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Publiée le 28/12/2011 à 18:12, par David

Enquête : Les vidéo testeurs du net et la mode du rétro-gaming

Nous avons pu interviewer Hedge, le Joueur du Grenier, PuNkY_BoY et Franck Guillaume à l'occasion du lancement du site Hedg.fr.

Dimanche 18 décembre, Villejuif, banlieue sud de Paris, il est 9h. Je suis en chemin pour l’évènement organisé par Hedge et son équipe à l’occasion de l’ouverture de leur site internet Hedg.fr. La rencontre commence dans une demi-heure et je me demande si les visiteurs seront au rendez-vous, car la salle MPT Gérard Philipe est située loin du centre-ville.

Si j’ai décidé de couvrir la journée, c’est pour de multiples raisons. D’une part, j’apprécie le travail des organisateurs (vidéo-testeurs du web), d’autre part, je connais la ville puisque j’y ai grandi. Un retour aux sources jumelé donc, puisqu’il concerne les jeux rétro et mon enfance.

Tout au long de la journée, je compte bien saisir l’opportunité de répondre aux nombreuses questions que beaucoup de monde se pose sur la mise en avant du retrogaming, car parmi les invités sont présents entre autres : Hedge, le Joueur du Grenier, l’équipe de Press Start Button, Franck Guillaume, etc. Rencontre avec ces passionnés qui font vivre le monde du jeu vidéo à leur façon.

De découvertes…Retour au sommaire
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La file d’attente des visiteurs est déjà bien longue à 9h30. Je compte à la volée une centaine de personnes. À l’intérieur, la salle de cinéma se remplit rapidement. L’ouverture prend du retard car il y a plus de personnes que prévu. La présentation de la journée commence à 10h30, devant pas moins de 200 personnes. Pour une première, l’engouement des visiteurs est impressionnant.

Le discours terminé, je m’empresse d’interroger les gens alentour. Première surprise : les visiteurs viennent de presque partout en France. La plupart proviennent de Paris et sa banlieue (91, 92, 93, 95) mais je croise également des gens de Melun, Lille, Tours, d’Alsace ou même de la région de Perpignan… La communauté est de surcroît éclectique et multi-générationnelle. Intrigué, je pousse l'investigation.

Hedge convention
Les enfants accompagnés par les parents sont ma première cible. Les jeunes adorent les émissions du Web (Hedge, Joueur du Grenier, Padawam...) et les adultes profitent de la nostalgie inhérente à ce genre d'évènement. La voix de plusieurs visiteurs s'ajoute au témoignage : les intérêts se rejoignent, des attraits principaux émergent.

Les plus cités sont : le suivi des émissions, l'intérêt pour les oldies, la curiosité, les retrouvailles entre amis, le partage des expériences vidéoludiques, etc. Ce rassemblement autour du thème de la « rencontre axée partage » semble plaire énormément au public. Avant d’aller vers Hedge et les invités pour en savoir plus, je vais faire un tour du côté de la salle de jeu.

…En surprisesRetour au sommaire
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Une dizaine de bornes d'arcade ainsi qu'une vingtaine de consoles, voilà ce que je trouve dans l'espace principal qui fait presque office de mini musée. Les consoles sont agencées chronologiquement, de la NES à la Playstation 3, en passant par la Sega Master System, la Super NES, la PC-Engine, la Neo Geo AES, la Megadrive 2, la 3DO... Côté arcade, j'aperçois du Virtua Racing, Daytona USA, Virtua Striker, Maximus Force 2, Twinkle Star Sprites, etc.

Il y a de quoi s'amuser ou découvrir, surtout qu'entre deux sessions de jeu libre, des tournois sont organisés sur Windjammers, Super Bomberman 5, Super Street Fighter 4 Arcade Edition, Twinkle Star Sprites et Daytona USA.

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Pour ceux qui recherchent à se procurer quelques raretés, deux stands de vente proposent de nombreux choix de consoles/jeux rétro pendant qu'un autre stand expose les jeux les plus récents. Mais ce n'est pas tout ! Il y a également un stand composé essentiellement de livres sur le jeu vidéo, mené par Florent Gorges, historien du jeu vidéo spécialiste de Nintendo, cofondateur des éditions pix'n'love et gérant des éditions Omaké Books.

