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Publiée le 08/07/2014 à 11:07, par Jean-Marc

Un peu de lecture avec VGM Video Game Music et OST Original Sound Track

Les Editions Pix'n Love nous proposent deux ouvrages traitant de la musique de jeux vidéo.

Les Editions Pix'n Love nous proposent deux ouvrages bien distincts - et parfaitement complémentaires - traitant, chacun à sa manière, de la musique de jeu vidéo. Le premier s'intitule VGM Video Game Music - Histoire de la Musique de Jeu Vidéo par Damien Mecheri qui, comme son titre l'indique, s’intéresse à l'évolution et à la place que prend la musique dans notre univers vidéo-ludique. Quant au second, il s'agit de OST Original Soundtrack 100 albums indispensables de Jeux Vidéo par Rémi Lopez, un ouvrage qui nous propose un inventaire de bandes originales de jeux remarquables.

S'il est un domaine assez difficile à aborder, c'est bien la musique car, à moins d'avoir de bonnes, voire de solides, connaissances en la matière, tout est une question de pure subjectivité : même la musique la plus belle et la plus réussie peut déplaire en fonction de la personne qui l'écoute. Si la musique de film a réussi à s'imposer en tant qu'entité écoutée en dehors des images projetées, il n'en va pas forcément de même pour celle du jeu vidéo, qui pourtant s'inspire souvent des standards de la musique savante et des codes utilisés par le cinéma. Alors que ce genre s'est grandement démocratisé au Pays du Soleil Levant, où les concerts se multiplient et où les CD se vendent facilement, il en va tout autrement en Occident, même si la tendance commence à changer petit à petit.

VGM Video Game Music - Histoire de la Musique de Jeu Video
Damien Mecheri nous propose de partir de la base, en commençant par évoquer la musique de film et son rôle par rapport à l'image avec la question de savoir si cette musique peut exister indépendamment de l'image et donc finir par être écoutée sur un CD. Une fois ces bases et ce constat posés, l'auteur aborde la genèse de la musique de jeu vidéo. Celle-ci commence par de simples bips illustrant certaines actions précises, puis évolue progressivement grâce à la synthèse FM et les samples, et dont la création s'est fortement simplifiée, passant de la stricte programmation aux trackers, ces logiciels permettant de jouer n'importe quel son avec un clavier d'ordinateur pour composer. L'arrivée du CD bouleverse cet univers et l'approche de la musique peut enfin s'envoler pour nous offrir des interprétations orchestrales de premier ordre. Mais cela ne va pas sans poser quelques contraintes en raison de la nécessité d'interactivité avec ce qu'il se passe à l'écran.

Guillemet entrant jaune
 Le compositeur donne le ton de l’œuvre et pose les bases de l'atmosphère du jeu 
Guillemet sortant jaune

Une bande-son de jeu vidéo, ce n'est pas que de la musique, c'est un ensemble formé de la musique bien entendu, mais aussi des bruitages et des doublages. Aux prémices du jeu vidéo, seuls les bruitages existent - les premiers bips déjà évoqués, ou les quelques notes qui ont marqué toute une génération de joueurs. Avec la montée en puissance des machines, les bruitages sont devenus de plus en plus réalistes, permettant une immersion totale du joueur. Le doublage quant à lui est plus délicat, et les meilleurs dans la discipline se trouvent au Japon et aux États-Unis ; la France en particulier est encore bien en retard derrière. Enfin, la musique vient compléter ce trio avec deux points d'entrée dans le jeu. Le premier, assez peu utilisé, est la musique source : le joueur entend la même chose que le personnage, c'est, par exemple, la musique entendue dans GTA en conduisant. Le second est la musique composée spécifiquement pour le jeu de manière traditionnelle, celle pour laquelle se pose la question de savoir s'il s'agit d'un genre à part entière.

Une musique n'existe pas sans toutes les personnes qui participent à sa conception. Cela ne se limite pas seulement au compositeur. Bien sûr, ce dernier est à l'origine du morceau, c'est lui qui donne le ton de l’œuvre et qui pose les bases de l'atmosphère du jeu. Son rôle est primordial et certains arrivent à se faire un nom, voire à être crédité au même niveau que le concepteur du jeu. Mais le résultat final ne serait pas celui que nous entendons sans le passage de la musique composée entre les mains de l'arrangeur et de l'orchestrateur dont l'auteur nous explique les rôles et fonctions de façon claire. Sont abordées ensuite les différences culturelles et, par-là même, l'approche de la musique entre l'Orient et l'Occident.

