A Game Of Thrones RPG

A moins de vivre coupé d’internet et de la télévision, il a été difficile cette année d’ignorer l’engouement suscité par la diffusion de la saison 1 du Trône de Fer. Cette série télé issue d’une série de livres écrits par George R. R. Martin a rapidement séduit le grand public, charmé par le ton adulte et le charisme des héros. Les développeurs du jeu, Cyanide, ont donc eu fort à faire pour faire coller leur titre le plus fidèlement possible à la série de HBO. D’abord parce que le développement du jeu a commencé il y a deux ans et demi, alors que la série télé n’était pas encore tournée. Lorsque la série a été diffusée, Cyanide a du revenir sur beaucoup d’éléments de son jeu pour le faire coller avec le petit écran. Ainsi, les personnages clés de la série seront modélisés dans le jeu, et leurs voix seront doublées par les acteurs américains pour la version US et par les doubleurs français pour la version francophone. D’autre part, les développeurs ont fait superviser leur travail par George R. R. Martin lui-même. Scénario, personnages, environnements et ennemis, tout cela a du être approuvé par l’auteur des romans, connu pour son pointillisme et l’exhaustivité de son univers. Le but, c’est naturellement de créer un jeu qui soit à la fois accessible à ceux qui ne connaissent pas par cœur les 5 tomes de la série de roman et qui se sont cantonnés à la série, mais qui contienne suffisamment de références pour plaire à ceux qui ont déjà lu les cinq gros livres de la saga.

Voilà pour les présentations générales. Du point de vue du scénario, Cyanide a été très clair, il est hors de question que le joueur puisse bouleverser les innombrables évènements qui jalonnent la saga. L’histoire se déroule donc durant la période du premier tome du Trône de Fer, mais on ne vivra pas directement ce qui s’y passe ni n’influencera d’une quelconque manière le déroulement des évènements du livre. En fait le joueur va être amené à prendre le contrôle de deux héros différent, a priori sans liens communs. Mors Westford est le premier héros que l’on contrôlera. C’est un garde de nuit, un ancien lieutenant de Tywin Lannister qui a eu le malheur de lui déplaire. Au début de l’aventure il va être contacté par Jon Arryn, la Main de Robert Baratheon, qui va lui demander de retrouver et de protéger une jeune fille. Sachez enfin que c’est un zoman, et qu’à ce titre on pourra prendre le contrôle de son chien durant les combats et dans des phases d’infiltration. L’autre héros jouable est Alester, un prêtre rouge de retour de 15 années d’exil à Bravos. C’est un fils de seigneur, et son aventure commence alors que son père vient de mourir. Alester va alors rapidement être contacté par Cersei pour retrouver une jeune fille. On n’en dira pas plus, ceux qui connaissent bien la série on certainement une petite idée de ce qui se trame. Sachez que le jeu proposera plusieurs fins différentes et que la quête de nos deux héros se terminera bel et bien à la fin du jeu. Comprenez par là qu’il s’agit d’un épisode à part dans l’histoire globale de la saga du Trône de Fer, un spin-off qui se suffit à lui-même et qui, a priori, n’appelle pas de suite.

Game of Thrones (ou GoT pour faire plus simple) se présente comme un RPG occidental linéaire. Pour vous donner une petite idée de son gameplay, disons que c’est un mélange de The Witcher pour la construction et le déroulement des quêtes et de Drakensang pour les combats. GoT est donc un jeu de rôle linéaire, dans le sens où vous ne pourrez pas vous promener librement dans tout Westeros ou explorer l’au-delà du Mur pour chasser le sauvageon. On se retrouvera confiné dans des lieux important de la saga (Port Réal, Chateaunoir…) qui seront entièrement modélisés et dans lesquels on trouvera et fera l’essentiel des quêtes. Cyanide nous en a montré quelques unes pour bien nous prouver qu’ils collaient parfaitement avec l’esprit de la série. Sachez tout d’abord que le jeu ne contiendra aucune quête secondaire mineure de type Fed-ex. A aucun moment un PNJ vous demandera d’aller chasser trente loups et de lui ramener leur peau pour sauver sa petite fille du froid. Il existera bien une petite dizaine de quêtes optionnelles, mais celle-ci auront toujours un rapport avec le scénario. De la même façon, les quêtes du jeu auront toujours des conséquences sur les actes futurs du joueur. Par exemple, au milieu du jeu, Mors se fera capturer et torturer par une faction ennemie. Tout ce que vous direz ou ne direz pas à l’ennemi aura alors des conséquences, et sur le déroulement de la suite de la quête principale, et sur le personnage. En l’occurrence, si l’on s’entête à ne pas répondre le bourreau va commencer à nous couper des orteils, ce qui aura un impact direct sur l’agilité du joueur. Bien vu. De la même façon, les dialogues proposeront systématiquement des choix radicaux qui auront un impact sur la suite de l’aventure. Refusez une faveur à un Noble et il vous le fera payer plus tard. Le système de dialogue est d’ailleurs directement inspiré de Mass Effect. Lorsque c’est au joueur de parler, celui-ci peut donner plusieurs types de réponses affichés dans une roue. Trône de Fer oblige, les développeurs nous ont assurés que le manichéisme propre au RPG de Bioware ne serait pas aussi présent, ou, tout du moins, pas aussi évident.

