Test de Assassin’s Creed 4 - Black Flag : retour sur les versions Xbox One / PS4
Avec Assassin's Creed 4 : Black Flag, Ubisoft est passé à la vitesse supérieure, permettant ainsi à la saga d’entrer dans l’ère de la maturité.
Dans cette guerre sans fin entre assassins de l’ombre à la foi aveugle et bons vivants m’as-tu-vu, Ubisoft a fait son choix, et nous livre avec ce quatrième épisode d’Assassin’s Creed sa vision de la piraterie. Une piraterie flamboyante, un brin trop proprette peut-être, mais qui remplit diablement bien son office. Car après un troisième épisode certes bon, mais à la fin plus que bâclée, le choix d’Ubi d’installer son nouvel épisode à quelques encablures historiques de son prédécesseur n’a pas manqué de provoquer le doute, y compris chez les fervents adeptes de la franchise. Des doutes qui, rassurez-vous, ne manqueront pas de s’envoler une fois le jeu lancé.
Vidéo-Test de Assassin's Creed 4 : Black Flag
Concernant l’histoire d’Edward, et sans trop en dévoiler, sachez que vous aurez de quoi faire. Propulsé au début de la dernière grande ère de la piraterie, vous pourrez revivre quelques-uns des événements les plus marquants de cette période, tout en côtoyant des individus une fois encore fidèlement rendus. Propulsé au début des années 1700, Edward Kenway, ancien corsaire passé du côté des pirates va ainsi fréquenter les hautes autorités de son époque. Du gouverneur de La Havane aux pontes de la République des Pirates comme le célèbre Barbe Noire, il évoluera ainsi entre templiers et assassins, menant surtout sa barque pour son intérêt. Petite et grande histoire se mêlent alors pour former un récit prenant, passionnant, et surtout, bien moins manichéen que celui des précédents opus grâce au personnage d’Edward. Les missions du mode histoire s’enchaînent ainsi à la perfection, sans lassitude et c’est avec plaisir que l’on découvre l’implication d’Edward dans les grands évènements de son époque, du siège de Nassau au blocus de George’s Town. Contrairement à Assassin’s Creed 3, les missions de Black Flag prennent leur temps, et évitent aisément l’écueil du rush. Les missions se font plus longues, plus lentes, et privilégient la réflexion à l’action pure et simple. L’impression de cloisonnement est aussi beaucoup moins présente, et même si l’on retrouve encore par moments des séquences entièrement scriptées, c’est pour la bonne cause, le potentiel épique de tels événements prenant le pas sur le reste. Encore une fois, Ubisoft nous livre une copie de qualité, et c’est sans anicroche que la guerre entre Templiers et Assassins vient s’inscrire dans ce contexte historique fort. Bien évidemment, il sera possible de trouver çà et là quelques libertés prises avec l’Histoire, mais dans l’ensemble, et à moins d’être un spécialiste en la matière, on ne boudera pas son plaisir.
Afin de ne pas rompre la tradition, Ubisoft a conservé le découpage habituel d’un assassin, entre séquences dans le présent et exploration des mémoires génétiques. Si ces dernières constituent, comme nous venons de le voir, le cœur du jeu, les premières atteignent un tout autre niveau avec ce quatrième épisode et sont loin d’être aussi insipides que par le passé. Installé au cœur d’Abstergo Entertainment, il vous sera possible d’évoluer au sein des bureaux, de côtoyer les autres employés, et surtout, de découvrir au fil du temps tout un tas d’éléments venant enrichir l’histoire d’Assassin’s Creed. Véritable copie carbone d’Ubisoft, cette société fictive nous donne aussi un aperçu du processus créatif menant à la naissance d’un titre comme Assassin. Si l’on prend la peine de farfouiller un poil, il sera possible de découvrir tout un tas de clins d’œil, références et autres piques lancées au joueur. On notera par exemple les différents documents se référant aux possibles localisations pour les « jeux » Abstergo Entertainment, ou encore les petites références glissées çà et là à une autre grande licence de chez Ubisoft. De quoi donner à ces séquences une saveur qui manquait à leurs homologues du troisième épisode. Mais ces séquences sont avant tout là pour réintroduire une partie puzzle qui faisait cruellement défaut depuis la disparition du sujet 16. Il sera en effet possible, dès la première séquence, de pirater les ordinateurs de ses petits collègues. Afin d’accéder à tous leurs petits secrets, il faudra réaliser différents types de piratage relevant à la fois du casse-tête et de l’adresse. Fort divertissantes, ces sessions sont aussi l’occasion de découvrir tout un tas de documents complémentaires venant enrichir le background du jeu. Un véritable plaisir pour les amateurs de la base de données du jeu.