Juste en face, je découvre, étonné, des consoles « customisées » pleines de couleurs. Je m'approche d'Oskunk, graphiste fan de street art qui « customise tout ce qu'il peut », notamment des consoles. Dans les vitrines trônent deux Super Nes Street Fighter, une Dreamcast Shenmue, une Gameboy Tetris. Le rendu est saisissant (Voir créations d'Oskunk). Encore une manière différente d'exprimer sa passion des jeux vidéo.

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Après ce coup d'oeil étonnant, il est temps d'interroger Hedge et ses invités.

Interview d'HedgeRetour au sommaire
Hedge
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Jeuxvideo.fr : Hedge, est-ce que tu peux te présenter rapidement ?

Hedge : Je m’appelle Hedge, je fais des vidéos amateurs du jeu vidéo rétro depuis environ 4 ans et demi sur internet : j'ai fait mes débuts sur la toile avec Youtube/Dailymotion entre autres, mais j’ai vraiment commencé sur la section vidéo des internautes de Jeuxvideo.fr.

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Jeuxvideo.fr : À l’occasion de la sortie de ton site, comment t’est venue l’idée de cet évènement et surtout dans quel but ?

Hedge : Au début, j’ai eu deux envies. Vers deux ans, deux ans et demi de vidéo, j’ai désiré à un moment faire un site web, puis à un autre moment j’ai désiré faire une rencontre. Mais jamais les deux en même temps. Du coup, ces deux idées ont fini par se rejoindre, c'est pour ça que les deux se cumulent, finalement, aujourd'hui. J’ai déjà fait des rencontres ; une petite, d’une vingtaine de joueurs à Lyon. C’était quelque chose de plus convivial on va dire, et j’ai déjà aidé à une rencontre un peu plus grande qui avait lieu sur une péniche. Là, je voulais vraiment organiser ma rencontre pour mon site, notre site.

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Jeuxvideo.fr : Puisqu'on parle de l’évènement, tu parlais de la journée de Hedge Convention lors de l’ouverture. Est-ce que c’est quelque chose que tu aimerais reproduire année sur année, avec cette volonté d’aller à la rencontre des joueurs régulièrement ?

Hedge : Je ne m’y attendais pas mais c’est beaucoup plus compliqué que ce qu’on pourrait le croire quand on sait tout ce qu’il se passe en backstage. Pour donner un ordre d’idée, c’est minimum trois ou quatre mois de préparation. Ça n’a pas l’air : quand on rentre, on voit des consoles, des machins et tout... mais c’est beaucoup plus compliqué. Il y a eu une démarche pour avoir cette salle, il y a eu du boulot fait en amont. Le fait de convaincre les gens de venir, exposants et compagnies, il y a une organisation derrière ça. Maintenant, c’est certain que si on a un bon retour des gens, notamment sur le site, qui nous disent « c’était génial faut trop la refaire », clairement on le refera. Parce que notre volonté, c’est partager avec les gens. Et si on a des retours positifs, ça nous motivera pour en faire une deuxième, ouais.

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Jeuxvideo.fr : On parle d’une organisation de trois à quatre mois, peux-tu revenir sur les gens qui t’épaulent et le matériel qui a été mis à disposition ?

Hedge : Quand j’ai décidé de créer ce site et d’organiser cette rencontre, on a démarré à trois personnes. Et ça c’est fait petit à petit... avec des gens qui désiraient au départ ne faire que deux ou trois petits trucs, puis se sont finalement embarqués dans le truc... puis se sont investis de plus en plus. Notamment les bornes d’arcade présentes, au nombre de huit... c’est un gars qui s’appelle Yannick qui les a ramenées, un collectionneur. Il a voulu faire partie de ce projet-là et ça c’est fait petit à petit. C’est bénévolement qu’il fait ça ; c’est énorme quand on a des gars comme ça dans son équipe. Aujourd’hui, on est à peu près une quinzaine en tout, et chacun a mis du sien pour l’organisation ainsi que le reste du matériel (télé, consoles…).

