Test Boktai : the sun is in your hand (Gameboy Advance) : 7/10 sur JeuxVideo.fr

Je vous demande grâce illustre seigneur éternel, détenteur du jour et de la nuit, puissante boule de feu qui gouverne tout l´Univers ! Vous devez à tout prix libérer vos disciples retenus par votre rival maléfique et redonner une couleur éclatante à la cité qui vous rend hommage ! Comment ? Vous allez nous envoyer votre représentant afin qu´il nous débarrasse de la vermine amatrice du liquide sanguin coulant dans nos veines ! A quoi vais-je le reconnaître ? Il brandira tel un fier guerrier en guise de glaive la sainte GBA ? Votre éminence n´aurait-elle pas reçu un coup sur l´auréole ?

Par delà les astres et les dimensions parallèles, il existe un univers où les autochtones vénèrent le Dieu Soleil, une entité qui apporte à ses fidèles la lumière du jour et des récoltes abondantes. C'est dans cet esprit là que certains d'entre eux ont érigé San Miguel, capitale prospère dont le culte est insatiablement voué à la lumière. Cependant, le double maléfique de cette dimension, dominé par les irréductibles "Undead", des morts vivants serviteurs des "Immortels" bien connus sous le nom de vampires, a décidé de jouer le trouble fête.C'est ainsi que ces derniers brisèrent le cycle éternel du jour et de la nuit et commencèrent progressivement la conquête du pays. Durant une époque indéterminée, la plupart des habitants de la cité commencèrent à oublier le culte du soleil au profit de sa face cachée : c'est bien évidemment ce qu'attendaient les généraux maléfiques pour s'emparer de la capitale et instaurer un nouveau régime, où la boisson obligatoire est le jus de sang frais.Afin d'endiguer l'avancée de la malédiction , chaque être humain se transformant en zombie au contact des forces démoniaques, une lignée de braves guerriers tenta de se dresser face aux vampires mais rien ne changea la donne, le plus puissant des leurs fut malheureusement vaincu par le nouveau maître des lieux. Quelques années après cette défaite, une lueur d'espoir semble enfin montrer signe de vie à travers Django, fils du guerrier vaincu et dernier né de la lignée des chasseurs de vampires. Armé du fameux pistolet solaire, seule relique capable de vaincre les vampires, il décide de quitter San Miguel et de rechercher le meurtrier de son défunt père. Un seul objectif : le retour en grâce de la lumière.

Bien plus qu'un simple clin d'œil au monde de la famille Belmont, Boktaï est le fruit d'une transposition métaphysique entre les vérités géopolitiques d'un Metal Gear Solid et la beauté graphique d'un Sword of Mana. Konami a mis toute sa science vidéoludique sur ce projet et le résultat est plus que surprenant.A la croisée des chemins entre Mad Max et [logiciel:142426 Dracula] de Francis Ford Coppola, l'environnement de ce titre a bénéficié d'un soin de premier ordre avec une qualité de textures assez bluffante, chaque élément du décor ayant reçu des mains bénies du maître une identité propre. On dénote une vaste impression de réalisme à travers une réalisation architecturale de bon aloi, une vague inspiration des régions reculées et montagneuses de l'Europe de l'Est (la Transylvanie ?). Dès l'insertion de la cartouche dans la GBA, il vous sera demandé de régler l'horloge interne du morceau de plastique, chose anodine me direz vous : et bien que nenni, ce léger détail étant primordial pour mettre en route une gestion d'excellente facture du jour et de la nuit. Les joueurs les plus acharnés auront le suprême honneur de vivre l'aventure dès l'aube (teinte orangée et légère brume atmosphérique) jusqu'au coucher du soleil et à l'arrivée de la nuit (exagération des séquences dans le noir, apparition de monstres inédits). Même avec le peu de place disponible sur cette cartouche, les développeurs ont réussi le tour de force de rajouter quelques effets pyrotechniques de grande qualité, de légers nuages de sable lorsque vous traînez un objet au sol, les feuilles d'arbres ballottées par le vent et les réverbérations du soleil à travers les vitres opaques des donjons. Les possibilités d"interaction avec le décor sont en revanche assez limitées, mais actionner des mécanismes ou bien pousser des blocs de granit est déjà plus qu'acceptable sur un support aussi limité que la GBA.La modélisation des personnages est assez singulière et se tient entre le merveilleux et le banal. Petit-fils spirituel de Solid Snake et de Shinobi, Django est bien évidemment le personnage le plus charismatique de cette aventure, un garçon téméraire et plein de courage capable de prendre des pauses dantesques à tout moment. Sa chevelure brossée avec un râteau et son écharpe de dix kilomètres le démarquent incontestablement des autres protagonistes du titre, notamment de son mentor et fidèle conseiller, une fleur de tournesol nourrie aux OGM et une demoiselle censée être l'antithèse féminine de notre guerrier, gardienne de la lune. Vos ennemis intimes, le comte Dracula en tête de liste, ont également bénéficié d'un soin tout particulier et sont de suite mis en évidence lors des combats finaux. Les autres intervenants sont en revanche assez limités en terme d'originalité et de richesse picturale et font un peu tache d'huile face aux clans de la Lumière : des zombies un peu grincheux aux golems assez singuliers, ces derniers ayant le malheur de réapparaître souvent sous d'autres aspects physiques ; leurs comportements varient en fonction du cycle imposé par le soleil, stupides le jour et diaboliquement intelligents la nuit.Cela sera sûrement un détail pour vous mais pour les puristes cela veut dire beaucoup (faudrait que j'arrête de fumer des vinyles de France Gall...), Konami a eu la merveilleuse idée d'inclure à de brefs moments des voix digitalisées afin de renforcer le caractère de certains protagonistes et de dénaturer légèrement des phases de dialogue assez pompeuses cent pour cent nourries au texte. Exceptées de petites séquences réalisées avec les graphismes du titre, de sublimes planches de dessins interviennent fréquemment lors des moments critiques afin de séparer les quêtes secondaires du scénario principal.

