Vidéo-Test de Gran Turismo 5 : le dernier volet d'une série qui dérape
Après nous avoir fait languir de longs mois durant, Gran Turismo 5 est enfin là ! Loin d'être inintéressant, il n'en demeure pas moins une indéniable déception.

Les opus suivants ont globalement apporté plus de contenu et de diversité (avec l'arrivée du rallye notamment) tout en conservant les bases solides made in GT ainsi que les valeurs « simu » de la franchise. Chaque titre allait chercher un peu plus loin les limites techniques de la console qui l'hébergeait ou exposait ses performances au grand jour (ex : GT3 pour la PS2) histoire de faire taire les détracteurs, et accessoirement multiplier les ventes dudit support, d'où son statut de system seller. Pourtant, après le troisième opus, et malgré un quatrième volet très satisfaisant, la série semblait manquer un brin d'inspiration. En témoignent les versions Concept : Tokyo et Prologue au parfum hautement commercial ou encore la récente ainsi que décevante déclinaison sur PSP ; sans compter les promesses non tenues (le online et les dégâts pour GT4 par exemple) et les retards...
GT5 : The Real Waiting Simulator
Les retards... voilà une chose que les joueurs PS3 connaissent bien grâce à GT5. Maintes fois repoussé, annoncé/espéré comme le messie du genre « simulation automobile » (voire même celui de la console de Sony, rien que ça !), Gran Turismo 5 arrive sur nos terres d'une manière un peu laborieuse. Afin de récompenser notre longue attente et tenter de reprendre son trône en faisant taire les mauvaises langues, le titre joue la carte de l'exhaustivité au niveau de son contenu.
Par contre, on déplore un certain manque de fraîcheur des modèles présents. En outre, la plupart des engins datent au mieux de deux ans. Certes, on comprend aisément la présence de voitures cultes, comme la Peugeot 205 GT, qui feront plaisir aux collectionneurs virtuels. Mais pourquoi nous proposer la 307 au lieu de la 308 par exemple ? Tout porte à croire que, comme l'évoquait Yamauchi, GT5 était effectivement prêt à sortir il y a un an et demi / deux ans. Signalons également que tous les véhicules ne sont pas logés à la même enseigne. En effet, seulement un peu plus de 200 bolides - baptisés « Premium » - ont bénéficié de toute l'attention des développeurs ; les 800 autres (dits « Standards ») ont été moins gâtés, mais nous y reviendrons. Mais comme il ne suffit pas d'avoir un garage rempli d'éléments mécaniques pour gagner une compétition, jetons un oeil aux diverses possibilités de jeu...
Vidéo-Test de Gran Turismo 5
Vidéo-Test de Gran Turismo 5
« Principal nerf de la guerre, ce mode solo propose de contrôler un des bolides de notre garage afin de remporter des courses »
Au niveau des modes inclus dans le Blu-Ray, on retrouve naturellement les sacro-saintes épreuves de permis (cf. notre vidéo), ou encore les courses sur route et sur circuit qui ont participé au succès de la saga. Il y a aussi du Rallye, sur terre ou sur neige, malheureusement (toujours) mitigé en terme de plaisir de jeu. Polyphony nous a gratifiés de quelques challenges de dérapage, histoire de varier les plaisirs et nous donner un peu d'air entre deux défis du traditionnel mode « A-Spec ». Principal nerf de la guerre, ce mode solo propose de contrôler un des bolides de notre garage afin d'enchaîner les courses. Ces dernières sont organisées sous la forme de coupes à thème, regroupant compétitions indépendantes et championnats à la difficulté croissante. Nos performances nous confèrent argent (utile pour s'offrir de nouveaux bolides, des améliorations dans le Magasin de préparation ou encore dans l'espace Entretien et Réparation) et points d'expérience. L'expérience représente un élément essentiel dans notre progression puisque c'est elle qui, par le biais des points cumulés, nous ouvre les portes des nouvelles épreuves.

