Epic Mickey

Epic Mickey c’est avant tout une nouvelle aventure de Mickey. Ho, pas le Mickey insipide de ces dernières années, markété pour plaire aux 5-10 ans, non, le « vrai » Mickey des années 30 avec son visage blanc et son nez pointu. Le Mickey combattif, un peu maladroit et malicieux que l’on voit dans les vieux Disney en noir et blanc. Ca a son importance, puisque le scénario commence dans le monde « réel » de Mickey. Celui-ci découvre qu’en traversant un miroir (notez bien la référence), il peut se rendre dans le bureau de Yensid, le magicien de Fantasia. Ce dernier travaille au pinceau magique sur une étrange maquette représentant le monde de Disney. Mickey profite alors d’une pause de Yensid pour prendre son pinceau et créer un amas de peinture magique, qui va rapidement dégénérer en Fantôme Noir, le grand méchant de l’aventure. Et celui-ci va envoyer Mickey dans le Monde de la Désolation (Wasteland, en anglais), un univers parallèle dans lequel se trouve toutes les créations avortées de Disney. Mickey aura alors deux quêtes à réaliser. La première, c’est naturellement de trouver le moyen de s’échapper de ce monde empli de vilaines bestioles, et la deuxième d’enquêter sur les dysfonctionnements de cet univers. L’occasion de croiser moult personnages des univers du créateur américain. On trouve de multiples références aux plus célèbres dessins animés : Peter Pan, Dumbo, mais aussi des créations avortées comme Oswald le Lapin Chanceux qui a un rôle central dans le scénario du titre.

En termes de gameplay, Epic Mickey se présente comme un jeu de plateforme en 3D relativement classique, dans la lignée d’un Super Mario Galaxy. La caméra est placée dans le dos du personnage et les contrôles qui s’effectuent à la Wiimote et au Nunchuck sont identiques à ceux du plombier. Le stick du Nunchuck permet de se déplacer, la croix directionnelle de la Wiimote déplace la caméra, en secouant la Wiimote, Mickey effectue une attaque tournoyante, etc, etc. A ces contrôles classiques et efficaces s’ajoute un élément de gameplay supplémentaire : le pinceau de Yensid que Mickey porte en permanence sur lui. Comme Mickey se trouve dans un monde parallèle de dessin, ce pinceau magique lui permet d’effacer (avec du dissolvant de couleur verte) ou de créer (avec de la peinture de couleur bleue) des éléments de l’univers. Tout le gameplay de Epic Mickey est basé sur cette idée, parfaitement exploitée. Concrètement, le joueur va devoir compléter ou effacer des parties du décor pour progresser dans le jeu. Alors, évidemment, on ne peut pas tout effacer ou compléter, seules certaines parties indiquées par une surbrillance sont sujettes à ces interactions. Par exemple, au début du jeu, pour atteindre une porte de sortie en hauteur, il faudra balancer de la peinture bleue sur le sol pour recréer la plateforme. Plus loin dans le jeu, on enverra du dissolvant sur des engrenages pour arrêter une machine qui nous empêche de sauter sur une plateforme. Ici, un levier est caché derrière un tas de rocher à effacer, etc, etc. De la même manière, les ennemis pourront être soit aspergés de peinture et deviendront alors des alliés qui combattront à vos côtés, soit de dissolvant, ce qui les fera disparaître.

Pour autant, cet élément de gameplay n’est pas une arme sans conséquence sur l’univers de Epic Mickey. Si les développeurs se sont montrés peu bavards sur le sujet, on remarque qu’en fonction des choix effectués avec le pinceau (effacer ou créer), la musique change en passant d’une tonalité joyeuse en utilisant la peinture ou mineure en effaçant plus que de raison. Est-ce que cela aura un impact sur la fin du jeu ? « Nous ne pouvons rien dire » me répond une charmante Relation Presse avec un sourire en coin. Dans le même style, sachez que Mickey aura régulièrement des quêtes secondaires à effectuer dans certains niveaux plus ouverts. Et devinez quoi ? Il faudra presque systématiquement choisir entre effacer ou créer ou parvenir au bout de la quête. Et si en plus je vous dis que Warren Spector (Deus Ex) est derrière le projet, je pense que l’on peut entrevoir une réponse assez précise à ma question…

Enfin, il faut savoir qu’à la fin de chaque niveau en 3D, de courtes séquences en 2D, façon Mickey Mania (incontestablement le meilleur jeu Mickey de tous les temps) entrecouperont le jeu. Sublimes, ces séquences reprennent les différents univers dans lesquels Mickey a évolué durant toute sa carrière sur le petit et le grand écran. Steamboat Willie, Fantasia, Le Haricot Magique ou encore De l’autre côté du miroir sont quelques-uns des niveaux que nous avons pu voir. Ces séquences sont tout simplement magnifiques, respectent de manière quasi-parfaite et idéale les différents styles de dessins animés sortis au milieu du XXème siècle et arracheront rapidement des larmes de joie aux fans dans de la souris américaine. La partie 3D bénéficie d’une réalisation tout aussi honorable. Le monde de la désolation est à la fois triste et coloré, en adéquation totale avec l’univers de Disney. Les animations de Mickey sont superbes, les bruitages semblent issus de la fin des années 30, bref, on tient là une réussite technique, du moins pour de la Wii.

Il reste enfin la question cruciale : à qui s’adresse Epic Mickey ? Malgré son PEGI 7+, le jeu de Junction Point Studios n’est pas vraiment conseillé aux enfants. Non pas qu’il soit violent, mais plutôt parce que pour apprécier les innombrables références à tous les vieux épisodes de Mickey, il vaut mieux avoir une culture assez solide de la souris. De même, le gameplay se prêterait plutôt à des joueurs habitués aux jeux de plateforme en 3D et pas forcément à de jeunes enfants. Quoi qu’il en soit, pas besoin d’être un expert ès Disney pour se rendre compte que Epic Mickey s’annonce d’ores et déjà comme un immanquable de la fin d’année sur Wii. Il faut dire qu’à l’exception de Super Mario Galaxy 2, il n’aura pas vraiment de réel concurrent.