La partie la plus technique (et pour le coup, la plus difficile à suivre pour le lecteur néophyte en matière de musique) arrive alors avec, tout d'abord, l'évolution de la musique au fil des années et des changements techniques, suivi de son utilisation plus ou moins identique selon les genres de jeux abordés. Se pose ici la question de la musique interactive, celle qui évolue en fonction du déroulement du jeu et des actions du joueur, certainement la musique la plus délicate et difficile à concevoir. La musique est aussi une composante d'une expérience durable : par la répétition des mêmes motifs, elle finit par s'ancrer dans notre mémoire et dans notre expérience de jeu, tant et si bien que sa simple écoute permet de revoir des situations de jeu. Ensuite, l'auteur aborde un aspect technique et très subjectif, quand il traite de la création de mondes sonores uniques. Il aborde alors quelques jeux pour lesquels la musique apporte une âme, une identité, ou transcende les situations vécues par le joueur notamment dans des jeux tels que Drakengard, Bioshock, Shadow Of The Colossus, Silent Hill, Portal 2, Flower, No More Heroes, Red Dead Redemption, Metal Gear Solid 3, etc.

Guillemet entrant jaune
 certains artistes et groupes sont désormais sollicités afin de composer pour le jeu vidéo 
Guillemet sortant jaune

S'ensuit un chapitre dont on se demande bien ce qu'il vient faire ici. Si l'on peut comprendre que les jeux vidéo musicaux aient droit de citer dans l'ouvrage, le chapitre dénote singulièrement du reste du livre dans la mesure où l'auteur dresse un historique des jeux de rythme, énumère les jeux à périphériques, de leur ascension à leur décadence, et aborde quelques titres conceptuels ou proposant des parties de leur jouabilité axée sur la représentation musicale. L'auteur nous offre un état des lieux sans que l'analyse de l'apport de la musique ne soit aussi poussée que dans les chapitres précédents. Nous avons plus l'impression d'une succession de références que d'une réelle analyse. Un chapitre qui n'apporte pas grand chose au reste de l'ouvrage, mais qui s'avère léger et permet de souffler un peu après la partie très technique et profonde des deux chapitres précédents.

La musique de jeu vidéo trouve son inspiration dans le talent de ses compositeurs et ces derniers n'hésitent pas à piocher dans la musique existante pour glisser quelques thèmes issus d’œuvres de toutes époques. De même, les producteurs de jeux n'hésitent pas à recourir aux artistes du moment pour proposer une bande-son populaire qui parle au plus grand nombre. Au-delà de la simple utilisation d'un ou plusieurs morceaux, certains artistes et groupes sont désormais sollicités afin de composer pour le jeu vidéo, tant et si bien que même certains compositeurs de cinéma arrivent à concevoir des morceaux pour le jeu vidéo. Enfin, le dernier chapitre aborde la vie de la musique de jeux vidéo au-delà du jeu, et l'auteur présente alors le cas des sorties CD, des concerts, et de la prolifération des remixes de tous genres qui fleurissent sur Internet.

Entre chaque chapitre nous sont présentés les portraits d'une vingtaine de figures marquantes de la musique de jeu vidéo comme Chris Hülsbeck, David Whittaker, Jeremy Soule, Akira Yamaoka, Nobuo Uematsu, Kôji Kondô, Yôko Shinomura ou Tommy Tallarico. L'ouvrage se termine par une série de six entretiens avec des acteurs majeurs du milieu, qui nous expliquent comment ils en sont arrivés à concevoir de la musique de jeu vidéo, comment ils la voient évoluer et comment ils l'abordent, notamment du point de vue de l'interactivité.

OST - Original Sound Track - 100 albums indispensables de jeux vidéo
En complément de ce premier ouvrage, OST Original Soundtrack 100 albums indispensables de jeux Vidéo vient donner quelques pistes pour tous ceux qui sont intéressés par la musique de jeu vidéo en décrivant 100 OST particulièrement remarquables. En plus de l'analyse de l'album sur deux pages, chacun d'entre-eux se présente sous la forme d'une fiche reprenant le nom de l'album, les compositeurs, les arrangements, l'éditeur et la date de sortie, ainsi que trois autres albums potentiellement intéressants pour poursuivre l'écoute. Parfaitement dispensable, cet ouvrage intéressant à parcourir se destine avant tout aux férus de bandes-son originales de jeux, ou aux plus curieux, voire aux indécis, cherchant comment bien aborder le sujet.

Ces deux ouvrages, et plus particulièrement le premier, sont très bien écrits et pertinents dans leur analyse. Si nous pouvions craindre une approche difficile, voire hermétique pour les plus néophytes, il n'en est rien. Les termes employés sont clairs, les explications nombreuses et la technicité de l'analyse est très progressive, devenant compréhensible par le débroussaillage des concepts importants au préalable.

VGM Video Game Music - Histoire de la Musique de Jeu Vidéo (Damien Mecheri, 296 pages, 19,90 € ) et OST Original Soundtrack 100 albums indispensables de jeux Vidéo (Rémi Lopez, 240 pages, 19,90 €) sont disponibles aux Editions Pix'N Love.
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