Test Conan (Nintendo, GameCube, Xbox, PS2) : 0/10 sur JeuxVideo.fr

Entre nos sempiternelles recherches vidéoludiques, tous nous demandons où peut bien s´éclipser notre cher Elia, amateur de catch et de rock, dès que la brise vient ? Après moult recherche parsemée d´embûche dans les méandres et brumes du Parc de la Tête d´Or, nous avons découvert le responsable de ce kidnapping : Conan, adaptation du roman de Robert. E Howard, qui a trouvé en notre équipier un sosie de choix.

Après de nombreuses batailles où il combattit les forces des ténèbres au nom du peule opprimé de l'Hyborée, Conan le barbare choisit de goûter au traditionnel repos du guerrier et prit le chemin du village natal où l'attendaient la plupart des ses compagnons. En chemin, il croise au détour d'une rivière un groupe de cavaliers, sortes de chevaliers de l'Apocalypse tout droit sortis du roman de Tolkien : un autre défi pour le barbare ? Que nenni ! Tout ce beau monde ne fait même pas attention à la musculature graissée à la chair de phoque de notre héros qui passe pour une fois totalement inaperçu aux yeux de ces voyageurs.Au lieu de se poser des questions sur une éventuelle baisse de sa cote de popularité, Conan eut soudain un mauvais pressentiment. Il bondit de ce pas sur son destrier et fonça en direction de son village. Ses doutes avaient bel et bien une raison : quand il arriva au pied du porche, il ne trouva en ces lieux, jadis recouverts d'un beau manteau de verdure printanière, qu'une étendue de braises fumantes et ses amis passés à la moulinette.Il trouva notamment son oncle encastré sur la porte de sa hutte, tel Jésus crucifié sur sa croix, perdant son sang et commençant à perdre la raison. Après l'avoir libéré, Conan pris connaissance de la félonie perpétrée par les cavaliers croisés auparavant : parce qu'il ne leur a pas été fait don d'un voyageur, détenteur d'un miroir magique, qui était de passage dans le village, ces derniers n'ont pas trouvé mieux que de raser chaque parcelle de terrain et de s'adonner à leur passe temps favori : l'extermination.En s'attaquant à sa chair, ces vils manants ont déclenché chez le cimmérien un danger plus grand encore que la lame de son épée : la colère. Après avoir enterré toute sa famille, Conan prit la direction des cavaliers en jurant que pas un d'entre eux ne survivrait.

Au beau milieu des ruines encore fumantes du village de votre enfance, au cœur de la montagne de glace où le ver géant règne en despote ou dans les dédales truffés de pièges obscurs du labyrinthe des fantômes, tous les recoins de l'Hyborée s'ouvrent devant vous. Faites cependant bien attention à ne pas vous faire charmer, tel le mulot devant un serpent, car sa morsure risque de trouer votre besace.Même s'il ne faut pas oublier un rendu de l'eau ma fois très agréable et l'apparition de stigmates sur le cimmérien, marques indélébiles gracieusement offertes par nos adversaires, on ne peut que déplorer un manque flagrant de variété et de richesse architecturale des décors. Les textures ont un gros penchant pour les toiles de Picasso, tant l'aspect cubique de chaque élément fait acte de présence.Ne vous fiez pas non plus à l'impression de liberté que pourraient dégager ces vastes contrés rongées par l'amertume, des barrières invisibles venant vous rappeler les limites de vos pérégrinations. L'interaction est présente, c'est une certitude, mais passer son temps à couper des fagots et réduire des stalagmites en flocons va rapidement irriter les plus patients d'entre vous.En ce qui concerne la modélisation des personnages, cela varie du potable au pitoyable. Conan est bien évidemment le personnage le plus charismatique du titre, véritable force de la nature calfeutrée sous une peau de bête en guise de caleçon et qui n'a pas son pareil pour pourfendre ses ennemis, muni entre autres de son glaive. On aurait cependant apprécié un effort au niveau du réalisme, des visages assez livides masquant un trou noir du côté artistique. Les autres intermittents du spectacle sont en revanche complètement passés à la moulinette, de véritables "Playmobil" bourrés de pixels et peints par des élèves de maternelle. L'intelligence artificielle est particulièrement mal dosée, les plus puissants étant ceux munis d'armes de poings.Partagées entre des planches à dessin et des séquences utilisant le moteur graphique du jeu, les scènes cinématiques procurent une sensation de malaise, comme s'il manquait un soupçon d'originalité et de technique "tape à l'œil". Aucune scène en images de synthèse n'est à l'ordre du jour.

On peut comparer les développeurs de Conan à la grenouille d'une célèbre fable de La Fontaine : à trop vouloir embellir leur titre de subtiles mélanges de technicité ainsi que d'un nombre appréciable de possibilités, ces messieurs ont trop voulu ressembler à certains gros bœufs de la catégorie poids lourd.Vous vous demandez pourquoi un excès de mélancolie envahit tout d'un coup mon breuvage vidéoludique ? Et bien à cause de l'énorme gâchis qu'est cet opus fort alléchant mais vite écœurant. Ce Conan avait pourtant tout pour plaire, à commencer par une palette de mouvements très impressionnante, des attaques aux empalements en passant par plusieurs sorts de régénération. L'ensemble de ces techniques se débloque au fur et à mesure de votre avancée, l'esprit des ennemis vaincus servant, à l'instar d'Onimusha, à acheter de nouvelles compétences à prix d'or. Les armes du barbare sont également au rendez vous, notamment un gourdin capable de raser les poils et les boyaux de votre adversaire et une épée légendaire divisée en plusieurs fragments disséminés çà et là. Le changement de cure-dent et l'accession à une carte bien explicite facilite d'autant plus votre succès au sein de cette histoire.Mais là où le bât blesse, c'est dans le soin apporté à l'ergonomie, à la limite de la catastrophe nucléaire. Sans tergiverser, les mouvements du cimmérien sont aussi rigides qu'une tourte au fromage de Maïté (l'excès d'Emmental rendant sa démarche lourde et imprécise) [NDLR : merci Ryu pour ce pur moment de bonheur], des sauts catastrophiques et une gestion trop capricieuse de la caméra venant aussi ternir ce sombre tableau. De plus, même avec tous les mouvements que l'on acquerra à la sueur de nos pouces, on en viendra rapidement à effectuer le même geste ad vitam eternam sans rencontrer de réelles résistances adverses.Malgré un bon travail sur les musiques et le bruitage, les commentaires français sont dignes d'une comédie de Louis de Funès et dénaturent complément les scènes où les larmes doivent couler le long de nos joues. On constate également un gros décalage entre l'expression du narrateur et le mouvement exercé par les lèvres du barbare.

La présence de notre beau brun ténébreux n´aura donc pas suffi à sauver ce titre du naufrage annoncé. C´est vraiment dommage car ce Conan avait de bonnes dispositions pour attirer des joueurs avides de nouveauté, mais une jouabilité approximative et des graphismes indignes de la Xbox plongent le bébé de TDK aux oubliettes. Elia n´a ainsi plus le choix et devra reprendre ses études de DESS coiffure.