Parallèlement au mode A-Spec, GT5 nous propose une version un chouïa modifiée de son mode B-Spec - déjà présent dans GT4 -. Il s'agit d'un mode Carrière dans laquelle on se retrouve directeur d’écurie. Ici, nulle question de piloter pour remporter les mêmes courses proposées en A-Spec. On doit suivre en spectateur notre poulain et le guider un brin dans sa course (en lui demandant de décélérer, d'accélérer ou de dépasser) tout en prenant en compte sa force physique ainsi que mentale. Si l'idée demeure intéressante dans le fond, ce mode n'est pas franchement captivant car il propose un panel bien trop limité d'actions au joueur. L'ensemble s'avère en outre assez poussif. Le niveau d'expérience est en effet différent de celui du A-Spec, ce qui nécessite de refaire des courses déjà bien connues, de regagner progressivement des points d'expérience (en repartant de zéro) pour accéder aux défis plus délicats et intéressants. Alors que dans GT4, le B-Spec était une sorte d'option qui permettait de donner un peu d'air (et de soulager nos petits doigts), voire de nous faciliter la tâche sur des tracés qui posaient problème. Enfin, les habitués retrouveront sans surprise le mode Arcade qui offre la possibilité de courir rapidement sur un large panel de courses et avec un vaste choix de véhicules (de classes diverses), que ce soit seul ou à plusieurs en écran partagé.
Karting, dérapage, NASCAR, online et création de circuits
En plus de ces rubriques bien connues, la franchise intègre d'autres défis plus innovants et exotiques. Ainsi, il est possible, pour la première fois dans la série, de faire du karting (cf. notre vidéo exclu dédiée). C'est plutôt agréable et cela offre des sensations originales, grâce à une vue plus près du sol et au gabarit particulier des karts. Autre nouveauté : la NASCAR, chapeautée par Jeff Gordon (pilote américain de renom, accessoirement quadruple champion de la Winston Cup). On a beau se retrouver des pistes mythiques (Indianapolis et Daytona Speedway), ce type d'épreuves ne nous a pas forcément enthousiasmés. Et cela, principalement à cause de la gestion bancale des collisions et des dégâts qui dégradent sensiblement l'impression de réalisme. Cependant, la gestion de l'aspiration (à partir d'un ou plusieurs véhicules) s’avère excellente et les défis NASCAR se révéleront nettement plus plaisants avec un volant, du fait de la reconnaissance plus fine des mouvements offerte par l'accessoire.
En parlant d'interface perfectible, parlons dès à présent du mode Création de circuit qui en a fait saliver plus d'un (Bibi le premier). En fait, il s'agit plutôt d'un « générateur de circuits », certes original pour un jeu de ce type - donc dans le fond appréciable - mais vraiment limité. On ne contrôle effectivement que peu de paramètres : le choix du lieu/revêtement parmi une toute petite poignée proposée, la difficulté ou la largeur d'une portion du tracé (et même pas du dénivelé) notamment. Il en résulte des tracés dont la paternité revient essentiellement à la console, laquelle génère aléatoirement une course en fonction de nos quelques préférences renseignées. Au final, il s'avère quasi impossible de faire parler notre créativité, et d'insuffler ainsi une quelconque personnalité aux circuits créés... En bref : ils se ressemblent tous plus ou moins et demeurent peu intéressants à parcourir. Malgré tout, vous l'aurez compris, avec ce large éventail de modes de jeu, le constat est globalement très positif au niveau du contenu.



GT pas forcément très en forme
En plus de la carte « exhaustivité », Polyphony nous a habitués à repousser sans cesse les limites au niveau de la réalisation, en nous éblouissant à chaque opus jusqu'à GT4. Les Gran Turismo ont souvent été considérés, à juste titre, comme des mètres étalons pour le genre, aussi bien d'un point de vue technique qu'au niveau du gameplay. Dans GT5, le constat est étonnamment plus mitigé. D'un côté, on note des qualités indéniables, en terme de modélisation, au niveau des modèles Premium (dont certains bolides conçus pour le soft comme le Concept Car by Citroën et le Prototype X1 libre de toute réglementation/régulation) ainsi que du rendu de certains circuits - principalement ceux en ville - qui frôlent avec le photo-réalisme. Et cela, grâce à une somme satisfaisante de détails, des textures assez fines et des couleurs bien choisies. On apprécie également la qualité des modèles physiques et les sensations bien différentes qu'ils procurent en les conduisant, ainsi que l'impact de l'usure des pneumatiques. Les modifications apportées au niveau du poids du véhicule ou de son moteur sont, quant à elles, aisément perceptibles. Tout cela sert clairement l'expérience de jeu, qui bénéficie de fait d'une profondeur appréciable, et rend l'avancée plutôt captivante sur la durée...Cependant, d'un autre côté, on ne peut qu'être déçu par le rendu visuel global. Le bond en avant graphique, tant espéré par les joueurs PS3 à la sortie de Prologue, n'a pas eu lieu. On déplore par exemple de nombreux de circuits recyclés à la va-vite et peu enthousiasmants, tirés des opus PS2 ou dudit Prologue justement. Mais aussi, on constate des tares techniques grossières : pixellisation honteuse des bords des véhicules lorsqu'ils sont entourés de fumée, ombres disgracieuses car crénelées et tremblantes, scintillement, problème de synchronisation verticale, ralentissements (surtout en ville) ou encore affichage tardif de certains éléments pourtant souvent en 2D (spectateurs, arbres, etc.). Un bilan franchement peu flatteur... On arrive même parfois à trouver le rendu de Prologue un tantinet supérieur à celui de GT5 sur certaines courses : ce dernier n'avait pas d'ombres disgracieuses et se payait le luxe d'avoir quelques petits détails rendant certains tracés un brin plus plaisants à l'oeil (cf. notre légende ci-dessous) ! De même, les jolis modèles Premium, accessibles tardivement dans le mode Carrière par ailleurs, ne peuvent faire oublier les 800 bolides standards au rendu visuel bien inférieur. Ces derniers peuvent posséder par exemple des fenêtres ou des poignées représentées par un simple bitmap plat et crénelé.
« On en attendait plus de la part de Polyphony et de la PS3 »
Il va sans dire que l'on en attendait plus de la part de Polyphony et de la Playstation 3 (qui se veut la plus puissante des consoles de salon actuelles et qui a par ailleurs déjà montré un intéressant potentiel avec Uncharted 2). Mais plus que cette qualité visuelle mitigée, c'est surtout le niveau de finition du titre ainsi que le manque d'évolution sur certains concepts archaïques qui surprennent et risquent de frustrer les amateurs de simulation automobile. Ensuite, les temps de chargement s'avèrent nombreux et plutôt longs (souvent entre 15 et 60 secondes), même après une interminable et lourde installation sur le disque dur visant notamment à les réduire. Durant environ 50 minutes et réquisitionnant de 6,5 à 10 Go d'espace (les possesseurs de PS3 40 Go, dont votre serviteur, apprécieront), cette « monstrueuse » installation témoigne d'un vrai manque d'optimisation.

