Preview et reportage sur Far Cry 3 : le multijoueur à l'honneur

À l'origine de nombreuses rumeurs depuis bientôt quatre ans, Far Cry 3 a été officialisé en juin dernier à l'occasion de l'E3 2011. Détenteur de la licence, Ubisoft confiait le projet à son équipe de Montréal, déjà à l'oeuvre sur le second opus, mais lui adjoignait d'autres studios pour parfaire les choses. C'est ainsi que Ubisoft Massive s'est trouvé en charge de la partie multijoueur avec l'objectif d'innover pour que le jeu puisse ressortir du lot ! Spécialistes des jeux de stratégie temps réel, les Suédois nous ont accueilli dans leurs locaux de Malmö afin de nous présenter plus en détails leur vision du FPS multijoueur. Impressions.

Notez qu'une interview de Petter Sydow - producer - et Daniel Berlin - game deisgner - sera diffusée dès demain : elle complètera cette preview en présentant les principaux éléments du mode multijoueur vu par ses créateurs.

S'ils travaillent en étroite collaboration avec Ubisoft Montréal, les gars de chez Massive ne gèrent en aucune manière l'aspect solo de Far Cry 3. Au travers de cette preview, il ne sera donc nullement question de l'aventure principale et pour en savoir plus à ce sujet, nous vous invitons à consulter le lien en fin de page, il vous redirigera vers la preview de Benoît... Pour nous parler du multijoueur, nous avons pu discuter avec de nombreux responsables du studio suédois et notamment avec Petter Sydow - producteur sur le projet - qui a voulu insister sur l'idée force des développeurs : mettre le jeu en équipe au cœur du gameplay. Si l'on en croit Massive, trop souvent le facteur teamplay des FPS se limite à identifier qui est dans notre équipe et à ne pas leur tirer dessus.

Petter Sydow et ses copains y vont un peu fort et oublient notamment d'excellents titres comme Brink ou Quake Wars, mais sur le fond, ils n'ont pas complètement tort, en tout cas sur les grosses licences d'aujourd'hui. Pour remédier à ce problème et ainsi apporter une réelle plus-value à Far Cry 3, ils ont cherché à innover sur plusieurs points. De fait et même si des classes de personnage bien définies sont toujours au programme, il n'est plus question de réserver le soin aux seuls médecins. Lorsqu'un joueur tombe sous les balles ennemies, il peut se « dépêcher de mourir » ou au contraire attendre la venue d'un équipier. Peu importe que celui-ci soit un commando ou un sniper, il lui « suffit » de presser un touche spécifique pour relever son comparse.


Du fait même de la puissance de feu offerte par le joueur secouru, le sauvetage est une option tout à fait valide durant une partie, mais ce n'est pas tout. Réanimer un collègue permet d'engranger des points qui feront monter le score du joueur sur la partie, mais aussi monter le score de l'équipe. Il s'agit alors de faire progresser une jauge permettant de débloquer divers bonus « pas dégueux ». La première étape est un simple radar qui permet de faire apparaître la position des ennemis. Bien sûr, le radar ne prend qu'une photographie de la carte l'instant T et il ne peut être utilisé toutes les dix secondes, mais son aide n'est pas inutile quand le jeu tend à devenir plus statique. Ensuite, la jauge d'équipe permet le déblocage du psyche gas.

Lancée un peu à la manière d'une grenade, cette option fait apparaître une sorte de nuage toxique à durée limitée. Les joueurs touchés par ce gaz, se retrouvent désorientés et pour matérialiser la chose, ils voient tous les autres participants en ombre chinoise... et ne peuvent alors pas différencier amis et ennemis. Cette folie ne dure qu'un temps, mais handicape évidemment les joueurs touchés alors que les autres - même leurs équipiers - sont tentés de les tuer pour éviter tout risque ! Enfin, la troisième option est bien sûr la plus délicate à obtenir puisqu'il faut accepter de ne pas choisir les autres pour faire monter sa jauge au plus haut. La récompense est toutefois à la hauteur puisque cette bombe vient frapper une portion de la carte et faire très mal à l'équipe atteinte !

Côté personnages, nous avons déjà parlé du fait que tous peuvent soigner. Pour autant, il n'est pas question d'avoir des soldats identiques et cinq classes sont disponibles afin de couvrir un maximum d'approches. Pour faire simple et alors que les choses doivent être peaufinées, disons qu'il existe deux extrêmes et trois intermédiaires permettant d'aller du gros balaise tout en résistance avec son gilet lourd au sniper qui se poste en altitude... les différentes variations jouant sur le type d'arme (shotgun, fusil d'assaut, AK-47, fusil de précision...), la quantité de munitions embarquées, la résistance du gilet pare-balles et la faculté de s'administrer des soins. Si ces variations sont intéressantes, il faut reconnaître que Massive n'innove pas beaucoup sur ce plan.

