Héroïque fantaisie finale
RPG mythique jamais francisé, FFIV revient cette fois sur GBA. Entre nostalgie et remise au goût du jour, les joueurs y trouveront-ils pour autant leur compte ?

Avoir Final Fantasy IV en français, Cécil-on !
Il y a franchement de quoi être sceptique. Final Fantasy IV Advance a en effet (comme dit plus haut), connu ses heures de gloire dès 1991 sur Super Nintendo au Japon. Sorti un peu plus tard aux Etats-Unis, son titre se vit honteusement renommé « Final Fantasy II », pour coïncider avec le premier volet ayant vu le jour sur le même territoire… Final Fantasy III ! La difficulté de ce FFIV (que nous nommerons désormais ainsi, faut pas pousser !) rebaptisé FFII, avait été édulcorée pour, grosso modo, ne pas effrayer les novices et nouveaux acheteurs potentiels. Vous suivez toujours ? Bon, je continue. En France, il fallut attendre 2002 pour enfin goûter à FFIV, sur PSOne, et avec des cinématiques s’il vous plaît. Cependant, en creusant un peu ladite galette, on s’apercevait que le repas était bien maigre : très peu de cinématiques, quelques améliorations par-ci par-là (principalement graphiques) qui n’arrivaient pas à faire oublier que la PSOne pouvait largement faire mieux, et encore plus important : le jeu était en anglais !

Fuir le côté obscur de l’Empire
Contrairement à ce que laisse penser cet intertitre, le héros ne s’appelle pas Luke, mais bien Cécil (avouez que le prénom est aussi ambigu). Il est le Commandant en chef des Ailes Rouges, une troupe d’élite d’un Empire obscur qui ne semble pas franchement bienfaisant, dénommé Baron. Tout se passait donc plutôt bien pour notre héros. Or, lors d’une mission, il remet en doute la légitimité de l’action de Baron, lequel cherche par tous les moyens à se procurer les légendaires cristaux mystiques, quitte à éliminer ceux qui se mettraient sur sa route. Sympa ! Enfin pas vraiment en fait, puisque l’empereur n’apprécie pas du tout que l’on discute ou commente ses décisions, et ainsi dégrade Cécil et l’envoie dans une mission périlleuse pour qu’il se rachète. Inutile de vous dire, que le très cher despote sait pertinemment que les possibilités de réussite avoisinent le zéro.
Ceci étant, cette mission marque le début d’une folle aventure au large goût de rédemption pour Cécil, où le joueur pourra découvrir un bon lot de personnages, dont plus d’une dizaine jouables (12 exactement). Expliquons d’ailleurs au passage, que les Final Fantasy se distinguent d’autres RPG (comme les Dragon Quest par exemple) par des histoires souvent très romancées et torturées… ce n‘est pas ce quatrième épisode qui me contredira, loin de là. Le scénario est prenant et nous invite sans cesse à continuer l’épopée, les personnages sont charismatiques et attachants (malgré leur petite taille à l’écran) grâce principalement à un design des différents protagonistes au poil, à une issue finale quant à elle assez floue pour ne pas nous gâcher le suspens. Pour moi, il s’agit tout simplement d’une des mes histoires préférées, tous FF confondus, voire même tous RPG confondus.



Final Fantasy avance
Si on le compare aux deux précédents Final Fantasy sortis sur GBA (à savoir FFI et FFII), FFIV Advance se distingue donc d’abord par une trame scénaristique relativement plus « adulte » et plus attrayante pour un joueur actuel. Les séquences « émotions » sont nombreuses, et il faut bien avouer que l’on plonge rapidement dans l’histoire. Ajoutons que les quelques ajouts (portraits de personnages ajoutés pendant les conversations, son retravaillé désormais de très bonne qualité sur GBA, graphismes nettement plus fins, etc.) de cette version GBA par rapport au jeu initial, y sont sans doute pour beaucoup. Mieux, FFIV enchanterait presque nos mirettes de joueurs exigeants, grâce à une utilisation vraiment toujours aussi agréable et étonnante du fameux Mode-7, qui permet de donner l’illusion de profondeur tout en restant sur un principe de graphismes 2D. Cela ne pouvait pas tomber mieux, vu que le titre de Square Enix propose très tôt dans l’aventure de se balader à dos de chocobos (noirs ou jaunes), à bord d’un aéroglisseur ou d’un aéronef.
Dans le cas de l’aéronef par exemple (principal moyen de locomotion de l’Empire), dès que l’on se met sur le véhicule choisi, ledit véhicule volant prend de l’altitude, et on peut se balader quasiment partout dans tout le globe de l’univers de FFIV. Contrairement à la plupart des derniers épisodes de la saga (souvent jugés très linéaires et dirigistes), le sentiment de liberté est réel et le rendu visuel (bien que sur GBA, il faut le rappeler) est vraiment saisissant. Il est étonnant d’observer à quel point on peut s’émerveiller (ou tout au moins apprécier) devant ces quelques astuces visuelles (Mode-7 dans les déplacements, effets d’arrière-plan qui bouge en fonction de notre position, en haut d’une montagne par exemple…), alors que nos consoles « actuelles » ou encore dites de « prochaine génération » offrent des prouesses techniques a priori bien supérieures. Cependant, il est tout à fait envisageable que certains joueurs ne partagent pas le même enthousiasme que moi quant à ces techniques graphiques « antiques ». Toujours est-il qu’il est bien difficile d’y rester indifférent, et surtout, que ce FFIV représente le plus beau FF sur GBA… ce qui n’est déjà pas si mal.