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Jeuxvideo.fr : Parlons maintenant un peu de tes vidéos. Comment as-tu commencé ?

Hedge : Quand on était gosse et qu’on adorait les jeux vidéo, on a tous eu ce rêve passager qui était de faire partie d’une équipe, écrire des tests, notamment dans les magazines tels que Consoles +, Player One... On a tous voulu faire partie de leur équipe à un moment donné. Tout ça n’était pas très accessible, mais grâce à l’avènement du web, c’est enfin devenu possible. Donc j’ai déjà commencé par faire des tests écrits avant de faire des tests vidéo sur plusieurs sites. J’ai pu m’exprimer, donner enfin mon avis sur des jeux qui me tenaient à cœur. Un rêve de gosse en fait. Puis après, j'ai adopté le support vidéo qui est un support moins contraignant. On prend plus plaisir, je pense, à faire une vidéo qu'à écrire, sûrement parce qu’on fait moins attention à ce qu’on dit. Il y a plus d’erreurs, mais on fait pas trop gaffe... et puis on joue... donc j’en ai profité pour exploiter ce support au service de ma passion.

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Jeuxvideo.fr : Tu as choisi le créneau des jeux rétro ; est-ce que c’est pour la nostalgie, la passion, la sauvegarde du patrimoine vidéoludique ? Comment fais-tu la sélection des jeux que tu vas tester ?

Hedge : Alors c’est clairement pas pour la sauvegarde du patrimoine vidéoludique, même si j’ai un grand respect pour MO5 (ndlr : association dédiée à la préservation et la diffusion au public du patrimoine numérique) et tout ce qu’ils font, ça c’est énorme mais ce n'est pas ce qui me motive. Moi, c’est vraiment tous les plaisirs que j’ai eus étant plus jeune sur ces consoles qui font qu’aujourd’hui j’ai du mal à franchir le pas ; je reste un grand, un très grand nostalgique et j’avais besoin de montrer aux gens, aux jeunes d’aujourd’hui, que dans ces jeux rétro tout n'est pas à jeter à la poubelle. Il y a énormément de bons jeux, de grands jeux, qui ont servi de support pour les jeux d’aujourd’hui et qui méritent d’être mis en avant. D'ailleurs, on le voit dans les jeux qui ressortent aujourd’hui.

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Jeuxvideo.fr : Quel est l’élément moteur dans ton travail ?

Hedge : Ce qui me donne la force de continuer à faire ce genre de choses, malgré mon manque de temps entre le boulot, etc., c’est quand je rebranche une Super Nes par exemple (je suis spécialisé Super Nes)... j’ai cette fibre en moi qui se déclenche et qui dit : il faut que je m’y mette, il faut que je fasse un test dessus. J'ai tellement de choses à partager ! L’élément moteur, c’est le partage en fait ; pour répondre à la question : c’est vraiment le partage, c’est super important.

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Jeuxvideo.fr : Les testeurs qui choisissent les oldies comme cibles prennent le monde du jeu vidéo à contrepied, celui-ci devient industriel, marketing. Cette démarche de proposer des jeux anciens, au final moins connus et vendus, correspond-elle à l’image que tu te fais des jeux vidéo ?

Hedge : Globalement, cette « mode » du oldies - parce que malheureusement c’est devenu une espèce de mode aussi - est quelque part devenue une industrialisation du jeu vidéo également. Il y a quatre ans et demi, cinq ans lorsqu’on parlait de oldies, on avait presque honte ; on faisait des vidéos un peu en secret, on la montrait et on avait souvent des retours de gars qui disaient : « mais qu’est-ce que c’est que ce jeu bidon, c’est périmé c’est vieux, vive la ps2 » (à l’époque c’était la ps2, tous ces trucs-là).

