Après plus de cinq ans d’absence sur la scène PC, la saga Age of Empires nous revient enfin. Et cette fois, on n’a pas choisi de faire dans la suite pure et simple, mais dans un tout nouveau modèle à la frontière du STR et du MMO. Il s’appelle Age of Empires Online et en plus il est gratuit. Mais est-il pour autant un bon jeu ? Ou plutôt, est-il un bon Age of Empires ? Un petit voyage dans l’Antiquité s’impose.
Les premières minutes passées sur
Age of Empires Online ne tromperont aucun fan digne de ce nom : la quasi-totalité des aspects du jeu respirent la patte de Robot Entertainment (des anciens de Ensemble Studios à l’origine des Age of Empires). Que ce soit au niveau des ressources exploitables inspirées d’Age of Kings, du système de guides introduit par Age of Mythologie, ou de la simplicité des mécaniques propres au premier Age of Empires, la nostalgie va aller bon train. Aujourd’hui pourtant le développement du jeu est entre les mains de Gas Powered Games (SupCom, DemiGod…), qui devra donc se charger des futurs mises à jours et de proposer un contenu payant pertinent. Parce que tout free-to-play qu’il s’affiche,
Age of Empires Online prospérera sur les fruits de la vente de son « contenu premium ».
Mais intéressons-nous pour l’instant sur le contenu gratuit du titre. Deux civilisations de départ nous sont proposées : les grecs, plein de sagesse et amateurs de combats en slips, et les égyptiens, puissants combattants obsédés par les portraits de profil. Bien entendu, chacune a ses avantages et ses inconvénients, même si la plupart des unités présentent des similitudes. C’est avant tout un choix d’architecture qui sera effectué par le joueur débutant, puisque pour découvrir les possibilités de ces nobles peuples, il faudra les faire progresser en leur faisant prendre des niveaux (jusqu’à 40) pour débloquer technologies, bâtiments et unités en tout genre. Cette partie gestion, on s’en occupera en ville, plus précisément dans notre ville. Un petit coin sécurisé que l’on aménagera selon nos gouts et qui servira avant tout de menu, de centre de commandement. C’est ici que l’on s’occupera de gérer nos points technologiques, nos académies, mais c’est aussi ici que l’on prendra de précieuses quêtes qui nous propulseront dans le cœur du jeu. En route pour le combat, guerriers d’Ysopolis (le nom de ma très classieuse ville) !
Une fois sur le terrain
on retrouve l’essence même d’Age of Empires. La plupart des quêtes (ou missions) nous fera commencer sur un terrain presque vierge, avec un centre-ville et quelques travailleurs pour bâtir un puissant empire. A partir de ça, les mécaniques sont connues de tous. Il va falloir récolter de la nourriture (baies, chasse, pêche…) et de l’or pour produire des unités, du bois et de la pierre pour construire ses bâtiments technologiques ou de production, et se constituer une armée digne de ce nom. Le tout est agrémenté d’un excellent combo micro (gestion des unités) et macro (gestion des revenus) accessible aux joueurs de tout niveau. Bien sûr, comme pour beaucoup de STR dans leur mode « solo », on est assez limité en début de partie, les premières missions ne nous proposant qu’une ou deux unités de combat différentes. Pas de quoi nous écarter du but de notre mission, qui se résume généralement à massacrer tel nombre d’ennemis, raser tel ville ou construire tel bâtiment en un temps limité. Oui, vous l’aurez compris, on ne fait pas dans l’originalité sur
Age of Empires Online. Et pourtant, cet aspect
PvE plus répétitif qu’un travail à l’usine est évincé par l’envie de faire « grinder » sa ville, lui faire prendre des niveaux et d’élargir ses possibilités d’optimisation. Mais pas que, puisque nos premières missions nous ont permis de glaner quelques ressources, elles, propres à la construction de notre ville… Mais également diverses armes et armures en récompense de
quête, ou jalousement gardées dans des coffres par des unités neutres (on peut choisir de les tuer ou non pour récupérer leur butin).
