Test Dead Head Fred (PSP) : 6/10 sur JeuxVideo.fr

Alors que de nombreux blockbusters se pressent en masses dans les étalages des boutiquiers, quêtant la faveur de votre porte monnaie traditionnellement ouvert en cette période de l’année, d’autres jeux se fraient un chemin vers la lumière, peut être plus discrètement, sans un support marketing clinquant. Quand il s’agit d’un titre complètement original, loufoque à souhait et vendu à petit prix, difficile de ne pas assouvir notre éternelle curiosité vidéoludique. L’arrivée de sang neuf, de nouvelles têtes noyées au milieu des sempiternels Mario, Lara Croft et autres Master Chief constitue en soi une excellente chose. Alors, quand un jeu propose non pas une, mais une dizaine de ces têtes, la balance penche déjà du bon côté. Intéressons nous de plus prêt à ce rafraichissant Dead Head Fred sur Playstation Portable.



La victime du jour se nomme Fred Neuman, détective privé de son état. Le malheureux se réveille sur une table d’opération sordide, la tête en vrac, semblant souffrir de graves troubles de la mémoire suite à ce qui ressemble à une boucherie médicale en bonne et due forme. Un docteur farfelu lui explique en quelques mots les dernières heures de sa vie, avant cette fameuse opération. Fred est donc détective privé, et s’intéressait il y a peu aux affaires louches du parrain de la mafia locale, lorgnant vers le nucléaire, secteur autant lucratif que dangereux. L’énergumène, nommée Ulysse S. Pitt, n’a pas l’habitude de faire dans la dentelle avec les inconscients qui se mettent en travers de sa route. Collectionneur dans l’âme, sa coutume personnelle est de ne garder que les têtes de ses victimes après les avoir gentiment trucidées. Fred est sa dernière proie en date, et ne doit son salut qu’à l’intervention du docteur mentionné précédemment. Mais, car il y a un mais, un léger détail entache cette soudaine résurrection : Fred n’a plus de tête. En fait, il n'a pour faciès qu'un bocal crasseux contenant son cerveau et ses deux yeux. Passé le choc de son nouveau look, Fred doit faire vite. Pitt et ses acolytes n’apprécieraient certainement pas de le voir respirer l’air pur du manoir putride dans lequel il se trouve, et les voilà justement qui arrivent...

Sur cette introduction un poil tordue, l’aventure commence. Je dis bien l’aventure, car même si une grande partie du gameplay est constituée par des combats majoritairement au corps à corps, le jeu se présente un peu comme un Zelda dans sa structure. Une quête principale dans sept environnements variés peuplés d’une faune toujours plus cinglée, des énigmes aussi barrées que le reste, des quêtes annexes et autres mini-jeux pour varier un peu l’action assurent un contenu à la hauteur des standards du genre. Ces éléments du jeu sont tous basés sur la principale originalité du soft, à savoir la possibilité pour Fred de changer de tête à loisir. Chaque tête, qu’il faudra préalablement durement obtenir, possède ses caractéristiques et ses avantages. Que ce soit pour les énigmes, les combats ou encore les déplacements, il faudra sélectionner intelligemment la bonne caboche pour avancer. Au nombre de 9, elles auront toutes leur utilité à un moment ou à un autre, privilégiant la vitesse, la force, la beauté… Chacune de ces têtes possède deux possibilités de customisation, et il va falloir trouver les quelques vers de terre dorés pour pouvoir en profiter. La présence de nombreux objets hétéroclites à combiner (os, bourriquet empaillé, fausses dents) ou tout simplement à vendre contribue aussi à crédibiliser cet univers complètement décalé, hors des sentiers maintes fois battus et rebattus de la science fiction futuriste ou de l’heroic-fantasy.





