PS2 : L'heure du bilan - 3ème partie

L’année 2001 s’est terminée sur les chapeaux de roue pour la PlayStation 2. Sans concurrence, la console de Sony monopolise toutes les attentions et peut faire naître des licences mondialement connues telles que Devil May Cry ou Jak and Daxter. Début 2002, c’est sûre de sa force que la machine souhaite continuer sur sa lancée avec des titres très attendus. Final Fantasy X, Metal Gear Solid 2 ou encore WipEout : Fusion font notamment partie des softs sur lesquels les fans fondent beaucoup d’espoir. Mais si ces titres restent encore des exclusivités, l’époque bénie de la mainmise de Sony sur le marché n’aura duré qu’un temps : de la mort de la Dreamcast en mars 2001 jusqu’à la fin de cette même année, lorsque la Xbox et le GameCube voient le jour dans leurs pays d’origine.


Il faut attendre le printemps 2002 pour voir les plateformes de Microsoft et de Nintendo atteindre le continent européen. Malgré des licences au succès considérable telles que Mario, Zelda, Halo, Resident Evil (Resident Evil 4 ne sort sur PS2 que six mois après la version GameCube), les deux dernières consoles de la sixième génération seront loin de rivaliser avec la machine de Sony sur la scène internationale. A l’échelle continentale, la Xbox fait franchement de l’ombre à la PS2 aux US tandis que le GameCube remporte un franc succès sur l’archipel nippon. Néanmoins, avec respectivement 20 et 25 millions d’exemplaires distribués, le parc de machines de MS et de Big N reste très, très loin des 120 millions de PS2 vendues à travers le monde.

Au-delà de ses titres exclusifs, la PS2 peut aussi compter sur des portages plutôt réussis dans l’ensemble. Rien qu’au début de l’année 2002, la console de Sony accueille Headhunter, mais aussi Ecco the Dolphin ou Max Payne. Autant de softs qui ont gagné leurs lettres de noblesse sur Dreamcast ou PC et qui acquièrent une seconde jeunesse en étant adaptés à la PlayStation 2. Dans les mois qui vont suivre, d’autres titres, principalement des FPS, seront aussi importés du PC pour enrichir le catalogue du monolithe japonais : Ghost Recon, Deus Ex, No One Lives Forever… Toujours pour un résultat convaincant, n’en déplaise aux puristes. En revanche, certains titres effectueront le chemin inverse, c'est-à-dire de la console vers le PC. Inutile de dire que ces jeux ne resteront pas dans les mémoires (Red Faction 2, Turok Evolution).


En plus des portages, la PS2 peut aussi s’appuyer sur des jeux multiplateformes, sortant simultanément ou presque sur GameCube, Xbox ou PC. Au rayon des jeux motorisés, notons V-Rally 3, Colin McRae Rally 3 et surtout Burnout 2 qui démontrent des qualités certaines. Pour les amateurs de baston, Guilty Gear X et Marvel Vs Capcom 2 offrent des combats pleins de punch et de dynamisme. Pour les sportifs, citons par exemple NBA Live 2003, premier épisode de la franchise à tirer vraiment profit du stick droit, ou encore Tony Hawk’s Pro Skater 4, à l’époque où la saga d’Activision savait encore se renouveler. Du côté des adaptations cinématographiques, genre rarement propice aux hits, saluons le bon travail des équipes de Treyarch et de Stormfront pour, respectivement, Spider-Man et Le Seigneur des Anneaux : Les Deux Tours. Enfin, s’il fallait décerner deux prix, celui du meilleur jeu multiplateforme de 2002, ainsi que celui du meilleur portage de l’année, Hitman 2 : Silent Assassin et Myst III : Exile seraient à coup sûr des lauréats de grande envergure.

Mais 2002 restera surtout une année faste pour les exclusivités de Sony. Que ce soit des exclus définitives (FFX, Ico) ou temporaires (Project Zero, DBZ Budokai), les gros hits sont légion en cette troisième année de commercialisation de la console. Chronologiquement, le premier blockbuster à voir le jour est Metal Gear Solid 2 : Sons of Liberty. Après un Zone of the Enders mitigé, Kojima offre à sa quadrilogie un second volet époustouflant. Tirant parfaitement profit des capacités de la bécane que son soft exploite, le réalisateur japonais livre un opus bluffant techniquement. Cela dit, malgré toutes ses qualités, MGS 2 demeure sans doute l’épisode le plus contesté de la saga, la faute à quelques longueurs et au personnage de Raiden, qui ne parvient jamais à remplacer ce bon vieux Solid Snake.


Toujours en mars 2002, Sony livre Ico. Fascinant, bouleversant, intelligent, ce jeu d’aventure très original ne connait pas le succès qu’il méritait sans doute. Malgré le plébiscite des critiques, les aventures d’Ico et de Yorda ne trouve pas d’écho à leur mesure auprès du public. La maniabilité pas toujours irréprochable n’aurait pourtant pas dû priver l’une des œuvres les plus marquantes de la console d’une distribution à grande échelle. Le même constat peut être appliqué à Maximo, sympathique jeu d’aventure, ou à Shadow Hearts, excellent RPG mésestimé alors qu’il n’a pourtant pas grand-chose à envier aux mètres-étalons du genre. Et puisqu’on parle de RPG célèbres, Final Fantasy X sort en Europe en mai 2002. Peut-être plus encore que MGS 2ou GTA III, FFX se pose, du moins jusqu’au moment de sa sortie, en étendard de la PS2. Sa plus belle vitrine. Il faut avouer que les cinématiques laissent tout simplement sans voix. La motion-capture utilisée pour animer les personnages est impressionnante de réalisme. Techniquement, le seul reproche qu’on peut adresser au jeu de Square est sa limitation au 50Htz, restriction déjà observée pour Devil May Cry quelques mois plus tôt. Demeure cependant un RPG efficace, doté d’une histoire intéressante à défaut d’être follement originale. Sans doute pas le meilleur épisode de la saga mais assurément le plus beau jeu console de son époque.

