Test Steel Battalion Heavy Armor : l'accident industriel
Mais qu'est-ce qui a bien pu passer par la tête de Microsoft, Capcom et From Software ?
Peu de joueurs ont pu s'essayer au premier Steel Battalion, cette folie développée par Clover dans le seul but de trouver une application au tableau de commandes démentiel bricolé par Inaba et sa clique de gentils malades. Mais Capcom avait tout de même donné son feu vert à ce suicide commercial. Une décision qui figure encore parmi les plus grands mystères de l'Histoire du jeu vidéo. Évidemment le jeu fut un bide avec à peine 15 000 unités vendues au Japon - le seul marché susceptible d'enthousiasme pour un projet aussi extrême - mais devint une légende. Une légende qu'il eût mieux valu laisser en paix plutôt que de lui coller une suite aussi insensée que Heavy Armor.
Dès le départ, quelque chose clochait. Personne n'osait le dire mais tous le pensaient : Heavy Armor était destiné à se prendre un mur. Comment donner une suite à un soft pensé d'un bout à l'autre de son développement pour donner du sens à un accessoire aussi complexe, dingue, grandiose et improbable que le tableau de commandes de Clover ? Un accessoire si intimement lié au jeu que le second ne peut-être pensé sans le premier.
Le voilà donc « enfin » ce Steel Battalion nouvelle génération. Avec From Software aux commandes, certains ont gardé au chaud quelques raisons d'espérer. Mais rapidement, le jeu donne malheureusement raison aux plus sceptiques. L'histoire nous débarque en 2082 : les Etats-Unis sont engagés dans une guerre - tiens, ça c'est pas banal - contre une coalition asiatique - donc fourbe - ayant profité de la prolifération d'un microbe mangeur de silicone responsable d'un bon en arrière technologique pour envahir le Land of the Free.
Et comme c'est souvent le cas lorsque les studios japonais essaient de titiller la fibre patriotique américaine pour être vendeur, les louanges appuyés à la gloire des soldats US rendent la campagne solo assez lourdingue. Pourtant les efforts de mise en scène in game font souvent leur effet et parviennent à nous plonger dans l'enfer d'un conflit d'une violence insoutenable. Dommage que le reste du temps le jeu nous tartine du God bless America à longueur de cinématiques.
Mais ça n'est évidemment pas le plus grave. Question : quelle est la pire tare qui soit pour un jeu vidéo ? Réponse : être injouable. Et c'est justement la terrible affliction dont souffre ce pauvre Steel Battalion : Heavy Armor. Le pari était certainement trop audacieux pour être tenu : passer d'un jeu tout entier assujetti à l'accessoire qui a déterminé son développement à un titre reposant sur une interface matérielle minimale, à savoir le duo manette / Kinect.
Difficile de faire plus hardcore que le Steel Battalion originel. C'est certainement cela qui a motivé Microsoft et Capcom à choisir cette licence pour donner à Kinect son premier jeu pour tatoués. Mais voilà, cette jouabilité hybride est un vrai désastre. Toutes les manœuvres dans le cockpit sont assignées à des mouvements qui, dans le feu de l'action (voire même lorsque la situation est à peu près peinarde) se traduisent par tout et n'importe quoi.
Un de nos trois copilotes se fait asticoter par le couteau d'un soldat ennemi sournoisement introduit par un trou d'obus dans la carlingue de notre Vertical Tank ? La moitié du temps, nos tentatives pour lui venir en aide se soldent par une action totalement hors-sujet, comme se saisir du module de radar ou de la manette d'accélération. On pourrait aussi citer le passage délicat des manoeuvres intérieures à celles du pilotage qui sollicite un mouvement des deux bras vers l'avant. Problème : la plupart du temps on se retrouve à actionner la fermeture de la fenêtre de visée. Chouette.
Et les situations de ce genre sont nombreuses et beaucoup, beaucoup ... beaucoup trop fréquentes. De l'imprécision chronique de Kinect dans la captation des mouvements du joueur naît une frustration quasi permanente dans le pilotage du VT. Pourtant, il eût été possible d'assigner quelques raccourcis à la manette pour surmonter cette défaillance inhérente à l'accessoire de Microsoft. Mais non, il fallait apparemment nous infliger ça. En désespoir de cause, on finit donc par se contorsionner rageusement sans plus de succès.
Les seuls moments de sérénité sont à mettre au crédit de l'usage de la manette. A de très rares occasions, le jeu nous dispense de manœuvres à l'intérieur du cockpit et c'est seulement là que la progression s'avère fluide à défaut d'être aisée. Car en plus de souffrir d'insurmontables problèmes de jouabilité, Heavy Armor n'est pas loin d'avoir hérité du niveau de difficulté de son illustre aïeul. Encore un choix insensé. Car autant le challenge proposé par Steel Battalion participait de l'intensité de l'expérience proposée, autant ici, compte tenu des vexations infligées par Kinect, on tutoie l'absurde.
Bref on sent que les pauvres petits gars de From Software se sont débattus avec la contrainte insensée de remplacer le tableau de commandes par Kinect. Ils ont fait ce qu'ils ont pu et on ne peut pas dire que le jeu soit un truc mal branlé de A jusque Z. La réalisation tient la route, l'environnement sonore est riche et le jeu des comédiens de doublage convaincant. Mais voilà, quand un projet est vrillé dans son concept même, sa concrétisation est, de toute façon, un échec assuré.






