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Publiée le 06/06/2013 à 15:06, par Daniel

Japan Game Center n°9 : Puzzle & Dragons, le jeu mobile le plus populaire de tous les temps au Japon

C'est le jeu phénomène au Japon, tout le monde en parle, tout le monde y joue, que s'est-il passé pour que des millions succombent à un simple jeu smartphone ?

"PazuDora", c'est le petit surnom que les joueurs ont donné à "Puzzle & Dragon", le plus gros carton de tous les temps sur smartphone au Japon. 14 millions de joueurs, soit un dixième du pays, qui sont hypnotisés par ce mélange habile de puzzle et de RPG. Comme avant lui Dragon Quest, Street Fighter, Pokémon et Monster Hunter, le succès de "PazuDora" est devenu un phénomène de société. Et pour l'instant, pas un signe d'affaiblissement à l'horizon.

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Des dossiers spéciaux dans les journaux, des partenariats commerciaux à faire pâlir de jalousie le moindre Pokémon X ou Y, un modèle économique "freemium" imparable, tout cela ne serait rien sans un jeu accrocheur. Derrière ce petit miracle composé de monstres fantastiques aux couleurs élémentaires, on trouve Daisuke Yamamoto, un jeune producteur (ancien de Hudson) qui a rejoint récemment les rangs de GungHo Online Entertainement. GungHo a de l'argent : son PDG n'est autre que Taizo Son, le frère de Masayoshi Son le président de Softmap et un des hommes les plus riches du Japon.

Le hit de leur catalogue n'était jusqu'à présent "que" la série des Ragnarok dont GungHo a d'abord hébergé les serveurs puis en rachetant et absorbant tout ce qui bouge autour de ce qui est devenu son MMORPG. Le succès aidant, GungHo a dévoré de nombreuses sociétés dont Acquire et Game Arts. Plus récemment, ils se sont fait plaisir en s'offrant Grasshopper Manufacture, la boite de Suda51 (No More Heroes). Facile, la vie, quand on a de l'argent. Et donc le succès, grâce à "PazuDora".


Pour Puzzle & Dragon, Daisuke Yamamoto a eu l'idée de créer un RPG qui se jouerait en très peu de temps, juste de quoi se faire une partie de quelques minutes dans le métro ou pendant la pause déjeuner. Et quoi de plus intense, rapide et radical qu'un puzzle game... Et puis les mélanges de genres sont monnaie courante au Japon. PazuDora, c'est avant tout des billes de couleurs que l'on regroupe par 3 et plus pour les faire disparaître, en espérant faire un maximum de combos. Le "twist", c'est qu'en gardant son doigt appuyé sur une bille et en la baladant sur la petite grille de jeu, on bouscule les autres billes pour déclencher des réactions en chaîne massives. Avec de bons enchaînements, on finit par atomiser la barre de vie des adversaires avec à la clef d'autres donjons et surtout d'autres monstres.

"It prints money !"Retour au sommaire
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Des monstres et des RPG, vous voyez évidemment où je veux en venir. On collectionne les monstres de "PazuDora" comme d'autres les Pokémon. Le but sera de se constituer un deck assez puissant et adéquat pour tuer des ennemis élémentaires traditionnels. On ne les gardera pas longtemps car il faut obligatoirement passer par la case "craft", les mélanger entre eux, pour en obtenir de plus puissants encore. N'importe quel monstre récolté peut être transformé en une poignée de XP. Il faudra faire des choix, d'autant que l'espace de stockage est limité. Sauf si on paye.

Tout se paye avec des cristaux rarement gagnés au combat. La facilité, c'est de se lâcher et dépenser son vrai argent... Car "PazuDora" a beau être un Freemium, il propose toute une série d'options payantes qui régalent le banquier de GungHo en ce moment. Il y a notamment un "Gacha", une loterie où l'on pourra gagner des "kinder surprise" renfermant des monstres rares. Avec quelques cristaux en stock, on peut se faire très vite fait un deck bien costaud et équilibré. Ces cristaux servent aussi à rejouer : une fois sa barre d'endurance tombée à zéro, impossible de s'aventurer dans un nouveau donjon. Il est tout à fait possible de jouer sans rien payer et rentrer dans la spirale. La seule chose qu'apporte l'argent, c'est la même chose que dans la vie : le confort.