On avait honte et puis finalement, on a décidé de les mettre en avant quand même. C’était vraiment mon but et puis tant pis pour les retours. Avant on se cachait, puis tout d’un coup il y a eu un effet inverse, un effet boomerang. Les jeux vidéo oldies dont on parlait un peu honteusement ont pris le dessus. Aujourd’hui, ça fait in de parler oldies. Des gamins de 14/15 ans parlent de retrogaming et font des vidéo-tests. Alors c’est pas que j’aime pas leurs vidéos, mais ils n'ont pas le recul nécessaire. Ca reste mignon mais c’est devenu une mode aujourd’hui, ça se "casualise", ça fait « branché » de parler de oldies. Je le regrette un peu.

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Jeuxvideo.fr : Un Top et un Flop pour l’année 2011 ?

Hedge : Pas vraiment un flop, mais une petite déception. C’est Donkey Kong Returns sur Wii. Le jeu est énorme en soi, il est vraiment très bon dans sa plateforme 2D. C’est une énorme surprise, ça fait du bien de revenir en 2D, mais j’ai comme élément de comparaison ses anciens opus qui ont une ambiance tellement propre, je pense notamment au second. J'ai du mal à surclasser les opus Super Nes, du coup je les compare et je suis resté sur ma faim avec DK Returns. Comme top, c’est pour moi Gears of War 3. J'ai eu une très bonne surprise en jouant au jeu. Je pensais que je me lasserais à force de faire du Gears of War ; pas du tout. La recette marche toujours autant, c'est comme les Resident Evil à l’époque, je ne m'en lassais jamais. La recette marche encore pour Gears of War, c’est presque la même chose mais ça marche terriblement bien ; très bon jeu.

Interview du Joueur du GrenierRetour au sommaire
Joueur du Grenier
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Jeuxvideo.fr : Salut l’équipe du grenier, une petite présentation rapide ?

JdG : Je m’appelle Frédéric Molas, on fait les vidéos "Joueur du Grenier" depuis deux ans avec Seb.

Seb : Sébastien Rassiat, pareil, on fait les vidéos avec Fred depuis deux ans.

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Jeuxvideo.fr : On est tous ici pour cette occasion qui est le lancement du site de Hedge, qu’est-ce que ça représente pour vous d’être présent à un évènement pareil. On voit sur votre site que vous bougez à droite, à gauche, un peu dans toutes les conventions, qu’est-ce que ça représente d’être présent sur une convention comme celle-ci ?

JdG : Bah... c’est pour faire plaisir aux gens…

Seb : Principalement, c’est pour rencontrer le public. On gagne rien. Récemment on a vendu quelques t-shirts au TGS [ndlr : Toulouse Game Show], mais on les a pas emmené sur ce salon. C’est vraiment pour rencontrer les fans. On aime bien rencontrer les autres testeurs du net. Si on peut donner des coups de pouce, faire des « coucou » sur des conventions, on le fait sans problème.

JdG : Et c’est bien, parce qu’aujourd’hui on a pu faire un morceau de tournage pour notre vidéo de janvier ; ça c’est cool parce que, sur les très grosses conventions, il n'y a pas moyen de le faire. Comme c’est plus petit et convivial ici, on a pu prendre deux heures pour le tournage. Tu peux jamais faire ça sur un salon classique, on avait prévu ça pour la Japan Touch (ndlr : À Lyon) mais il y avait trop de monde.

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Jeuxvideo.fr : Qu’est-ce que vous avez envie de partager concrètement avec les gens qui vous regardent et que vous rencontrez ?

Seb : Il y a ceux de notre génération avec qui on partage notre humour et notre nostalgie qui leur parlent vis-à-vis des dessins animés et jeux vidéo de notre époque. Après, pour le public plus jeune, ça nous étonne parce que quand on va en convention, on voit des parents accompagner leurs enfants. Des gosses de dix ans qui se mettent à jouer à des vieux jeux, pas les meilleurs certes, mais on est surpris de ce succès et ça nous fait plaisir de partager, d’échanger, de demander : « Quelle vidéo t’as préféré, tu joues à quoi, est-ce que t’as des vieilles consoles ? ». C’est le fait d’échanger qui est vraiment sympa.

JdG : C’est juste pour s’amuser, pour faire marrer les gens, c’est une question vachement philosophique... La réponse, c’est juste : pour que les gens s’amusent. C’est cool, ça me fait plaisir de lire les commentaires après, c’est valorisant aussi.

