E3 : Preview Super Mario 3D World - loin du grand épisode attendu

On attendait monts et merveilles de ce mystérieux Mario qu'une rumeur annonçait depuis quelques mois déjà : développé par l'équipe des Super Mario Galaxy, chefs d'oeuvres du genre plateforme, le titre promettrait le retour d'un Mario à sa glorieuse forme 3D, après une succession de New Super Mario Bros. cadrés 2D sur le modèle de l'épisode DS séminal ; des jeux de qualités, certes, mais dont le game design immuable avait perdu toute puissance de réenchantement, du genre comme de la licence. Super Mario 3D World pourrait-il être ce grand épisode attendu ? Présenté en version jouable sur le stand Nintendo de l'E3, nous avons pu nous y essayer.




L’accessibilité d'un Super Mario 3D Land : Sorti fin 2011, le Super Mario 3D Land de la 3DS consistait en un mélange de 2D et de 3D - 3D pour le monde explorable en profondeur, 2D pour l'angle de caméra imposé et les niveaux en forme de chemins plus ou moins linéaires convergeant vers une sortie. Clairement issu de ce game design hybride, Super Mario 3D World hérite de l'épisode 3DS sa simplicité d'accès, source d'un fun immédiat. Les quelques niveaux de la démo (dont une "course" aquatique et un boss) étaient en fait une série de parcours d'obstacles et d'escalades au sein d'un monde constitué de chemins étroits, de sas en forme de tuyaux aspirants (nouveauté du cru) et d'îlots de plateforme plus larges. Objectif : atteindre le drapeau de la sortie dans la limite du temps imparti, en tentant de collecter tout ce que les mondes regorgent de pièces cachées et d'étoiles vertes.

GamePad en main, le jeu s'avère immédiatement accessible, et l'exploration des petits mondes de la démo de l'E3, l'occasion de sessions plateformes "apéritives" où se retrouve, sur le mode de la promenade de santé, le plaisir de la recherche de zone et pièces cachées (en s'aidant par exemple de l'écran de la tablette, pour dévoiler des secrets en touchant le décor). Nouveauté de cet épisode, le costume de chat permet de se déplacer plus vite et de grimper sur les parois verticales, en escamotant le cheminement classique par les plateformes. Conséquence de l'usage du costume : il aplanit totalement le challenge déjà peu prononcé - en tout cas sur les niveaux de la démo - et en dit long sur les intentions de ce nouvel opus : s'ouvrir au plus grand public possible en limitant les phases mobilisant l'habileté et la ténacité (une approche qui ne plaira pas à tout le monde).

Multijoueur très convivial : Le versant multijoueur est probablement l'aspect le plus sympathique de Super Mario 3D World. Aux commandes de l'un des quatre personnages du casting (Mario, Luigi, Toad et Peach ), jusqu'à quatre joueurs pourront entrer dans une partie, qui se transformera vite en une réjouissante foire à l'embrouille. L'objectif étant de rassembler plus de pièces et d'étoiles que les autres, chacun s'échinera à ralentir ses concurrents (en leur sautant dessus par exemple) et à optimiser son parcours vers les zones à piécettes, transformant la session en une course où tous les coups sont permis. Très convivial, le multi fera parfois la part belle à la collaboration, comme dans ce niveau qui se déroule sur une rivière entourée de précipices, où l'on doit conduire un dinosaure à bon port au prix d'une coordination à toute épreuve.


Un épisode toute en légèreté, loin de la grande oeuvre espérée : En calibrant son jeu pour le grand public, sur le modèle de l'épisode 3DS, Super Mario 3D World passe totalement à côté de ce qu'il aurait pu être de plus grandiose : un Mario en vraie 3D plongeant au cœur de mondes ouverts. On est ici loin du compte à bien des égards, à commencer par le maniement de la caméra. Limité à trois angles (un de face, deux en oblique), entre lequel on bascule par pression sur le stick gauche, le cadrage du personnage spolie le joueur du sentiment de liberté qu'aurait pu permettre ces mondes en 3D. Ce pré-cadrage induit en effet l'impression frustrante que le déplacement ne se pratique que sur deux axes, la profondeur et le côté, ce que confirme le level-design des niveaux articulé lui aussi autour de ces deux seuls et mêmes axes.

A en juger par la démo de l'E3, les niveaux de Super Mario 3D World ne se profilent pas comme des mondes offerts à l'exploration, à l'observation, et à l'immersion, mais plutôt comme de petits parcours plus ou moins confinés, déjà cadrés sous l'angle qui leur convient le mieux. Plus question non plus de jouir de la grisante liberté de mouvements dont les Mario 3D ont toujours été une sorte de célébration, à coup de sauts, triples sauts, sauts renversés et de murs en murs : ces éléments de gameplay n'ont juste plus court dans cet épisode 3D World, dont la palette de mouvement ressemble à celle d'un Mario 2D. Entre cette palette de mouvement limitée par souci d'accessibilité et les petits mondes de poche à la 3D sous exploitée, ce nouveau Mario ne sera probablement pas celui qui réenchantera la licence sur console de salon.

Difficile de masquer notre déception à l'abord de cette première démo jouable de Super Mario 3D World. Si la prise en main immédiate, et la volet multijoueur indéniablement convivial, permettent d'imaginer l'expérience légère et amusante que proposera sa version finale, on ne peut s'empêcher de penser que le titre est en train de passer à côté de son enjeu. Savoir l'équipe de Super Mario Galaxy aux commandes rend l'expérience encore plus frustrante : doit-on vraiment faire le deuil d'un nouveau grand jeu de plateforme 3D sur Wii U, qui pourtant en aurait tant besoin ? En attendant l'annonce d'un éventuel nouveau Mario, reportée aux calendes grecques, il faudra se satisfaire de ce "petit" jeu et réajuster ses attentes à sa mesure : car pour être honnête, sa formule pourrait tout de même séduire, tant le titre fait d'ores et déjà montre d'un savoir-faire évident en matière de fun familial.