Test Beowulf The Game (Xbox 360, PS3, PSP) : 5/10 sur JeuxVideo.fr

Il fut une époque où les régions du nord de l'Europe étaient dominées par les Vikings, de puissants guerriers à l'esprit de conquête démesuré. Les légendes disent aussi que ces régions étaient sauvages et hostiles, peuplées de monstres terrifiants. À l'origine de la Légende de Beowulf se trouve un poème épique, chef-d'oeuvre de la littérature anglo-saxonne du 8e siècle. Cette force de la nature, ce héros est venu à bout des monstres légendaires. Le film retraçant son ascension au pouvoir se voit adapté en jeu vidéo et c'est Ubisoft qui nous le propose. Qui dit adaptation de film dit...



Après avoir prouvé sa valeur en vainquant un terrible monstre marin, Beowulf s'embarque pour le Danemark afin d'aider le Roi Hrotghar dont les soldats se font dévorer par le géant Grendel. C'est le début d'une grande aventure où nous aurons l'occasion de prouver la force du Viking sur ses adversaires. Il deviendra roi des Danois, mais sous ses traits de héros invincible se dissimule une âme humaine avec ses faiblesses. La mère de Grendel, pour se venger, mettra cette âme à la torture de façon bien particulière.

Soyons brefs, les sources d'inspirations de Beowulf The Game sautent aux yeux dès les premières minutes et deux noms apparaissent en lettres de feu dans notre esprit : God Of War et Conan. Malheureusement, il n'arrive pas à la cheville ni de l'un, ni de l'autre. Pour autant, comme nous le verrons dans les développements qui vont suivre, Beowulf possède ce qu'il faut (mais juste ce qu'il faut) pour satisfaire toute une catégorie de joueurs : celle qui aime trancher dans le tas et qui adore quand le sang gicle.

À God Of War, Beowulf emprunte les Boss impressionnants et le système d'actions contextuelles. Chaque rencontre avec ce genre d'adversaire vous placera dans la situation qui consiste à lui faire baisser sa barre de vie ce qu'il faut pour arriver à la séquence particulière où vous devrez enchaîner les commandes qui apparaissent à l'écran. En cas d'échec, vous devrez recommencer. Hélas, si vous pensiez que ce serait aussi simple, vous pensiez mal. En dehors de l'omniprésent matraquage du bouton B, les autres touches changent à chaque nouvelle tentative. Vous devrez rester bien concentré d'autant plus que votre temps pour réagir est très bref, à peine plus d'une demi-seconde. Quitte à mettre des actions contextuelles, autant les mettre à toutes les sauces. Parfois cela ajoutera un petit plus (achever un adversaire après l'avoir attrapé, prendre l'arme d'un adversaire en cours de combat) mais souvent cela semblera ridicule (soulever un objet au sol ou prendre une arme ou un bouclier sur un râtelier). Beowulf peut commander aux hommes qui l'accompagnent d'accomplir certaines actions particulières. Ces dernières vous mettront face à une sorte de minijeu rythmique où vous devrez donner la cadence à vos troupes en appuyant au bon moment et pendant la bonne durée sur X ou Y. Pas désagréables en soit, ces passages sont sensibles et souvent on ne comprend pas la raison de son échec alors que le rythme était respecté.

À Conan, Beowulf emprunte la férocité des combats et l'exploitation de plusieurs combos associés au style de combat adopté (mains nues, arme à deux mains, arme à une main avec ou sans bouclier). Le style Beowulf se veut bulldozer. Si Conan hache, tranche et découpe avec un certain style, Beowulf fait dans le carnage le plus brutal et sans finesse. Mais quelques subtilités viennent quand même à point nommé. Les armes s'usent et finissent par se briser. Il faut alors penser à s'en procurer de nouvelles soit sur un râtelier, soit au sol, soit sur l'adversaire comme énoncé précédemment. À mains nues et sans armes à proximité, autant passer en rage berserk. Cette possibilité rend notre héros encore plus puissant, quasiment invincible et les combats même sans armes deviennent une véritable boucherie, sentiment renforcé par les tons rouge écarlate que prend l'aspect visuel à ce moment. Si l'hémoglobine vous répugne, passez votre chemin, Beowulf se veut extrêmement sanglant et les séquences de démembrements ou les mises à mort des boss sont d'une violence particulièrement forte. Jouissif pour un certain public certes, mais pouvant choquer la sensibilité des plus jeunes. La classification par catégorie d'âge sur la boîte n'est pas usurpée.



