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Publiée le 12/12/2007 à 00:12, par Deez

Entretien avec Christophe Arleston

Quelques jours avant la sortie de Lanfeust de Troy sur Nintendo DS, nous avons eu la chance de rencontrer Christophe Arleston, scénariste de la célèbre bande-dessinée éponyme. L'auteur français a accepté de répondre à nos questions et de donner son point de vue sur les liens existant entre le jeu vidéo et la BD.

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Pourriez-vous nous rappeler brièvement vos travaux jusqu’à aujourd’hui ?


A la base, je suis journaliste radio mais j’ai toujours été passionné par la bande dessinée. Tout ce que j’ai fait durant les années 80 était dans l’optique de faire un jour de la BD. En 1989, j’ai commencé à travailler pour Soleil qui était à l’époque une petite maison d’édition basée à Toulon. Le libraire y faisait ses premiers albums tout seul, sur le comptoir. J’ai alors commencé à faire des premières séries d’héroic-fantasy : « Les maîtres-cartographes ». En 94, j’ai fait part à Didier Tarquin (dessinateur de la BD, ndlr) d’une idée rigolote qui parodiait l’univers de l’héroic-fantasy. Il a tout de suite accepté de faire Lanfeust et cela a été un gros succès immédiatement. Soleil commençait en plus à bien tourner parce qu’ ils rééditaient Rahan à ce moment-là. Le succès de Lanfeust a permis à cette maison d’édition de grandir encore plus vite. On nous a donc beaucoup poussé à poursuivre cette aventure, mais aussi de lancer d’autres séries qui ont elles aussi très bien marchées.

A quand remontent les premiers contacts concernant une éventuelle adaptation de votre travail vers le monde vidéoludique ?Retour au sommaire
C’est grâce à Lanfeutz, dès 1997 que de premiers contacts ont été effectués. Un premier projet nous a été proposé mais nous n’avons pas exploré très loin cette voie-là. Un deuxième projet a vu le jour en 2000. Des images avaient même été créées mais nous n’avions pas été satisfaits, ni par l’histoire, ni par les graphismes. C’étaient des petites firmes indépendantes qui nous sollicitaient, on a donc préféré dire non. Et Atari a pris contact avec nous il y a environ deux ans. Ils ont immédiatement su nous convaincre car leur projet était à la fois sérieux et ambitieux. Par ailleurs, Tarquin et moi voulions être très impliqués dans la création. Comme les interlocuteurs connaissaient l’univers et nous ont écouté attentivement, tout s’est très bien passé.

Quelle a été votre réaction lorsque que vous avez été sollicité par Atari ?Retour au sommaire
Nous étions évidemment méfiants au début, il a fallu nous amadouer. Mais dans le même temps, on était aussi ravis. Atari est en effet une société sérieuse. Je connaissais d’ailleurs pas mal de leurs jeux. On leur a tout de suite fait comprendre que l’on souhaitait mener à bien un grand projet. S’ils n’avaient pas été du même avis, on aurait sans doute refusé.

Etes-vous un adepte des jeux vidéos ? Si oui, pouvez-vous nous dire quels jeux vont ont marqué ? Peut-être que certains vous ont même inspiré ?Retour au sommaire
Je suis avant tout un joueur de Playstation, même si j’ai découvert les jeux vidéos avec Zelda, jeu duquel j’écoute d’ailleurs régulièrement les musiques. Par la suite, comme tout le monde, j’ai apprécié les jeux comme Tomb Raider. Mais j’ai vite eu moins le temps à accorder aux jeux. Par le biais de mes enfants, j’ai toutefois continué à suivre l’actualité des jeux vidéos. Ces temps-ci, je m’amuse surtout avec la Wii parce que ça ne demande pas un investissement sur le long terme. Je m’amuse énormément à lancer des vaches dans Rayman Et Les Lapins Crétins par exemple. Je ne suis pas un « hard player », ni un grand spécialiste, mais j’ai toujours aimé jouer et me suis toujours bien amusé avec mes consoles.

Pensez-vous que la DS apportera un plus à Lanfeust ? Quelque chose qu’une autre console n’aurait pu apporter ?Retour au sommaire
L’avantage de la DS est incontestablement la présence du stylet et du micro. Ces deux facettes ont permis à l’esprit de Lanfeust de rester intact. Certes, notre titre est un jeu d’aventure à la base, mais il y a aussi des mini-jeux à côté qui apportent des passages plutôt drôles. Par contre, je suis un peu déçu car j’aurais voulu qu’on chante dans le micro. Mais c’était trop complexe à réaliser. On pourra peut-être le faire dans des versions ultérieures, qui sait ? Au début du jeu, Lanfeust doit forger son épée. Il faut donc se servir du stylet pour la fabriquer, puis souffler dessus pour qu’elle refroidisse. On a vraiment pu utiliser toutes les possibilités offertes par la DS. De plus, l’écran du haut est tout simplement excellent. Il permet une immersion dans le décor, un décor qui est d’ailleurs admirable puisqu’il donne une autre perspective au jeu et qu’il a été élaboré en étroite collaboration avec Didier Tarquin. Au bout de trois minutes, on entre vraiment dans l’aventure et on se promène carrément sur le monde de Troy. C’est formidable.