Insert Disk #44 - Assassin's Creed 4 : Black Flag, à ...
C’est avec un grand plaisir que l’on navigue sur les océans, bercé par le chant des marins à la manœuvre afin de découvrir un nouveau lieu, ou que l’on affronte les affres de la tempête, au risque de perdre des membres d’équipages. Ces séquences intervenant en pleine mer sont d’ailleurs l’occasion de remarquer l’excellent travail réalisé sur la météo. C’est avec tout autant de plaisir que l’on débarque pour explorer les différentes villes présentes sur la carte, chacune ayant sa propre ambiance. De La Havane à Kingston en passant par Nassau, la reconstitution est saisissante, et fort crédible. On notera aussi la grande réussite de Tulum, le repaire des assassins, une zone luxuriante mêlant jungle et ruines précolombiennes. Cette mosaïque de lieux à visiter, comportant tout autant d’activités, est indéniablement la plus grande richesse de cet Assassin’s Creed IV, dans la mesure où cela donne l’occasion au joueur de vivre son aventure comme il l’entend, à son rythme, là où dans les précédents épisodes, les séquences avaient tendance à s’enchaîner de manière haletante. Un bon point pour Ubisoft donc, qui a enfin réussi à faire entrer sa franchise dans l’ère de la maturité.
Mais la grande gagnante au petit jeu des améliorations reste sans conteste la partie navale. De simple accessoire dans le troisième épisode, elle gagne ici une importance cruciale. Lors de l’annonce du jeu, et bien souvent par la suite, les développeurs avaient qualifié le Jackdaw, le navire d’Edward, de second personnage du jeu. Et bien, c’est effectivement le cas. Car pour survivre dans les eaux impitoyables des Caraïbes, il ne faudra pas faire n’importe quoi, ni négliger les améliorations de son embarcation. Canons plus puissants, coque renforcée et autres boulets explosifs seront nécessaires pour ne pas aller nourrir les poissons. C’est donc patiemment qu’il faudra collecter les denrées nécessaires à chacune des améliorations, en attaquant les navires croisant dans les environs, ou en attaquant les plantations pour en piller les entrepôts. Gare cependant à ne pas avoir les yeux plus gros que le ventre, et à bien arbitrer le rapport entre le gain potentiel du navire attaqué et sa dangerosité, sous peine de passer un très sale quart d’heure. Toujours est-il que ces phases navales ont grandement gagné au change en devenant beaucoup plus attrayantes. Le Jackdaw se manœuvre ainsi au doigt et à l’œil, avec une fluidité rare. Cette impression de fluidité est d’ailleurs ce qui domine lorsque l’on navigue, puisqu’il est désormais possible de quitter son bateau à tout moment, que ce soit pour aller explorer un îlot aperçu au loin, que lors des phases d’abordage. Si nous ne nous étendons pas plus que cela sur ces événements, sachez que vous aurez différents objectifs à remplir avant d’en prendre le contrôle, en fonction de la catégorie du navire abordé (Brick, Frégate, Man’O War). Une variété bienvenue qui donne un peu de piquant à la chose.
Tant qu’à parler des améliorations, évoquons à présent le mode multijoueur. Là encore, les habitués de la franchise seront en terrain connu. Les modes de jeu ayant fait son succès sont encore présents, et c’est avec plaisir que l’on retrouvera la chasse à l’homme, la capture d’artefact (dans une version un poil plus nerveuse) et la bonne vieille capture de zone. Là où les choses changent en revanche, c’est du côté du Wolfpack. Ce dernier se dote en effet d’une petite histoire pour se transformer en mini-campagne fort sympathique à jouer. Pour le reste, on retrouve l’habituel gain d’expérience, l’achat d’améliorations et autres compétences grâce aux deniers remportés en jeu (ou en mettant la main au portefeuille). Un complément solide au jeu solo en somme, qui permettra de décompresser entre deux missions.