Au premier contact avec les modes multi, l'innovation ne saute pas non plus aux yeux, Massive ayant reconduit les grands classiques du genre tels le deathmatch ou le domination. Heureusement, le studio a aussi voulu mettre l'accent sur la gestion du feu, si populaire dans Far Cry 2. Le mode firestorm oppose donc deux équipes dont l'objectif est d'incendier les deux dépôts adverses. Cependant, « pour que le feu prenne véritablement », il faut que les dépôts brûlent de concert or un dépôt ne brûle que durant une trentaine de secondes : il est donc indispensable de bien coordonner les attaques, tout en préservant ses propres dépôts ! Ceci fait, les deux équipes convergent vers un nouvel objectif, central : une antenne radio. Si les incendiaires en garde le contrôle assez longtemps, ils parviennent à faire venir un bombardier qui vient parachever leur œuvre alors que si les défenseurs les boutent, on retourne à l'étape 1.


Esthétiquement parlant, ce mode de jeu est une réussite et sur les PC utilisés pour la démonstration, l'incendie prenait des proportions assez remarquables ! On regrette en revanche que - version alpha oblige - l'ensemble manquait parfois de fluidité et des ralentissements se faisaient notamment sentir au corps-à-corps. En revanche, mention spéciale pour la conception des deux cartes testées : Sub-pen pour le mode domination ou Temple pour le mode firestorm nous ont semblé suffisamment riches pour être intéressantes sur la durée alors que Massive a imaginé une petite astuce pour éviter de multiplier les cartes. De base, les dix cartes prévues seront disponibles sur les quatre modes, mais selon que l'on joue en domination ou en firestorm, toutes les portions de la carte ne seront pas exploitées de la même manière.

Une astuce qui - Massive ne s'en cache pas - permet d'éviter la création de dizaines de cartes et offre davantage de ressources pour chacune d'elles. Mieux, cela permet aussi de « redimensionner » la carte en fonction du nombre de joueurs impliqués dans la partie. À ce sujet, il est pour l'heure question de limiter les choses à des matchs en 9 vs. 9 alors que les amateurs pourront compter sur la présence d'un éditeur de cartes présentés comme « plus complet et plus accessible » que celui de Far Cry 2. Enfin, terminons ce rapide aperçu du mode multijoueur de Far Cry 3 en parlant d'un élément qui nous a été présenté de manière très humoristique : le fait qu'il n'y a pas vraiment d'expérience, de niveaux et que l'on débloque le contenu (des armes notamment) en cours de jeu.

En effet, durant les assauts, les joueurs sont régulièrement amenés à ramasser des flashdrives. Chacune de ces clefs USB contient le schéma d'une nouvelle arme, mais avant de pouvoir l'utiliser, il faut décoder le contenu de la clef. Un décodage qui se fait tout seul - en dehors de nos sessions de jeu - mais que l'on peut accélérer en utilisant le site Web, une application pour smartphone ou en demandant l'aide d'amis. La clef décryptée, il se peut que ce ne soit pas l'arme que l'on recherche (un shotgun alors qu'on joue plutôt sniper) : il est alors possible de la donner à un ami qui nous rendra peut-être la pareille ultérieurement ! Présentée via une vidéo que l'on espère bientôt vous montrer, ce système est intéressant, mais impossible de dire s'il sera vraiment mieux que la classique montée en niveaux.

Pour se démarquer encore un peu plus de la concurrence, Massive a imaginé le battlecry, une option qui permet d'accorder un boost à ses équipiers pourvu qu'on l'active à proximité d'eux. L'idée est bien sûr de favoriser le jeu en équipe puisque des points sont également alloués aux joueurs utilisent cette option à bon escient. Enfin, le système de visée permet de suivre la cible d'un coéquipier afin de l'assister dans le frag : il n'est pas question de vision à travers les murs ou quoi que ce soit d'hallucinant, mais simplement d'aider au travail de groupe. De fait, s'il ne révolutionnera sans doute pas le FPS en ligne, Far Cry 3 semble doté de suffisamment d'atouts pour ne pas connaître le même sort que nombre de ses prédécesseurs : joués les deux ou trois week-ends suivant leur sortie et ensuite complètement / définitivement / irrémédiablement mis au placard. Nous en aurons le cœur net le 6 septembre prochain si tout va bien !

• La preview de Benoît, du 7 juin 2011