De retour en ville, nous sommes bien décidés à étendre nos frontières avec de nouveaux bâtiments grâce aux précieuses ressources trouvées lors de nos déplacements. Un petit clic, et voici notre atelier de tanneur grâce auquel nous produisons nos propres cuirs. Idem pour la fonderie, histoire de renflouer la ville en minerais. Nos ressources nous permettent de construire encore quelques structures, et pourtant le jeu s’y refuse. Il nous indique qu’il nous faut une civilisation premium pour placer plus de deux bâtiments supplémentaires. Très bien, dans ce cas nous allons faire un tour à l’armurerie pour équiper nos gros loots sur nos unités chéries. Un système d’équipement qu’il convient de saluer tant il permet de personnaliser les statistiques de son armée. Un arc, par exemple, pourra aussi bien être attribué à nos archers, à nos archers montés mais aussi à nos tours ou encore à notre centre-ville. Augmentation de dégâts, de portée, de points de vie ou réduction de dégâts, les effets sont assez divers pour trouver chaussures à sa taille. Et là, nouveau drame : on ne peut pas équiper les objets de qualité supérieure (rare et épique) sans être propriétaire d’une civilisation premium (environ 20€). Pour faire bref, cette option permet d’utiliser les conseillers (ou guide) pour débloquer des unités uniques et des pouvoirs spéciaux, de jouer en
PvP selon des paramètres prédéfinis (impossible de jouer contre ami sans ça), et la possibilité d’utiliser des « points impériaux » récompensant nos quêtes et donnant accès à de l’excellent équipement.
Si l’on comprend bien, il sera impossible de faire du
PvP avec nos amis sans avoir acheté un compte premium au préalable. De la même façon, nous serons terriblement limités sur les technologies, que ce soit au niveau des bâtiments de production, des unités débloquées par les conseillers ou encore au niveau des Stars Tech (amélioration ultime des branches technologiques) inaccessibles en mode « gratuit ». N’espérez même pas personnaliser votre ville par quelques objets décoratifs sans passer à la caisse, ceux-ci se monnayant une petite fortune vis-à-vis de leur utilité. Bien entendu, ces packs comprenant l’intégralité du contenu payant (boosters packs donnant de nouvelles quêtes, packs d’objets décoratifs, civilisations premium etc.) peuvent être achetés en promo dans un
pack très complet… à 100 euros, pour une économie d’environ 30% à peine que si l’on prenait les objets un à un. Sans oublier qu’au moins deux civilisations supplémentaires feront leur apparition dans un futur proche. Si certains joueurs se contenteront du contenu gratuit, d’autres ne manquerons pas de pester face à ces limitations, dont certaines à nos yeux n’ont pas lieu d’être. La limitation d’équipement et de conseillers, qui risquent de faire du grabuge sur l’équilibrage des parties en PvP.
Il convient également de parler du fameux mode coopération. Certaines missions, plus difficiles que certaines, nous proposent d’être menée à terme avec l’aide d’un second joueur. Peu importe son niveau, il apparaitra à quelques mètres de votre base avec son centre-ville et ses travailleurs de départ grâce à un système de matchmaking bien huilé. La mayonnaise prend rapidement. Dans notre première coop, par exemple, nous avons décidé d’appuyer les Slingers égyptiens (sortes de frondeurs) en masse de notre allié avec une armée massive d’Hypaspists, spécialistes du corps à corps. S’en résultat un carnage à sens unique et une amitié toute nouvelle. Pour les plus chevronnés, une version Elite est disponible sur certaines quêtes. Inutile de dire que le challenge est largement au rendez-vous, à l’image des récompenses particulièrement puissantes pour le coup. Et si elles ne vous servent à rien, vous pourrez toujours les donner à votre ami ou les revendre à d’autres joueurs puisqu’un système d’échange est intégré au jeu, ce qui gâche rien.
Nous arrivons enfin à la technique du titre. Personne ne manquera de remarqué le choix étrange effectué pour la direction artistique : un style cartoon en décalage total avec l’aspect réaliste des anciens opus. Certains aiment, d’autre non, mais dans l’ensemble ça permet au jeu de tourner sur des machines plutôt modeste sans accuser le moindre ralentissement. De plus, on reconnaît facilement chacune de nos unités dans la mêlée, sans parler des animations largement réussies et donnant vie à nos petits bonhommes virtuels. On regrettera toutefois quelques problèmes d’échelle au niveau de certains bâtiments, mais rien d’alarmant d’autant plus que le style cartoon permet bien des fantaisies (comme ces petites tombes fleuries qui apparaissent à la mort de certaines unités). La bande-son de son côté est d’excellente facture, les thèmes sont assez variés et toujours dans l’esprit de la saga et de chaque civilisation jouée.
Age of Empires Online est un titre déroutant. D’un côté, il respecte parfaitement le principe du MMOSTR sans pour autant en sublimer l’essence. De l’autre, jouer gratuitement impose trop de limite, particulièrement en PvP où les détenteurs de comptes premium ont accès à des améliorations plus puissantes. D’un point de vue totalement gratuit, AOEO est un titre en demi-teinte, remplie de missions solo ou coop mais sans réel scénario et assaisonné d’un PvP manquant d’équilibrage. A choisir, on aurait préféré un modèle « Metagame » avec conquête de territoires, ou encore un PvP Vanille où nous sommes tous égaux. Il faudra repasser… Ou attendre que Microsoft se décide à revoir son modèle.
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