Au cours du deuxième semestre, d’autres softs marquants voient le jour. On peut, par exemple, évoquer Smash Court Tennis Pro Tournament, excellent jeu de balles jaunes développé par Namco, DBZ Budokai, premier volet de la première trilogie de jeu de baston dédié à l’œuvre de Toriyama, Kingdom Hearts, action-RPG mêlant les univers de Squaresoft à ceux de Disney pour un résultat beaucoup moins niais que certains l’affirment injustement, ou encore Pro Evolution Soccer 2, le jeu de foot déjà incontournable de Konami qui suit les préceptes imposés avec brio par son prédécesseur. Et ce n’est pas tout. Au rayon des jeux de baston, deux titres phares sortent à quelques semaines d’intervalle pour des succès tout aussi fracassants : Tekken 4 et Virtua Fighter 4. Un an après le succès de Jak and Daxter, Sony continue de régaler les amateurs d’aventures et de plateformes avec Ratchet and Clank, nouveau titre mettant en scène un duo attachant et amusant.


Mais s’il ne fallait conserver que deux titres ayant véritablement posé leur emprise sur la fin d’année 2002, Project Zero et l’inévitable GTA : Vice City seraient ceux-là. Si certaines mauvaises langues estiment que ce deuxième Grand Theft Auto sur PS2 s’apparente à un gros add-on de GTA III, force est de constater que Vice City surpasse son aïeul. Si l’effet de surprise n’est plus là, le soft de Rockstar se dote désormais d’un véritable scénario, bien que ce dernier soit grandement calqué sur le film Scarface de Brian De Palma. Ambiance en revanche beaucoup plus feutrée et angoissante dans Project Zero. Jamais un survival-horror n’aura été aussi bien désigné que ce titre destiné à devenir le pionnier d’une trilogie éprouvante pour les nerfs.

A cause de ses cornes de taureau, Ico a été condamné à mourir enfermé dans une vieille forteresse en ruines. Il tente de s’échapper de ce gigantesque labyrinthe de pierre, tout en protégeant Yorda, une frêle jeune fille poursuivie par les ombres. Malgré sa maniabilité douteuse lors des phases de combat, ce jeu est une merveille pour son ambiance onirique et incroyablement captivante. L’action se déroule au cœur d’une architecture colossale. Les décors sont vertigineux. La nature qui gorge la forteresse à ciel ouvert est resplendissante. Une vraie aventure poétique qui confère à la Team Ico la palme du meilleur jeu de l’année 2002.

Un an après GTA III, Rockstar sort un deuxième jeu, doté du même moteur graphique que le précédent. Si techniquement, Grand Theft Auto : Vice City ne se démarque pas vraiment de son prédécesseur, il est pourtant très différent. Pour la première fois, on incarne un personnage charismatique en la personne de Tommy Vercetti, sorte de pendant vidéoludique de Tony Montana. Le parallèle avec Scarface reste d’ailleurs omniprésent tout au long de la trame principale du jeu, qui suit l’ascension fulgurante d’un petit malfrat, de l’anonymat jusqu’aux cimes du grand banditisme. Drôle, violent, caustique, GTA : Vice City peut postuler au titre du meilleur épisode de la série.

Initiée sur PlayStation quelques années plus tôt, la quadrilogie Metal Gear Solid livre aux Européens son deuxième opus au cours de l’année 2002. Et Snake ne nous déçoit pas en faisant son entrée sur PS2, bien qu’il ne soit pas le personnage central de l’aventure. Le soldat légendaire laisse en effet la vedette à un petit jeune, Raiden, au charisme beaucoup moins prononcé que son ainé. Qu’à cela ne tienne, MGS 2 : Sons of Liberty reste un jeu doté d’une classe folle et d’un scénario palpitant laissant une marque indélébile dans les mémoires des joueurs.

Final Fantasy X n’est certainement pas le meilleur épisode d’une saga s’étalant sur près de vingt ans. Certains prétendront que le VII surpasse tous les autres, d’autres que le VI n’a jamais été égalé. Mais on aurait tort de sous-estimer la puissance de FFX, dont les rares défauts sont totalement occultés par une aventure magistralement narrée et orchestrée. Scénario solide, système de compétence hypnotique, beauté sidérante des personnages et des environnements. Autant de qualités indéniables qui placent le jeu de Squaresoft sur la plus haute marche du podium des RPG en 2002, devant Shadow Hearts ou Grandia II.

Sans aucun doute le meilleur jeu de baston de son époque. Virtua Fighter 4 est parvenu à reléguer au second plan son aspect graphique inachevé et son vilain aliasing en proposant des combats pêchus, techniques, en un mot impressionnants. De plus, le soft de Sega se paie le luxe de posséder un casting aussi hétéroclite que charismatique et d’être aussi passionnant en solo, grâce à un excellent mode carrière, qu’en multijoueurs.

D’une année sur l’autre, les innovations apportées à la série NBA Live ne semblent jamais apporter une véritable révolution. Pourtant, en 2002, NBA Live 2003 ajuste son gameplay en allouant le stick droit du pad PS2 aux dribbles spectaculaires et aux tricks sophistiqués. Cette nouveauté va rendre les matchs de basket encore plus fun et sympas que par le passé. Même si tout n’est pas encore parfait dans le soft d’EA, 2002 marque incontestablement un tournant agréable pour les jeux de NBA sur console.