Test Metal Gear Solid 3 : Snake Eater (PS2) : 8/10 sur JeuxVideo.fr

Dès le lever du soleil, mes sens se mettent en éveil au moindre bruit suspect. Je guette ma proie inconsciente du danger. Je mue selon le terrain où je peux agir en toute tranquillité. Fini la froideur du béton parcourant ma peau visqueuse, rejoignez-moi en pleine cambrousse où votre unique leçon sur l'infiltration vous attend. Mon nom est Snake et je viens me cacher dans les entrailles de la PS2 pour ne plus jamais en ressortir.

Hideo Kojima n'a jamais caché sa passion pour le cinéma, un art qui lui offre des éléments scénaristiques de première qualité : il faut bien avouer que les emprunts chez Carpenter lui ont permis de mettre en scène sa propre imagination. Après un second épisode proche de "New York 1997", les développeurs ont choisi de ne plus proposer une trame aux répliques alambiquées, les neurones de certains souffrant encore de son contenu philosophique vite soporifique. Avec moins de fioritures et plus d'action, ce troisième opus nous propose un voyage au cœur de la jungle russe en pleine Guerre Froide : agent de la CIA, votre mission sera de porter secours à un certain Sokolov, scientifique soviet, dont les récentes recherches sur le nucléaire génèrent la convoitise de loups aux crocs acérés. Au beau milieu de cet amas de branchages, vous devrez éviter à tout prix une troisième guerre mondiale.Les plus attentifs n'auront pas attendu trois piges pour se douter de la provenance de ce dernier emprunt, Snake ayant les mêmes attributs qu'un certain John Rambo. On apprécie des développeurs d'avoir pensé à équilibrer les phases d'action et les scènes cinématographiques, un défaut qui nuisait au second opus. Ces petits bijoux d'animation sont en revanche un régal pour nos mirettes, un savoureux mélange d'action et d'émotion, depuis le générique d'introduction propre à un James Bond, aux séquences des différents boss, le tout étant servi par des mélodies féeriques orchestrées par monsieur Harry Gregson-Williams (Armageddon, Rock). Avec un rythme progressant crescendo tout au long de votre périple, les développeurs choisissent de ne plus s'encombrer de philosophie à deux balles et réussissent leur pari.Ceux qui s'attendaient à une banale suite de Sons Of Liberty risquent d'être déçus : Kojima nous entraîne en effet à la source de son bébé et donne vie aux événements qui ont forgé les caractères des protagonistes que nous connaissons. Progressant de surprise en étonnement, on peut tout d'abord se demander si le militaire dont nous prenons les commandes est le véritable Solid Snake, un être froid et courageux aux antipodes du jeune premier en proie aux doutes sur cet épisode. Malgré sa barbe naissante et son regard toujours aussi glacial, notre héros aura souvent la fâcheuse habitude de tomber dans les pièges tendus par la plupart de ses ennemis. Un homme plein de fougue qui, pour sa première mission au sein de la CIA, fera sans cesse des erreurs.Au regard de la galerie de personnages concoctés par Kojima, notons la présence du mentor de Snake, une femme se faisant nommer "The Boss" et qui prend une place essentielle dans la suite des événements. On note aussi l'existence d'un certain Ocelot, un jeune blanc-bec habile au six-coups et prétentieux. Inutile de vous dire que la modélisation de chacun d'entre eux est de toute beauté, un soin tout particulier sur les traits des visages met en valeur leur charisme.

