Japan Game Center n°10 : Dragon Quest X : Amour et rejet

Des lustres que je n'avais joué à un MMORPG... FFXI m'avait bouffé tellement de temps... Et puis on sait comment ça finit avec les jeux du style : on ne se rase plus et on trouve des excuses pour ne plus sortir de chez soi. Un de mes meilleurs amis a même vu son mariage annulé pour une histoire de drague via World of Warcraft. Evidemment, il y avait bien plus que ça mais en fin de compte, le MMORPG sera toujours ce caillou dans la chaussure qui empêche de vivre normalement, en nous donnant l'impression d'accomplir des faits héroïques. Je n'étais vraiment pas enthousiaste à l'idée de reprendre du service dans un monde persistant. Pourtant, j'ai vécu une passion de plusieurs mois avec Dragon Quest X. Je garde la métaphore de l'amour sous le coude, elle va resservir à un moment.


Dragon Quest X a ceci de particulier qu'il peut être intégralement joué en solo. Pour les besoins du test publié ici l'année dernière, j'avais pris le temps de former différentes équipes en fonction de la difficulté des missions. "Classique". Mais une fois l'article terminé, j'ai continué tout seul, louant l'expertise de personnages laissés en location par d'autres aventuriers. Presque un an après sa sortie, DQX n'a jamais autant laissé de possibilités de vivre l'aventure à sa façon, dans son coin. Contrairement à FFXI où j'étais dans une guilde, m'étais fait des potes virtuels etc, dans DQX je n'ai pas l'ombre d'un pote dans ma liste, juste des compagnons de parcours occasionnels. Quand on me demande si DQX est un bon MMORPG, je réponds que c'est plutôt un bon Dragon Quest.



Presque un an après sa sortie, Dragon Quest X compterait plus d'un million d'utilisateurs. J'utilise le conditionnel car dans la plus grande tradition de non-transparence du dématérialisé à la japonaise, Square Enix n'a jamais communiqué sur le nombre d'abonnés. Les serveurs ont beau se multiplier comme le pain, ils sont toujours aussi blindé. On sait que la version Wii s'est approché des 800,000 exemplaires écoulés, rentrant dans le top 10 des ventes de l'année au Japon, ce qui n'est pas rien vu les handicaps "Low Res" de cette version. Aucun moyen de savoir non plus pour la version WiiU, vendu avec un petit rabais en version dématérialisé. DQX nécessitant de toute manière une installation complète sur disque dur, j'imagine que les japonais ont fait comme moi, un long téléchargement pour s'économiser quelques yens.


Beaucoup de gens voient la version PC annoncée il y a quelques jours comme un coup dur pour la Wii U. Ce ne serait pas se rendre compte du caractère modulable de l'aventure. Ce qui fait le charme de DQX, c'est qu'il est justement un MMORPG différent, qui n'a de cesse de dire "allez, ce coup ci, pas plus d'une heure" ou encore "et si tu allais faire autre chose". C'est le premier MMORPG à recourir au Streetpass et même au double Streetpass si on recroise le même aventurier. C'est le seul MMORPG à avoir son propre spinoff sur 3DS qui permet de débloquer items et bonus. Et puis il y a la magie du Genkidama, cette "boule de bien" qui double les XP. Désormais on peut se les partager au sein de son équipe ou encore n'en prendre que pour dix minutes, encore une fois pour favoriser le jeu casuel. On reçoit même de l'XP quand on est déconnecté. Grace à la version Wii U, j'y jouais dans mon lit ou en me remattant des séries sur fond de musiques orchestrales. Fini l'impression de jouer à un beta test payant sur Wii, DQX est devenu massivement agréable.

Les histoires d'amour finissent mal en général. Après une année à supporter les graphismes immondes de la Wii puis à m'arranger une manière confortable pour utiliser la tablette depuis mon plumard, Dragon Quest X s'est arrêté brutalement pour moi. Le système a fini par comprendre que j'utilisais un VPN pour lui faire croire que j'étais domicilié au Japon et ainsi contourner le region lock de DQX. Comme un deuxième coup de poing balancé à ma volonté. Mon pote Cafeine me dit qu'en investissant dans un routeur, je pourrais peut-être esquiver ce bouclier national. Bon dieu, je crois que cette énième douve à sursauter est l'obstacle de trop. Tant de zèle pour m'empêcher de jouer me dégoute, d'autant plus que je paye comme n'importe quel autre joueur.




C'est rageant car j'en étais à la fin. Car il y a vraiment une épilogue dans le jeu, que je me gardais pour un bon jour, tuant le temps en faisant des quêtes et boostant des jobs avancés. Et puis il y a toutes ces nouvelles histoires alternatives rajoutés au fur et à mesure des semaines qui me sont désormais interdites. DQX arrive maintenant à sa quatrième mise à jour majeure et n'a cessé d'évoluer. Maintenant je regarde le jeu faire sa vie, évoluer, comme une soirée qu'on va suivre sur Facebook parce qu'on n'y a pas été invité. Quelle frustration que de voir bloqué mon BattleMaster avec plusieurs centaines d'heures de jeu au compteur...


Avec l'annonce version PC, une bonne nouvelle pour Square Enix pour faire exploser le nombre de joueurs comme ce fut le cas pour FFXI, il y aura sans doute d'autres occasions de revenir à nouveau avec Dragon Quest X comme on revient voir son ex pour un peu de réconfort. Je ne suis pas du tout optimiste sur ses chances de sortir en occident car depuis quelques mois, Square Enix mise tout sur la résurrection de FFXIV (en phase de beta test pour l'instant). Et si Squex parie plus volontiers sur un MMORPG qui est déjà mort une fois, c'est vraiment qu'ils ne croient à la portée d'un Dragon Quest en ligne à l'étranger. Peut-être qu'ils pensent que la série n'est pas assez populaire en occident. Quoiqu'il en soit, il sera déjà trop tard et cette ultime gifle a eu raison de ma volonté. J'ai fini par passer à autre chose.

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