Test Richard burns rally (PS2, Xbox) : 5/10 sur JeuxVideo.fr

Après Colin McRae, c’est au tour de Richard Burns, champion du monde de rallye en 2001, de figurer dans le domaine des Jeux Vidéo avec ce nouveau titre signé Warthog et SCI. Les développeurs ont mis en avant des arguments et des propos qui ont enthousiasmé les joueurs à l’idée d’une simulation poussée à bloc. Lors de sa sortie, la question inévitable se posa dans mon esprit : ces promesses ont-elles été tenues ?

"Gauche léger sur droite longue, attention fossé", me préviens mon copilote. Je ralentis, j’enlève mon pied de l’accélérateur, je braque légèrement vers la gauche, en dérapage contrôlé. Tout va bien. J’applique un contre-braquage mesuré afin de rectifier la trajectoire de ma Subaru. Là, j’accélère pour reprendre de la vitesse sur l’extérieur du virage afin de m’engager sur celui de droite. Mais le train arrière glisse à cause de l’accélération et l’Impreza tombe dans le fossé, accompagnée d’un cri de rage venant de ma propre bouche. Oui, vous l’aurez compris, c’est une véritable simulation qui n’est pas forcément destinée à tout public, mais plutôt à une élite de passionnés du genre. Car il faut le dire, un non-initié n’y prendra pas forcément son pied et ce pour diverses raisons que je vais vous expliquer.

Pilote de rallye, ce n’est pas simple. Il n’est pas question de sauter dans une Corolla, démarrer et finir premier ; ici, l’apprentissage, le sang-froid, la persévérance et la motivation remplacent l’adrénaline et la simplicité de l’arcade. Devenir le prochain champion est tout un art.Pour commencer, il vous faut passer des tests de conduite dans une école de pilotage afin de pouvoir participer aux courses internationales. Et croyez-moi, ce n’est pas aussi facile que ça, surtout lors de l’étape finale où vous devrez inscrire un temps au-dessous de celui qui vous est imposé. Rien que pendant la formation, vous aurez déjà perdu pas mal de cheveux à force de vous les tirer dans tous les sens en vous écriant “J’étais à une seconde près !", suivi de vulgarités en tous genres à cause de votre frustration (et ce n’est que le début...). Le joueur se rend vite compte qu’une seule erreur peut coûter très cher si l’envie de se qualifier fait partie de ses intentions. Pour éviter ces erreurs, la meilleure façon de procéder est de se familiariser avec le tracé et le véhicule choisis pour ne pas se manger les éléments du décor tous les dix mètres.En effet, les performances de chaque véhicule diffèrent au niveau de la vitesse, accélération, maniabilité et ainsi de suite ; ces caractéristiques peuvent ensuite être modifiées par une quantité très satisfaisante de réglages que le joueur effectue lui-même. Ceci vous permet d’optimiser l’un des huit bolides de classe A8 proposés (six de base, les deux derniers ne deviennent disponibles qu’après les avoir débloqués) selon la course et vos préférences personnelles (essayez donc des pneus pour asphalte sur une route terreuse et boueuse, conduite spéciale assurée !).36 tracés ça peut paraître un peu léger, mais la diversité des environnements ainsi que la difficulté garderont le joueur en haleine pour un bon bout de temps. Cela dit, l’envie de tout recommencer après avoir achevé la carrière est aussi présente qu’un éléphant rose dans les airs (tu me dis que tu en as vu un hier ? Plus d’alcool que de sang dans ton corps, je vois le genre... De toute façon, tu n’arriveras à rien dans Burns si t'es bourré). Les modes course rapide et course contre Richard Burns (une IA, pas le vrai pilote bien sûr) rallongent de peu la durée de vie car on s’en lasse assez rapidement.

Après avoir progressé et gagné quelques courses, l’on commence à s’habituer à la conduite, et il faut savoir maîtriser tout ce que l’école de pilotage vous enseigne pour avoir une chance de dompter la grande quantité de chevaux sous votre capot ; car ces bêtes sont nerveuses, rapides et capricieuses à souhait. Une fois apprivoisées, par contre, la satisfaction de figurer sur le podium est bien plus marquée et présente que pour les autres titres de rallye, ce qui valorise la jouabilité de simulation du titre bien plus qu’un Colin McRae. La sensation de vitesse est très présente (ce qui n’est pas souvent le cas, la vitesse étant souvent sacrifiée au détriment du réalisme), néanmoins l’on regrettera le manque du nombre de vues différentes proposées (seulement trois), ainsi que la vue cockpit qui manque de détails pour réellement se croire aux commandes de l’engin (tableau de bord, volant, etc.). En parlant de commandes, il est fort recommandé de posséder un volant avec retour de force pour apprécier pleinement la conduite.