Vous ne voyagez pas seul et vos troupes ne sont pas de simples soldats inutiles uniquement présents pour la décoration, vous laissant tout le sale boulot. Que nenni ! Tandis que vous attaquez à droite, ils s'occupent des adversaires à gauche et en éliminent quelques-uns avant votre arrivée. Leur nombre est variable et vous pourrez diriger une belle troupe pouvant aller jusqu'à une douzaine de personnes. Vos pertes inévitables peuvent revenir à la vie à la fin des combats grâce à un rayon lumineux. Et heureusement, car vos hommes vous servent aussi à déverrouiller certains passages. Vous avez la possibilité de leur donner des ordres simples qui consistent à leur demander de s'occuper d'un mécanisme (ouvrir une porte, tourner une roue, ramer dans la tempête) ou de vous défendre en se ralliant à vous. Vous pouvez aussi les encourager par l'intermédiaire du minijeu rythmique évoqué plus haut et les fortifier quand votre barre d'énergie est assez haute. En effet, en fonction de votre comportement en combat, vos hommes vous acclameront et leur élan guerrier pourra être amplifié. Si ces derniers ne succombent pas à vos coups en temps normal, si vous passez en mode rage berserk, peu importe qui se trouve en face de vous, vous risquez fort de décimer vos troupes également. Enfin, si vous vous retrouvez seul et sans hommes à vos côtés, c'est probablement qu'un adversaire bien supérieur aux autres arrive.

La réalisation de Beowulf The Game n'est pas exceptionnelle et n'arrive pas à la beauté d'un God Of War ni à la variété d'un Conan. Les environnements traversés sont assez sombres, pas très détaillés et assez courts. L'aspect visuel n'arrive pas à plonger le joueur dans ces lieux étranges. Le joueur est fortement guidé sans grande possibilité de se promener où bon lui semble. Même quand on a enfin accès à la carte du monde, c'est uniquement pour valider la prochaine destination sans autre choix. De même, cette linéarité se ressent dans l'impossibilité de rejouer les niveaux passés. Le joueur progresse et le jeu sauvegarde son avancée automatiquement à certains points clés. Ainsi en cas d'échec, il faut recommencer ad vitam æternam jusqu'à réussir le passage. En effet, il est impossible de sauvegarder par soi-même. Les quelques effets visuels sont rapidement répétitifs et manquent de variété, les animations restent correctes, mais les environnements ne sont pas très riches visuellement. Les bruitages remplissent bien leur office et les voix ne sont pas trop mauvaises, mais de qualité variable. Beowulf répond parfois étrangement aux commandes qu'on lui donne. La caméra ne se place pas toujours comme il faut et la contrôler manuellement provoque fréquemment des ralentissements rendant les combats déjà très confus encore plus brouillons. Les objectifs sont répétitifs et le plus souvent il vous sera demandé de nettoyer la zone de tous les adversaires qui s'y trouvent, même si parfois le but est légèrement différent comme protéger des vierges, mais au final cela revient un peu au même sauf que le risque de perdre est plus important. Avec le temps Beowulf pourra augmenter ses caractéristiques en fonction de ses résultats sur le terrain, mais cette possibilité arrive tardivement, et le joueur peut très bien progresser sans cela, le bourrinage étant tout de même le maître mot.

Les deux vidéos exclusives ci-dessous vous présentent un échantillon des possibilités et du style de jeu que Beowulf The Game vous proposera.






Beowulf The Game n'est finalement pas une déception. Il tire son épingle du jeu malgré une réalisation sans panache. Il possède juste ce qu'il faut pour que l'amateur de massacre en règle d'adversaires puisse jubiler devant le rouleau compresseur qu'est Beowulf. Peu de finesse, mais du carnage en bonne et due forme. Les joueurs appréciant plus de profondeur dans un jeu iront voir ailleurs si le sang est plus rouge.


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