Preview de Lost Planet 3 : la démo de l'E3 décortiquée

Avant d'être une licence originale pêchue (sauce défouloir), Lost Planet a été une vitrine du savoir-faire technique de Capcom au début des ères 360 et PS3. Un savoir-faire aussi bien sur le plan esthétique, avec une recherche de panoramas au dépaysement le plus absolu, que sur le plan de la difficulté où l'on avait un jeu de scoring pouvant se montrer très vicieux. Néanmoins, la série a toujours manqué de profondeur en termes de narration, de variété dans les rythmes de jeu. L'orientation prise par Lost Planet 2 peut être légitimement considérée, après coup, comme une erreur. Un embranchement hasardeux vers la surenchère. Une bévue que l'on devine aujourd'hui admise par Capcom, tant les ambitions de l'éditeur pour le troisième volet diffèrent radicalement de celles affichées au moment de concevoir l'opus précédent.

Comme vous le savez probablement, Capcom n'est plus directement aux commandes du développement, la firme a confié les rênes à Spark Unlimited. Si le studio américain est loin d'être une référence, les développeurs ne sont pas partis d'une feuille blanche. Ils ont à leur disposition la technologie de Capcom déjà employée dans les deux premiers Lost Planet, ainsi que toute l'expertise de Kenji Oguro qui pilote malgré tout le bon déroulement des opérations. Au-delà de l'occidentalisation qui peut déplaire à certains, c'est surtout une universalisation de la licence qui s'opère. Un profond changement de game design destiné à faire un jeu qui fédère un maximum de joueurs, afin qui chacun puisse y trouver son compte. Bref, Lost Planet 3 veut fournir bien plus qu'une préquelle.



Dans un premier temps, c'est le rythme qui est chamboulé. Il n'est plus question d'enchaîner les séquences frénétiques, de passer d'un bossfight à un autre via des vagues d'ennemis, dans la peau de paramilitaires imperturbables aux commandes de robots de combats surarmés. Le héros de Lost Planet 3 gagne en charisme ce qu'il perd en excès par rapport à ses prédécesseurs. Jim n'est pas un guerrier accompli. C'est un mineur, un homme du peuple, qui encaisse les primes sans broncher tant que ça lui permet de subvenir aux besoins de sa famille. Mais ça ne lui enlève aucune moralité, il préfère juste ne se poser aucune question sur les motivations de ses employeurs. Mais jusqu'à quel point acceptera-t-il d'être un pion dans les événements qui vont bouleverser E.D.N. III ?

Contrairement à la ribambelle de bidasses déjà incarnées dans Lost Planet, Jim a des attaches, une famille qu'il espère bien revoir à la fin de sa mission. Les implications à venir de la thermo-ernergie (qui vont conduire aux événements des deux premiers jeux), il s'en cogne. Du moins, au début. Les 45 minutes de démonstration mettent en scène un personnage à l'émotionnel développé. Ses missions, il les sait dangereuses. Il n'ignore pas non plus quels genres de bestioles abrite E.D.N. III (saletés d'Akrids), mais il fait ça pour s'assurer que lui et les siens vivront à l'abri du besoin. Un attachement qui le dote d'une certaine peur de mourir sans jamais revoir sa famille. C'est à partir de cette angoisse que le jeu se construit. Lost Planet 3 ressemble à un travail sur l'ambiance, le dépaysement, le déracinement.

Cependant, le titre de Capcom n'a rien d'un survival-horror pur et dur, il est à mi-chemin entre Starship Trooper et Silent Hill. S'il emprunte bien les ficelles du genre pour faire monter la pression en silence (les bruits isolés, la disparition du HUD - radar et indicateurs de munitions inclus - dans les endroits étriqués où le réseau ne passe pas), dans le cœur de l'action la survie n'est pas l'enjeu primordial. Jim n'explore pas qu'avec sa nouille et son canif. Armure, grappin, grosses pétoires et explosifs constituent sont équipement de base. Dans les corridors les plus étroits, le fusil à pompe fait des merveilles pour nettoyer la vermine. La mitrailleuse lourde est, elle, plus recommandée pour tenir les insectoïdes de toutes tailles à distance. Au corps à corps, un quick time event permet de tailler de l'Akrid au couteau.

Sur E.D.N III, les bébêtes n'ont pas toutes des proportions humaines. Le climat non plus n'est pas tendre. Fort heureusement, l'Utility RIG permet de se déplacer dans les grandes étendues glacées bien au chaud, mais cela permet aussi de se mesurer avec plus d'aisances aux créatures géantes qui peuplent la mystérieuse planète. Néanmoins, le RIG n'a rien du Vital Suit surarmé des deux premiers Lost Planet. Ce n'est ni plus ni moins qu'un gros utilitaire doté d'une grosse pince et d'une foreuse. Un cocon de chaleur pour Jim. Dans lequel les discussions avec ses collègues / ses supérieurs / sa femme permettent d'occuper les longs déplacements de la lourde et lente machine. Mais il est parfois indispensable d'en descendre et de briser la glace qui s'installe dessus, au risque de s'exposer à une attaque.

Après un moment d'inquiétude dans une base abandonnée, le RIG fait office d'abri mobile. Pour preuve, lorsque l'on tombe sur le second Akrid de grande taille de la démo et que notre colosse de métal nous est accessible, le réflexe de cavaler jusqu'à la machine est instantané. Pourtant, on vient de terrasser, à pieds, un autre insecte géant. Ces nombreux combats offrent l'opportunité de découvrir plusieurs manières de prendre le dessus sur l'ennemi. L'immobiliser avec la pince du RIG et lui forer la carcasse, descendre de sa bécane et lui jeter une grenade entre les mandibules, lui tirer dans les pattes et l'achever dans le dos une fois qu'il est affaibli... Ou encore un mélange : lui tirer dans les pattes et lui percer la tronche. Lost Planet 3 propose une variété dans l’exécution assez plaisante.

Le jeu de Capcom dispose de qualités techniques surprenantes pour une version alpha. De nombreux et sublimes jeux de lumière et des textures flatteuses. Les animations, surtout faciales, s'avèrent saisissantes de réalisme. Le doublage promet d'être excellent au moins en version originale (mention spéciale à Laroche, collègue de Jim, et son accent français bien pourri comme on sait tous le faire). L'ambiance sonore se montre également soignée. Toutefois, l'utilisation abusive des petits sons angoissants gâche la trouille auditive. Après quelques minutes, on s'habitue à ces bruitages qui n'annoncent généralement aucune menace. Quitte à doser le rythme dans des séquences où l'on taquine la frousse du joueur, autant faire ça correctement dans tous les domaines. Un effort sur ce point est attendu.

La prise en main témoigne aussi d'un avancement très encourageant, hormis l'utilisation un peu délicate du sprint (la faute à un emplacement inopportun : LS/L3), toute la démonstration s'est déroulée avec un feeling instantané. Le rétroprojecteur virtuel, disposé sur le poignet de Jim, permet d'accéder aux menus (la map, les objectifs, les options...) de façon tout autant instinctive. Après 45 minutes d'essai, il ne reste que l'envie de continuer de jouer, et c'est plutôt bon signe pour Lost Planet 3. Capcom semble vouloir répondre aux attentes des joueurs en remettant l'univers glacial en avant, et Spark Unlimited exploite parfaitement les ressources de l'éditeur. Il reste encore beaucoup à voir d'ici la sortie du jeu (prévue pour le début 2013), notamment les nouvelles applications de la thermo-énergie dans le gameplay. On attend donc avec impatience d'en apprendre plus.