Test de Wargame - European Escalation : tactique à l'état pur
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Spécialistes du jeu de stratégie temps réel, les Français d'Eugen Systems vont de plus en plus loin dans la gestion tactique des combats : Wargame, leur dernière production, est un must du genre.
Depuis déjà de nombreuses années, les Français d'Eugen Systems se sont fait un nom dans le monde du jeu de stratégie temps réel. Il faut dire que les Parisiens sont notamment à l'origine de Act Of War ou plus récemment de R.U.S.E.... Avouez qu'il y a pire comme pedigree ! Aujourd'hui, ils nous reviennent avec Wargame : European Escalation et inaugurent pour l'occasion un troisième partenaire différent en trois jeux : après Atari (Act Of War) et Ubisoft (R.U.S.E.), c'est donc Focus qui travaille avec Eugen Systems pour un titre sans doute plus ambitieux, mais aussi plus élitiste. Wargame : European Escalation se propose de nous faire revivre certains des moments les plus chauds de la Guerre Froide au travers du concept du « et si les choses ne s'étaient pas passées tout à fait comme ça... »
Comme son nom l'indique, Wargame : European Escalation imagine ce qui aurait pu se passer si certains événements liés à la Guerre Froide en Europe avaient dégénéré. Ainsi, le premier scénario de la campagne solo part de la défection d'un soldat est-allemand qui au moment de son passage à l'Ouest, a tué deux gardes-frontière de RDA. En réalité, cet incident n'a conduit qu'à des protestations de Berlin-Est, mais Eugen Systems nous invite à découvrir ce qui aurait pu se passer si les tensions avaient atteint le point de non-retour, s'il s'agissait du point de départ d'une guerre ouverte de part et d'autre du Rideau de Fer. De fait, même si le conflit est purement fictif, il se déroule dans un cadre plausible et le réalisme des situations est une des clefs du jeu.
Eugen Systems ne cache pas ses ambitions lorsqu'il évoque la reconstitution minutieuse des champs de bataille, de la topographie des lieux, des unités en présence, de leurs forces et de leurs faiblesses. Techniquement parlant, le studio se repose en partie sur le travail réalisé pour R.U.S.E. en employant notamment le même moteur graphique, l'IRISZOOM. Là encore, l'idée était d'aboutir à des champs de bataille de grande envergure afin d'apporter un maximum de réalisme aux affrontements : s'il n'est pas question d'avoir quelque chose de parfaitement exact, la portée des unités d'artillerie par exemple est tout de même beaucoup plus réaliste que sur de nombreux autres jeux de stratégie. Durant leurs parties, les joueurs pourront donc compter sur une fonctionnalité de zoom / dézoom redoutable.
Problème, s'il est possible d'avoir une vue d'ensemble très appréciable stratégiquement parlant, le résultat graphique pâtit nettement de l'éloignement. Ainsi, les différents paysages présentés au travers des missions souffrent d'un manque de détails et les étendues ont tendance à s'uniformiser avec le recul de la caméra. Heureusement, en vue rapprochée, les développeurs sont parvenus à conserver un joli niveau de détails et le passage des vues les plus éloignées au zoom le plus fort se fait de manière très fluide. En gros plan, on peut profiter de multiples éléments permettant l'identification des nombreuses variations des unités en présence. Le char Léopard des premières missions dispose par exemple de cinq versions différentes en fonction de son armement, sa motorisation et son blindage.
Quand bien même, le gameplay mis en œuvre sur Wargame : European Escalation destine davantage le titre aux amateurs de stratégie fine plutôt qu'aux néophytes. Ces derniers ne sont pas irrémédiablement exclus et la campagne solo - à la progression en douceur - y veille, mais un investissement important sera nécessaire. Contrairement à ce qu'ils avaient fait sur R.U.S.E., les développeurs ont décidé de revenir à quelque chose plus classique en ce sens qu'il n'est plus question de proposer ces « pouvoirs » qui permettaient de tromper l'ennemi. Wargame : European Escalation insiste donc bien davantage sur la manière de mener le combat, de diriger ses troupes. Sur telle carte, l'objectif principal sera par exemple de prendre le contrôle du point Charlie distant de plusieurs dizaines de kilomètres.