Seb : On ne s’est jamais revendiqué experts du retrogaming. A la base, on fait des sketchs, c’est plus de l’humour ; on est pas des testeurs mais des joueurs lambda. Tant que ça plait aux gens et que ça nous plait, on continuera.

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Jeuxvideo.fr : À propos, comment avez-vous commencé et pourquoi ? Quel était l’objectif de départ ?

JdG : Le but au début était vraiment de s’amuser, parce qu’en fait on était en fin de contrat. Donc on s’est dit : « qu’est ce qu’on fait ? ». On avait trois possibilités. Solution 1 : vu que notre contrat va pas être renouvelé, on fout rien. Solution 2 : on fait des trucs pas intéressants pour pas avoir un trou sur le CV. Solution 3 : on se met à faire des vidéos qui nous plaisent, quelque chose qui essaye de plaire à une échelle plus large ; parce que bon, ce qu’on faisait avant c’était vu par cent cinquante vieux dans une salle des fêtes. Donc voilà, on a choisi la solution 3 pour s’amuser.

Seb : On faisait des films institutionnels, des trucs beaucoup plus sérieux pour des mairies : on couvrait la fête de la saucisse, de l’huître, de l’artichaut, tout ça. En fait, ceux qui nous embauchaient (les mairies), nous ont pas renouvelés à cause de la crise ; ils avaient pas le budget pour mettre de l’argent dans des films ou des vidéos... le chômage nous tendait les bras et ils nous restaient quelques mois. Moi, à la base, c’était pas trop pour le montrer [notre travail] même si la finalité, ça a été Youtube. À la base, c’était pour que ça nous plaise à nous.

JdG : Il y a des gens qui nous disent : « vous avez fait ça pour faire le buzz >. Mais pas du tout, on en avait rien à foutre au début !
Seb : Comme les questions de « comment vous faites pour devenir célèbre »...On a aucune recette, on ne sait pas du tout. Franchement on a démarré pour le fun. On fait un truc marrant qui nous plait. Si ça marche, tant mieux ; si ça marche pas, on fera autre chose.

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Jeuxvideo.fr : Vous avez choisi le créneau des jeux oldies, pour quelle raison ? La passion, la nostalgie, la sauvegarde du patrimoine vidéoludique ?

JdG : Simplement parce que c’est notre génération, mais aussi parce que ça rentre dans tout ce qui est nostalgie des années 80/90. Il y a les jeux rétro mais aussi tout ce qui est dessins animés, publicités, tout ce qui va avec. On avait gardé une partie de nos collections respectives, on les a mises en commun et puis on est parti sur ce créneau parce qu'on trouvait ça plus intéressant.

Seb : Le truc c’est qu’on avait des choses à dire ; c’était basé sur l’enfance, sur les souvenirs qu’on avait eus avec ces jeux donc on pouvait plus en parlé spontanément et puis échanger. On parlait de tortues ninja, on a vécu les mêmes trucs : « putain il était chiant ce jeu ». De là, l’écriture, ça fusait... rien que le fait d’en parler on avait des gags, on avait plein d’idées qui nous venaient... Alors qu’au départ on partait sur les free to play.

JdG : Ouais, on a essayé les free to play au début, mais c’était pas intéressant et pas drôle. Il y a déjà tellement de gens qui font des vidéos sur les jeux récents ; un mec de plus ou de moins... On voulait se démarquer.

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Jeuxvideo.fr : Justement, j’en parlais avec Hedge, il me disait qu'il y a quelques années, c’était un créneau qui restait marginal, alors qu'aujourd’hui c’est devenu une sorte de mode. Qu'en pensez-vous ?

JdG : C'est totalement une mode, ça c’est clair ; mais moi je crois que la mode du oldies ça rentre dans une mode qui est beaucoup plus large. Il y a un an et demi, je l’avais dit déjà : « je suis certain que dans quelques mois il y aura plein d'émissions Génération années 80, Génération club Dorothée, Génération 90, etc. » et j’avais raison. Pour moi le oldies, ça rentre dans la nostalgie des années 80 au sens large. Tous les mecs qui ont joué aux jeux auxquels nous on joue, ce sont des gens qui commencent à avoir la trentaine maintenant, qui ont des gosses ; donc c’est la première phase des années « nostalgie années 80/90 ». Pour moi, le rétro, ça rentre dans cette mode plus générale.

