PS2 : L'heure du bilan - 2ème partie

Quelques mois après son lancement, aussi bien au Japon qu’en Europe, la PlayStation 2 entame sa seconde année de commercialisation avec beaucoup de certitudes. Certes, le catalogue de jeux proposé alors n’est pas éblouissant. Mais de nombreux titres annoncés pour les mois à venir suscitent curiosité et intérêt. Notamment Metal Gear Solid 2, Silent Hill 2, Gran Turismo 3 ou Final Fantasy X, autant de suites de saga à succès, toutes exclusives à la console de Sony.

Mais la première bonne nouvelle de l’année 2001 aux yeux de Sony (un peu moins aux yeux des amateurs de jeux vidéo) est sans conteste l’annonce faite par Sega le 31 janvier. La firme au hérisson bleu déclare la mort dans l’âme l’arrêt de la production de Dreamcast à compter du mois de mars. Pendant de nombreuses semaines, de la « fin » de Sega en tant que constructeur jusqu’à la sortie du GameCube de Nintendo en juillet 2001, la PS2 devient la seule console de sixième génération sur le marché. De quoi lui assurer un monopole aussi bien vis-à-vis des éditeurs tiers qu’à ceux du public.

Avec une telle position de force, Sony aurait très bien pu continuer de vendre sa plateforme au prix initial. Mais la démocratisation irrépressible des lecteurs DVD a implicitement décoté la PS2 aux yeux d’un public pour qui les jeux vidéo ne font pas partie des priorités. Le constructeur nippon a donc annoncé deux baisses de prix successives au cours de l’année 2001. Une première, presque négligeable, de 200 francs en juin, permettant à la machine d’être vendue à 2 790 francs au lieu des 2 990 frs initiaux. Fin septembre, une seconde ristourne, beaucoup plus conséquente, voit la PS2 passer de 2 790 à 1 990 francs. Loin d’être innocente, cette incroyable remise a eu le mérite de consolider le leadership de la console au détriment du GameCube, évidemment apprécié par les fans de Nintendo mais plutôt boudé par les éditeurs tiers. De plus, la baisse de prix de la PS2 a permis de porter un sérieux coup à Microsoft, dont la future Xbox, lancée au prix de 479 euros (3000 francs) ne s’annonçait pas sous les meilleures auspices, en dépit d’un processeur supposé encore plus puissant que celui de la PlayStation 2.

Côté jeux, l’année 2001 commence mollement. A l’exception de simulations automobiles (Moto GP, F1 Racing Championship), les softs destinés à la PS2 peinent à se montrer réellement convaincants. Le 23 mars, un titre majeur fait une entrée assez discrète dans le catalogue de la console. Il s’agit de Zone of The Enders, le premier jeu de Hideo Kojima sur la nouvelle console de Sony. En attendant Metal Gear Solid 2, programmé pour l’année suivante, le réalisateur nippon offre un titre au charme indéniable mais souffrant d’une répétitivité telle qu’elle laisse plus d’un joueur sur le carreau. Néanmoins, ce titre ouvre une brèche dans laquelle beaucoup de développeurs vont s’engouffrer. Celle des jeux pour « adultes ». Pas forcément des 18+ mais des softs où la partie ludique est souvent éclipsée par un scénario, un background ou une intrigue que les joueurs très jeunes ne saisissent pas forcément. Incontestablement, la PS2 deviendra au fil des années une console mature, promouvant des titres où l’imaginaire et le sensoriel prendront le pas sur le concret et le basique.


Pour l’anecdote, il est surprenant de remarquer que certains genres de jeux se font très discrets au cours de cette seconde année de commercialisation de la PlayStation 2. Les FPS tout d’abord se résument essentiellement à des portages de moutures PC. Ainsi, Unreal Tournament, Quake 3 et Half-Life débarquent sur la PS2 au cours de l’année 2001, avec un succès évidemment moindre que sur PC. Les RPG non plus ne sont pas vraiment à l’honneur puisqu’avec Summoner, Dark Cloud ou Evergrace, le début de vie de la console de Sony s’avère plutôt tâtonnant. Heureusement pour les fans du genre, Final Fantasy X pointe le bout de son nez au Japon en toute fin d’année 2001. Et cinq mois plus tard en Europe. Nous y reviendrons.

Avec l’été 2001 arrive le premier must have de la console. Gran Turismo 3. Le jeu de course ultime développé par Polyphony Digital. Tous les fans l’attendaient avec impatience et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a répondu parfaitement aux attentes. D’une part il propose une qualité graphique encore jamais vue sur une console de jeu, avec des textures d’une finesse remarquable et des modélisations automobiles impressionnantes. D’autre part, il offre tout ce qui rend une simulation automobile excellente : jouabilité, réalisme, difficulté. Et quand, en plus, le soft se paye une durée de vie extraordinaire, il ne faut pas chercher bien loin le premier killer ap de la PS2.