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Le voilà donc « enfin » ce Steel Battalion nouvelle génération. Avec From Software aux commandes, certains ont gardé au chaud quelques raisons d'espérer. Mais rapidement, le jeu donne malheureusement raison aux plus sceptiques. L'histoire nous débarque en 2082 : les Etats-Unis sont engagés dans une guerre - tiens, ça c'est pas banal - contre une coalition asiatique - donc fourbe - ayant profité de la prolifération d'un microbe mangeur de silicone responsable d'un bon en arrière technologique pour envahir le Land of the Free.
Gameplay #1 - Aux commandes d'un mécha
Et comme c'est souvent le cas lorsque les studios japonais essaient de titiller la fibre patriotique américaine pour être vendeur, les louanges appuyés à la gloire des soldats US rendent la campagne solo assez lourdingue. Pourtant les efforts de mise en scène in game font souvent leur effet et parviennent à nous plonger dans l'enfer d'un conflit d'une violence insoutenable. Dommage que le reste du temps le jeu nous tartine du God bless America à longueur de cinématiques.
Mission ImpossibleRetour au sommaire

Difficile de faire plus hardcore que le Steel Battalion originel. C'est certainement cela qui a motivé Microsoft et Capcom à choisir cette licence pour donner à Kinect son premier jeu pour tatoués. Mais voilà, cette jouabilité hybride est un vrai désastre. Toutes les manœuvres dans le cockpit sont assignées à des mouvements qui, dans le feu de l'action (voire même lorsque la situation est à peu près peinarde) se traduisent par tout et n'importe quoi.
« De l'imprécision chronique de Kinect dans la captation des mouvements du joueur naît une frustration quasi permanente dans le pilotage du VT »

Et les situations de ce genre sont nombreuses et beaucoup, beaucoup ... beaucoup trop fréquentes. De l'imprécision chronique de Kinect dans la captation des mouvements du joueur naît une frustration quasi permanente dans le pilotage du VT. Pourtant, il eût été possible d'assigner quelques raccourcis à la manette pour surmonter cette défaillance inhérente à l'accessoire de Microsoft. Mais non, il fallait apparemment nous infliger ça. En désespoir de cause, on finit donc par se contorsionner rageusement sans plus de succès.
From Hell SoftwareRetour au sommaire

Bref on sent que les pauvres petits gars de From Software se sont débattus avec la contrainte insensée de remplacer le tableau de commandes par Kinect. Ils ont fait ce qu'ils ont pu et on ne peut pas dire que le jeu soit un truc mal branlé de A jusque Z. La réalisation tient la route, l'environnement sonore est riche et le jeu des comédiens de doublage convaincant. Mais voilà, quand un projet est vrillé dans son concept même, sa concrétisation est, de toute façon, un échec assuré.
ConclusionRetour au sommaire
On aurait presque de la peine pour le studio From Software qui n'avait surement pas idée de la galère dans laquelle il s'est embarqué. Steel Battalion : Heavy Armor est une aberration qu'aucun studio de développement n'aurait pu faire tenir debout. Comment un jeu génétiquement programmé pour tirer parti d'un imposant tableau de commandes pourrait-il s’accommoder d'un accessoire comme Kinect ? Le résultat de cette expérience de Dr Frankenstein est une espèce de monstruosité boiteuse qui ne file jamais droit. Pourtant From Software a correctement fait son job sur à peu près tout le reste de cette production maudite. En dehors peut-être d'un scénario et d'une mise en scène ronflants de patriotisme et de sacralisation des bonnes valeurs ricaines. Allez, on oublie ça, disons que Heavy Armor n'a jamais existé et que Steel Battalion restera pour toujours ce jeu de grands barjots qui nous a tant fait rêver.





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