Profitons de l’occasion, avant de conclure, pour glisser un mot sur le côté technique de cet Assassin’s Creed IV. Clairement, le jeu souffre d’un moteur certes solide, mais à bout de souffle. Si les animations restent encore impressionnantes et d’une grande fluidité, on restera beaucoup plus sceptique quant à la capacité du jeu à afficher les détails lointains. À de nombreuses reprises, des éléments apparaissent au dernier moment, alors même que l’on arrive dessus. Si cela n’est pas extrêmement grave lorsqu’il s’agit de plantes, cela pose beaucoup plus de problèmes lorsque l’on a affaire à une patrouille ennemie. Si l’on peut aussi remarquer, parfois, quelques ralentissements, il faudra noter que ces derniers n’interviennent que lorsque Edward se retrouve dans les lieux-dits majeurs de l’histoire, comme La Havane, Nassau ou Kingston. Ces derniers, séparés du reste du monde par quelques temps de chargements un peu longuets mais raisonnables, proposent une activité fourmillante, avec de nombreux personnages animés. La cause sans aucun doute des dits ralentissements. Pour être tout à fait honnête, il faut cependant signaler que le reste du monde, que l’on peut aisément parcourir sans aucun temps de chargement cette fois-ci, semble paradoxalement moins souffrir de ce problème. Côté audio, cet Assassin’s Creed IV s’en tire avec les honneurs. Les doublages sont très réussis, et l’ambiance changeante des villes tout comme les chants de marins dès lors que l’on se met à naviguer est foutrement réussie.
Il en va de même pour les textures qui brillent parfois par leur qualité, mais aussi et surtout par leur inégalité de traitement. Ainsi, les personnages, les éléments de décor clairement destinés pour être au premier plan profitent de détails bien plus nombreux que sur PS3 / Xbox 360, mais d'autres matières (terre, herbes...) ont été délaissées. Les possesseurs de cartes graphiques un tant soit peu récentes profiteront tout de même de nombreuses améliorations techniques : filtrages à gogo, éclairages plus aboutis et gestion plus agréable de l'eau, de la pluie... Il est bon de noter qu'estampillé the way it's meant to be played, le jeu prend en charge la technologie stéréoscopique 3D Vision : l'effet de profondeur est alors bien rendu (notamment en ville), mais on doit faire avec quelques ombres un peu buggées. Il n'y a en revanche pas de problème technique à signaler sur cette version PC qui n'a pas entraîné le moindre souci au lancement ou le moindre retour Windows lors de nos essais. La prise en charge du couple clavier / souris ne pose pas plus de problème, même s'il est bien sûr toujours possible de jouer à la manette. Signalons tout de même un relatif manque d'optimisation : si les progrès sont notables depuis le précédent opus, on se demande tout de même ce qui à l'écran justifie une telle configuration. Au final, Assassin's Creed 4 Black Flag sur PC est un net cran au-dessus de ce que propose le jeu sur PS3 / Xbox 360, mais on se prend à rêver d'un moteur graphique / physique plus ambitieux.
Surtout sensible dans les zones de nature (dont les textures de roche, de bois et de végétal, semblent moins convaincantes que les textures utilisées pour les façades urbaines), cet aspect "fouillis de texture" peut presque finir par gêner le regard, et n'est pas, à notre sens, synonyme de progrès next-gen. Ailleurs (en ville, sur l'eau), les nouveaux filtres, effets de lumière plus poussés et réhaussage de la résolution marquent un amélioration plus sensible et agréable à l'oeil. De là à dire que ces versions next-gen sont indispensables pour les possesseurs du jeu sur 360/PS3, il y a un pas que l'on se gardera de franchir. Les autres profiteront d'une version légèrement supérieure en tous points (y compris en terme de fluidité)... tout comme sur PC.
Test PC réalisé sur une machine à base de Core i7 3,6 GHz, 18 Go de mémoire vive et GeForce GTX 680. Le jeu semble à son aise à partir d'un processeur double-cœur 3,6 GHz, épaulé par 4 Go de mémoire vive et une GeForce GTX 260.
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