Test Infinite Undiscovery (Xbox 360) : 6/10 sur JeuxVideo.fr

Preuve incontestable que la politique de Microsoft commence à payer, Infinite Undiscovery est aujourd'hui disponible dans toutes les bonnes échoppes de France et de Navarre. Concoction de la prestigieuse maison Tri-Ace, renommée pour les séries Star Ocean et Valkyrie Profile, cette nouvelle incursion du studio nippon dans le genre RPG nous avait laissé sur une impression mitigée lors de notre première rencontre durant l'E3. En dépit d'un système de combat déjà en partie éprouvé sur Star Ocean 3, quelques archaïsmes ont ainsi malheureusement entaché ce premier tête à tête. La version finale en main, il est temps pour nous de vous livrer notre avis définitif sur cette dernière production Tri-Ace.



Extirpé de la moiteur de sa cellule par l'intervention de la belle Aya, le jeune Capell, flutiste un brin candide, s'imagine enfin sorti des ennuis. C'était évidemment sans compter sur les renforts vite alertés par le retentissement de l'alarme aussitôt déclenchée. Passée une première séquence in-game au cours de laquelle le joueur devra fuir les assauts de ses poursuivants, l'aventure se poursuit en pleine forêt tout au long d'une séquence d'infiltration plutôt laborieuse. C'est une fois sorti d'entre les arbres que notre héros prendra conscience de l'erreur commise par Aya : abusée par la troublante ressemblance entre le jeune flutiste et Sigmund le Libérateur, la mignonne petite archère pensait avoir arraché cette légende vivante du joug de l'Order Of Chains. Le véritable Sigmund ne tarde pas à faire son apparition et ne semble pas s'émouvoir de cette apparente filiation. Réticent dans un premier temps, Capell finit par accepter de rejoindre les rangs de la Force, menée par le charismatique Sigmund, dans son harassante quête pour libérer la lune des titanesques chaînes la maintenant sous l'emprise de l'Order Of Chains et de son leader le Dreadknight ...



Infinite Undiscovery présente un scénario somme toute classique dans ses prémisses mais qui heureusement se déploie sur deux DVD. Malgré tout, l'aventure se boucle de bout en bout en une vingtaine d'heures de jeu en mode de difficulté normal et souffre de fréquentes baisses de rythme embourbant le joueur dans une progression mollassonne. Il s'agit du premier et principal reproche dont écope Infinite Undiscovery : le titre de Tri-Ace ne parvient pas à captiver durablement l'aventurier / joueur la faute à une narration mal maîtrisée dont l'intensité s'effondre aussi vite qu'elle s'est installée. Les cut-scenes lénifiantes souffre de surcroît d'un doublage anglais (et exclusivement anglais) sans conviction et les donjons sans grande inspiration façon copier/coller viennent bien souvent mettre un coup de frein à la fougue aventurière du joueur. Dommage car Infinite Undiscovery met en scène une galerie de personnages attachants malgré leur design convenu. La désagréable impression d'avoir accompagné cette troupe d'aventurier dans un millier d'autres productions du genre s'estompe en effet lorsque se mettent à jour les failles de chacun et que se tissent les liens unissant le groupe. On en vient même à éprouver de l'affection pour Capell dont le comportement crispant des premiers temps finit par se muer en tempérament de leader. Il est donc vivement conseillé de faire preuve de patience car malgré son déséquilibre narratif, Infinite Undiscovery en vaut la peine.





Car, production Tri-Ace oblige, Infinite Undiscovery doit une bonne partie de sa valeur à son système de combat dynamique et "inspiré". Ici, pas de combats aléatoires et d'ennemis planqués dans une autre dimension, Tri-Ace adopte une représentation 1:1 avec faune apparente, démocratisée sur console par Final Fantasy XII. Quant aux possibilités offensive : un coup faible, un coup puissant, des battle skills, un système de rétribution à plusieurs niveaux ... cela ne vous rappelle rien ? Star Ocean : Till The End Of Time, évidemment. Les bases de ce système sont en effet héritées de la dernière production dont Tri-Ace a honoré la PlayStation 2. De même, Infinite Undiscovery met l'accent sur les combos. En effet, trois niveaux de combos permettent de varier les affrontements tout en rétribuant le joueur d'autant de manière différentes. Le premier niveau permet ainsi de remplir sa jauge d'AP dans laquelle viennent puiser les deux autres niveaux, à savoir les ground combos et les aerial combos. Ainsi pour pouvoir arracher son adversaire du sol ou, au contraire, lui faire mordre la poussière il faudra au préalable avoir chargé sa jauge d'AP jusqu'à un certain niveau, variant selon la corpulence de l'ennemi avoiné. Dès lors, les enchaînements aériens dispensent un bonus d'expérience à chaque coup porté tandis que matraquer un adversaire au sol permet de profiter d'une substantielle récompense sous forme de HP et de MP. Une bonne façon d'inciter le joueur à diversifier ses attaques et ainsi d'éviter la monotonie des combats à la chaîne. Et ce n'est pas tout puisque Infinite Undiscovery introduit un système de connect actions autorisant encore quelques sympathiques combinaisons. Capell peut ainsi être lié à un autre membre de l'équipe ce qui permet au joueur d'ordonner à son acolyte la réalisation de deux attaques différentes. Les applications en combats sont multiples : porter un coup à distance et par surprise (histoire de bénéficier du 100% de critical hit), envoyer son allié porter assistance à un autre personnage ou encore combiner son attaque à celles de Capell pour un maximum de dégâts.