Puisqu’on parle de look, qu’en est-il de celui de Dead Head Fred ? Difficile d’être très précis, mais les graphismes oscillent entre le pas terrible et le complètement laid. Les environnements sont assez vides, les textures et autres objets très grossiers, l’aliasing venant finir le travail. Le manque de moyens des développeurs, qu’ils soient humains, temporels ou financiers, gâche un peu l’ambiance proposée par le titre de Vicious Cycle. La copie n’est pas complètement noire cependant. Les animations de Fred, différentes selon la tête qui est vissée sur ses épaules, sont variées et surtout assez soignées. La modélisation des nombreux personnages qui peuplent les environnements tient bien la route sans faire d’étincelles pour autant, alors que les ennemis de base n’ont pas exactement bénéficiés du même soin. C’est dommage, mais pas dommageable, car après quelques dizaines de minutes d’entrainement, les méchants ne feront pas long feu et ne résisteront pas aux attaques de Fred si celui-ci porte la tête appropriée. La jouabilité, si on si habitue tant bien que mal, n’est pas un modèle du genre. Si le stick de la PSP se veut assez souple et bien calibré dans le jeu, la caméra capricieuse jouera régulièrement avec vos nerfs, surtout lors des passages de plateformes. Il est alors nécessaire de sans cesse la replacer derrière Fred à l’aide de la flèche directionnelle « bas », ce qui impose un temps d’arrêt préjudiciable au rythme du jeu. Ce rythme est d’autant plus lent que les temps de chargement sont d’une sacrée longueur et surtout beaucoup trop fréquents. Mieux vaut ne pas se tromper de lieu, auquel cas il faudra passer de longues minutes pour retrouver le droit chemin. Heureusement, les bouches d’égout disposées un peu partout permettent de passer « rapidement » à l’endroit voulu, sans avoir nécessairement à traverser des environnements non désirés.

La bande son de Dead Head Fred est d’une assez bonne qualité dans l’ensemble, avec des musiques pas inoubliables mais adaptées à l’univers et au style du jeu. Trop peu nombreuses, elles pourront devenir un tantinet envahissantes, et l’envie irrépressible de baisser le volume se fera assez inévitablement ressentir. Les voix, entièrement en anglais et sous titrées en français, sont très réussies. Les acteurs ont fait un excellent travail à ce niveau, et il serait vraiment dommage de passer à côté de ces dialogues, tant ils sont gorgés de clins d’œil et de loufoqueries à caractère graveleux, crades ou bien tout simplement complètement insensés. La traduction, si elle respecte globalement les phrases énoncées, fera rater au non anglophone la majorité des jeux de mots, farces et autres calembours, ce qui s’avère assez préjudiciable pour l’expérience globale de jeu, grandement dépendante de cette mise en scène filmographique. La durée de vie est très correcte car il faudra du temps à Fred pour retrouver sa vraie tête, et sa route sera émaillée de nombreuses rencontres, embuches et énigmes. Evidemment, ce déluge de gros mots, de gerbes de sang et ces allusions graveleuses à un prix. Pas question d’argent ici, puisque celui-ci est modique, mais de public cible. La boîte est estampillée 18+, et c’est largement compréhensible vu le contenu proposé. Dead Head Fred n'est clairement pas à mettre entre toutes les mains. Il risque de décevoir les inconditionnels de Zelda ou encore de Tomb Raider, tant l'écart d'ambition entre ces titres prestigieux et celui-ci est grand. Sans prétention, le jeu fait mouche grâce à son ambiance et ses innovations propres à l'univers proposé. Vivement le prochain projet du studio, peut-être une simulation de topinambour en milieu autoroutier ou les rites cannibales des mantes religieuses. On leur fait confiance pour trouver encore plus déjanté.



Graphiquement limité, le jeu redresse la barre technique grâce aux animations de Fred, à la variété des environnements proposés et la qualité de son doublage sonore. L’univers on ne peut plus décalé rappelle immanquablement certains piliers du 7ème art horrifique, et les références cinématographiques et littéraires se multiplient tout au long de l'aventure. Outre son 18+ arboré en façade, ce jeu ne s’adresse clairement pas à tout le monde. Si l’humour noir à tendance masochiste vous attire et que les graphismes DS-like couplés à une jouabilité peu évidente ne vous font pas peur, alors ce jeu est pour vous. Amateurs de sensations fortes, vous ne vivez que pour le tuning, les headshots à répétition ou encore Didier Deschamps, passez votre chemin.



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