Dossier Wii U : notre avis sur la console, ses périphériques et son interface

Dès la mise en marche, la console ne fait pas une fabuleuse première impression du fait d’une phase assez longue de configuration : synchronisation du GamePad, réglage de la date, de l’écran de TV et du réseau... Surtout si l’on fait la mise à jour extrêmement lourde (1 Go) mais néanmoins nécessaire. Il est en outre assez déplaisant de ne pouvoir jouer rapidement à sa console après le déballage ou de devoir faire une grosse mise à jour pour pouvoir utiliser toutes les fonctionnalités promises.

L’interface ne dépaysera pas les amateurs de consoles Nintendo car cette dernière est dans la lignée de celle de la Wii et 3DS. Elle reprend les mêmes inspirations visuelles et sonores : icônes, tons colorés, thèmes musicaux et bruitages. Avec toutefois quelques nouveautés et abandons au niveau des applications proposées : exit le Flux d'actu et l’application Photos et bonjour MiiVerse, Youtube, TVii et Love Films (les deux derniers sont inactifs à l’heure où nous écrivons ces lignes).

L’ergonomie globale se montre passable avec des menus ni désagréables ni enthousiasmants esthétiquement et une ambiance plutôt zen, mais aussi quelques éléments étranges nuisant à notre confort. Le plus flagrant est le temps d'attente aussi irritant qu’honteux pour accéder ou quitter une rubrique (entre 12 et 20 secondes), du jamais-vu même sur consoles portables ! N’oublions pas non plus l’extinction automatique de la console activée par défaut sans notification de temps. Petit tips maison : pour éviter toute déconvenue avec cette dernière, il faut désactiver puis la réactiver pour avoir accès à la durée d’inactivité - allant de 1 à 12h -.

Pour le reste, le système s'est cela dit montré plutôt viable et stable, malgré quelques freezes sur certains jeux et un plantage au cours du téléchargement de la “fameuse” grosse mise à jour (lequel a repris là où il s'était arrêté après un redémarrage). Le multi-tâches s’avère plus étoffé que sur Wii mais partiel : on peut télécharger des contenus en tache de fond en même temps que l’on joue mais il n’en est pas de même pour le Wii U Chat ou les réglages globaux.

Voici justement un focus sur les logiciels connectés (navigateur web, YouTube, Miiverse...), la compatibilité Wii, le transfert de données vers la Wii U et la possibilité d’ajouter un support de stockage externe.

Accéder aux fonctionnalités sociales (Wii U Chat, Miiverse, Liste d'ami) et internet nécessite de s'être créé un identifiant Nintendo Network lié à son Mii - ce qui a le mérite de personnaliser l’expérience de chaque membre du foyer - : tout commence donc par la création d'un Mii - via l'éditeur Mii du menu principal. On dispose pour se faire des mêmes options de création que sur 3DS, y compris celle se basant sur une photo prise par l'appareil de la tablette. Une fois le Mii créé, la console nous propose automatiquement d'enregistrer l'Identifiant Nintendo Network associé. Il suffit alors d'entrer sa date de naissance et son adresse mail pour terminer cette étape préliminaire, et s'ouvrir la voie des applications sociales de la Wii U.

Au premier rang de celles-ci, on retrouve bien sûr le fameux Miiverse, véritable centre névralgique des fonctions communautaires : il sera par exemple nécessaire de s'y connecter pour pouvoir envoyer des messages à ses amis. Mais le rôle du Miiverse ne se limite pas à ces échanges : l'application fait figure de petit réseau social, où chaque joueur dispose de son propre profil recensant l'historique de ses message, sa liste d'amis (limités à 100), ses abonnements à d'autres profils et le nombre de ses abonnés. A l'image des réseaux sociaux les plus célèbres (twitter et facebook pour ne pas les nommer), ce système d'abonnement permet ainsi de suivre l'activité d'autres joueurs - comme les messages (100 caractères maximum) et dessins qu'ils ont publiés. Le Miiverse propose en outre toute une liste d'espaces communautaires, qui se présentent sous la forme de "murs" thématisés - un mur par jeu ou par application majeure. Pour l'heure, ces espaces ont quelque chose du joyeux bordel.

