Test Shadow Hearts : From The New World (PS2) : 7/10 sur JeuxVideo.fr

Dans la galaxie vidéo-ludique de la PlayStation 2 constellée de RPG en tous genres, la concurrence est rude : certains brillent bien plus fort que d’autres et les astres les plus modestes peuvent passer inaperçus. Face à des mastodontes tels que Final Fantasy XII, Dragon Quest VIII ou encore Rogue Galaxy, difficile de s’imposer et ce, même quand on porte avec soi un héritage aussi reconnu que celui de la série des Shadow Hearts. Après le très apprécié Shadow hearts : covenant, Nautilus nous offre donc un nouvel opus intitulé From The New World qui, cette fois, fait le choix d’un univers pour le moins décalé au regard du genre dans lequel il s’inscrit : l’Amérique des années 30.



Les premiers instants de jeu seront certainement mal vécus par bon nombre de fans de la première heure. Le contexte choisi a, en effet, de quoi rebuter : un univers qui, de prime abord, sied plutôt mal au RPG, traditionnellement plus orienté vers le fantastique et empreint d’ambiances intemporelles. Cependant, pas de panique, passée la première heure de jeu, le fond du titre commence à se décanter et à libérer peu à peu ses tonalités majeures. Tout commence donc avec la découverte de notre héros, Johnny Garland, un adolescent aux faux airs de Tidus, depuis peu à la tête d’un cabinet de détective suite à la disparition de son père et de sa sœur. Les affaires tardent à décoller jusqu’au jour où une véritable enquête lui est enfin confiée par un certain Professeur Gilbert : retrouver Marlow Brown, mystérieusement disparu. Notre investigateur se lance donc tête baissée dans cette tâche et commence donc à arpenter plusieurs quartier de la ville de New-York, questionnant les badauds, jusqu’à atteindre sa cible. C’est alors que les évènements prennent une tournure pour le moins inhabituelle : un vortex laisse échapper une hideuse créature qui dévore Brown et notre héros, décontenancé, semble voué à une mort certaine. C’était sans compter sur l’intervention d’une mystérieuse jeune femme ailée et illuminée d’une lumière angélique qui révèlera à Johnny une réalité qu’il ne soupçonnait pas.



A partir de là, sachez que le scénario prendra une tournure aussi surnaturelle que burlesque. En effet, on connaissait jusqu’ici le goût de Nautilus pour l’humour potache, puisque Covenant regorgeait lui aussi de petites pointes d’humour distillées avec talent. Cependant, From The New World est traversé de bout en bout par un humour décalé à la limite de l’absurde, comme en témoigne la galerie de personnages offerte au joueur, tels Frank, un ninja d’opérette affublé d’un look que n’aurait pas renié Michael Dudikoff, Hilda, une curieuse vampire qui se nourrie des calories de ses adversaires pour se transformer en chauve-souris et changer de corpulence, Mao, un chat géant utilisant la technique de l’homme saoul, ou encore Ricardo, un mariachi / desperado habillé d’un costume mexicain bigarré et coiffé du sombrero assorti. Bref, une petite troupe totalement improbable à laquelle certains puristes fermés pourront rester insensibles. Cependant, une fois surmonté l’apparent mauvais goût des personnages, les autres sauront se laisser séduire par ces profils si atypiques et décalés. Une jolie bande d’antihéros comme on en voit peu !