Les deux premiers opus de la saga nous avaient concocté des environnements clos, notre héros pouvant plus facilement profiter de la multitude de couloirs pour piéger les sentinelles. Néanmoins, on ne trouvait pas vraiment de lieux propices à de la véritable infiltration. C'est ainsi que Konami nous offre un aller simple pour l'Enfer Vert, un agréable voyage chez Dame Nature, où vous devrez seulement compter sur votre discrétion. Kojima va ainsi réaliser le rêve des scouts en proposant un terrain de jeu, certes linéaire, mais bourré de détails multipliant votre tactique d'approche.Visuellement, on ne peut pas sortir indemne. Jamais la nature n'a été aussi proche de vous, le moindre élément du décor se démarquant par le soin apporté à son enveloppe de pixels. Tout a été mis en place pour nous émerveiller à chaque instant. La traversée d'un marécage infesté de crocodiles et les sombres ruelles d'une grotte nous offrent un jeu d'ombres et de lumières et une modélisation de l'eau magnifique. La console de Sony vit ses dernières heures et il semble difficile de rehausser son potentiel : un merveilleux hommage pour le monolithe à n'en pas douter.Afin de déjouer le comportement de vos ennemis, avec la disparition du radar, vous devrez rapidement appliquer l'une des grosses révolutions de Snake Eater : le camouflage. Tel un caméléon, vous devrez vous fondre dans le décor et profiter au maximum du pourcentage d'invisibilité offert, non seulement par votre accoutrement, mais aussi par la position (couché ou debout). Prenez garde à ne pas déranger les hôtes de ces bois, des facteurs pouvant nuire à votre discrétion et à votre santé.Un véritable effort a été réalisé en ce qui concerne l'interactivité avec le décor, où le moindre chuchotement peut vous sauver la vie. On regrette que les développeurs n'aient toujours pas opté pour des angles de caméra plus adéquats (une vue au niveau des épaules identique à Resident Evil 4), les vues de dessus tout comme une vision subjective ne permettant pas de profiter d'un effet de surprise important.

Au cœur du scénario, vous devrez, avant toute chose, arriver indemne au bout de l'aventure. La jungle regorge de dangers qui peuvent rapidement vous offrir un aller simple pour le Paradis. Les développeurs vous offrent ainsi diverses méthodes pour survivre tout le long de votre périple. Tout d'abord, gardez un œil alerte sur votre jauge d'endurance, chaque course effrénée ou geste demandant un effort ayant un effet négatif. Vous devrez ainsi veiller à vous nourrir régulièrement en chassant les différents animaux se trouvant à votre portée. Un serpent ou un champignon pourra vous redonner des forces mais également des maux de ventre (une consommation rapide est primordiale pour éviter que votre nourriture pourrisse avec le temps). Capturez un animal vivant et vous pourrez vous en servir pour détourner l'attention d'un garde.Tout en songeant au bien-être de votre estomac, vous devrez examiner vos blessures. Votre sac à dos, dont le poids influe sur votre endurance (mais où va-t-il chercher tout ça ?), renferme du matériel médical apte à soigner brûlures et fractures en tout genre (le couteau fait office de scalpel et le cigare enlève les sangsues). Petit détail à ne pas oublier, les sauvegardes mais aussi le temps dispensé entre deux parties jouent en votre faveur. Votre héros pourra ainsi reprendre des forces et parfois bénéficier des bonus assez originaux.Avec une surface de combat élargie à l'infini, vous serez souvent amené à user de votre habilité avec les armes et à mains nues, différentes prises de Judo pouvant à loisir tuer ou immobiliser un adversaire. Tout cet arsenal vous sera essentiel afin de déjouer la menace orchestrée par votre ennemi et ses acolytes. A vous d'affronter, entre autres, "La Douleur" et "La Fin" dans des duels qui marqueront sans relâche l'histoire du jeu vidéo.Une conclusion en apothéose pour cette trilogie. Konami a eu la bonne idée d'inclure des bonus pour la version européenne : une chasse aux primates, des masques à l'effigie des pays et diverses options permettant de visualiser les cinématiques ou d'affronter de nouveau les boss.

Point d'orgue d'une trilogie phare chez Konami, Snake Eater conclut en beauté le travail de Kojima pour le jeu vidéo. Surpassant à tous les niveaux la dernière aventure de Snake sur PS2, cet opus impose un nouveau standard en matière d'infiltration et va combler la plupart des fans du genre en recherche de nouveautés.