Bref, il y a là de quoi s'amuser. Malgré tout, le plaisir ressenti en combat n'est pas aussi intense qu'il aurait pu l'être. A force d'effets visuels en pagaille l'action devient parfois illisible. La faute également à une caméra placée derrière notre personnage qui ne permet pas d'adopter une perspective plus générale du champ de bataille et cache souvent à la vue du joueur les actions entreprises par ses coéquipiers. Heureusement, ces derniers s'en sortent très bien grâce à une Intelligence Artificielle performante. A de rares exceptions prêt, nos alliés font preuve de beaucoup de réactivité lorsqu'il s'agit de prodiguer des soins aux personnages mal en point et s'en sortent plutôt bien en attaque. Voilà qui rassurera les joueurs traumatisés par la calamiteuse I.A. de Star Ocean : Till The End Of Time. Et si l'un de vos soigneurs tarde à remplir son office une simple pression sur la touche Y lui en donnera l'ordre et fera passer cette tâche avant toute autre. En somme, malgré le manque de lisibilité évoqué plus haut, les innombrables combats émaillant l'aventure pimentent heureusement le titre de Tri-Ace. Et heureusement pour le joueur, car le studio semble s'être trouvé en panne d'inspiration à de nombreuses reprises dans l'élaboration de son jeu. Ainsi, on ne compte plus les vieilles ruses de game-design paresseux sensées rehausser la durée de vie du titre. Incessants allers et retours, recyclage d'environnements déjà explorés en amont de l'aventure (la fin du titre surexploite cette ficelle), labyrinthes tortueux imposant une progression purement empirique et donc particulièrement pénible, tout y passe. Ce genre de cache-misères donne malheureusement à Infinite Undiscovery des airs de sous Tri-Ace, comme si le studio s'était empressé de bricoler dans l'urgence de longs raccords entre certains moments clefs. Bref aux situations épiques succèdent de longues et éreintantes phases d'exploration. Dommage, car une fois de plus le rythme de l'aventure en pâtit.

Une irrégularité que l'on retrouve également dans la réalisation du titre qui alterne le bon et le mauvais, voire le très mauvais. Alors que certains environnements tels les Cosbana Timberlands jouissent d'une jolie palette de couleurs agrémentée de particules lumineuses du plus bel effet d'autres, comme la caverne infestée d'araignées que devront traverser Capell et ses amis, affichent une pauvreté visuelle indigne de la Xbox 360. D'une manière générale, exception faite de la modélisation des personnages Infinite Undiscovery ne brille par sa réalisation. Les textures sont souvent grossières et la modélisation des protagonistes autres que ceux dirigés par le joueur manque cruellement de détails. L'animation aurait elle aussi gagné à bénéficier de plus d'attention, notamment lors des cut-scenes qui, du coup, manquent singulièrement de vie. En cause une gestuelle qui manque de vigueur et donc de crédibilité. A noter que Tri-Ace n'a pas du prendre en compte les joueurs encore équipés de télévisions cathodiques puisque ces derniers devront subir un affichage déplorable. Enfin, si visuellement Infinite Undiscovery souffre à la fois d'un manque d'inspiration évident et d'une technique faiblarde, il faut tout de même saluer le travail accompli par Motoi Sakuraba qui, une fois de plus, nous ravi les tympans de compositions de haute volée. D'agréables partitions qui offrent un relief supplémentaire à une aventure qui malgré son tempo mollasson n'en reste pas moins captivante ...



Nous en attendions beaucoup, peut-être trop, et Infinite Undiscovery ne répond malheureusement pas à toutes nos attentes. Pourtant, l'aventure que nous a concocté Tri-Ace présente tous les ingrédients d'un classique : une galerie de personnages que l'on s'étonne à prendre d'affection, un système de combat bien rôdé, des moments épiques, une bande-son qui ne l'est pas moins, etc. Malheureusement, il faudra parfois prendre son courage à deux mains pour ne pas décrocher tant la narration manque de rythme et de panache. Dans le même ordre d'idée on déplorera une durée de vie artificiellement gonflée de quelques heures par divers stratagèmes indignes d'un aussi prestigieux studio. Néanmoins, malgré toutes ses carences Infinite Undiscovery demeure un bon RPG, une aventure suffisamment prenante pour convaincre les amateurs du genre en attendant les alléchants Final Fantasy XIII, Star Ocean IV et Last Remnant.



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