Si l'on ajoute les nombreuses installations que GT5 fait d'office sur notre disque au cours de notre avancée (on peut tout de même réguler un peu la chose dans les options), cela donne vraiment l'impression d'un jeu patchwork. Un titre morcelé qui prendra sa forme véritable, supposée plus stable (ce n'est malheureusement pas encore le cas, un bug ou freeze pouvant encore arriver malgré la mise à jour), seulement une fois que les développeurs auront suffisamment « retouché » leur bête... En prenant par là même un peu les joueurs (n'ayant pas forcément payé leur galette au prix faible pour autant, malgré les offres agressives de certaines boutiques qui le vendent à environ 55 euros !) pour des beta-testeurs. On dirait que les développeurs ont été contraints de faire sortir précipitamment leur bébé ; « pour qu'il débarque à tout prix au moment des listes de Noël », diront les mauvaises langues. Sauf que le bébé en question est tout de même en gestation depuis bientôt cinq ans, et que Yamauchi-san avait principalement justifié les nombreux reports par le perfectionnisme de son équipe ainsi que le soin apporté à la finition. C'est à en perdre son latin... ou son japonais, c'est selon.
Des collisions et dégâts collatéraux étonnants
Ensuite, que dire des collisions toujours aussi farfelues et souvent tellement permissives qu'elles deviendront une aide de choix pour les joueurs les moins à cheval sur les règles (syndrome « auto-tamponneuse » inside) ou encore de l'I.A. un brin idiote. Certes, les adversaires paraissent un peu moins sereins ou parfaits dans leurs trajectoires lorsqu’on les colle au train ; cependant, ces derniers nous rentrent inlassablement dedans sans même chercher à nous éviter quand ils nous rattrapent. Et n'omettons pas de parler des dégâts, tant promis dès l'annonce de GT4 (qui n'en a pas bénéficié au final, au même titre que le jeu en ligne), à moitié géré. En effet, seuls les véhicules Premium - la minorité, vous vous rappelez ? - disposent des dégâts (ainsi que d'une vue cockpit très agréable d'ailleurs, avec zoom personnalisable). Et encore, il va falloir y aller franchement.

Par son côté timide voire hermétique au changement, le bébé de Polyphony pourra en effet légitimement laisser un goût amer dans la bouche des puristes, qui attendaient fort logiquement « THE real driving simulator ». À l'inverse, il y a fort à parier que les inconditionnels des GT, qui retrouveront instantanément leurs marques sans doute avec nostalgie, en parcourant les tracés historiques de la série ainsi que les épreuves de permis (non obligatoires mais quasi indispensables) par exemple. Signalons d'ailleurs que ces dernières sont toujours aussi agréables et un tantinet plus didactiques, grâce à l'apport des explications vocales - en français s'il vous plaît - qui accompagnent la présentation optionnelle des épreuves et complètent les conseils textuels globalement judicieux. La ré-utilisation scrupuleuse, plutôt entêtée, d'autant de bases ancestrales de la série laisse penser que GT5 a principalement été conçu et destiné à ceux qui apprécient déjà la licence, pour ses forces (contenu copieux, moteur physique de qualité, grosse durée de vie, etc.) et faiblesses (collisions et dégâts peu impactants) évoquées plus haut.



