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Publiée le 21/02/2013 à 07:02, par Daniel

Japan Game Center n°2 : Ces jeux japonais sous-estimés de Sony

Tout le monde parle des grosses machines de guerre de Sony, mais on oublie trop les quelques perles, parfois improbables, venues du Japon. PS 1,2,3 Go !

Pour ce deuxième épisode de Japan Game Center, j'ai décidé de coller à l'actualité et de parler Sony... ou plutôt des jeux. Les médias ont les yeux braqués sur la PlayStation 4, mais nous, les joueurs, nous savons très bien que durant la première année de vie d'une console, les jeux mémorables se comptent sur les doigts de la main. À chaque fois, c'est la même histoire, on va entendre qu'« il n'y a pas de jeux ». Que « l'achat n'a servi à rien ». Quitte à revendre sa bécane, à en reprendre une après, etc. C'était la même chose pour toutes les consoles, sans exceptions.

En ces temps où Sony présente des blockbusters, ses démos techniques PlayStation 4 et ses FPS bruyants qui me lassent à force de se répéter, j'aimerais qu'on se souvienne qu'ils savaient aussi produire des petites pépites souvent sous-estimées. Il ne s’agit pas de parler d’Ico, Journey, Shadow of Colossus ou d’Uncharted mais plutôt de ces classiques pas forcément connus venus du Japon. À part des exceptions notables comme Tokyo Jungle, c’est vraiment ce genre de jeu, parfois un peu underground, qui a manqué à la génération PlayStation 3 et qu’on aimerait voir revenir avec la PlayStation 4. Voici donc ma liste, follement subjective, de mes coups de coeur made in Japan de Sony.

7. Surveillance (PlayStation 2)Retour au sommaire
Sorti en 2002, inédit au Japon.

Le dessin animé et Sony, c’est une longue histoire d’amour. Déjà sur PSOne, Sony avait misé gros sur des YaruDora (comprendre “Drama qu’on incarne”), des jeux entièrement composés de dessins animés, des intrigues à choix multiples mises en images par les plus grands créateurs de Production I.G (le studio de Ghost in the Shell). Il y en a eu quatre, puis la PlayStation 2 est arrivée avec encore plus de stockage pour encore plus de films. Blood The Last Vampire a eu droit à son “livre dont vous êtes le héros électronique”. Ensuite débarqua Surveillance : Kanshisha.

edito japan game center 2
La situation classique de Surveillance: la prise d’otage


Il s’agit de jouer le chef op’ d’une équipe du swat du futur via des caméras de surveillance pour protéger son escouade. Un concept connu : il s’agit là d’une reprise de Night Trap de Sega, un jeu Mega CD qui poussait le délire De Palma de voyeurisme encore plus loin, puisque c’était de vraies actrices (avec des extraits qui ont fait scandale à l’époque, je vous laisse "youtuber" tout seul). Le point fort de Surveillance, c’est la production design. Les voitures, les uniformes, tout... c’est comme si l’histoire se déroulait en parallèle de Ghost in the shell dans un futur pas si lointain. Et puis, je crois que je suis tout simplement nostalgique de Night Trap.


6. Gomibako (PS3)Retour au sommaire
Sorti en 2009, dispo sur PSN.

J’ai longtemps cherché un jeu PS3. Il y avait bien Tokyo Jungle mais il a eu son heure de gloire. Alors ça sera Gomibako, littéralement « poubelle » et Trash Panic en Occident. Il me parait être un bon exemple car c'est un jeu issu du PlayStation C.A.M.P, un programme de recrutement de talents dans le secteur des jeux vidéo visant. Destiné à mettre en avant des produits originaux sur consoles Sony, ce programme montre aussi le dynamisme et l’intérêt du constructeur/éditeur pour la scène indé.

Gomibako est donc un Tetris en poubelle, une poubelle dans laquelle viennent se jeter les détritus qu’il faudra tous faire tenir. Très vite, ça se corse : produit inflammable, baignoire, bateaux, maison, tout et n’importe quoi. La 2,5D est parfaite pour bien comprendre comment se rependent les restes et la flotte des machines à laver à l’abandon. C’est aussi un des jeux de puzzle les plus difficiles auquel j’ai jamais joué, absolument injuste, qui oblige à regarder des gameplays sur Youtube pour mieux y arriver. Et puis, il y a le plaisir de trier sa poubelle sur des musiques dignes de Katamari Damacy. Jubilatoire et horripilant à la fois.