Seb : Surtout que le jeu vidéo, c’est rentré dans la culture populaire. Maintenant tout le monde connait Mario, Sonic... des espèces d’icônes comme ça qu’on connait. On a grandi avec en plus de la musique, du cinéma, des dessins animés. Maintenant le jeu vidéo, ça fait partie de l’enfance ; le fait que ça revienne et que les jeunes s’y intéressent, c’est le fait que les parents soient des trentenaires qui ont joué à ces jeux-là.

JdG : C’est clair, c’est totalement devenu une mode quand tu vois le prix des jeux rétro maintenant. C’est là ou c’est chiant que ça devienne une mode même. Les prix ont quintuplé en l’espace d'un an... C’est horrible ! Avant, les jeux rétro, tu les achetais pour une misère... maintenant t’en trouves plus. Les gens vendent ça vingt euros en disant : « oui mais c’est un prix bas ». Même dans les vides greniers, t’as des professionnels qui y vont et qui te vendent des jeux rétro au prix de la côte. Tu peux acheter des jeux next gen d’occasion moins cher. Là je pense qu’on est au pic de la mode retrogaming et que ça s’essouflera bientôt.

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Jeuxvideo.fr : Un top et un flop ?

Seb : Portal 2, pour l’originalité. C’est du Portal, pas un jeu ne ressemble à Portal. Arkham City, ils ont gardé la recette du premier avec que des rajouts positifs. En troisième, je dirais Zelda : Skyward Sword.

JdG : Skyrim, pour sa durée de vie phénoménale et son univers, Portal 2 et Arkham City.

Seb : En flop, sans hésiter : Homefront. Qu'il est moche ce jeu, avec des scènes hyper racoleuses... vraiment pourri. Ensuite, Dragon Age 2. Bioware a sans doute voulu toucher un public plus large en tirant le gameplay vers la console... Un gros raté. Et enfin Duke Nukem Forever, qui est limite ringard avec ses blagues grasses, machistes... jouer avec un étron, ça me fait plus rire à mon âge.

JdG : Ah ouais Homefront est une bouse atomique. Le scénario me plaisait et quand j’y ai joué je me suis dit : « mais il est sorti récemment ce jeu ?! » L'intelligence artificielle est nulle. Pour Dragon Age 2, j’appelle ça du sabotage. Tout le monde a encensé le 1, tout était génial et là ils arrivent : « vous avez aimé ? alors on foire tout ! ». En trois, c'est Stronghold 3... même pas la peine d’en parler.

Interview de Franck GuillaumeRetour au sommaire
Franck Guillaume
Pour que le tour de la question soit le plus précis possible, je me tourne vers Franck Guillaume, ancien présentateur sur un site concurrent afin de recueillir ses impressions.

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Jeuxvideo.fr : Quelles sont les raisons de ta présence ? Que représente pour toi ce genre d’évènement ?

Franck : Clairement, c’est une présence tout à fait affective. J’ai été contacté par Padawam et les mecs de chez Hedg.fr. Ils m’ont proposé ça ; j’aime bien l’esprit et j’aime bien, sincèrement, la façon dont ils abordent certaines choses dans le jeu vidéo. Donc, quand ils m’ont demandé de venir, j’ai dit oui et je suis venu direct.

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Jeuxvideo.fr : Ces gens qui décident de taper dans le jeu oldies qui n'est pas aussi punchy que le jeu vidéo actuel, est-ce que ça correspond à ta vision du jeu vidéo ? Au-delà de la raison affective de ta présence, est-ce que tu y retrouves tes marques ?