Pour y parvenir, pas question de se lancer dans un assaut « tête baissée » : il faut d'abord étudier le terrain, envoyer quelques unités en reconnaissance et toujours surveiller attentivement les zones capables d'offrir une couverture aux ennemis (forêts, bosquets...). Pour ce genre de travail, les hélicoptères sont évidemment redoutables d'efficacité, mais ils constituent aussi une proie facile pour les batteries antiaériennes à longue portée. Du coup, il est impératif de varier les forces et d'ajuster ses effectifs en fonction de l'adversaire. C'est à ce niveau qu'entre en jeu la notion de renforts, car s'il n'est pas question de collecter des ressources dans Wargame : European Escalation, il est possible d'accumuler des points selon le nombre de zones clefs sous notre contrôle.
Ces points peuvent ensuite être dépensés en achetant des unités supplémentaires qui rejoindront le champ de bataille via certains points clairement identifiés sur la carte : des points qu'il faut évidemment sécurisés et qui ne seront pas toujours au plus proche de l'assaut. Attention cependant, ces renforts permettent d'ajuster ses forces, de contrer un peu une orientation de l'adversaire, mais certainement pas de refaire entièrement ses troupes. De fait, il convient de sélectionner avec soin les unités que l'on emmène avec soi en mission. Pour ce faire, on peut compter sur un rapide briefing et sur un tableau très précis détaillant les caractéristiques de chaque unité, mais aussi l'expérience accumulée par des troupes que l'on aura déjà emmenées en campagne.
En effet, avec Wargame : European Escalation on gagne à faire confiance aux vétérans et à limiter ses pertes d'une mission sur l'autre. Bien sûr, entre deux missions il est possible de faire intervenir des troupes fraîches, mais les bleus s'avèrent moins efficaces et ont tendance à paniquer plus rapidement sous le feu ennemi... Le moral, voilà encore une composante dont il faut tenir compte durant les affrontements ! Prisonnier dans son char d'assaut, un canonnier aura effectivement tendance à paniquer si le blindage de son véhicule est testé par l'adversaire ! Wargame : European Escalation gère effectivement et de manière très précise les différents blindages de chaque véhicule, prend en compte les dégâts subits, mais aussi les munitions encore en stock ou le niveau de carburant.
Au final, les données à prendre en compte pour la bonne marche de ses troupes sont particulièrement nombreuses et il est par exemple déconseillé de foncer tête baissée sur des dizaines de kilomètres pour se retrouver à court de carburant en pleine campagne allemande ! Même chose pour les munitions : laisser des unités en stationnement peut bloquer l'accès à une route stratégique, mais il convient de s'assurer du bon approvisionnement en munitions au travers de camions de transport terrestre ou d'hélicoptère de ravitaillement... Enfin, il est évidemment indispensable de bien connaître son ennemi et c'est là que l'incroyable richesse (361 unités souvenez-vous) risque de poser le plus de problèmes aux néophytes puisqu'il s'agit de reconnaître la nature de l'ennemi le plus vite possible.
Cette variété des tactiques donne évidemment une bonne rejouabilité aux 22 missions de la campagne solo, et ce, même si la difficulté - qui va crescendo - limite tout de même l'intérêt des premières. Un regret à ce niveau, l'absence déjà signalée de la marine : il aurait pourtant été intéressant de pouvoir faire intervenir des canonnières pour appuyer les assauts, mais on se consolera évidemment avec les deux autres modes de jeu : l'escarmouche et le multijoueur. Le premier n'est qu'un complément au solo et ses (seulement) onze cartes sont là pour en témoigner : gageons cependant qu'Eugen Systems saura apporter un peu de nouveautés dans les semaines à venir afin que les amateurs de plaisirs solitaires puissent continuer à jouer à la guerre.