5. Jeanne d'Arc (PSP)Retour au sommaire
Sorti en 2006, au Japon & aux USA.

C’est pour moi le meilleur “Level-5 tout seul”, sans la licence Dragon Quest. Sans la licence de Square Enix, j’ai toujours l’impression que les jeux Level-5 ont un concept fort et attrayant, mais finissent par se dégonfler, généralement vers la moitié de l’aventure. Ce syndrome, je l’appelle “le débalonement Level-5”. Quel dommage, presque à chaque fois. Mais Jeanne d’Arc, c’est un petit miracle de tactics-RPG bien assemblé avec des personnages improbables un peu débiles. Et je ne vous raconterais pas comment la Pucelle se fait cramer, c’est tellement malin que ça vaut le coup d’être joué.


4. Minna no Sukkiri (PSP)Retour au sommaire
Sorti en 2009, dispo sur PSN.

On connait tous par coeur la série des Minna no Golf. Le credo d'“Everybody’s”, c’est le jeu vidéo pour tous. Accessible, convivial, une ambiance chaleureuse et réconfortante. “On est entre amis” semblent nous dire ces personnages purement kawaii. Vint ensuite Everybody’s Tennis. La même chose, mais version Federer / Nadal en choupi. Et il y a eu le très méconnu Minna no Sukkiri, sorti en occident sous le nom “Everybody’s Stress Buster”. Et tout est dit dans le titre : tuer le temps comme un jeu iOS, en réalité une activité bien plus très stressante puisque Sukkiri est un assemblage de mini-jeux très différents. Et parmi eux, il y a celui des rangements de livres, un truc qu’on a tous fait dans la réalité, à savoir remettre des bouquins dans l’ordre sur une étagère. Tout reprendre en bloc, faire par petits morceaux... C’est tellement enivrant que je crois que ce triage de bouquins est mon mini-jeu préféré de tous les temps. Il vaut à lui seul l’achat de ce jeu (disponible exclusivement en Occident en version dématérialisé).


3. Arc the Lad II (PS)Retour au sommaire
Sorti en 1996, dispo sur PSN.

Pourquoi choisir Arc plutôt qu’un épisode de nombreux épisodes de Wild Arms ou de Popolocrois ou des dizaines de RPG produits par Sony depuis des années ? Eh bien j’ai toujours pensé que les premiers épisodes d’Arc The Lad n’étaient pas appréciés à leur juste valeur. Aux commandes, le studio G-Craft mené par Toshiro Tsuchida, un génie à qui l’on doit Valken, les Front Mission mais aussi le système de combat de Final Fantasy X et XIII (là où ça commence à devenir bien, à la fin, c’est lui). Une brute.

Arc The Lad II est un Tactic-RPG dans la veine de Fire Emblem et Shining Force. C’était aussi un des premiers jeux du genre a être doublé, certes de manière limitée, mais suffisamment pour que les persos gagnent en charisme. D’ailleurs, l’histoire réussissait à trouver cette fibre épique dont on a oublié l’existence entre toutes les cinématiques ennuyeuses des aventures d’aujourd’hui.

Arc The Lad II ne peut s’apprécier qu’en jouant au 1 d’abord, soit 7h de jeu, une durée de vie qui lui a valu de se faire tailler méchamment à l’époque. Cette intro forcée rend le 2 encore plus fort avec des héros pourchassés et acculés. Après ce petit miracle, Sony enchaîna quelques autres “Arc” sans G-Craft aux commandes ; ils étaient tous nuls, sans appel. Ça n’a fait que ternir l’image de ce grand RPG injustement méconnu. Aujourd’hui, Tsuchida a quitté Square pour faire du jeu mobile et G-Craft n’existe plus. “Sourillard tristesse.”


Sorti en 2001, Japon & USA

Au tournant du siècle, la mode au Japon était de faire des simulateurs de tout et surtout du quotidien. Ca allait de la conduite de trains aux grillades de barbecue sur feu de bois (je ne plaisante pas), c’est devenu la marque de cette génération, simuler le réel. Arrive alors “Ka”, un simulateur de moustiques qui va faire vivre un enfer à une famille japonaise. Début de la Dualshock oblige, on pompait le sang en tournant le stick analogique. Mais attention, sans être trop gourmand sinon gare aux baffes. La “magic touch” japonaise, c’est le côté sexy généreusement offert comme la jeune fille de la famille dans son bain. S’il n’y avait qu’un jeu à jouer pour comprendre le noyau familial nippon, ce serait celui-là !