Je peux également vous affirmer que Hulk n’est pas seul au monde : le public des rallyes a lui aussi été irradié de toxines (monoxyde de carbone probablement) pour se voir doté d’une force capable de soulever votre véhicule ! Eh oui, une fonction vous permet en effet de faire appel à ces derniers pour vous remettre sur la route après une petite escapade de votre monture dans le fossé. Trois personnes suffisent pour transporter votre véhicule sur plusieurs mètres afin de le remettre sur la route, même s’ils doivent grimper une pente. Que la force soit avec vous au cas où l’envie de faire pareil vous passerait par la tête. Autre moyen de secours plus approprié au réalisme, le sauvetage par hélico, qui remet votre véhicule sur le droit chemin (et il en a dépensé, du carburant, à cause de moi...).

Certains éléments du décor, allant du petit panneau en bois au buisson inoffensif, semblent apparemment être composés de béton armé digne d’un abri anti-atomique. Je vous préviens, car j’ai déjà à plusieurs reprises malencontreusement heurté un buisson d’environ 60cm ou arraché un petit panneau en bois en dérapant, et je vous jure que le résultat est effrayant : direction bousillée, perte de parties de la carrosserie et moteur qui prend feu ne sont que quelques exemples de ce qui peut arriver suite à ces rencontres. Il m’est aussi arrivé de tomber au travers d’une course et de me retrouver dans un néant inquiétant. Ce sont des petites choses occasionnelles du même genre qui poussent le joueur à penser : "Je joue à la bêta, ou bien SCi ont-ils grillé quelques étapes dans le développement (Burns, griller... pas mal le jeu de mots, non ? Pas drôle ? Bon...) ?".

Visuellement, le niveau de détail est, au premier abord, très correct : les arbres tiennent du jamais vu dans un jeu de rallye et les brins d’herbe ajoutent une touche de crédibilité au réalisme des tracés. La météo et les effets de particules, les voitures, les dégâts sur ces dernières... tous ces aspects ont été réalisés avec une attention aux détails particulièrement réussie. Dommage que le reste ne soit pas aussi soigné : les textures et la modélisation des objets restent très médiocres et peu convaincantes, nuisant au reste des visuels pour obtenir un ensemble qui rappelle tous les autres aspects du jeu : un manque de perfection et de finition.Heureusement, la bande son et les effets sonores s’allient à merveille avec l’atmosphère, malgré quelques défauts notables comme le bruit de la friction des pneus sur certaines surfaces ou le bruit du moteur, qui restent à la limite de l’acceptable.

Un mode multijoueur (jusqu’à quatre joueurs) vous est proposé, histoire de se faire défier et frimer, ou de se faire ridiculiser un peu par d’autres joueurs. Il faut garder à l’esprit qu’il s’agit ici d’une simulation et donc si lors de parties les joueurs n’ont pas le même niveau, elles s’avèreront particulièrement ennuyantes. Par contre, si le niveau est égal, les parties peuvent devenir très rapidement endiablées et divertissantes. Lancez-moi un défi, histoire de se mesurer au nouveau champion, Xzonerate McMatt.

Ayant obtenu le titre de WRC en 2001 et battu Colin McRae, Richard ne parvient pas à dominer ce dernier en ce qui concerne le jeu vidéo : décevant, il ne parvient pas à atteindre la place du podium qu’il prétendait pouvoir occuper. La volonté de proposer une merveille sous tous les angles est bel et bien présente, mais malheureusement chacun de ces angles possède un ou plusieurs défauts. Résultat : il se retrouve projeté en dessous de ses concurrents qui figurent eux sur les marches de la gloire. Ne me méprenez pas, il n’est pas mauvais en soi, et même excellent si vous êtes fan de simulation de course ou un mordu du rallye ; néanmoins pour le reste des joueurs, je vous conseille vivement de l’essayer avant l’achat, pour ne pas être déçu par la suite. Il ne reste plus qu’à espérer un deuxième opus qui rectifiera les fautes commises par SCi.