Le Courrier des Lecteurs : noter les jeux, les titres en monde-ouvert, rédactions et racisme

Déjà ancienne, la question de Kalhan prend aujourd'hui tout son sens alors que l'un des symboles du jeu vidéo en monde ouvert vient de débouler chez tous les revendeurs de France et de Navarre. Les jeux en open world sont nés de l'envie de liberté exprimée par de nombreux joueurs et bien avant les Grand Theft Auto, des titres comme les Ultima ou les Elder Scrolls en ont fait leur fonds de commerce.

Reste que tous les jeux en monde ouvert ne se valent pas et comme bien souvent, il y a eu un très net effet de mode. Des studios ont tenté d'ajouter des composantes monde ouvert à leurs productions, mais la sauce ne prenait pas vraiment. Kalhan cite l'exemple d'Assassin's Creed et c'est à mon sens - attention, avis très personnel - un excellent exemple : Ubisoft n'est pas parvenu à rendre le monde aussi riche et intéressant que le reste du jeu. Du coup, l'aspect monde ouvert souffre de la comparaison avec les parties plus narratives. C'est un piège évident pour un studio... n'est pas Rockstar North qui veut !

Non, la réponse à ta question Ouille est on ne peut plus simple : non, nous ne sommes pas satisfaits de notre couverture vidéo des derniers salons. Vous vous en doutez certainement, c'est d'ailleurs pour cela que nous avons tenté autre chose avec les Insiders de l'E3.

Malgré d'intéressantes idées, cette nouvelle piste n'est pas non plus satisfaisante et nous avons d'ailleurs prévu de revoir notre façon d'aborder les salons sur le plan vidéo. À la base, nous ne voulions pas nous enfermer dans la routine des comptes-rendus alors que les conférences, par exemple, peuvent être suivies directement en streaming. Reste que les comptes-rendus de journée, des émissions davantage focalisées sur notre ressenti manquent à l'appel. Nous allons donc revoir notre façon d'aborder les salons pour une « saison 2014 » que l'on espère plus convaincante sans pour autant réduire la voilure côté articles.

Tu t'en doutes Jonathan, je suis dans l'incapacité de parler pour l'ensemble de la presse vidéoludique, mais depuis maintenant plusieurs années que j'exerce ce métier, j'ai eu l'occasion de croiser des gens d'horizons très divers. Reste en fait surtout à définir « personnes issues de l'immigration ».

À partir de quelle génération doit-on compter ? Quelles origines sont à retenir ? De ce que j'ai pu remarquer, les dernières vagues d'immigration sont moins représentées dans la profession, mais les choses changent petit à petit et je pense qu'il faut davantage mettre ça sur le compte du fait que ce milieu est extrêmement fermé plutôt que sur un quelconque racisme. N'oublions pas que la presse vidéo-ludique, ça ne représente que quelques dizaines de rédactions et que le turnover est très faible alors forcément, pas facile de se faire une place, issu de l'immigration ou non.


Renaud : Pour ma part, cela fait bien longtemps que je souhaite supprimer le système de notation de Jeuxvideo.fr. Le choix d’Eurogamer est très osé ! Je regrette même que Jeuxvideo.fr n’est pas été le premier site à prendre cette décision qui, comme Eurogamer le précise, pourrait être un bien pour le petit monde du jeu vidéo français.

Damien : Personnellement, je suis plus amateur d'une appréciation que d'une note numérique dans le fond (qui varie sensiblement en fonction du site, de l'auteur, du barème). Après tout, quand on conseille une connaissance ou en magasin, on ne dit pas « C'est un jeu qui vaut 9/10 ! », mais bien davantage « C'est un bon jeu » ou « C'est vraiment bof comme jeu ». De plus, l’appréciation n’empêche pas d’avoir différents échelons pour renseigner rapidement le lecteur sur l'intérêt du jeu. La note fait principalement ce job-là, sauf qu’elle a tendance à être tellement mise en avant qu’elle réduit pour certains lecteurs l’article du testeur (pourtant l’élément le plus riche pour comprendre / se faire un avis) au rang de faire-valoir. Après, on s'y fait, on a eu affaire à elles dès l'école et on met des « choses » derrière la note d'après notre expertise de lecteur. Quoi qu’il arrive, tout changement de notation doit résulter d’une volonté des rédacteurs ET des lecteurs pour être aussi pertinent que possible.

Camille : Une note forge très souvent et trop rapidement un a priori sur l'ensemble d'un test et son rédacteur. À mon sens, une note ne doit pas être plus parlante qu'une appréciation, mais, malheureusement, beaucoup se contentent d'une valeur chiffrée. Une note tend naturellement à être comparée que ça soit avec un jeu ayant obtenu une note identique ou à d'autres opus d'une même série. Si je peux comprendre cette réaction, elle n'est malheureusement pas toujours très pertinente si on s'arrête à chaque fois à la simple note. On risque d'oublier qu'il ne s'agit pas du « jugement divin », mais simplement de l'avis d'une personne sur un jeu. Une note est un peu comme une copie de philosophie, selon le professeur elle peut varier du simple au double. Virer les notes sur JeuxVideo.fr ? Je suis partante ! La conclusion des tests est là pour donner un avis global et condensé sur un jeu pour les plus pressés.