Et s'il est plaisant d'y circuler tant cette foire à l'expression libre est source d'un amusement constant, l'intérêt en reste limité : ces "communautés" s'apparentent plus à des livres d'or glorifiés qu'à de véritables espaces d'échange fertiles. En cas de messages offensant, rappelons qu'il existe plusieurs modes de censure - modération par Nintendo, signalement par la communauté - qui semblent plutôt efficaces puisqu'on n'est encore tombé sur aucune publication hors charte. Quant à l'interface du Miiverse, elle s'avère parfaitement adaptée à l'écran du Gamepad et à une navigation au stylet, visuellement claire et simple d'utilisation : difficile de s'y perdre. On apprécie également le fait que le Miiverse puisse fonctionner en parallèle à un jeu, rendant possible de basculer entre l'un et l'autre par simple pression sur la touche Home.

Ce menu "Home" donne également accès à la liste d'amis, une section où il est possible d'accepter les demandes d'ajout ou d'en envoyer soi-même. On y trouve également une option bienvenue, nommée "Partenaires de jeu" : elle permet de consulter l'historique de ses rencontres puis d'envoyer des demandes d'ami aux personnes croisées en jeu en toute simplicité. Dernière des fonctions communautaires, accessible via le Menu principal de la console, le Wii U Chat permet de discuter vocalement avec un contact, à la manière de Skype : la voix est alors captée par le micro de la tablette, dont la caméra fait office de webcam. Seul pré-requis pour "appeler" quelqu'un, il faut l'avoir ajouté à sa liste d'amis. Lorsqu'on reçoit un appel, le bouton Home se met à clignoter : il suffit alors d'appuyer sur le bouton pour répondre à l'appel. A noter : l'utilisation du Wii U Chat force à fermer la plupart des jeux et applications de la console, ce qui peut s'avérer contraignant à l'usage.

Signalons que nos tests de cette fonctionnalité n'ont pas pu aboutir, entravés par des messages d'erreurs : on ne sera donc pas en mesure d'attester de la qualité du rendu sonore et visuel de ce Wii U Chat. La console propose, en outre, un système de chat vocal soumis à conditions. Première contrainte : les deux interlocuteurs devront se trouver sous le même jeu, le système ne permettant pas (encore ? ) la cross-communication pour des personnes sous deux jeux différents. Deuxième contrainte, un peu surprenante : le micro du Gamepad ne pourra pas être mis à profit. Il faudra nécessairement utiliser un micro-casque stéréo (Nintendo parle de ceux produits par Turtle Beach et Mad Catz - Tritton - annonçant leur compatibilité avec ladite console) que l'on branchera sur le Gamepad.

S'il est un usage pour lequel le Gamepad semble parfaitement approprié, c'est bien la navigation internet. Depuis la mise à jour 2.0 de son firmware, la Wii U offre enfin le panel d'applications promises à ce titre, comme l'obligatoire navigateur internet, le traditionnel e-Shop ou l'accès à Youtube - l'application Lovefilm, qui figure sur le menu principal de la console, n'est pas encore accessible. Bonne surprise concernant le navigateur internet, son ergonomie s'avère bien pensée : il adopte naturellement le ratio des sites visité à la taille de l'écran du Gamepad et permet une gestion des favoris ainsi que l'ouverture d'onglets (6 au maximum) : autant d'options qui rendent la navigation - au stylet - plus pratique que sur n'importe quelle autre console de salon. Seul limite de ce navigateur, il n'est pour l'heure pas compatible avec les vidéos en flash.

L'eShop de la Wii U s'avère, lui aussi, pratique, bien agencé et particulièrement adapté au Gamepad. Les jeux et applications disponibles y sont rangés en catégories classiques - gros titres, sorties récentes, applications, jeux à moins de 20 euros - et les informations de compte, tel que l'historique des achats sont clairement accessible via le Menu. Quant à l'application Youtube exclusive à la Wii U, elle s'avère somme toute fonctionnelle, bien qu'imparfaite. La navigation et le visionnage de vidéos s'effectue sur l'écran de télé, tandis que l'écran du Gamepad est dédié tantôt à la recherche, tantôt à l'affichage de diverses informations : descriptif d'une vidéo, nombre de vus, de "j'aime" et "je n'aime pas" - on y déplore l'absence des commentaires. Les vidéos en elle-même sont classées par thèmes organisés en un menu vertical où l'on circule au stick : plutôt agréable à l'oeil, cette version Youtube n'offre en revanche pas toutes les options espérées, préférant garantir la possibilité de signaler un contenu offensant (Nintendo oblige) plutôt que d'offrir le choix de la résolution d'une vidéo.

