qui est arrivé quand nous sommes allés chercher Victini par exemple.

D’une autre manière, j’ai toujours essuyé des remarques parfois douteuses quant au fait que oui, je joue à Pokémon. Et pourtant, méfiez-vous : mon nom est Légion, car nous sommes beaucoup.

Au lycée, nous étions une bande de copains un peu punk-dark-metalleux, du genre gros durs qui boivent des panachés à la sortie des cours : nous jouions tous à Pokémon. Durant ma première année de Bachelor en Belgique, un jour, j’ai eu le malheur de porter un t-shirt avec un Pikachu imprimé dessus. La première remarque a été sur le fait que j’étais visiblement régressive. La deuxième a été "Je suis sûr que mon Dracaufeu démonte ton équipe !". Hop, un nouveau copinou dans la secte.

Pire cette année, un de mes professeurs a cru bon de me surnommer Salamèche (on devine aisément pourquoi même si ça ne m'a pas semblé évident tout de suite). Dois-je me vexer ? Dois-je prendre ça comme une insulte ? Salamèche devient plutôt badass il me semble. Et puis ça va, ce n’est pas comme si on révélait que l’on a un herpès ou une troisième fesse. Peut-être devrais-je créer une hotline pour les victimes de cette Poképhobie ? Il n’y a rien de honteux à affirmer aimer Pokémon. Je le crie au monde entier actuellement (enfin, à vous lecteurs, tout du moins).

Je ne me suis jamais penchée sur tout l'à coté de Pokémon : l'anime, les films, les jeux spin-off car clairement, je n'étais pas intéressée par cette effusion de contenus. Bien sûr, petite j'ai regardé quelques épisodes, j'en regarde encore parfois en portant un air blasé sur le visage. Oui, j'ai des figurines chez moi, qui font office de serre-livres. Mais c'est ce que l'on retient principalement alors que le jeu est bien plus profond que ce qu'il laisse paraître. Quand dans Noir et Blanc, on évoque l'idée de libérer les Pokémon de l'emprise humaine, ça a remis en question mon jugement par rapport à mon équipe.

Autant dire que mon équipe de Pokémons est quasiment sacrée et que je n'ai jamais recommencé un seul jeu de peur de perdre mes compagnons, de ne pas retrouver ce lien que l'on avait. C'est foncièrement stupide comme réaction car il s'agit de personnages créés à partir de formules mathématiques, on n'a pas de réelles interactions avec eux (même si maintenant, on va pouvoir leur grattouiller le bidon !). Oui mais après tout, on vit une aventure pendant des dizaines d'heures ensemble, c'est notre rôle de dresseur d'amener ces monstres à des niveaux défiants toute concurrence. Le jeu joue énormément là-dessus, sur ce lien entre le dresseur et son équipe et je dois dire que je trouve ça assez poétique.