Mais ce qui fait en grande partie la force de ce Shadow Hearts : From The New World, c’est sans conteste son gameplay d’une richesse admirable. A commencer par son système de combat mêlant avec ingéniosité réflexion et action. Une fois un ennemi rencontré (à noter tout de même que ceux-ci apparaissent à l’écran), nous voilà plongés au cœur d’affrontements au tour par tour qui, chose rare, font également appel aux réflexes du joueur. En effet, la fameuse « Judgment Ring » refait son apparition et se révèle une fois de plus garante du dynamisme des combats. Jugez plutôt : chacune des actions entreprises par votre personnage sera soumise à validation via un cadran que parcourt une aiguille et sur lequel sont disposées une ou plusieurs zones (selon le nombre d’action à réaliser). Afin d’accomplir une action, il sera donc nécessaire de stopper l’aiguille sur la zone correspondante. Le principe paraît simple, mais, dans les faits, c’est une autre paire de manche ! En effet, plusieurs actions pouvant être entreprises pour un même tour, la difficulté réside dans les validations successives de chacune d’elle. D’autant que l’aiguille tourne très rapidement et que certaines actions manquées entraîneront l’annulation de toutes les autres. A noter enfin que chaque zone d’action du cadran dispose d’un petit segment final qui, si l’aguille s’y arrête, décuple l’efficacité de l’action lancée. Bref, un système à la fois riche et très technique ! Nous vous laissons en apprécier un premier aperçu avec cette vidéo exclusive des premiers combats du jeu.



La « Stock Gauge » est, elle aussi, un des éléments clefs du système de combat. A mesure qu’un personnage reçoit et porte des coups, celle-ci se remplie (à noter que deux « Stock Gauge » peuvent être cumulées). Une fois chargée au maximum, elle nous permettra de lancer des attaques spéciales, mais aussi, pour le prix d’une jauge, de doubler une attaque. D’autres fonctionnalités sont associées à cette « Stock Gauge » comme, par exemple, la réalisation de combos impliquant plusieurs personnages de l’équipe, ou encore le « Hard Hit » qui permet de réduire la « Stock Gauge » d’un adversaire d’une unité. Quant au système de magie, il n’est pas en reste. Représentées sous formes de gemmes, les magies doivent s’insérer dans des plateaux, chaque emplacement correspondant à un type de magie bien spécifique. Le schéma des emplacements prend la forme d’une constellation, et de nombreux plateaux pourront être récupérer tout au long du jeu et customisés par la suite. Bref, l’attribution des différentes magies devra se faire avec discernement pour obtenir une équipe équilibrée.

Très convaincant en termes de gameplay et d’ambiance, pour peu que l’on soit sensible au ton particulier de cette dernière, Shadow Hearts : From The New World l’est peut-être moins dans sa dimension technique. Graphiquement, le titre accuse les deux années qui le séparent de sa sortie japonaise. La modélisation des personnages, au même titre que les textures, souffre de la concurrence de titres plus récents. Certes, l’ensemble reste tout à fait honnête, mais les joueurs découvrant la série et déjà rassasiés de titres tels que Final Fantasy XII ou Rogue Galaxy pourraient manifester quelques réticences. D’autant que le titre est également desservi par quelques archaïsmes désagréables tels que des murs invisibles particulièrement agaçants lors des passages en ville ou une animation des personnages sans âme. Dernière petite réserve de notre part sur le titre de Nautilus : une localisation inexistante. En effet, From The New World se paie le double luxe de nous arriver avec plus de deux ans de retard et sans la moindre traduction : qu’il s’agisse des textes de menus, des voix ou même des sous-titres, le titre n’a pas évolué depuis son passage outre-Atlantique. Reste qu’avec sa quarantaine d’heures de jeu (en moyenne) et la profondeur de son gameplay, le titre de Nautilus a largement sa place dans votre ludothèque, pour peu que vous soyez un passionné de RPG.



S’il ne révolutionne pas le genre ni même la série dans laquelle il s’inscrit, Shadow Hearts : From The New World n’en demeure pas moins un titre solide et bourré de subtilités. Armé d’un système de combat complet et dynamique, d’innombrables possibilités de personnalisation de son équipe et d’une ambiance loufoque rafraîchissante, le titre de Nautilus convaincra sans mal les amoureux de la série comme les nouveaux venus. Ses quelque lacunes, au premier rang desquelles une technique vieillissante et une localisation inexistante, sont aisément pardonnées par son petit prix (40 euros).




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