Cela dit, le gros morceau du jeu reste le multi. Pour nombre de joueurs préférant affronter des êtres de chair et de sang, ce mode est le seul intérêt du jeu. Non que l'intelligence artificielle soit déficiente (au contraire), mais plutôt qu'il n'y a rien de plus jubilatoire que de tromper un véritable « ennemi » que l'on peut taquiner après chaque embuscade. Côté multijoueur donc, il n'y a en fait qu'un seul souci : le niveau des adversaires ! Pour être honnête et malgré ma modeste expérience, j'ai pris correction sur correction lors de mes parties en réseau ! Si la difficulté est de mise, il n'y a rien à redire du côté des options : parties classées, ligues, classement mondial, maximum de 8 joueurs, choix dans la sélection des troupes... De par l'intensité des parties, la qualité du code réseau et la richesse des affrontements, Wargame : European Escalation se classe parmi les meilleurs du genre tout simplement !






Guerre Froide et points chaudsRetour au sommaire

Eugen Systems ne cache pas ses ambitions lorsqu'il évoque la reconstitution minutieuse des champs de bataille, de la topographie des lieux, des unités en présence, de leurs forces et de leurs faiblesses. Techniquement parlant, le studio se repose en partie sur le travail réalisé pour R.U.S.E. en employant notamment le même moteur graphique, l'IRISZOOM. Là encore, l'idée était d'aboutir à des champs de bataille de grande envergure afin d'apporter un maximum de réalisme aux affrontements : s'il n'est pas question d'avoir quelque chose de parfaitement exact, la portée des unités d'artillerie par exemple est tout de même beaucoup plus réaliste que sur de nombreux autres jeux de stratégie. Durant leurs parties, les joueurs pourront donc compter sur une fonctionnalité de zoom / dézoom redoutable.
Bande-annonce #3 - L'OTAN déploie ses troupes
Problème, s'il est possible d'avoir une vue d'ensemble très appréciable stratégiquement parlant, le résultat graphique pâtit nettement de l'éloignement. Ainsi, les différents paysages présentés au travers des missions souffrent d'un manque de détails et les étendues ont tendance à s'uniformiser avec le recul de la caméra. Heureusement, en vue rapprochée, les développeurs sont parvenus à conserver un joli niveau de détails et le passage des vues les plus éloignées au zoom le plus fort se fait de manière très fluide. En gros plan, on peut profiter de multiples éléments permettant l'identification des nombreuses variations des unités en présence. Le char Léopard des premières missions dispose par exemple de cinq versions différentes en fonction de son armement, sa motorisation et son blindage.
De l'authenticité des affrontementsRetour au sommaire
Ce luxe de détails aboutit à la création d'un arsenal de quelque 361 unités parmi lesquelles on retrouve toutes sortes de matériel aérien ou terrestre (rien de naval) allant du petit véhicule de reconnaissance au puissant hélicoptère de combat en passant par les blindés antichars et d'innombrables variations de tanks ou d'infanterie. Les développeurs voulaient apporter de l'authenticité aux affrontements en regroupant ainsi les forces de toutes les nations impliquées en Europe et on peut dire qu'ils sont d'abord parvenus à perdre le néophyte qui se retrouve vite noyé par la profusion d'unités à sa disposition, et ce, dès la seconde mission. Heureusement, il existe divers outils pour réduire nettement le nombre d'unités en limitant par exemple l'accès aux variations d'un même matériel.
Pour y parvenir, pas question de se lancer dans un assaut « tête baissée » : il faut d'abord étudier le terrain, envoyer quelques unités en reconnaissance et toujours surveiller attentivement les zones capables d'offrir une couverture aux ennemis (forêts, bosquets...). Pour ce genre de travail, les hélicoptères sont évidemment redoutables d'efficacité, mais ils constituent aussi une proie facile pour les batteries antiaériennes à longue portée. Du coup, il est impératif de varier les forces et d'ajuster ses effectifs en fonction de l'adversaire. C'est à ce niveau qu'entre en jeu la notion de renforts, car s'il n'est pas question de collecter des ressources dans Wargame : European Escalation, il est possible d'accumuler des points selon le nombre de zones clefs sous notre contrôle.