L'univers teinté de chauves-souris, de tomates sans glaçons (non Philou je ne t'ai pas appelé !) et de spectres ayant oublié de renouveler leur abonnement chez le dentiste a toujours été la marque de fabrique de Konami, voir Castlevania pour ne citer que lui. Qui de mieux que Monsieur Kojima pour réinventer un nouveau concept entre deux pauses déjeuner et un festin de serpents très demandé. Il faut bien se le dire, la GBA n'est pas un monstre de technologie pouvant se permettre quelques excentricités dignes des consoles nouvelle génération (excepté une adaptation de Kirby sous une cartouche au mercure). Il ne fallut que quelques soubresauts et un battement de cil au génie pour introduire un concept bien plus fort que l'originalité, à savoir implanter un capteur solaire sur la cartouche afin que Râ joue un rôle important dans la prise en main de son bébé.En effet, la principale originalité de Boktaï, et non des moindres, est d'inciter les joueurs à sortir de leur tanière et goûter à la lumière de jour afin de permettre à Django de terrasser du zombie plus facilement. Vous devrez à tout instant recharger votre arme en présence du soleil, que ce soit en intérieur (fenêtres, trous dans le murs...) ou bien à l'air pur. Une jauge marquée de l'astre solaire indique le degré d'efficacité par rapport au soleil, permettant de réaliser certaines actions plus rapidement, notamment toutes les fonctionnalités ayant rapport avec le pistolet. Au fur et à mesure de votre pérégrination, vous récolterez de nouvelles capacités pour votre arme (puissance de feu, types de grenades, nouvelles munitions...), divers éléments indispensables si vous voulez résoudre certaines énigmes assez coriaces : ne vous attendez surtout pas à des épreuves basiques, ce titre va faire travailler vos neurones les plus retords. Les combats face aux boss sont aussi régis par le soleil, ce dernier vous ouvrant la voie vers des points de lumière souvent prédominants si vous voulez remporter la victoire. Ne vous aventurez sur ce terrain hostile sans l'aide de l'astre de feu, vos adversaires d'un soir étant lourdement cuirassés contre tout autres types d'attaques. Une fois ce dernier vaincu, vous devrez trimballer son cercueil à travers le château, actionner les différents mécanismes accessibles seulement à deux et ainsi parvenir jusqu'au lieu du rite où, armé de votre pistolet, vous devrez activer les capteurs solaires et détruire le vampire en question.En dehors de la visite des donjons, vous vous baladerez à travers la forêt et la montagne à la recherche de coffres recelant toutes sortes de fruits redonnant des points de vie (et oui, un chasseur de vampire végétarien ! ) et des objets utiles à votre quête. La caméra se positionne généralement au dessus de vous et adopte un angle de trois-quarts assez agréable. Au cœur d'un menu assez exhaustif, vous pourrez afficher la carte des environs et repérer les endroits à visiter en priorité. Konami à décidemment la main écologique puisque a été implantée une option "Nicolas le jardinier" pour les amateurs de plantes vertes, c'est-à-dire la possibilité de cultiver de nouveaux items à partir du mélange de deux objets trouvés.Kojima n'a pas pu s'empêcher d'inculquer à son poulain l'art de l'infiltration. Tel Snake dans les souterrains de Shadow Moses, vous pourrez vous glisser furtivement dans les donjons, notamment en vous collant contre les murs (pensez à bien maîtriser les arcanes de la croix de direction) ou bien en tapotant dessus afin de détourner l'attention des sentinelles, bien plus vulnérables dès que vous les attaquez par derrière. Ce système rentre aussi en ligne de compte après le combat final face au maître du donjon : en effet, certains niveaux n'étant réalisables qu'en duo, vous et votre acolyte en guise de baluchon. Assez vulnérables la journée, vos adversaires sont au contraire bien plus coriaces dès que la lune fait son apparition, d'où une approche digne d'un caméléon si vous voulez avoir une chance de survivre.

Hideo Kojima est un génie. Je sais que tout le monde le pense déjà mais il ne faut pas cesser de le répéter. Avant de nous servir sur un plateau royal son fameux festin de serpents, il délivre aux possesseurs de GBA une petite merveille bourrée de bonnes idées qui va vite devenir votre compagnon idéal sur toutes les plages de France et de Navarre.