Test Prototype (Xbox 360, PS3) : 6/10 sur JeuxVideo.fr

Jouer au super-héros est un rêve d’enfant pour pas mal de joueurs. Et force est de reconnaître que beaucoup de titres s’y sont cassé les dents. Après nous avoir fait défourailler avec Hulk (et avant de nous faire sautiller avec Spiderman dans un avenir proche), Radical Entertainment tente d’aller encore plus loin avec son Prototype, qui cristallise l’attente des amateurs d’action pure et dure depuis son annonce en août 2007. Passé sous le giron d’Activision après avoir été lâché par Sierra, Prototype se dévoile enfin. Pour le meilleur ?



Alex Mercer en a dans la culotte. À peine réveillé, sur une table d’autopsie dont on ne revient d’habitude pas, le bougre veut déjà les faire payer. Qui ? Il ne sait pas trop (à vrai dire le bonhomme est amnésique), mais la vengeance sera son principal mot d’ordre tout au long de l’histoire. Un mystérieux virus s’est emparé de lui comme de la ville de New York, donnant à notre héros la capacité de survivre aux tirs soutenus des armes à feu, de s’agripper à n’importe quelle paroi et de s’approprier l’identité de n’importe quelle personne. Rien que ça... Les responsables de Blackwatch vont donc payer pour leurs méfaits, et ça va gicler.



Amnésie, infection de la ville, relations familiales, vrais faux plot-twists, Prototype surfe sur les lieux communs du genre action en proposant un scénario assez convenu, mais heureusement très travaillé. Jouant avec le temps (en avant, en arrière) et avec les nouveaux procédés de mise en scène (plan ne dépassant pas une seconde, gros zoom qui tremble), la trame de Prototype se laisse suivre d’un œil distrait, les doublages ayant heureusement bénéficié d’un grand soin. On en demande pas vraiment plus à un pur jeu d'action.



Manhattan, quartier vitrine de la ville de New York, sert donc une fois de plus de bac à sable géant. Abritant militaires, civils et bêtes immondes, la ville a grandement perdu de son côté « glamour ». D’autant qu’Alex Mercer dispose d’une panoplie de pouvoirs à en faire pâlir n’importe quel super-héros coincé dans sa licence inviolable. Fouet, muscles, ciseau tranchant ou encore vision nocturne l’aideront à maculer les murs de sang. Affichant fièrement son 18+, Prototype fait partie de ces jeux qui ne plaisantent pas. D’autant qu’en bon gestionnaire, Alex pourra amortir le pécule de Points d’Expériences amassé pendant les missions, principales (pour faire avancer le scénario) et secondaires (des mini-épreuves), en achetant ou upgradant les nombreux pouvoirs qui s’offrent à lui.

Coups spéciaux ultra-destructeurs, possibilités de sauter plus haut ou planer plus longtemps seront autant d’occasions pour le joueur de prendre un pied assez intense. C’est d’ailleurs là que réside le principal intérêt du jeu. Sauter d’immeuble en immeuble, voler un char ou un hélicoptère, ramasser un bazooka qui traine ou encore balancer une voiture sur les passants, les possibilités sont nombreuses et variées, vous permettant tant bien que mal de répondre aux dizaines d’ennemis qui vous assaillent en même temps. Des humains comme des bêbêtes, Alex Mercer n’est pas très aimé. Le prix à payer pour assouvir sa soif de vengeance, sans doute...

Prototype propose une grosse panoplie de pouvoirs. Ça va saigner !

C’est d’ailleurs à ce niveau que l’un des premiers désagréments se fait sentir. La nervosité de l’ensemble se fait au prix d’une confusion intense, souvent frustrante. Peu aidé par une jouabilité globalement imprécise, et par un système de lock complètement à la rue, Alex se voit également pénalisé par une caméra qui peine à suivre et par des ennemis à l’intelligence plus qu’artificielle. De la chair à canon des premières minutes de jeu, il ne reste rien après quelques heures, de véritables machines de guerre leur emboitant le pas pour notre plus grand désarroi. On pourra recommencer cinq voire dix fois certains passages, la frustration cédant rapidement la place à l’énervement (l’hystérie même, en ce qui me concerne). Car la faute vient rarement du joueur, qui applique tout au long du jeu les mêmes tactiques, avec plus ou moins de succès selon le hasard de la situation. On ne se sent malheureusement pas vraiment maître de notre réussite ou de nos échecs.



Outre l’action à outrance proposée tout au long des 8 heures de jeu que compte le scénario (bien plus pour faire toutes les missions annexes et trouver tous les « collectables »), Prototype distille un léger souffle d’infiltration en permettant à Alex d’assimiler (autrement dit, de prendre l’identité de) n’importe quel personnage à l’écran. Pour se cacher des autorités ou encore pour se balader librement dans une base militaire, il faudra que le joueur assimile tout un tas de personnages plus ou moins liés à l’histoire. C’est ainsi qu’Alex pourra apprendre quelques subtilités comme la conduite d’hélicoptère ou de char d’assaut, allant même jusqu’à ordonner une frappe aérienne en cas de besoin. Pas révolutionnaire, mais suffisamment bien utilisé pour que cette possibilité s'avère tout à fait sympathique.



La grande variété du gameplay ne se traduit malheureusement pas forcément dans le jeu, les missions finissant toujours par se ressembler. Aller d’un point A à un point B, détruire un élément, tuer quelqu'un, escorter un véhicule... Prototype ne propose rien que du très classique à ce niveau. On finira d’ailleurs par se lasser des allers-retours dans le grand quartier qui s’offre à nous. La relative lenteur de notre héros (ou son imprécision) couvre en effet presque entièrement les bonnes sensations (le vertige, notamment) ressenties au début. Dommage, le rythme global plutôt élevé de l'aventure contribuait à nous immerger un peu plus dans cette histoire de virus.



Prototype aurait néanmoins pu être un bon jeu s’il avait proposé une réalisation à la hauteur des standards actuels. La ville est certes vaste, un bon nombre d’éléments (voitures, piétons, militaires, éléments de décor destructibles) étant qui plus est affichés en même temps, mais difficile de passer outre la pauvreté dramatique des textures. L’animation du héros reste correcte, mais le reste souffre des gros errements techniques du jeu ou des quelques erreurs de design, au choix.

Qu'il s'agisse du design ou de la technique pure, Prototype pêche visuellement

Les monstres et les immeubles sont à ce titre particulièrement laids. Radical a néanmoins eu le bon goût de masquer les quelques baisses de frame rate par des ralentis plus ou moins à propos, mais permettant au moins au joueur de ne pas perdre le fil de l’action. Globalement terne, Prototype déçoit par sa réalisation bâclée, loin des ténors du monde ouvert que sont GTA IV et Assassin’s Creed. Les nombreux effets de lumière et autres explosions, forts réussis, viennent heureusement baisser un peu la facture, qui promettait jusque-là d’être salée.



Très jouissif, le gameplay de Prototype n’en reste pas moins brouillon dans l’ensemble. Les errements graphiques et la relative répétitivité de l’action, même si elle est inhérente au genre, n’aident pas le titre d’Activision à s’imposer comme la référence tant attendue des jeux de super-héros sur console. Malgré tout, la variété des possibilités de jeu et les très bonnes sensations ressenties par moment pourront convaincre les férus de monde ouvert qui n’ont pas peur de lutter pour survivre. Un titre éminemment ambigu, donc difficile à évaluer.