Comme dans tout jeu de rôle, les combats auront une importance cruciale. Games of Throne ne sera d’ailleurs pas un simple jeu d’action où il faut taper les boutons sans réfléchir pour parvenir à gagner. Tout d’abord, nos deux héros posséderont une feuille de personnage très complète. Celle-ci comprend cinq statistiques générales (Force, Agilité, Chance, Endurance et Intelligence), des arbres de compétences et des traits particuliers. Les arbres de compétences sont en fait liés à la classe que l’on choisira pour les deux héros. Trois classes sont proposées pour chacun, qui correspondent en fait à trois styles de combat différent. Dans le cas de Mors, il était possible de choisir le combat avec des armes à deux mains, avec une arme et un bouclier ou avec une arme dans chaque main. Une fois parvenu au niveau 7, il est également possible de se spécialiser dans la classe choisie ou d’en prendre une deuxième. Une fois face aux ennemis, GoT nous sert des combats en temps réel avec une pause active. Cela signifie concrètement que lorsqu’on rencontrera des ennemis, il sera possible de mettre le jeu en pause et de choisir une chaîne d’action à effectuer. Par exemple, lorsque Mors rencontre un groupe de sauvageons ennemis, on peut d’abord demander de lui faire attaquer le premier, puis effectuer une attaque spéciale sur le second et de revenir ensuite sur le premier pour effectuer une parade. Les actions spéciales réclameront alors une certaine quantité d’énergie ; énergie qui se recharge automatiquement mais lentement durant les combats ou rapidement en se mettant en position de parade. Sachez enfin que durant certaines quêtes on pourra être accompagné par des alliés provisoires et que l’on pourra parfois contrôler ceux-ci pour rendre les combats plus tactiques. Le game over, enfin, n’apparaîtra uniquement que quand les personnages de son groupe seront tous morts.

Contrairement à Game of Thrones : Genesis, qui était bâtit sur un moteur graphique maison, le RPG GoT utilise l’Unreal Engine 3. Sans parvenir à la hauteur d’un The Witcher 2 ou à l’immersion procurée par les grands espaces de Skyrim, il faut bien admettre que l’ensemble est assez réussi. Cyanide a passé beaucoup de temps à rendre les environnements crédibles, que ce soit dans le respect de la logique des lieux ou dans la modélisation des personnages et de leurs équipements. L’ambiance médiévale que l’on attendait de la série est bien présente et les personnages que l’on sera amené à rencontrer sont aussi dégueulasses que ceux que l’on peut imaginer dans le livre. On ajoutera à cela que les développeurs ont bien compris que l’ambiance adulte omniprésente dans la série télé était un facteur clé pour attirer les foules. Soyez rassurés, il y aura bien des bordels avec de jeunes femmes légèrement vêtues et quelques scènes un peu gore, comme il se doit. Cyanide nous a d’ailleurs susurré qu’ils ont été obligé d’enlever quelques scènes cochonnes des bordels et une séquence de torture avec une émasculation pour que le jeu reçoive l’autorisation de vente.

De fait, Game of Thrones s’annonce dès à présent comme un jeu très honnête. Selon les développeurs l’aventure devrait durer entre 25 et 30 heures et sera facilement accessible aux simples amateurs de RPG. Mais si l’univers du jeu semble fidèlement retranscrit, cette présentation très complète du jeu ne nous a pas encore entièrement convaincu. En fait, il manque au RPG GoT une touche d’épique, de fourberie et finalement d’ampleur qui caractérise si bien les romans. L’aventure s’annonce assurément intéressante, mais en l’état il nous a semblé qu’elle manquait tout de même d’un peu de charme, de véritable personnalité qui ferait vraiment de GoT un RPG à part. On attendra donc la sortie du jeu, calée au mois de mars prochain sur Xbox 360, PS3 et PC pour voir ce qu’il en est vraiment.