Franck : Bien entendu et plutôt deux fois qu’une. Beaucoup de gens pensent que je ne joue pas. Je n'ai pas une culture énorme comme certains journalistes mais, par contre, j’ai une vraie culture ludique. Ma première console, c’était une Odyssey, une console américaine que je me suis démerdé pour brancher sur une télé française ; je te raconte pas le bordel pendant des mois. Après j’ai eu la console Atari à cartouche. Après, j’ai eu tous les ordinateurs Atari, Amiga, Amstrad bien entendu... des MSX, des Yamaha... Après tout ça, je me suis mis un peu au PC, j’ai continué avec les jeux, donc j’ai une culture de jeux anciens. J’ai cramé toutes mes thunes, mes premiers salaires dans les salles de jeux qu’il y avait à Paris à l’époque, Boulevard Bonne Nouvelle à côté du grand Rex. J’y laissais des sommes astronomiques, cinq ou six cents balles par mois, ce qui était énorme quand tu penses que c’était vraiment dans les années 80. Donc le jeu oldies, ça me parle plus que les jeux next gen. Je pense qu’il y a beaucoup de gens qui travaillent dans le métier du jeu vidéo ou qui sont des pro gamers, et qui, bien entendu, remettent le nez dans les vieux jeux régulièrement ; ça va de soi, on peut pas faire autrement, et heureusement.

La communauté Web avec PuNkY_BoYRetour au sommaire
Ainsi, tous ces passionnés s'amusent en communiquant leur plaisir sur internet de manière différente, mais le partage reste leur but commun. J'ai obtenu de nombreuses réponses à mes questions, mais certaines persistent. Comment se retrouvent-ils pour échanger lorsqu'ils n'organisent pas de rencontre ? Existe t-il des possibilités d'accueil par la communauté pour les testeurs en herbe ou ceux qui voudraient se lancer ? Heureusement, il me reste une personne que je n'ai pas interrogée, susceptible de répondre à mes questions, et cette personne c'est PuNkY_BoY.

Punky_boy
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Jeuxvideo.fr : Peux-tu te présenter ?

PuNkY_BoY : Je suis PuNkY_BoY, je fais des vidéos sur Internet, j’ai aussi créé le site Pressstartbutton.fr, un site amateur qui parle de jeu vidéo. On fait des news, des tests, mais aussi toute une partie qui est réservée aux vidéotesteurs comme le Joueur du Grenier, SizeFac, moi-même et d’autres.

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Jeuxvideo.fr : Cela reste sur du créneau amateur ou vous en vivez ? Je vois des gens qui ont commencé chez vous et qui s’émancipent petit à petit pour créer leur propre chaine, voire site. Comment ça se passe ?

PuNkY_BoY : En fait, ils ont pas vraiment commencé chez nous, on les invite à publier leurs vidéos chez nous, et en aucun cas ils ont une appartenance au site ou quoi que ce soit. Après, effectivement, ils s’émancipent. On n'en vit pas, PSB, c’est un site non lucratif. Zéro pub, on a jamais gagné d’argent avec et on gagnera jamais d’argent avec, c’est pas le but. Le but c’est de s’amuser, de faire rigoler les gens et c’est très très bien qu'il y en est qui s’émancipent, on est très content pour eux. Ca fait vraiment plaisir, mais nous, le but, c’est de vraiment faire rigoler les gens. Après pour ce qui est du professionnalisme, c’est sûr que ça fait un bon CV d’avoir sa rubrique sur le site. Maintenant, avoir sa catégorie sur PSB, c’est un peu vu comme une marque de qualité pour les vidéo-testeurs donc c’est toujours bien d’être sur le site. De là à se professionnaliser, non je ne pense pas.

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Jeuxvideo.fr : Quelle est l’importance pour toi de ce genre d’évènements ? Pourquoi la présence d’une bonne partie de l’équipe sur l’évènement ? Une façon de supporter et soutenir les gens physiquement ?

PuNkY_BoY : Hedge a voulu lancer son site. On était tous très heureux pour lui, et quand il nous a proposé de participer à sa rencontre et au lancement du site, on était super content. Pour nous, c’était comme un remerciement et c’est avec honneur qu’on est venu soutenir son site à fond (comme on l’a dit sur scène) ; on le soutient et on sera toujours là pour le soutenir. On a apporté notre aide comme on pouvait et c’est comme un accomplissement pour nous de le voir lancer son propre site, surtout que c’est dans un but commun à celui de PSB ; donc je vois pas pourquoi on le soutiendrait pas.