Iv-a vous plaire
Mais ce FFIV ne s’arrête pas seulement à cette douce alchimie graphique ou sonore. Il représente un challenge original en terme de jouabilité, qui ravira les fans de la série qui voudraient découvrir ou redécouvrir cette épopée, et pourra sans douter titiller les amateurs de RPG au sens plus large… qui n’ont pas eu grand-chose à se mettre sous la dent sur GBA depuis un petit moment ! Parmi les choses marquantes : FFIV était le premier FF à proposer l’Active Time Battle (ATB), à savoir le fait que le temps défile en combat même quand vous choisissez vos actions dans le menu. A l’inverse, il est toujours possible de configurer les batailles en mode « passif », chaque sélection d’une action dans l’interface de combat arrêtera le temps, et avec lui, les attaques des adversaires. A vous de choisir le mode qui vous convient le mieux. Ensuite, on décompte un grand nombre de personnages jouables en combat (jusqu’à cinq simultanément). De quoi composer de coquettes stratégies, en assignant par exemple à chaque belligérant une tâche bien particulière en fonction des évènements (tel personnage soigne, tel autre fait de la magie noire, etc.).




Pour autant, tout n’est malheureusement pas rose, puisque cette version comporte quelques moments où l’action se fige durant quelques secondes pendant certains combats. C’est assez rare, mais laisse paradoxalement une idée d’adaptation non finie (voire « bâclée à la va-vite » diront les mauvaises langues). Frustrant même si rare et finalement peu dommageable puisque ces genres de saccades sont courts et laissent le combat se continuer sans problème une fois terminées (ce n'est pas comme si le jeu plantait et qu'il fallait le relancer). On peut regretter également que les descriptions des objets ou sorts ne soient visibles que hors des combats et que l’on a parfois un peu de mal à savoir où aller dans le monde proposé : la faute à des objectifs parfois peu explicites, dont les lieux sont souvent à découvrir en explorant la carte (la carte du monde n’est au passage disponible qu’en effectuant le sort Vision, qui consomme des points de magie). La difficulté a été remise au niveau originel, mais reste tout à fait accessible au plus grand nombre puisque globalement du même acabit que celle des deux précédents opus réadaptés sur GBA. Au niveau de la durée, qui variera en fonction de votre envie d’explorer, de votre capacité à vous repérer ainsi que de votre habileté au combat, et est ainsi difficilement chiffrable. Comptez bien 40 à 50 bonnes heures pour en profiter suffisamment. Ajoutons également que même les grands habitués auront de quoi faire, vu que cette version GBA comporte un nouveau donjon de 50 niveaux, rempli de monstres et boss aussi inédits que redoutables. Certains de ces boss laissent même des armes ultimes, que les fans apprécieront… Il y a largement de quoi faire donc.
Conclusion :
Adaptation portable quasi idyllique d’un titre vraiment atypique dans la saga, Final Fantasy IV Advance mérite toute l’attention des possesseurs de GBA, et bien sûr, des amateurs de RPG. Malgré quelques défauts de finition regrettables mais pas suffisamment dépréciatifs pour gâcher le plaisir de jeu, il parvient à nous faire découvrir ou redécouvrir les lettres de noblesse d’une saga qui a tendance à perdre son identité au fil des épisodes. Un titre indispensable pour les RPGistes en herbe, qu’ils soient fans des Final Fantasy ou non.
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