À noter qu’il est sorti aux USA sous le nom Mister Mosquito mais pas édité par Sony. “Ka 2” n’a pas quitté la moustiquaire japonaise.


1. Ore no Shikabane o Koete YukeRetour au sommaire
Sorti en 1999, (PSOne, 2011 sur PSP)

“Oreshika” aurait bien sa place au panthéon des jeux masochistes, loin devant Dark Souls. Sorti en 1999, il a connu alors un succès culte au sens propre : un petit noyau dur de fans hardcore.

Dans un Japon sublimé, une famille lutte à la fois contre des démons fantastiques et des démons ahurissants, mais aussi contre un sortilège qui les frappent tous.

De génération en génération, les membres de la famille vont se succéder, vieillir et mourir. C’est passionnant. Mais c’est si dur et hermétique qu’il fait passer les Persona pour une balade de santé.

Si “OreShika” était un écrivain, ce serait Umberto Eco, jouant avec les contes popu' pour en faire du divertissement exigeant. Si c’était un prof', ce serait celui qui fait exprès de se rendre encore plus incompréhensible de ses élèves, juste par plaisir d’en voir deux ou trois qui s’accrochent. Shôji Masuda, déjà concepteur du très underground “Pride of the Dragon Peace” a montré ici qu’il est un créateur à part, affûté et radical et son “OreShika” incarne l’élitisme à la japonaise comme on n’ose plus l’imaginer. L’adaptation récente sur PSP et l’annonce d’une suite l’ont remis sur le devant de la scène, cette vraie niche masochiste. “OreShika” reste encore inédit en Occident. On ne blâmera personne, il n’a rien fait pour, en même temps.





Bonus : quelques loupésRetour au sommaire

Comme je ne peux pas passer pour un gentil, cadeau, voici aussi quelques-uns des écueils qui me sont venu en remémorant ces bons souvenirs, des erreurs de castings de Sony qui nous a fait parfois des loupés Made in Japan.

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White Knight Chronicles
White Knight Chronicles (PS3)
J’aurai pu choisir des dizaines, étalées sur plusieurs générations de consoles. Je pense au bon vieux Legend of Dragoon, à Legaia. Parfois ça marche, comme avec certains Wild Arms ou le très étrange Alundra. Mais White Knight Chronicles, dispatché entre la PS3 et la PSP est l’exemple typique du “on fait n’importe quoi avec notre pognon”. Pourtant, Level-5, on se disait qu’il y avait peut-être un espoir. Mais non, ce RPG qui essaye de faire jeu en ligne mais pas vraiment est d’une mollesse inouïe. Un des plus gros ratages qui a coûté sans doute beaucoup trop cher.

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Puffy no PS : I Love you (PSOne)
Sony est aussi, ne l’oublions pas, un éditeur musical. Il y a eu donc beaucoup d’étrons basés sur les stars de musique du moment. Mais “Puffy no PS: I Love you jouable” au Guncon me parait être le paroxysme du fan service vite oublié. J’imagine que le même jeu de tir avec Noir Désir ou Nirvana aurait emballé les foules.


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Beyond the Beyond (PSOne)
Encore un RPG ! Au tout début de la PlayStation, Sony débauche le nouvellement formé Camelot Soft pour leur faire un jeu dans la veine de Dragon Quest. Loupé dans tous les points de vue imaginables, ce qui est parait hallucinant quand on sait que Camelot a travaillé sur les premiers Shining Force cultes de Sega et qu’ils feront ensuite Golden Sun, créeront Everybody’s Golf, Mario Golf, Mario Tennis ; bref, les frères Takahashi de Camelot sont des bons. Mais là, pas de bol ou pas assez de temps, “Byobyo” est une daube sans nom. L’intro est restée dans les mémoires comme un monument de laideur qu’ils avaient d’ailleurs réutilisé sans honte dans le catastrophique / pathétique Shining Wisdom sur Saturn. En fait, le jeu est si honteux que ses créateurs préfèrent l’oublier. Comme tout le monde en fait.
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