Quid des transferts de données de la Wii vers la Wii U ? Son fonctionnement très contraignant nous semble à la fois complexe et sujet à caution. Une fois l'Identifiant Nintendo Network enregistré sur Wii U, il faut passer sur la Wii, y insérer une carte SD disposant d'au moins 512 Mo de place disponible, puis la connecter à internet pour télécharger l'application "Transfert". Fâcheuse découverte : la manœuvre rend impossible le transfert de fichiers individuels et oblige à importer la totalité des données système de la Wii vers la Wii U. Plus ennuyeux encore, ce transfert est irréversible : les données placées sur la carte ne pourront pas être retransférées sur la Wii, qui se retrouvera ainsi "dénudée" de ses sauvegardes et de ses jeux. On finalise ensuite l'opération en insérant la carte SD dans sa Wii U avant de lancer l'application "Transfert", par défaut sur le menu principal. A noter : les données de la Wii doivent correspondre au même pays que celui choisi pour l'Identifiant Nintendo Network avec lequel on fera le transfert.

Autre fonctionnalité activée par l'update 2.0, la rétrocompatibilité Wii est en fait une émulation élémentaire de la console, avec sa propre couche logicielle. On y accède par l'application Wii du menu principal de la Wii U, une étape qui oblige à naviguer à l'aide de la Wii Mote, en l'absence d'une prise en charge des Gamepad et Contrôleur Pro. Si à l'essai, les jeux nous ont semblé fonctionner correctement, notons tout de même que les configurations Wii ont été réduites au strict minimum : beaucoup d'options de configuration manquent à l'appel, la résolution est imposée en 576 i et la fréquence en 50 Hz - les jeux fonctionnant en 480p se voient ainsi salement plafonnés. Reste à vérifier également que les modes réseaux fonctionnent correctement en mode Wii U.

Enfin, évoquons la possibilité d’ajouter un support de stockage externe (clé USB ou disque dur de 2 To au maximum). Une bonne idée nécessitant malheureusement le formatage complet du périphérique qui le rend inutile sur d’autres supports. Reste que cette option sera particulièrement conseillée voire indispensable pour ceux qui souhaitent s'offrir un pack Basic car sur le 8Go annoncés de base, il reste en réalité seulement 2 Go de libre pour les jeux (le reste étant occupé par le système d'exploitation) ! Pas de quoi installer Nintendo Land, disponible en téléchargement (comme bon nombre de titres d'ailleurs ; cf, liste) et demandant pas moins de 2,6 Go d'espace libre ! Même les possesseurs de modèle 32 Go (Premium) risquent de se sentir à l'étroit s'ils cèdent un peu trop aux sirènes des jeux en dématerialisé. Vu le prix des packs et celui des disques durs sur le marché mondial, on comprend mal pourquoi Nintendo ne nous offre pas plus d'espace de stockage. (évidemment il y a le prix du GamePad - 100/150 euros).

En somme, Nintendo a fait quelques efforts mais reste encore assez timide sur les interactions sociales entre les joueurs (un peu limitées avec interface peu ergonomique, un peu kitschouille) et un peu chiche en applications/fonctions multimédias... Mais bon, on connaît la chanson : la firme se targue avant tout de construire des consoles de jeu vidéo.

Ce sera donc sur les jeux que cette dernière devra se distinguer pour espérer briller. Avec une vingtaine de titres disponibles pour son lancement, de genre et de studios assez différents, la Wii U se veut plutôt rassurante. Pour autant, on y trouve un bon lot de portages, certes valables mais n’apportant pas une grande valeur ajoutée (comme Darksiders 2, Mass Effect 3 ou Assassin's Creed 3) et ne seront pas forcément être des motifs d'achat. A l’inverse, les jeunes pousses, comme ZombiU ou Nintendo Land, qui offrent des idées fraîches et ont été pensé en profondeur pour le GamePad sont encore rare. Wait and see donc...

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Énonçons enfin que les acheteurs du Pack Premium auront droit à un Programme de fidélisation nommé "Nintendo Network Premium" : pour chaque jeu - dématerialisé - acheté sur la boutique en ligne, ils recevront 10% du montant en points utilisables ultérieurement sur une autre commande (avec un solde d'au moins 500 points pour pouvoir les dépenser). Et ce, jusqu'à 2014.