"Les collabos"Retour au sommaire
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J'ai résisté à la pulsion de manière plutôt honorable... jusqu'à ce que GungHo annonce un partenariat avec Evangelion, le plus célèbre animé des années 90, devenu récemment une série de blockbusters ésotériques au cinéma. Là, à moins d'avoir un gros stock de cristaux sortis de je ne sais où, il faut passer à la caisse. Et tous les éditeurs se bousculent au portillon pour être de la fête. Qu'on soit Ragnarok Online, un jeu d'aventure lambda, la mascotte de Famitsu ou Square Enix et ses chocobos, ils sont tous passés faire un coucou dans "PazuDora". C'est ce qu'on appelle au Japon des « Collabos ». Je sais, c'est laid comme mot en français mais c'est comme ça qu'on désigne les échanges de bon procédé et de visibilité avec d'autres éditeurs.

Puzzle & Dragons les met en tête de gondoles et libre au joueur d'aller s'aventurer (gratuitement) dans ses donjons temporaires ou d'en récupérer quelques monstres rares (en payant). Et si tu loupes, tant pis pour toi. GungHo a mis aussi en place toute une flopée de donjons éphémères qui reviennent à des heures et des jours précis. Le jeu devient alors un vrai mode de vie et quand j'en ai le temps, je regarde les nombreuses vidéos de pros pour avoir la possibilité de devenir meilleur. Un coup d'œil sur mon iPhone, ma prochaine partie aura lieu dans 10 minutes. J'en peux déjà plus d'attendre !

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Comment Puzzle & Dragons pourrait-il encore grossir ? Tout d'abord, on aimerait bien le voir en France ! Sans rire, ça serait sympa, les gars. Pour l'instant, pas de réponse pour l'Europe. Malheureusement, les stores étant généralement verrouillés (dans le cas d'Apple en tout cas), il faut pour l'instant bidouiller comme je le fais pour s'y adonner. PazuDora est également sorti aux USA mais ne rencontre pas encore de gros succès, sans doute par manque de promotion.

Déjà disponible sur iOS, Android et Kindle Fire, "PazuDora" se prépare à débarquer à la fin de l'année sur 3DS dans une version "Z", modifiée pour la console portable. Orientée "Kids" et Streetpass, elle sera moins encline à recourir aux promos et aux contenus téléchargeables. Le problème d'addiction commence à être pris très au sérieux et une update préventive rappelle aux mineurs de ne pas y cramer plus de 150 € par mois. Une société "développée" se reconnait aussi à la surabondance de ses messages de prévention.


Un jeu parfaitement conçu ne fait pas tout, c'est vraiment la pub et ces fameuses collaborations qui ont mis PazuDora sur la route du succès. Les premiers spots TV sont arrivés juste après la sortie de la version Android, alors que PazuDora fêtait son deux millionième joueur. En août 2002, il a reçu le prix du Game Design aux CEDEC Awards et depuis ce moment-là, les médias de masse n'ont plus lâché le phénomène. En 2013, il a reçu un double Famitsu Award, une consécration pour un jeu smartphone.

Tous les clones qui pullulent déjà ne peuvent rien contre le rouleau-compresseur. En réussissant à créer un phénomène, GungHo a décuplé sa valeur boursière, faisant de Taizo Son un milliardaire. Mis à jour régulièrement (on en est à la version 5.2), Puzzle & Dragons, surnommé « l'Angry Birds du Japon », génère plus de 3 millions de dollars de bénéfice par jour et ça continue de grimper. Ça n'étonnera personne, PazuDora 2 est déjà en chantier. Allez, c'est l'heure, j'y retourne.

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