Car malgré ses tares évidentes et du moment que l'on adhère à ses concepts, le titre arrive malgré tout à proposer d'excellentes sensations de conduite (les plus pointilleux trouveront qu'il manque - comme ses prédécesseurs - un brin d'impression de vitesse, principalement en vue extérieure) ainsi qu'un gameplay plutôt profond et prenant. Il y a assurément une vraie marge de progression : les premières courses sont très faciles, les suivantes le sont bien moins et nécessitent une bonne connaissance des tracés ainsi que des véhicules, une grande concentration, une bonne analyse des déplacements adverses, etc. Sans compter que l'on peut bien évidemment désactiver tout ou une partie du, plutôt large, panel d'aides au pilotage (assistance au freinage, trajectoire conseillée, boîte automatique...).

« Le bébé de Polyphony peut en outre se targuer de supporter la résolution d'écran 1080p ainsi que d'être compatible avec les tv 3D à lunettes actives »
Précisions également que GT5 bénéficie d'un bon nombre d'options aussi bien au niveau son que vidéo. Le bébé de Polyphony peut en outre se targuer de supporter la résolution d'écran 1080p et d'être compatible avec les tv 3D à lunettes actives, avec pour conséquence par contre de passer en 720p au maximum (les consoles HD actuelles n'ayant pas la puissance suffisante pour envoyer les deux signaux, à destination de chaque oeil, en 1080p). Cela dit, la 3D stéréoscopique ne risque pas de convaincre tous les joueurs, car elle induit immédiatement une perte de qualité et de finesse. En course, les décors proposent nettement moins de détails et un voile flou permanent s'installe ; quand ce dernier s'estompe, l'image se met alors à vibrer. La profondeur se montre certes perceptible, mais elle n'apporte absolument rien au gameplay, et gare au mal de tête après une heure de pratique intensive ! La 3D est bizarrement plus convaincante dans les menus... Cependant, l'exercice technique s'avère bien moins difficile et n'a qu'un intérêt artistique très limité. Difficile, dès lors, d'apprécier une option qui dégrade fortement les qualités graphiques d'un jeu. C'est d'autant plus énervant qu'une partie du retard cumulé par Gran Turismo 5 est certainement à mettre sur le compte de l'ajout de cette fonction. Peut-être que les très rares joueurs (fortunés) équipés du matériel adéquat apprécieront malgré tout.

« Une somme de petites options plutôt sympathiques qui étoffent davantage un contenu déjà exhaustif »
Toujours dans la rubrique des petits détails annexes, on note la présence d'un mode Photo, toujours appréciable. Même si le résultat est rarement celui que l'on escomptait à l'origine, ce dernier comporte des paramètres assez précis qui parleront davantage aux fans de photographie / possesseurs d'appareils reflex. La gestion de la vitesse d'obturation et de l'ouverture du diaphragme viendront effectivement côtoyer le zoom, l'inclinaison et quelques effets qui nous permettront de frimer devant nos amis. Les clichés peuvent, à ce titre, être exportés à destination d'un support en USB (via l'interface de la PS3) ou partagés avec la communauté.

Conclusion :
Disposant d'un nombre suffisant de forces tirées directement de l'héritage de ses prédécesseurs, d'un contenu copieux ainsi que de quelques nouveautés bienvenues, Gran Turismo 5 demeure un jeu de course plutôt exigeant, divertissant et donc viable, à défaut d'être particulièrement réaliste. Il demeure un incontournable sur PS3 car quasiment le seul représentant de cette catégorie sur ce même support. Cela étant, il n'en demeure pas moins une grosse déception pour ceux qui voyaient en lui le nouveau mètre étalon de la simulation auto sur consoles.Son manque flagrant de finition ou d'ambition au niveau technique et son herméticité à certains nouveaux « pré-requis » du domaine (collisions réalistes, dégâts réels sur toutes les voitures, I.A. plus crédible, personnalisation visuelle des véhicules, etc.) sont autant de tares qui entachent sérieusement le plaisir de jeu... Et que nous nous devons de dénoncer. Yamauchi nous a déjà confié que Gran Turismo 6 était en développement, espérons qu'il arrivera plus rapidement et avec davantage de conviction, afin de prouver que la série mythique peut encore mener le peloton... et pas seulement finir la course à une place juste convenable (compte tenu de son rang), après avoir un peu trop dérapé, voire être carrément sortie de la piste, à certains endroits.
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