Test Drunken Robot Pornography (PC) : 6/10 sur JeuxVideo.fr

AaaaaAAaaaAAAaaAAAAaAAAAA!!! assurait au précédent titre de Dejobaan la première position dans les bases de données des médias et autres revendeurs ; Drunken Robot Pornography, en plus de figurer en bonne place des recherches "robot porn" et "drunken porn" sur Google, accroche immédiatement le regard lubrique du (ou de la) geek, par la puissance évocatrice presque metaphysique de son blase. DRP ne se résume heureusement pas à son SEO ou à une vulgaire opération séduction éhontée par empilement de termes aguicheurs : c'est aussi un FPS perfectible mais diablement jouissif.

Le cadre est posé en moins de trois minutes. C'est effectivement le temps qu'il nous faudra pour esquisser le moindre geste à l'écran titre, subjugué par un thème principal entêtant et drôle. Le finish du premier Portal a fait des émules, Valve ayant semé tout un tas de petites graines ramassées par de jeunes studios talentueux et inspirés comme Dejobaan. DRP n'a ceci dit presque rien d'autre en commun avec le puzzle-FPS, si ce n'est cette vue à la première personne : il s'agit d'un pur shooter en arène, bête et méchant comme le genre l'impose.

La notion de "robot porn" vient de ces constructions robotiques géantes qu'il faut détruire à chaque niveau. Si les premières ressemblent aux errements graphiques d'un étudiant découvrant Maya, les assemblages se complexifient avec le temps. Toujours plus tentaculaires et massives, les formes offrent à chaque fois une manière différente d’en venir à bout. Surprotégés d’imbrications métalliques ou constitués de myriades de petits éléments destructibles, ils sont le principal intérêt de Drunken Robot Pornography.


Les arènes sont elles aussi souvent bien construites, quoique peu vastes afin de vous mettre en permanence le nez dans l'action. Bumpers, plateformes mouvantes et autres toboggans font évidemment partie de la fête, la verticalité des niveaux impliquant une multiplicité de solutions offensives ou défensives salutaires compte tenu de la nature répétitive du jeu. Dejobaan a beau tenter de varier les objectifs de mission (ramasser des points, tuer un certain nombre de robots, entasser les cocktails à ramener à un point d'extraction) et limiter notre temps d'action, DRP reste un jeu de tir frénétique où chaque élément apparaissant à l'écran est un ennemi à tuer.

Armé d’une seule et même pétoire, que l’on améliore temporairement via des power-ups augmentant la cadence, triplant les tirs ou leur puissance, et parfois aidé de bonus bien pratiques (comme la mega bombe ou l’aimant qui attire l’attention sur lui), il va falloir s’employer pour terrasser ces géants de fer, mais aussi les centaines de petits ennemis qui gravitent autour d’eux. Comme tout bon fast-FPS qui se respecte, la vie n’est pas illimitée et l’attitude statique sera rapidement punie : il faut toujours être en mouvement pour espérer triompher.

Le jetpack est là pour ça, son endurance limitée forçant le joueur à anticiper un maximum ses actions dans un laps de temps très court. Frénétique en diable, DRP se veut malgré tout difficile, d’autant que le challenge n’est pas dosé de manière classique. Il n’est pas rare de buter une vingtaine de fois sur un niveau et de réussir le suivant du premier coup, ce qui pourra conduire les moins courageux à abandonner dès la première accroche. Il sera difficile de le leur reprocher, le titre de Dejobaan ne se caractérisant pas vraiment par ses sensations de combat.

L’action de tir n’offre aucun recul ni feeling particulier. C’est peut-être logique compte tenu du mélange FPS/manic shooter proposé – qui implique de tirer presque en permanence – mais grève d’autant l’identité ludique du jeu. Avec son esthétique bien marquée et sa bande son incroyable de variété (rock, électro, dub step, hip-hop), DRP aurait sans doute mérité meilleur sort ludique, même si au fond les quelques possibilités s’appréhendent en un tour de main.

Drunken Robot Pornography reste très lisible malgré le déluge permanent d'effets visuels en tout genre
Souvent frustrant vu que l’on ne peut vraiment distinguer ce qui nous fait perdre nos précieux points de vie, DRP se paie également quelques méchants bugs de collision. Il n’est pas très agréable de rester coincé entre deux textures lors d’un bon run, même si on pourra compter sur les conversations rigolotes entre le héros et sa combinaison ou les quelques messages audio qui nous attendent entre chaque mission pour détendre l’atmosphère. C’est tout le paradoxe du jeu, qui assure d'une part l’intérêt à moyen terme avec son interface de création de robots hyper complexe et donc complète et avec ses leaderboards leaderboards d'autre part. Largement de quoi chercher à s'améliorer dans la cinquantaine de niveaux disponibles.

Drunken Robot Pornography est un bon shoot'em up à la première personne, notamment grâce à son gameplay aérien et dynamique qui nous pousse sans cesse vers l'avant. Artistiquement original avec ses constructions robotiques souvent massives et complexes, il dispose qui plus est d'une excellente ambiance grâce à son pitch débile et sa bande son parfaite. Dommage que le cœur du jeu, la dimension shooting, ne se démarque pas plus niveau sensations et que les pics de difficulté rendent certains runs particulièrement frustrants. Malgré son nom un brin racoleur et la portée limitée de son concept, Drunken Robot Pornography reste un titre intéressant pour les amateurs de challenge et de scoring à la recherche d'une production originale et sans prise de tête, que l'on peut ressortir de temps en temps pour passer ses nerfs.

Drunken Robot Pornography est disponible sur Steam pour 13,99 €, ou à 27,99 € en pack de trois exemplaires.