Benoît : Je n'ai pas d'aversion particulière pour les notes. Je les trouve même plutôt utiles, dans la mesure où elles sont un moyen pour moi d'établir une échelle de goût, de comparer la valeur des jeux de manière simple. Cela dit, je n'ignore pas que le principe de la notation peut-être problématique, comme lorsqu'il s'agit de comparer deux jeux dont les genres sont opposés (mettre la même note à un FIFA et un GTA). Autre problème, les lecteurs assimilent parfois la note à la valeur « objective » d'un jeu ; or elle reste par essence subjective (à chaque testeur sa propre échelle de valeur). C'est peut-être ces limites du système qui font que certains sites décident de s'en passer, démarche qui présente peut-être l'avantage supplémentaire de pousser les gens à lire les tests plutôt qu'à s'arrêter sur la seule note.

Jean-Marc : Voici un débat qui dure à la Rédac. En ce qui me concerne, je suis un fervent défenseur de la suppression de la note dans les tests, et ce, depuis toujours. Pour moi, le message que j’essaye de faire passer à travers l’écriture est bien plus important que la note finale qui ne reflète rien du tout. Pourquoi mettre du texte si c’est juste pour aller voir une note ? Je suis même pour la suppression des plus et des moins. Pourquoi réduire un développement complet à ces quelques points ? Tout comme la note, à la poubelle ! J’espère vraiment qu’un jour nous franchirons le pas. Le plus gros problème vient en fait des lecteurs qui ne semblent pas prêts à ce genre de révolution… Moi si ! C’est quand vous voulez !

Maxence : Je déteste mettre des notes. C'est avant tout une source de problèmes et mettre des appréciations à la place ne change pas le problème. Les mots suffisent. Si ça ne tenait qu'à moi, je les abandonnerais définitivement.

Pauline : Évaluer un jeu uniquement par des appréciations est sûrement plus pertinent. Il arrive parfois que l’on trouve un jeu bon, mais que quelques détails non négligeables empêchent de mettre une « bonne » note. On se retrouve alors avec des jeux dotés d'un bon potentiel, mais la note pourrait laisser penser le contraire… cherchez la logique. L’avantage d’une note est qu’elle donne assez vite un aperçu de ce que l’on peut attendre du jeu, pour les plus pressés notamment. Une note reste toutefois un frein à la critique : le jeu devient soit bon, soit mauvais, soit moyen, sans possibilité de nuancer l’appréciation de celui-ci autrement qu’en développant notre avis dans le test et vous êtes rares, petits lecteurs à lire les tests jusqu’au point final. Cela dit, il est difficile de changer du jour au lendemain une mécanique aussi conventionnelle que celle d’une note.

Guilaume C. : Voilà une question que je me posais déjà il y a 15 ans lorsque j'étais lecteur. Selon moi, l'appréciation des jeux est quelque chose de subjectif et la note est par définition un résultat objectif donc il y a une antinomie. Cependant, les jeux ont une qualité intrinsèque qui permet le nivellement. Je considère que les jeux se répartissent dans cinq catégories : « à éviter », « à faire si c'est pas cher », « s'adresse principalement aux fans », « une expérience sympa », « une expérience mémorable ». Ironiquement, on pourrait malgré traduire ces catégories dans un barème allant de 1 à 5, et comme certains jeux se situent à mi-chemin entre deux catégories on peut encore fractionner le barème pour aller de 1 à 10. Voilà comment on part d'une appréciation juste pour arriver à une note qui ne transmet plus cette appréciation. Au-delà de la note, c'est surtout le texte du test qui compte. D'ailleurs, c'est aussi pour ça que la note est traitre, car un vrai coup de cœur peut se traduire par la note maximale alors que cette dernière est interprétée à tort comme le résultat d'une perfection mathématique... Or, nous savons tous qu'aucun jeu n'est parfait. Prétendre qu'aujourd'hui personne n'est évalué ailleurs qu'en milieu scolaire c'est se mettre le doigt dans l’œil jusqu'au coude. L'évaluation est quelque chose d'humain et quand bien même il est maladroit d'apprécier de façon scolaire avec un résultat chiffré quelque chose ou quelqu'un, l'appréciation demeure et les critères de sélections restent toujours subjectifs (qu'il s'agisse de choisir son employeur / employé, son / sa partenaire sexuel(le), etc.). Je pense qu'avant de vouloir sacrifier un de nos repères, aussi perfectible soit-il, il faut d'abord l'harmoniser et lui donner un sens humain et pas mathématique. Bref, c'est soumis à l'évolution des mentalités et à un peu de recul de la part de chacun.

Nerces : Je milite depuis des années pour un système d'appréciations plus réduit en latitude avec, c'est un exemple, trois options genre « Oui ! », « Oui, mais... » et « Non ». Mais ce choix, je le fais en petit égoïste, car la suppression des notes est surtout un confort de rédacteur. En tant que lecteur, je comprends les bienfaits d'une note au moment de faire son choix : il est plus simple d'opposer un 89% et un 93% que deux « Oui, mais... ». Reste qu'il faudrait alors trouver une solution intermédiaire afin de dissocier critique pure - sans note donc - et « guide d'achats » où chaque rédacteur pourrait donner ses priorités d'achat, ses coups de cœur... Comme vous le voyez avec nos réactions à tous, le débat reste ouvert !



Nous vous donnons rendez-vous à la semaine prochaine pour une nouvelle sélection de questions / réponses. Afin que cette rubrique soit aussi intéressante que possible, nous vous invitons à contacter la Rédaction ou un journaliste bien précis à l'adresse suivante et n'hésitez pas à nous faire part de toutes vos remarques !
courrier@jeuxvideo.fr