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Jeuxvideo.fr : Tu vas chercher les gens ou ils te contactent ? Tu encourages les gens à venir vers ton site ? Un conseil pour quelqu’un qui voudrait débuter ou s’affirmer dans le vidéo-test de tout genre ?

PuNkY_BoY : D’une part, n’importe qui peut venir sur PSB sachant qu’on a toute une partie réservée aux membres de notre forum et de notre site. Donc n’importe qui, qui fait des vidéo-tests peut s’inscrire et poster dans les vidéos de la communauté. Ces vidéos, seuls les gens inscrits peuvent les voir ; ça permet de partager ses tests, échanger, recevoir des conseils, etc. Pour ceux qui ont vraiment leur catégorie et qui sont contributeurs, qui font vraiment partie de l’équipe de PSB (la team PSB TV), ça dépend... Des fois ils viennent vers nous et on dit « ça nous plait », on accroche et il n'y a pas de problème. D’autres fois, c’est nous qui découvrons et on leur apprend carrément l’existence du site. Ils sont super contents généralement. Mes rédacteurs voient parfois des trucs, ils me disent « tu devrais regarder ». On voit, et au bout de trois ou quatre mois, quand l’émission s’est améliorée, on les contacte. En général, ce sont des découvertes. Par exemple, le Joueur du Grenier, on l’a connu à l'époque où il faisait 1600 vues. On n’a pas fait le mauvais choix, on espère pour les autres qu’ils auront le même destin.

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Jeuxvideo.fr : Tu veux partager ton top et flop 2011 ?

PuNkY_BoY : Mon top : Portal 2. Mon flop : Sonic Generations. Même s’il est très bien, il m’a déçu en tant que fan de Sonic. Je suis un très très grand fan de Sonic, j’adore Sonic et quand t’es un vrai fan depuis 91, t’es déçu par pas mal d’incohérences et d’anachronismes. Mais c’est sur la bonne voie... la saga Sonic est en train de remonter la pente, donc c’est un petit flop.

La journée touche à sa fin. L'ouverture ainsi que la présentation du site et les finales des tournois ont eu lieu sur l'écran géant dans la salle de cinéma. Les vainqueurs repartent avec de très beaux lots : une Neo-Geo AES avec le jeu Riding Hero, une Neo-Geo Pocket Color avec le jeu KOF R2, une Super Nintendo Pack Street Fighter 2 et une autre switchée et customisée KEN par Oskunk, une Megadrive 2 avec une cartouche de 6 jeux intégrés... Un évènement réussi qui affiche plus de deux cent cinquante entrées au total.

Les visiteurs sont heureux d'avoir rencontré leurs testeurs préférés et d'avoir essayé toute la journée des machines peu pratiquées. Ce genre de petit évènement est donc l'occasion de rencontrer / discuter avec des gens plus facilement accessibles que lors des grandes conventions. C'est également le moyen de porter un regard sur quelques métiers du jeu vidéo auxquels on ne penserait pas et de découvrir des facettes cachées de la passion qui anime chacun d'entre nous, amateur ou professionnel.

Sites complémentaires à l'article : hedg.fr, joueurdugrenier.fr, pressstartbutton.fr, Blog d'Oskunk, mo5.

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Tôt le matin, personne à l'horizon.
Les bornes d'arcade en vrac.
Les bornes d'arcade sont prises d'assaut.
Mario est de la partie.
PC-Engine + Interface Unit + CdRom².
Megadrive II.
Playstation.
Neo-Geo AES.
3DO.
Playstation 2.
Les affiches des tournois.
Florent Gorges, historien du jeu vidéo.
Oskunk en pleine customisation.
Une Nes Super Mario par Oskunk.
Une Super Nes Street Fighter par Oskunk.
Street Fighter toujours, par Oskunk.
La Dreamcast Shenmue customisée par Oskunk.
Super Canard s'est invité à la fête.
L'équipe Press Start Button.
L'ouverture et la présentation sur scène du site hedg.fr en fin de journée.
Hedge
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