En ce qui concerne le jeu, vous avez tenu à vous impliquer énormément. Comment cette implication s’est-elle matérialisée ?Retour au sommaire
C’est très simple. Nous faisions une réunion tous les mois avec le chef de projet du jeu. Et au quotidien, nous échangions des mails avec les développeurs. De son côté, Didier Tarquin était aussi en contact fréquent avec l’équipe graphique. A chaque fois qu’un dessin était fait, Didier corrigeait ou y apportait de petites mais importantes modifications. Didier a aussi créé des personnages et des décors originaux rien que pour le jeu. Des endroits qui n’avaient pas été représentés dans les albums jusqu’à maintenant sont à découvrir dans le soft. On voulait vraiment que tout soit harmonieux graphiquement et dans la continuité du scénario. J’ai même tenu à rewriter les dialogues quand ils me semblaient incohérents. Je voulais que les fans s’y retrouvent tout de suite.

Justement, le jeu s’adresse-t-il en particulier aux fans ou est-il tout public ?Retour au sommaire
Le joueur étranger à l’univers de Lanfeust ne repérera évidemment pas certains clin d’œil. Mais ils pourront se satisfaire d’avoir entre les mains un très bon jeu, c’est ce qui est le plus important. D’ailleurs, le titre est édité dans des langues où la bande dessinée n’est pas traduite jusqu’à maintenant. Il fallait donc faire un jeu costaud pour séduire même les personnes ne connaissant pas du tout Lanfeust.

Le scénario suit-il l’aventure des albums ou est-il original ?Retour au sommaire
Il est totalement original. Ça se déroule entre Lanfeutz de Troy et Lanfeutz des Etoiles. A la fin de la première série, Thanos est emprisonné et Lanfeutz détient tous les pouvoirs. Chacun rentre donc chez soi à l’issue de cette longue aventure. La trame du jeu débute à ce moment-là. Thanos s’évade, coupe le flux de magie du monde de Troy et emprisonne de nombreux personnages. De son côté, Lanfeutz perd son pouvoir absolu et se fait voler son épée. Il doit alors s’en forger une nouvelle pour pouvoir délivrer les autres personnages. De plus, il doit briser le sceau qui retient la magie tout en retrouvant l’intégralité de ses pouvoirs. Au final, le scénario se veut assez basique mais c’est davantage le foisonnement de l’univers qui rend le jeu si intéressant.

D’un point de vue graphique, le jeu vous satisfait-il ?Retour au sommaire
Plus que ça, je peux dire que le jeu nous a carrément bluffé. C’est même, à mon avis, le plus beau jeu DS à avoir été fait jusqu’à maintenant.

Si vous y avez joué, qu’avez-vous pensé des autres jeux tirés de bande-dessinées ? Comme Astérix ou Lucky Luke ?Retour au sommaire
Oui j’ai brièvement joué à ce genre de jeux. Mais il faut bien avouer que ce n’est pas du tout le même univers. Ces jeux sont typiquement des titres où l’on s’appuie exclusivement sur la bande dessinée. Il s’agit d’une exploitation de licence pure et simple. La force de Lanfeust réside dans le fait qu’il constitue un univers déjà connu des amateurs de jeux de rôle. Par ailleurs, l’héroic-fantasy est par essence plus aisée à adapter vers l’univers des jeux vidéos.

Une adaptation de la saga Nikopol, créée par Bilal, est en cours d’élaboration. Comment expliquez-vous cet engouement actuel du jeu vidéo vis-à-vis de la bande-dessinée ?Retour au sommaire
Tout simplement, je crois que les gens réalisent que la bande dessinée est une grande source d’inspiration, notamment aux niveaux des univers. Des spécialistes du jeu vidéo préfèrent venir s’appuyer là-dessus plutôt que de créer quelque chose d’entièrement neuf. Mais c’est aussi une question de génération. Les gens du jeu vidéo qui ont lu Bilal ou Lanfeust ont en mémoire des univers qui leur parlent. Que le jeu regarde vers la bande dessinée, ça me semble au final logique puisqu’on s’adresse presque au même public. Il n’y a encore pas si longtemps, les gens avaient presque honte de lire une BD. Ce n’est heureusement plus le cas aujourd’hui non car la bande dessinée, comme les jeux, sont enfin sortis de leurs ghettos.

On reproche souvent aux jeux vidéos de contribuer au fait que les enfants lisent de moins en moins. Pensez-vous que des adaptations telles que celles-ci peuvent justement établir une passerelle entre les jeux vidéos et la lecture ?Retour au sommaire
Je n’en suis pas certain. En revanche, je ne suis pas persuadé que le jeu vidéo soit plus ou moins en train de tuer la lecture. Avant, on disait que la BD tuait le livre, ou que la télévision tuait le cinéma. Tout cela est faux. Il est possible que les jeux vidéos comme la bande dessinée deviennent à l’avenir plus élitistes et plus matures. Mais Il y aura toujours différents publics à combler. Des jeux seront faits pour les enfants et d’autres pour les adultes.
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