Et ce n’est que le début puisque le deuxième semestre 2001 va voir naître quelques titres qui vont vite devenir des incontournables, voire des légendes du jeu vidéo. A tout seigneur tout honneur, GTA III déboule dans les bacs en octobre 2001. Précédé d’une réputation sulfureuse, le soft de Rockstar ne perd pas l’occasion d’être aussi irrévérencieux que par le passé. Tout en incorporant pour la première fois un moteur 3D impressionnant et une véritable ébauche scénaristique. Le résultat, à couper le souffle, justifie à lui-seul l’achat de la console.


D’autres softs clôturent l’année 2001 de la meilleure des manières. Silent Hill 2 tout d’abord qui pousse le Survival-Horror à son paroxysme en offrant une aventure glauque, absurde et fantastiquement effrayante. Mais aussi Pro Evolution Soccer qui envoie dans les cordes Electronic Arts et sa licence FIFA fatiguée. Ou encore Soul Reaver 2, la suite ô combien attendue des aventures de Raziel, Jak And Daxter, premier volet des aventures rocambolesques des héros de Naughty Dog, Baldur’s Gate : Dark Alliance, le RPG mythique totalement revisité dans une version console. Enfin, en décembre, un personnage légendaire vit sa première aventure. Devil May Cry permet d’incarner Dante dans un beat’em all aussi beau à regarder que fun à jouer. Bref, l’année 2001 se termine sur les chapeaux de roue et rend désormais indispensable l’achat d’une PS2 pour tous les aficionados des jeux vidéo sur console.

On ne le présente plus. Grand Theft Auto III est assurément la tuerie de l’année 2001. Dans tous les sens du terme d’ailleurs puisque le soft de Rockstar nous offre une plongée mémorable dans les rues de Liberty City, bien avant que n’y débarque Niko Bellic. Dans cet opus, Claude, héros muet et sans une once de personnalité, accepte tous les sales boulots que lui proposent parrains de la pègre, narcotrafiquants et autres crapules notoires. Dans une ville tentaculaire modélisée en 3D, il vous faut mener à bien une sombre histoire de vengeance tout en gravissant l’échelle de la criminalité. Avec GTA III, Rockstar signe un jeu ahurissant tandis que la PS2 tient-là un véritable joyau.

Les fans l’ont tellement attendu. Après deux opus mémorables sur PlayStation, la fameuse saga motorisée de Sony investit la PS2 à l’été 2001. Avec de sacrés atouts sous sa carrosserie puisque Gran Turismo 3 est tout un simplement un hit. Doté d’un réalisme à toute épreuve, d’une jouabilité beaucoup plus orientée simu que par le passé et d’une réalisation aux petits oignons, GT3 s’impose dès sa sortie comme la référence des jeux de course sur la console de Sony.

En 2000, faute de concurrence, FIFA 2001 avait remporté la palme des jeux de foot sur PS2. ISS, portage d’une version N64, avait bien tenté de rivaliser avec l’ogre d’EA. Sans succès. Mais Konami a de la suite dans les idées. Avec Pro Evolution Soccer, amoureusement raccourci en PES par les fans, la firme japonaise convertit immédiatement les passionnés de football en offrant enfin une véritable simulation. De son côté, FIFA 2002 peut se targuer de bénéficier de toutes les licences et de graphismes plus convenables. Il n’empêche que PES a dès sa première sortie pris un avantage auquel il ne renoncera jamais sur PS2.

Les cheveux blancs, un flingue dans chaque main. Sur la jaquette de Devil May Cry, un personnage entrouvre une porte. Comme une incursion dans le catalogue des jeux PS2. C’est Dante. On ne le sait pas encore mais ce personnage est amené à devenir rapidement l’un des héros les plus charismatiques que le monde vidéoludique a jamais engendré. Au-delà de son perso principal, DMC est aussi un excellent beat’em all concocté à la surprise générale par Capcom, firme que l’on croyait à l’époque engluée dans des suites et des séquelles de Resident Evil. Porté par une réalisation excellente et une bande-son décapante, Devil May Cry est, avec GTA III, le jeu le plus fun de l’année 2001. Dommage cependant que la version PAL du jeu n’ait jamais permis aux Européens de jouer en 60 Hertz…

Si Dante a marqué les esprits en tant que personnage principal de Devil May Cry, que dire de James Sunderland dans Silent Hill 2 ? Après un premier épisode effrayant sur PSone, la saga horrifique de Konami revient sur PS2 avec un deuxième volet plus travaillé, plus subtil. Plus dérangeant aussi. Jamais jusqu’alors un jeu vidéo n’avait creusé aussi profondément la psychologie et la personnalité de ses personnages. Résulte au final une œuvre majeure et probablement le meilleur épisode de la série SH.

Quand Naughty Dog, société ayant créé et popularisé Crash Bandicoot, présente pour la première fois Jak And Daxter, nombreux sont les joueurs à tomber immédiatement sous le charme. Grâce à un univers magnifique et coloré, deux personnages atypiques et attachants, Jak And Daxter se pose dès sa sortie comme un titre indispensable pour tous les férus d’aventures et de plateformes. De quoi faire oublier Crash en une poignée d’heures à peine.