La question des renfortsRetour au sommaire

En effet, avec Wargame : European Escalation on gagne à faire confiance aux vétérans et à limiter ses pertes d'une mission sur l'autre. Bien sûr, entre deux missions il est possible de faire intervenir des troupes fraîches, mais les bleus s'avèrent moins efficaces et ont tendance à paniquer plus rapidement sous le feu ennemi... Le moral, voilà encore une composante dont il faut tenir compte durant les affrontements ! Prisonnier dans son char d'assaut, un canonnier aura effectivement tendance à paniquer si le blindage de son véhicule est testé par l'adversaire ! Wargame : European Escalation gère effectivement et de manière très précise les différents blindages de chaque véhicule, prend en compte les dégâts subits, mais aussi les munitions encore en stock ou le niveau de carburant.

Rejouabilité et multijoueurRetour au sommaire
S'il n'est pas vraiment question de mettre en application l'habituel shifumi (pierre-feuille-ciseaux), les unités ont toutes des forces et des faiblesses qui les rendent plus efficaces / plus vulnérables en fonction de l'adversaire. Ainsi, les unités dites « chasseurs de chars » sont indiquées pour affronter des tanks, mais seront très limitées face aux infanteries, et encore, tout dépend du type d'infanterie. Il en va de même avec l'artillerie, idéale pour pilonner des colonnes de chars sur une route, mais moins efficace pour débusquer des hommes planqués en forêt. Au final, on se rend vite compte que les 150 km² de terrain couverts par certaines cartes permettent d'envisager de très nombreuses tactiques et que les objectifs secondaires ne constituent que des indications sur la marche à suivre.
Cela dit, le gros morceau du jeu reste le multi. Pour nombre de joueurs préférant affronter des êtres de chair et de sang, ce mode est le seul intérêt du jeu. Non que l'intelligence artificielle soit déficiente (au contraire), mais plutôt qu'il n'y a rien de plus jubilatoire que de tromper un véritable « ennemi » que l'on peut taquiner après chaque embuscade. Côté multijoueur donc, il n'y a en fait qu'un seul souci : le niveau des adversaires ! Pour être honnête et malgré ma modeste expérience, j'ai pris correction sur correction lors de mes parties en réseau ! Si la difficulté est de mise, il n'y a rien à redire du côté des options : parties classées, ligues, classement mondial, maximum de 8 joueurs, choix dans la sélection des troupes... De par l'intensité des parties, la qualité du code réseau et la richesse des affrontements, Wargame : European Escalation se classe parmi les meilleurs du genre tout simplement !
Bande-annonce #4 - Présentation du mulitjoueur (VOST ...
ConclusionRetour au sommaire
S'ils restent fidèles au genre de la stratégie temps réel, les développeurs d'Eugen Systems changent sensiblement d'approche depuis R.U.S.E.. Les questions de réalisme et d'authenticité sont au cœur de leur dernière production et Wargame : European Escalation compte à ce niveau parmi les plus aboutis des jeux vidéo jamais réalisés. Le nombre d'unités disponibles, le niveau de l'intelligence artificielle et l'exigence générale des combats ne destinent pas ce RTS aux néophytes, mais la progression de la campagne solo devrait tout de même permettre aux plus motivés de s'accrocher. Du côté des vétérans aucun souci à se faire en revanche et la suppression des ressources, l'accent mis sur l'équilibre des forces ou la reconnaissance du terrain sont des atouts indiscutables qui font de Wargame un jeu particulièrement gratifiant. Compte tenu de la configuration des parties, de la durée potentielle des missions (parfois plus d'une heure), vous en aurez en plus pour votre argent... En espérant qu'Eugen Systems trouve encore matière à enrichir les choses (cartes, unités navales...) !





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